Faut-il avoir peur des pifasses ? Salut à toutes et à tous ! Je vous parle aujourd'hui depuis mon placard. Alors vous vous demandez peut-être pourquoi je suis dans mon placard. Eh bien tout simplement parce que c'est le seul endroit silencieux de mon appart'.
C'est un appart vraiment chouette, vraiment sympa. Mais il a le gros défaut d'être au premier étage, juste au-dessus d'un feu rouge. Ce qui fait qu'on entend des voitures passer et klaxonner toute la journée. Oui, parce qu'il faut savoir que les Marseillais, on le klaxonne facile. Tout ça pour dire qu'il n'y a que le placard où je peux enregistrer ce podcast.
L'avantage, c'est que les vêtements réduisent les réverbérations, l'écho. S'il y en a parmi vous qui s'y connaissent un peu en production audio, je suis sûr que vous connaissez l'astuce du placard ou du dressing. Bref, je vous raconte tout ça parce que depuis quelques semaines, on publie le podcast aussi sur YouTube pour le rendre plus accessible. Donc salut à toutes celles et ceux qui nous écoutent en ce moment sur YouTube !
Mais certaines personnes se sont plaintes qu'il n'y a pas de vidéo. Il y a juste la couverture du podcast en illustration. Donc, c'est vrai que ce n'est pas très intéressant. Mais malheureusement, il n'y a pas la place de mettre une caméra dans mon placard.
La bonne nouvelle, c'est que je déménage à la fin du mois donc peut-être que je pourrais trouver un endroit qui sera adapté à la fois à l'audio et à la vidéo. Je vous promets rien parce qu'un podcast vidéo, c'est beaucoup plus de travail surtout si on veut faire les choses bien.
Là, ça fait un an et demi qu'on arrive à être régulier avec Ingrid. On n'a pas raté un seul épisode, donc j'ai pas envie de mettre ça en péril. Mais comme j'ai arrêté de publier des vidéos « normales » sur YouTube, peut-être que ça serait un bon moyen de remettre le pied à l'étrier. Petite explication si vous ne connaissez pas cette expression : remettre le pied à l'étrier, ça vient de l'équitation.
Un étrier, c'est une pièce de métal où le cavalier place son pied pour monter sur le cheval. Donc, remettre le pied à l'étrier, ça signifie littéralement remonter à cheval après une chute ou une période sans monter. Et par extension, ça veut dire recommencer à faire quelque chose après une interruption. Il y a aussi l'idée de...
reprendre confiance et de retrouver ses marques après une période difficile. Moi, je n'ai pas publié de vidéo sur YouTube depuis un long moment donc je dois remettre le pied à l'étrier. D'ailleurs, il faudra aussi que je vous explique pourquoi j'ai fait une si longue pause mais ça sera pour une autre fois parce qu'il est temps de refermer cette parenthèse beaucoup trop longue.
Depuis plusieurs semaines, j'avais une vidéo sauvegardée dans mon navigateur parce que je voulais la regarder, mais j'avais jamais le temps. C'était une vidéo de Camille Etienne, une militante écologiste qui fait de la vulgarisation scientifique. Elle est très présente sur les réseaux sociaux français depuis le Covid. La vidéo en question s'appelle « Tuto Poil dans quoi cuisiner pour ne pas s'intoxiquer ».
Une poêle, P-O-E accent circonflexe L-E, vous savez, c'est cet ustensile de cuisine plat qui sert à faire cuire ou frire des aliments, comme des crêpes par exemple. Personnellement, c'est un ustensile de cuisine dont je me sers tous les jours, donc à chaque fois que je prenais une poêle dans le placard, je me disais « il faudrait que je regarde la vidéo de Camille Etienne ». Mais je pense que j'avais peur de ce que je verrais dans cette vidéo.
On a tous entendu ces histoires de poils cancérigènes, de poils qui provoquent le cancer. J'avais peur qu'après avoir regardé cette vidéo, je doive jeter toutes mes poils à la poubelle. C'est vraiment idiot, je sais. Préférer ne pas savoir et courir le risque d'avoir un cancer plutôt que de changer ses poils ?
Mais voilà, vous savez qu'on n'est pas toujours rationnel. C'est comme les gens qui refusent de regarder des vidéos d'abattoir parce qu'ils veulent continuer à manger de la viande. Pas de jugement, j'ai longtemps fait partie de ce camp moi aussi, comme vous le savez. Heureusement, j'ai une solution pour me forcer à comprendre des sujets auxquels je sais que je devrais m'intéresser.
je décide de faire un épisode dessus. Donc, j'ai enfin regardé la vidéo de Camille Etienne et j'ai découvert le monde merveilleux des pyphases. Alors, les pyphases, ce sont des produits chimiques créés par l'homme qui contiennent des liaisons très fortes entre des atomes de carbone et de fluor.
Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas entrer dans les détails. Mes cours de chimie sont très loin et en plus, ce n'était pas ma tasse de thé. Ce qu'il faut comprendre, c'est simplement que grâce à ces liaisons entre atomes de carbone et de fluor, les pyphases sont des substances extrêmement résistantes. Et quand elles se retrouvent dans la nature, elles ne se dégradent pratiquement jamais. C'est pour ça qu'on surnomme les pyphases les « polluants éternels ».
J'imagine que certains d'entre vous connaissent déjà bien ce sujet. Je sais qu'on en parle beaucoup aux États-Unis, par exemple. Mais pour celles et ceux qui n'ont jamais entendu parler d'épiphas, sachez que c'est pas juste une question de poils. Même si vous n'avez jamais touché de poils ou mangé quelque chose cuit dans une poêle, ce qui est peu probable,
il est quasiment certain que vous avez des pyphases dans le corps. Donc je pense que c'est une bonne idée de mieux comprendre ce que c'est, quel impact ça a sur notre santé et comment on peut s'en protéger. Allez, c'est parti ! D'abord, remontons un peu dans le temps pour comprendre comment les polluants éternels sont apparus dans notre quotidien. Direction le New Jersey, aux États-Unis, en 1938.
Nous sommes dans le laboratoire de recherche et développement d'un géant de la chimie, l'entreprise Dupont de Nemours. Le chimiste Roy Plunkett travaille sur un nouveau type de fluide réfrigérant. A priori, rien à voir avec les poils.
C'est là que, par accident, il découvre un composé étrange, une sorte de cire blanche. La cire, vous savez, c'est la matière dont sont composées les bougies.
Mais la cire que découvre Roy Plunkett est totalement différente. Elle est à la fois insoluble et très résistante aux températures élevées. Cette nouvelle substance est baptisée PTFE. Elle a des propriétés intéressantes, mais au départ, l'entreprise Dupont de Nemours ne voit pas bien ce qu'elle va pouvoir en faire. Quelles vont en être les applications commerciales ?
Comme avec beaucoup d'inventions, c'est finalement dans le domaine militaire que le PTFE va trouver son utilité quelques années plus tard. L'armée américaine travaille en secret sur le projet Manhattan qui va donner naissance à la bombe atomique. Problème, les scientifiques ont beaucoup de mal à trouver des matériaux assez résistants pour produire de l'uranium de qualité militaire.
Elle fait appel à l'entreprise Dupont pour trouver une solution. Et cette solution, vous vous en doutez, c'est le PTFE. Il sera utilisé pour produire des joints et des valves capables de résister à l'uranium. La suite, vous la connaissez. C'est donc dans le projet Manhattan qu'un PFAS a trouvé sa première application.
Après la guerre, l'invention de Plunkett est déclassifiée. Dupont décide de lui donner un nom plus vendeur. Le PTFE devient le téflon. Et il trouve son premier débouché commercial dans les ustensiles de cuisine. Sa capacité à ne pas absorber les graisses et à résister à la chaleur en fait le matériau idéal pour couvrir le fond des poêles et des casseroles.
Grâce au téflon, on peut cuire les ingrédients sans qu'ils restent collés. Il rencontre un succès commercial immédiat et Dupont se met à en produire en masse. C'est le début de l'aventure PFAS. Dans les décennies qui suivent, les industriels trouvent plein d'autres débouchés, plein d'autres applications commerciales au PFAS. Aujourd'hui, on les retrouve dans une multitude d'objets du quotidien.
Comme les pifaces sont imperméables, ils sont très utiles pour les vêtements et accessoires qui doivent résister à la pluie.
Vous connaissez peut-être le tissu Gore-Tex. Eh bien, c'est un type de pifasse. On s'en sert aussi pour protéger le tissu des canapés, des fauteuils, etc. Pour faire en sorte qu'il résiste aux taches quand on renverse son café ou son verre de vin rouge. Pareil pour les emballages alimentaires. Par exemple, les boîtes pour les hamburgers, les frites ou les pizzas.
Ça évite que les graisses passent à travers le carton. Il y en a aussi dans certains produits cosmétiques pour les rendre résistants à l'eau, comme le mascara. On utilise même des pifaces sous les skis ou les snowboards pour qu'ils glissent mieux. C'est un produit qu'on appelle farte en français. J'imagine que ça a un nom différent en anglais.
Comme l'épiphasse résiste très bien aux hautes températures, on en met aussi sur les combinaisons des pompiers et dans les mousses qui servent à éteindre les incendies. Il y en a aussi dans certains pesticides et médicaments. Bref, vous l'avez compris, les épiphasses sont omniprésents dans notre quotidien.
Mais comment sont-ils passés de nos objets quotidiens à la nature ? Eh bien, c'est là que l'histoire devient problématique. Les pyphases sont rejetés dans l'environnement de plusieurs façons. D'abord, il y a les rejets directs, les rejets des usines qui fabriquent ou utilisent ces substances. Ces installations industrielles peuvent libérer des pyphases dans l'air ou dans l'eau,
Il y a aussi les sites d'entraînement à la lutte contre les incendies, comme les aéroports ou les bases militaires, où on utilise ces fameuses mousses contenant des pyphases.
Ensuite, il y a ce qu'on appelle la pollution diffuse. Quand on utilise des produits qui contiennent des pyphases, de petites quantités peuvent être libérées progressivement. Par exemple, quand on lave nos vêtements imperméables en Gore-Tex ou autre, des particules de pyphases peuvent se retrouver dans les eaux usées.
Enfin, quand on jette des produits contenant des pyphases à la poubelle, ils se retrouvent dans des décharges où les pyphases finissent par contaminer les sols et les eaux souterraines.
Le problème, c'est que comme ces substances ne se dégradent pas naturellement, elles s'accumulent dans l'environnement. Elles peuvent voyager sur de très longues distances grâce au vent ou aux courants marins. La preuve, on a retrouvé des pyphases dans des endroits très éloignés de toute activité humaine, comme l'Arctique.
Avec tout ça, il n'est pas difficile de comprendre comment l'épiphas se retrouve dans notre corps. Bien sûr, les personnes les plus exposées sont celles qui vivent près des usines qui utilisent ces substances.
les professionnels de certains secteurs comme les pompiers ou encore les travailleurs de l'industrie chimique. Mais en réalité, tout le monde est concerné. Par exemple, chez nous, une étude menée par Santé publique France a révélé que quasiment tous les Français ont des pyphases dans le sang.
Une des principales sources de contamination, c'est la nourriture. Une étude de 2020 menée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments a montré que les produits de la mer, le poisson, les fruits de mer, etc., les œufs et les viandes sont les aliments qui contribuent le plus à l'exposition au PFAS.
Encore une bonne raison de devenir végane. Mais bon, les véganes ne sont pas épargnés non plus parce qu'on peut absorber des pyphases si on cuit des aliments dans une poêle en téflon abîmée ou plus directement via l'eau que l'on boit, l'air que l'on respire et le contact avec des produits qui en contiennent.
Le problème, c'est que contrairement à d'autres produits chimiques qui sont éliminés par notre corps en quelques heures, l'épiphas reste longtemps dans notre organisme, parfois pendant 4 à 5 ans. Oui, car ils ne se dégradent pas et on ne les évacue pas en allant aux toilettes. Ils ont plutôt tendance à circuler dans notre sang et à s'accumuler dans nos reins ou notre foie.
Un peu de vocabulaire utile ici. Surtout si vous allez chez le médecin en France. Les reins, R-E-I-N-S, ce sont les deux organes qui filtrent notre sang pour rejeter les déchets dans l'urine.
Et le foie, c'est un gros organe qui fait partie de notre système digestif et qui a plusieurs fonctions essentielles. Les personnes alcooliques ont souvent des problèmes au foie.
Voilà, donc les pyphases ont tendance à circuler dans notre sang puis à s'accumuler dans nos reins et notre foie. Pire encore, ils peuvent passer de la mère à l'enfant pendant la grossesse, ce qui signifie que les bébés naissent déjà avec des pyphases dans leur corps. Il peut même y en avoir dans le lait maternel. Donc les mères qui allaitent, les mères qui nourrissent leurs bébés avec leur lait,
et bien malheureusement, elles leur transmettent aussi des pyphases à travers leur lait. Alors, vous vous doutez bien qu'avoir ce genre de substances chimiques dans le corps, c'est pas génial pour notre santé. Mais quelles conséquences ça a exactement ? Les études scientifiques ont mis en évidence plusieurs problèmes liés à l'exposition aux pyphases.
une augmentation du taux de cholestérol et du risque d'obésité, un affaiblissement du système immunitaire, notamment à cause d'une diminution de l'efficacité des vaccins, un risque plus élevé d'avoir certains cancers, comme le cancer des testicules et le cancer du rein,
des problèmes chez les bébés, par exemple un faible poids à la naissance, ou encore des retards de puberté chez les adolescents. Il faut savoir que tous les pyphases n'ont pas les mêmes effets et que le niveau de risque dépend de la durée et de l'intensité de l'exposition. Mais globalement, la communauté scientifique est de plus en plus préoccupée par ces substances.
D'ailleurs, en 2023, l'Organisation mondiale de la santé a classé le PFOA, l'un des PFAS les plus connus, comme cancérogène certain. Un autre, le PFOS, a été classé comme cancérogène possible. Face à ces risques, vous vous demandez peut-être pourquoi on n'a pas réagi plus tôt ? Pourquoi a-t-on continué à utiliser ces substances si elles sont si dangereuses ?
C'est là que l'histoire devient troublante, mais malheureusement assez classique.
En fait, certaines entreprises qui fabriquaient des PFAS, comme Dupont et 3M, connaissaient les dangers potentiels de ces substances depuis très longtemps. Des documents internes révélés lors de procès aux États-Unis ont montré que dès 1961, ces entreprises avaient des données suggérant la toxicité des PFAS.
En 1975, elles savaient que ces substances s'accumulaient dans le sang humain. Pourtant, elles ont continué à les produire et à les commercialiser sans informer le public ni les autorités sanitaires. C'est seulement à la fin des années 90 qu'un avocat américain, Rob Bellott, a commencé à révéler ce scandale.
C'est un agriculteur qui l'a contacté pour lui dire que ces vaches mouraient les unes après les autres sans raison apparente. Ils ont fini par découvrir la cause : les vaches buvaient l'eau d'une rivière qui était polluée par une usine Dupont. Cette histoire a d'ailleurs été racontée dans le film Dark Waters, sorti en 2019. Vous l'avez peut-être vu.
Suite à ces révélations, les entreprises ont dépensé des millions de dollars en lobbying pour tenter d'empêcher ou de retarder la réglementation des PFAS. Elles ont financé des études scientifiques pour semer le doute sur les dangers de ces substances. La même stratégie que celle utilisée par l'industrie du tabac quelques décennies plus tôt pour cacher les dangers de la cigarette.
Ok, donc ça c'est pour les États-Unis, mais qu'en est-il en France ? On peut dire que les Français ont mis plus de temps à s'intéresser à ce problème, notamment quand on compare à certains de nos voisins européens, comme le Danemark ou les Pays-Bas.
On a vraiment commencé à en prendre conscience en 2023 quand un consortium de journalistes internationaux, coordonné par le journal Le Monde, a publié une grande enquête appelée « Forever Pollution Project ». Cette enquête a révélé l'existence de nombreux hotspots en Europe, c'est-à-dire des zones fortement contaminées par les PFAS, dont plusieurs en France.
Il y a une autre enquête qui a marqué les esprits, celle menée par le journaliste Martin Boudot. Il a réalisé des prélèvements autour d'une usine française qui produit des pifaces. Cette usine appartient à un groupe industriel nommé Arkema et elle est située près de Lyon. Il faut savoir qu'au sud de Lyon, il y a ce qu'on appelle en France la « vallée de la chimie ».
Comme son nom l'indique, c'est une zone où on trouve une forte concentration d'industrie chimique, ce qui représente beaucoup d'emplois, mais également de grands risques sanitaires. Le journaliste Martin Boudot a donc réalisé des prélèvements autour de l'usine Arkema,
Ces prélèvements ont été analysés en laboratoire et les résultats étaient sans appel, sans contradiction possible. Ils ont montré que les niveaux de pyphasse dans l'eau, l'air et le sol étaient très élevés. On a aussi découvert que l'eau potable de nombreux habitants de cette région dépassait les normes européennes pour les pyphasses.
Ces révélations ont créé un véritable choc dans l'opinion publique et ont poussé les politiciens à agir. En avril 2023, le député écologiste Nicolas Thierry a déposé une première proposition de loi visant à interdire la fabrication et la commercialisation des produits contenant des PFAS.
« Visant à », ça veut dire « ayant l'objectif de ». On utilise souvent cette expression quand on parle d'une loi ou d'une mesure politique. Par exemple, « Le Parlement a adopté une mesure visant à réduire l'immigration ».
Bref, revenons-en à notre député écologiste. Pour attirer l'attention médiatique sur ce sujet, Nicolas Thierry et 13 autres membres du groupe écologiste ont fait analyser leurs cheveux. Les analyses ont montré qu'ils étaient tous contaminés par les pyphases. La députée Marie-Charlotte Garin, qui vit dans la vallée de la chimie, était celle dont les cheveux contenaient le plus de pyphases.
Une autre personne qui a beaucoup contribué à alerter l'opinion publique, c'est la jeune activiste Camille Etienne, dont je vous ai parlé en introduction. D'ailleurs, je vous invite à regarder le documentaire et les vidéos qu'elle a publiées sur sa chaîne. Elles sont très claires et pédagogiques.
Grâce au travail de ces journalistes, activistes et des politiciens écologistes, la proposition de loi de Nicolas Thierry vient d'être définitivement adoptée. Concrètement, cette loi prévoit plusieurs mesures importantes, comme l'obligation de contrôler systématiquement la présence de PFAS dans l'eau potable,
Elle prévoit aussi la création d'une taxe sur les rejets industriels de PFAS selon le principe du pollueur-payeur. Les industriels qui rejettent des PFAS dans l'environnement devront payer une taxe de 100 euros pour 100 grammes de PFAS rejetés dans l'eau. L'argent collecté sera utilisé pour financer les traitements des eaux contaminées
C'est une façon de faire supporter le coût de la pollution à ceux qui en sont responsables. Mais la mesure la plus impactante de cette loi, c'est l'interdiction de la fabrication et de la vente des produits cosmétiques, des farts pour les sports de glisse et des vêtements contenant des pifaces à partir de l'année prochaine, de 2026.
Malheureusement, vous avez peut-être remarqué qu'il y a un grand absent dans cette liste des produits interdits. Oui, je veux parler des ustensiles de cuisine, notamment les fameuses poêles avec du téflon ou un de ses dérivés. Pourtant, ce sont des objets que quasiment tous les Français utilisent et qui constituent un vrai risque. Alors, pourquoi ne sont-ils pas inclus dans cette nouvelle loi ?
L'explication n'est pas scientifique mais, comme souvent, économique. Tu connais peut-être la marque Tefal, un des leaders mondiaux des ustensiles de cuisine, en particulier des poêles. Elle appartient au groupe industriel SEB, un groupe français. Eh bien, SEB a fait un intense lobbying pour ne pas être affecté par cette loi.
L'entreprise a par exemple envoyé des employés de ses usines manifester devant l'Assemblée nationale. Le message, c'était « si les PFAS sont interdits, ça va détruire des milliers d'emplois en France ». L'argument a réussi à convaincre suffisamment de députés pour que les ustensiles de cuisine soient exclus de la loi sur les PFAS.
Malgré tout, il faut noter que même avec cette exclusion, cette loi française reste l'une des plus ambitieuses au monde. Donc, cocorico !
Peut-être que vous vous demandez si ce genre de loi sera suffisante pour régler le problème d'épiphase. Quand on voit à quel point ils sont déjà omniprésents dans toutes les parties du monde, ça peut sembler peine perdue, un combat perdu d'avance. Mais si vous êtes né avant les années 2000, il y a des chances que vous vous souveniez d'une autre menace environnementale qui faisait peur au monde entier, le trou dans la couche d'ozone. Dans
Dans les années 80, les scientifiques ont découvert que certains produits chimiques détruisaient la couche d'ozone, cette partie de la stratosphère qui nous protège des rayons ultraviolets, les rayons dangereux du soleil. Ces substances chimiques étaient elles aussi présentes dans de nombreux produits de consommation,
Les aérosols, les sprays pour les déodorants ou les cheveux, les climatiseurs des voitures, etc. Face à cette menace, la communauté internationale s'est mobilisée et a signé le protocole de Montréal en 1987.
un programme pour éliminer progressivement l'utilisation de ces produits chimiques. Résultat, la couche d'ozone est aujourd'hui en train de se reconstituer. C'est la preuve qu'une action mondiale coordonnée peut résoudre des problèmes environnementaux complexes. Alors, est-ce qu'on peut espérer un protocole de Montréal pour l'épiphas ?
Au niveau européen, il y a un projet prometteur. En 2023, 5 pays, l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège, ont proposé ce qu'ils appellent une restriction universelle de tous les PFAS dans l'Union européenne.
L'idée, c'est d'interdire la fabrication, l'utilisation et la mise sur le marché de l'ensemble d'épiphases, avec certaines exceptions pour les usages considérés comme essentiels, par exemple dans le domaine médical.
Évidemment, ce projet fait face à une intense campagne de lobbying de la part des industriels. Une enquête du journal Le Monde, publiée en janvier 2025, a révélé que les industriels ont dépensé des millions d'euros pour tenter d'influencer les décideurs européens. Ils affirment qu'il n'y a pas d'alternative au PFAS pour certaines applications.
que l'interdiction menacerait des milliers d'emplois ou encore qu'elle mettrait en péril des secteurs entiers comme l'aviation ou les énergies renouvelables. Mais même si on réussissait à arrêter complètement l'utilisation des PFAS, il resterait un problème de taille. Que faire de ceux déjà présents dans l'environnement ? Est-ce qu'il est possible de les nettoyer ? C'est là que les choses deviennent vraiment compliquées.
Je vous rappelle qu'on les surnomme les polluants éternels parce qu'ils sont extrêmement difficiles à détruire. Par exemple, les méthodes traditionnelles de traitement des eaux sont inefficaces pour certains pyphases, notamment ceux qui ont été développés ces dernières années. Il faut donc inventer de nouvelles méthodes pour être capable de collecter ou de détruire les pyphases et ça, vous vous en doutez, ça coûte très cher.
Selon l'article du Monde que j'ai déjà cité, il faudrait investir environ 100 milliards d'euros par an pour dépolluer l'Europe et éliminer les PFAS de l'environnement. Ça représente plus de la moitié du budget annuel de l'Union européenne. Et qui doit payer cette facture astronomique ? On peut se dire qu'il faudrait appliquer le principe du pollueur-payeur, comme dans la loi française, mais c'est plus facile à dire qu'à faire.
Il est souvent difficile de déterminer avec précision qui est responsable de la pollution dans une zone donnée, surtout quand plusieurs entreprises ont pu y contribuer. En plus, certaines de ces entreprises n'existent plus ou elles ont changé de propriétaire.
C'est difficile, mais pas impossible. Aux États-Unis, l'entreprise Dupont a déjà versé des centaines de millions de dollars d'indemnités à des victimes de la pollution au PFAS. En Italie, un procès historique est en cours dans le nord du pays
où des dizaines de milliers d'habitants ont bu de l'eau contaminée pendant des années. Donc, quand la société civile se mobilise, il est possible de faire payer les industriels responsables du problème.
Vous l'avez compris, même s'il y a de l'espoir, on n'est pas prêt de se débarrasser des pifaces. Alors, vous vous demandez peut-être ce que vous pouvez faire en attendant pour vous en protéger. Je partage avec vous les conseils que j'ai pu trouver durant mes recherches. D'abord, vérifiez les étiquettes des produits et évitez ceux qui contiennent des pifaces ou qui sont étiquetés comme imperméables, anti-tâches ou anti-adhésifs.
Utilisez des poêles en fonte, en inox ou en cuivre plutôt que des poêles anti-adhésives. Il existe aussi des poêles en céramique mais on ne connaît pas bien leur composition donc je préfère pas les recommander. Évitez les emballages alimentaires traités comme les boîtes de pizza ou les sachets de pop-corn pour micro-ondes.
Même si c'est pas efficace pour tous les types de PFAS, ça peut aussi être une bonne idée de filtrer votre eau du robinet avec un filtre à charbon actif.
Mais ne nous faisons pas d'illusions, ces actions individuelles ne suffiront pas à résoudre le problème des PFAS. C'est un défi qui nécessite une action collective et politique. Donc, essayez d'en parler autour de vous, de faire passer le message pour que les gens se mobilisent. Même si vous arrivez juste à les convaincre d'acheter une poêle en inox plutôt qu'une avec du PFAS, ce sera déjà une petite victoire. Allez, je vais m'arrêter là.
je pense que le message est passé merci de m'avoir écouté jusqu'au bout et on se retrouve dans deux semaines à bientôt