Les études supérieures en France. Salut à toutes et à tous, salut Ingrid ! Salut Hugo, tu vas bien ? Ouais, ça va et toi ? Ça va bien !
Ça se passe bien à Toulouse ? Tu reprends tes marques ? Oui, petit à petit, je commence à me réinstaller, reprendre une routine, reprendre des habitudes. Ce qui est cool, c'est qu'il fait beau déjà. Donc l'hiver est passé assez rapidement. C'est vrai que c'est un peu ce qui m'inquiétait dans le retour en France, la déprime hivernale. Mais là, on est plutôt bien. Je ne sais pas si c'est le cas à Marseille aussi ?
Oui, nous, le printemps est vraiment arrivé d'un seul coup. Mais j'ai vu un article passer, un article qui disait que c'était l'hiver le moins ensoleillé dans la région de Marseille, donc la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, depuis 15 ans, quelque chose comme ça. Ah, c'est ta faute !
Ouais, on a ramené le mauvais temps de Varsovie. Mais franchement, moi, les hivers comme ça, j'achète. Il n'y a pas de problème. C'est vrai que comparé à la vie en Pologne, enfin l'hiver, la météo en Pologne, c'est quand même beaucoup plus sympa dans le sud de la France.
Oui, c'est déjà bien pour toi, t'as pas à te plaindre quoi. Exactement, exactement, bonne expression, j'ai pas à me plaindre. Très bien, alors aujourd'hui on va parler des études en France, de faire ses études en France. Pourquoi on a choisi ce sujet ? Parce qu'en fait on a fait un sondage en début d'année et on vous a demandé un petit peu quels étaient les sujets qui vous intéressaient ?
Et parmi les réponses, on a eu des personnes qui nous ont demandé de faire un petit topo, une petite présentation de ce que c'est qu'étudier en France. Et c'est vrai qu'en général, vous nous avez aussi dit que vous aimiez les sujets dans lesquels on parle de la vie pratique en France et de nos vies perso. Donc, on s'est dit que ça pouvait être un bon sujet pour mixer un peu tout ça.
Ouais, on a déjà fait un épisode sur l'école en France, un autre sur le lycée en France, la réforme du lycée. Donc là, c'était logique de faire la suite, de parler de ce qui se passe après le lycée, autrement dit les études supérieures. Et comme tu l'as dit, on va essayer de croiser ces informations avec nos parcours personnels.
même si bon ça fait déjà un certain temps qu'on a terminé nos études on n'est plus si jeune mais d'après les recherches qu'on a faites toi et moi on s'est rendu compte que bon il n'y a pas eu d'évolution majeure depuis l'époque où on était sur les bancs de l'université
Oui, donc pour cet épisode, on a décidé d'y aller un peu plus freestyle, un peu plus au naturel que pour certains épisodes compliqués. Exactement. Eh bien, c'est parti !
Alors pour commencer, on va peut-être parler de l'organisation des études en France, comment ça se passe. Donc les études, comme on l'a rappelé en introduction, c'est ce qui commence après le lycée. Pour faire des études, la condition sine qua non, c'est d'avoir son bac.
Belle expression, ça, la condition sine qua non.
J'ai bien dit réussir et pas passer. Bon, je crois qu'on l'a déjà expliqué, mais peut-être que tu peux encore une fois expliquer la différence entre passer un examen et réussir un examen, surtout pour nos amis anglophones. Oui, c'est toujours bien de répéter parce que c'est un mot qui est un faux ami où on croit qu'on a directement la traduction. Mais en fait, il y a une petite différence entre les deux langues.
Il me semble donc qu'en anglais, « pass an exam », c'est « avoir le diplôme », « c'est bon », « tout va bien ». Alors qu'en français, quand on « passe un examen », ça veut juste dire que…
On se rend le jour de l'examen, on fait l'exercice, mais on n'a toujours pas le résultat. Alors que quand on a un bon résultat, un résultat positif, là, on dit qu'on a réussi. Donc, on peut aussi dire tout simplement qu'on a le bac, le verbe avoir. Donc, c'est vrai qu'il faut avoir le bac, réussir le bac pour pouvoir ensuite s'inscrire dans les études supérieures.
C'est ça, réussir. Et l'inverse, dans la langue informelle, on dit « rater un examen » ou de manière plus formelle « échouer à un examen ». « Échouer », le verbe « échouer », le nom « échec ». Alors toi, quand t'étais au lycée, est-ce que t'avais déjà une idée des études que tu voulais faire ?
Oui, je savais que je voulais étudier le journalisme et le journalisme, il n'y a pas trop de formation post-bac. Donc, c'est-à-dire qu'il faut d'abord faire autre chose, quelque chose de plus général. Il y en a qui font du droit, il y en a qui font de la littérature, de l'économie, etc.,
pour ensuite, au bout de trois ans, s'inscrire à des concours pour faire une école de journalisme. Donc moi, j'avais déjà cet objectif. Et c'est pour ça que très tôt, je me suis dit que comme j'aimais la littérature, j'allais faire de la littérature qui soit un peu en lien avec l'exercice journalistique. D'accord. Et donc, il me semble que tu me l'avais dit, mais j'imagine que tu as fait un bac L, un bac littéraire ? Oui, oui. Ok.
Ça, c'était quelque chose que j'ai toujours voulu faire. J'avais entre guillemets les capacités de faire les autres bacs, donc S scientifique, SES science économique et sociale. Mais je savais depuis très longtemps que je voulais aller en littérature et langue.
Ok. Donc toi, tu n'avais pas ce problème qu'ont beaucoup de lycéens, le problème de l'orientation, de savoir justement quelles études on va choisir après le bac ?
C'est vrai que moi, c'est un problème que j'ai eu personnellement. Je savais pas trop ce que je voulais faire. J'étais assez indécis et dans ma famille, personne n'avait vraiment fait d'études. Mon père avait fait des études d'éco, mais bon, il avait arrêté en première année. Donc voilà, c'était à peu près la seule expérience qu'on avait. Donc j'avais pas les idées très claires. Et au début, comme j'aimais bien les sciences sociales, j'avais envie de faire Sciences Po.
Et donc, j'ai commencé à me renseigner un peu tout seul au CDI. Alors, le CDI, c'est la bibliothèque de l'école. Je crois que c'est le centre de documentation et d'information, c'est ça ? Oui, c'est ça.
Dans chaque collège et lycée en France, on a un CDI où on peut aller... Surtout à l'époque où on n'avait pas de smartphone, on pouvait aller sur Internet. C'était génial. On pouvait faire des recherches, faire ses devoirs, etc. Donc j'allais au CDI et j'essayais de regarder un peu comment faire pour intégrer Sciences Po. Et en fait, Sciences Po, c'est une école qui est très sélective. Alors il y en a plusieurs en France. On appelle ça des instituts d'études politiques.
et la plus prestigieuse et la plus sélective, évidemment, elle est à Paris. Donc souvent quand on dit Sciences Po sans préciser, ça veut dire qu'on fait référence à Sciences Po Paris. Et j'ai vu qu'il y avait un concours directement après le bac ou à peu près à la même période que le bac. Et j'ai regardé un peu des annales de ce concours et ça m'a semblé vraiment super difficile. Et je me suis dit, bon, j'ai déjà le bac à préparer, je ne sais pas comment je pourrais me préparer pour cet examen. Du coup, j'ai abandonné l'idée assez rapidement. Et
Et après ça, je ne savais pas quoi faire. Et toi, tu te souviens justement de ce qu'on peut faire au lycée quand on n'a pas trop d'idées par rapport à nos études supérieures ? On va voir le conseiller d'orientation, c'est ça ? Exactement, on prend un rendez-vous avec le conseiller d'orientation ou la conseillère d'orientation, si c'est une femme. Bon, c'est assez difficile d'obtenir un rendez-vous parce que souvent, il y en a un seul dans le lycée pour tous les élèves. Donc, il n'y a pas beaucoup de disponibilité.
Et moi, c'était pas possible de prendre un rendez-vous dans le lycée donc j'en avais vu une à l'extérieur du lycée et elle avait regardé mes bulletins de notes
Ça, on va en reparler. Autrement dit, les résultats que j'avais au lycée. Et elle m'avait conseillé de faire un IUT de logistique. Voilà. Ah ouais ? Donc ça aussi, on va vous expliquer ce que c'est. Mais bon, ce n'était pas du tout mon rêve de travailler dans la logistique. Je ne sais pas pourquoi elle m'avait conseillé ça. Je pense que c'était parce qu'il y avait beaucoup de débouchés. Autrement dit, beaucoup de demandes pour des diplômés dans ce domaine. C'était assez facile de trouver du travail.
Donc elle m'avait dit « Voilà, vous devriez faire un unité de logistique. » Et moi, comme je n'avais pas du tout d'idée sur ce qui se passait après le lycée, j'ai failli m'orienter dans cette direction. Et quand j'en ai parlé à mon prof principal, il m'a dit « Non, non, Hugo, toi, ce n'est pas possible. Tu ne vas pas faire un unité de logistique. Il faut que tu fasses une prépa. » Donc ça aussi, on va en parler un peu plus tard. Mais si je raconte cette anecdote, c'est parce que c'est un gros problème qu'il y a avec les études supérieures en France.
Pour tous les élèves dont les parents n'ont pas forcément fait d'études, c'est assez difficile de s'orienter. On a du mal à trouver la formation qui va vraiment nous convenir. On n'a pas le mode d'emploi pour ça. Et il y a beaucoup d'élèves qui se retrouvent complètement perdus dans leur choix d'études et qui, après, choisissent des études qui ne leur correspondent pas du tout et se retrouvent en situation d'échec. Donc, ouais, il y a un gros problème là-dessus. Oui.
Oui, et d'ailleurs, je me souviens qu'à notre époque, pour l'orientation, il y avait un gros, gros stress. Je ne sais pas si ton époque, c'était la même chose parce qu'on n'a pas exactement le même âge. Mais moi, je me souviens d'avoir dû remplir des vœux, donc des choix d'orientation sur une plateforme qui s'appelait E-Learning.
APB, admission post-bac, et on devait donc remplir en disant « je voudrais aller à telle université, dans telle filière, je voudrais aller dans tel prépa », et on pouvait mettre un certain nombre de vœux, une dizaine je crois, et on devait les classer dans l'ordre de préférence, ce qui fait qu'après…
peut-être c'était le mois qui suivait le bac ou peut-être aussi avant le bac, on avait les affectations qui tombaient. Donc, par exemple, on voyait tel endroit nous a refusé, tel endroit nous a accepté. Parfois, c'était liste d'attente. Et alors, il y avait des formations pour lesquelles on était sûr de pouvoir rentrer et d'autres pour lesquelles c'était plus sélectif. Et pour moi, la petite anecdote, c'est qu'en fait, avant d'aller en
en licence de lettres, qui est ce que je voulais faire. J'ai fait une année de prépa parce qu'au dernier moment, on m'a parlé de la prépa. Je ne savais pas vraiment ce que c'était. Et comme c'était sélectif, je l'ai mis comme vœu numéro un. Et je me suis retrouvée à être acceptée en prépa. Et j'ai fait mon année de prépa. Et pendant que j'étais là-bas, je me suis dit « Mais non, en fait, j'aurais dû faire ce que je voulais faire à la base avant qu'on me conseille autre chose. »
Donc voilà, même moi qui savais déjà ce que je voulais faire, j'ai eu ce stress et qui, à cause de cette plateforme de sélection, m'a embrouillé l'esprit et je me suis retrouvée à faire quelque chose que je ne voulais pas. Et il me semble que ça, ça arrive souvent. Au-delà du fait de ne pas savoir quoi faire, on a aussi parfois des mauvais conseils ou
ou des hésitations à cause de la sélectivité et on se retrouve à mettre sur la plateforme un peu tout et n'importe quoi et à la fin à se dire « Oh oh, dans quelle situation je me suis mise ? »
C'est vrai, ouais. Si on est mal conseillé ou si on fait ça tout seul sans demander de recommandations, on peut se retrouver dans des situations qui ne sont pas optimales. Je ne sais pas dans quelle mesure c'est une spécificité française, cette plateforme, mais c'est vrai qu'on a cette plateforme qui centralise tous les vœux, toutes les demandes des lycéens et qui ensuite permet d'attribuer les lycéens aux différentes formations. Donc maintenant, elle porte un nouveau nom, elle s'appelle « Parcoursup ».
et un peu comme à notre époque avec APB, il y a beaucoup de critiques à propos de cette plateforme qui sont pas toujours justifiées moi aussi j'étais voilà un peu ce que j'avais entendu les échos que j'avais eu de cette plateforme j'en avais une vision assez négative et puis là en faisant les recherches j'ai l'impression que c'est pas si mal que ça en tout cas il y a eu pas mal d'améliorations par rapport à notre époque parce qu'en fait
C'est pas la plateforme qui fait la sélection, c'est chaque formation, donc chaque université, chaque école qui définit ses critères d'admission. Et ensuite, en fonction de ces critères, elle dit, bon ben voilà, tel élève, il a les bonnes notes, les bons résultats, on va l'accepter. Tel élève, par contre, non. Et ensuite, la plateforme, elle s'occupe simplement de répartir les élèves en fonction un peu de leur...
leur ordre, le classement des vœux. Mais ceux qui font la sélection, vraiment, c'est les écoles. Et simplement, le rôle de la plateforme, c'est de dispatcher pour que tout le monde ait quelque chose à la fin.
Mais comme c'est assez opaque, donc c'est pas très transparent, les critères notamment des écoles, les parents d'élèves et les élèves ne comprennent pas toujours pourquoi ils se sont retrouvés dans telle université alors que c'était leur dernier vœu. Autrement dit, c'était leur...
l'université qu'ils voulaient la moins et qu'ils ont des meilleures notes qu'un de leurs camarades qui lui a obtenu l'université qu'il voulait. Donc voilà, c'est un peu, comme tu l'as dit, ça cause pas mal de stress. Mais bon, c'est un système qui a le mérite d'essayer de donner une formation au plus grand nombre d'élèves possible. C'est pour ça qu'il y a un taux d'abandon en première année qui est quand même toujours très important parce que les gens ne savent pas vraiment quoi faire.
Je ne suis pas sûre qu'il y ait une solution à ça. Ça fait partie aussi de la jeunesse et de la découverte de la vie adulte, de devoir faire des choix et de stresser pour ce qui va se passer après, en se rendant compte après qu'au final...
Chaque décision n'est pas non plus une décision pour la vie. On peut toujours retomber sur ses pattes, quoi qu'on fasse. Ouais, bonne expression. Comme les chats qui retombent toujours sur leurs pattes. C'est vrai que, bon, on essaye d'optimiser au maximum, mais on ne peut pas toujours tout prévoir. Et puis...
Les décisions ne sont pas forcément irréversibles, on peut bifurquer, on peut trouver des alternatives. Moi, à aucun moment, je pensais devenir professeur de français langue étrangère et finalement, j'ai découvert que c'était ça ma vocation. Donc...
On est deux bons exemples du fait qu'on ne peut pas savoir à l'avance ce qu'on va faire. Je pense qu'aucun de nous deux, il y a dix ans, aurait dit « Ah oui, moi, dans dix ans, je serai en train d'enregistrer un podcast pour des apprenants de français. » Clairement. D'ailleurs, quand on était au lycée, il me semble que les podcasts n'existaient pas encore. C'était vraiment très, très niche. Donc, on n'aurait pas pu imaginer ça, effectivement. C'est clair.
Alors maintenant, on va essayer de faire un petit panorama des types d'études qui existent en France. Peut-être qu'on peut évoquer un peu les ECTS, non ? Alors ECTS, c'est European Credit Transfer System, c'est ça ? Ouais, c'est ça. En fait, en France, mais donc dans toute l'Europe, on a un système harmonisé qui permet de savoir à quel niveau de diplôme on est
même si on n'est pas du tout dans la même formation. C'est-à-dire que quelqu'un qui est en études scientifiques, quelqu'un qui est en études techniques ou littéraires va pouvoir avoir une référence commune avec tous les autres. Et ça, ça se base sur des crédits. Donc à chaque fois qu'on...
passe un examen et qu'on réussit un examen ou à chaque fois qu'on assiste à certains cours et qu'on valide son année, on reçoit des crédits et il faut un certain nombre de crédits pour obtenir tel niveau de diplôme puis ensuite passer dans le niveau supérieur etc. Et en gros il y a
Trois paliers qui sont importants. Il y a la licence qui est le premier gros diplôme qu'on peut avoir, qui en général se fait sur trois ans. Mais après, ça peut être par exemple beaucoup plus longtemps si on travaille à côté et qu'on prend que la moitié des cours chaque année. Mais la moyenne, la normalité, on va dire, c'est trois ans. Ensuite, il y a le master qui se fait en général sur deux ans.
Et ensuite, pour ceux qui font des études très longues, il y a le doctorat qui dure trois ans, je crois, de base. Mais en général, ceux qui font des doctorats, ils y restent parfois toute leur vie. C'est ça, ils ne s'arrêtent jamais dans leur recherche. Exactement. Donc, trois ans, vous avez une licence, plus deux, un master et encore plus trois, un doctorat.
un doctorat. Ça, c'est assez universel, en tout cas en Europe, et c'est l'avantage des ECTS, c'est qu'on peut avoir des équivalences en France pour passer d'une formation à l'autre éventuellement. On n'est pas obligé de tout recommencer à zéro parce qu'on a déjà validé un certain nombre de crédits
C'est un système qui offre de la flexibilité, mais aussi en Europe, on peut faire une année dans une université, valider un certain nombre de crédits, et ces crédits nous donnent accès à la deuxième année dans une université à l'étranger, par exemple. Donc c'est un système qui...
qui est assez contraignant parfois, mais qui offre quand même pas mal de flexibilité et qui, il me semble, est assez apprécié des étudiants. Oui, c'est bien. En plus, ça permet beaucoup plus de flexibilité et de passerelle, donc de pont entre les différentes formations qu'on veuille changer de ville, changer de pays, changer d'orientation. Voilà, on n'est pas obligé de recommencer à zéro à chaque fois.
La question, c'est quel type d'études ? Et on dit parfois, une des critiques qu'on fait au système français, c'est que c'est un système à deux vitesses. Alors, c'est pas forcément une spécificité française, c'est quelque chose qu'on retrouve, je pense, dans beaucoup de pays.
Autrement dit, le fait que toutes les formations ne se valent pas il y a des écoles qui sont plus sélectives que les autres et qui donnent accès à beaucoup plus d'opportunités que les autres Mais la spécificité en France, c'est que, en général, ces formations sélectives
Ce n'est pas forcément les universités. Parce que c'est vrai que quand on pense à études supérieures, la première chose à laquelle on pense, c'est l'université. Oui, parce que je pense que dans beaucoup de pays, c'est la formation principale, même peut-être parfois la seule. Alors qu'en France, seuls 60% des étudiants sont inscrits à l'université.
Le reste, ils vont étudier par exemple dans des lycées, puisqu'il y a des lycées qui, après le bac, ont encore quelques années de formation en études supérieures ou dans des grandes écoles, dans des écoles spécialisées sur certaines formations bien spécifiques.
Donc l'université, ça reste la majorité, mais c'est quand même pas la seule possibilité. Exactement. C'est pour ça que moi, j'étais assez surpris quand j'ai commencé à donner des cours en Pologne parce que pour mes élèves, il y en avait beaucoup qui pensaient que l'université la plus prestigieuse en France, c'était la Sorbonne. C'est vrai que ça fait partie de l'imaginaire collectif et...
Souvent, dans les films, on voit un peu ces étudiants littéraires à la Sorbonne qui fument des cigarettes en terrasse des cafés. Voilà, on a l'impression que c'est le top du top en France. Je me sens visée. Mais en réalité, c'est une très bonne université, bien sûr, mais ce n'est pas la plus sélective en France. Les...
les études supérieures les plus sélectives en France, ce sont les grandes écoles. On va en reparler, mais peut-être que, bon, j'ai fait tout dans le désordre, mais on va peut-être commencer par les formations les plus courtes, celles qui se font sur deux ou trois ans.
Autrement dit, les BTS et les DUT. J'en ai parlé déjà un peu tout à l'heure. BTS, DUT, il me semble que ça a changé de nom. Maintenant, c'est BUT. Mais peu importe. En gros, c'est tout ce qu'il y a. Le T dedans, c'est technologique.
Quand on passe le bac, on peut passer soit le bac général, tout ce qui est scientifique, littéraire, comme on en a parlé dans le podcast sur le lycée, ou on peut passer un bac plutôt technologique qui va être plus spécifique, un peu plus pratique sur certains sujets.
Ce bac technologique, en général, nous permet d'accéder à une formation courte, qui est soit un BTS ou un BUT, qui est en deux ans et qui se passe dans un lycée technologique.
Ou dans un IUT, il me semble. Institut Universitaire Technologique. Donc aussi un type d'université. Donc oui, ça, c'est plutôt les formations courtes avec une dimension assez pratique. Il y a pas mal de stages, par exemple. Et l'idée, c'est que vous faites un BTS en deux ans ou vous faites un BUT en trois ans et vous pouvez commencer à travailler tout de suite.
Donc c'est dans différents domaines, ça peut être le domaine commercial. Moi j'ai un frère qui a fait un DUT dans l'animation aussi, l'animation sociale, pour aller travailler dans les associations, etc. Voilà, l'idée c'est d'avoir une formation assez courte et de pouvoir commencer à travailler tout de suite.
La petite différence entre le BTS et le BUT, bon ça c'est si vous voulez faire des études en France ou si vous avez des enfants qui font des études en France, c'est qu'en général, la vocation du BTS c'est de commencer à travailler tout de suite après, après les deux ans, alors qu'avec un BUT, vous avez la possibilité de continuer des études à l'université si vous n'avez pas envie de travailler immédiatement. Voilà, c'est un peu la différence entre les deux.
et ce ne sont pas des formations qui sont forcément dans les mêmes domaines. Donc voilà, en fonction du domaine d'activité qui vous intéresse, vous allez faire plutôt un BTS ou plutôt un BUT.
Ensuite, il y a l'université. Je pense que tu peux en parler mieux que moi. L'université, c'est quand même ce qui est le plus facile à imaginer. Ça ressemble un peu aux autres universités à l'échelle internationale. Il faut savoir qu'en France, pour s'appeler université, il faut être un établissement public. Les écoles privées n'ont pas le droit de s'appeler université. Donc, les frais de scolarité sont vraiment peu élevés, voire inexistants.
En général, quand on s'inscrit à l'université, on est obligé de payer pour avoir la mutuelle, donc la sécurité sociale. Mais sinon, après, les frais sont pratiquement égaux à zéro.
Moi, il me semble que même comme j'étais boursière, je ne payais même pas pour la sécurité sociale. Donc, c'était vraiment gratuit. Boursière, tu peux expliquer peut-être ?
Et il y a plusieurs échelons. À l'époque, il y en avait huit. Ça veut dire que si on est échelon huit, on va recevoir de l'argent tous les mois, une somme la plus élevée qui soit dans les possibilités. Si on est échelon un, on ne reçoit pas grand-chose. Si on est échelon zéro,
qui était mon cas, on ne reçoit pas d'argent, mais par contre, on a beaucoup d'avantages. On a le droit de s'inscrire à certains programmes d'aide. On a le droit, donc, à avoir les frais de scolarité complètement réduits. Et voilà, donc, quand même, l'université, ça reste un lieu public où l'objectif est d'accueillir tout le monde.
tout le monde et de permettre à tout le monde de poursuivre ses études même quand on a peu de moyens. Et donc, normalement, à l'université, on peut s'inscrire dans plein de formations différentes
en sachant que c'est des formations qui restent quand même assez théoriques. Après, les étudiants peuvent d'eux-mêmes, avec l'université, demander des stages en plus, demander à faire un petit boulot à côté qui peut être en lien avec leurs études, puisque l'université, ça laisse quand même beaucoup de temps libre. Moi, je sais que c'est quand j'ai étudié à l'université que j'ai pu par moi-même...
avoir beaucoup d'expérience professionnelle à côté, créer un journal étudiant, faire un documentaire juste comme ça avec mon ami où on a demandé des subventions, faire des stages dans des journaux. Donc voilà, ça laisse assez de liberté, l'université, ce qui fait que c'est un super endroit d'apprentissage, mais par contre où il faut être assez autonome et où le taux d'échec est assez élevé.
élevée parce qu'on peut se retrouver dans des amphithéâtres, c'est-à-dire des lieux énormes où on peut être 400 élèves. Parfois, on est tellement nombreux à la rentrée qu'il faut s'asseoir par terre parce qu'il n'y a pas assez de place pour tout le monde. Et si on n'a pas de discipline et un intérêt personnel très important pour les matières qu'on étudie,
C'est très facile d'abandonner. Personne ne nous surveille. Aucun prof ne va aller nous chercher. Il n'y a pas de suivi individuel. Donc voilà, c'est à la fois super et en même temps très discriminant par rapport au niveau de maturité et d'accompagnement des élèves.
Ouais, c'est pour ça qu'il y a un gros taux d'échec en première année à l'université. Il y a beaucoup d'étudiants qui ne passent pas en deuxième année parce qu'ils sont pas assez autonomes, ils arrivent pas à s'organiser et...
Voilà, c'est un peu le revers de la médaille. D'un côté, les universités sont très accessibles et assez démocratiques parce que les frais de scolarité sont quasiment gratuits. Mais de l'autre côté, si on n'arrive pas à être discipliné, à s'organiser soi-même, c'est assez compliqué d'aller jusqu'au bout de son cursus. Donc on peut dire que l'opposé, pas forcément l'opposé, mais comment dire ça ?
Si, peut-être. Le reflet opposé des universités, c'est les prépas, les classes préparatoires.
On a commencé à en parler tout à l'heure. Donc en fait, c'est deux ans d'études juste après le bac uniquement dans l'optique de se préparer à réussir un concours pour accéder à une grande école. Alors les grandes écoles, il y en a différentes catégories. Les grandes écoles d'ingénieurs, les grandes écoles de commerce et ensuite, il me semble qu'il y en a d'autres. Oui, les grandes écoles...
pour aller dans l'administration par exemple, les postes à haute responsabilité. Donc en fait je dis que c'est l'inverse de l'université parce que dans les classes préparatoires, en général, il y a une trentaine d'élèves. C'est un peu comme quand on était au lycée, sauf que c'est extrêmement exigeant et que les profs sont constamment sur le dos des élèves. Donc non seulement on a une trentaine d'heures de cours par semaine...
Mais en plus, on a ce qu'on appelle des « calls » où en fait, ce sont des examens oraux. On en a deux ou trois par semaine où on passe seul face au professeur et on doit présenter quelque chose par rapport à une leçon. Le professeur nous interroge, donc on est constamment évalué.
On a aussi, je me souviens, quasiment chaque semaine, un examen de 3 ou 4 heures dans différentes matières. Donc moi, je me souviens, c'était le vendredi après-midi, juste avant de partir en week-end. On avait 4 heures d'exam de maths. C'était vraiment les bons souvenirs. On était contents quand c'était terminé. Donc voilà, là, les élèves sont vraiment très encadrés. On a un programme très strict. Il faut énormément travailler. On n'a pas du tout de place pour des projets annexes.
On doit vraiment mettre sa vie personnelle entre parenthèses. Donc voilà, on ne fait pas la fête, on ne fait que travailler.
Si on veut réussir. Parce que moi, j'ai beaucoup fait la fête en prépa et j'ai complètement raté. On n'a pas tous les mêmes expériences. C'est le prix à payer. C'est ça, il faut choisir. Je n'ai pas choisi la réussite. C'est un peu traître parce que c'est les années 18, 19, 20 ans. On a vraiment envie d'en profiter ou on quitte le domicile familial. On veut être autonome.
Et en fait, quand on est en prépa, non, la seule chose qu'on peut faire après les cours, c'est de rentrer et faire 3 ou 4 heures de devoirs, de choses qu'on a à préparer pour le lendemain et basta. Moi, j'étais en internat dans ce lycée, donc voilà, il n'y avait pas trop de distractions, c'était assez facile de rester concentré.
Mais en fait, c'est tellement exigeant parce qu'on sait qu'à la fin, il va y avoir un concours et que pour aller dans les meilleures écoles, on va être en compétition avec les meilleurs élèves. Donc voilà, il faut être le mieux classé possible. Donc on se dit toujours qu'il y a d'autres... En tout cas, moi, je me disais qu'il y a d'autres élèves qui bossent plus que moi, qui vont mieux réussir. Et voilà, c'est très, très concurrentiel comme il y a vraiment cet esprit de compétition.
Donc voilà, on fait ses deux ans de prépa. Ensuite, si tout se passe bien, on réussit son concours et on arrive dans une grande école dans laquelle on fait trois ans d'études et à la fin, on a un master.
Et en général, quand on est diplômé d'une grande école, ça ouvre énormément de portes. C'est un peu l'équivalent de la Ivy League aux États-Unis. Quand on fait une grande école en France, c'est vraiment ce qu'on appelle aussi la voie royale pour ensuite faire une bonne carrière.
Et enfin, pour terminer, il y a certaines formations dans certains domaines qui ne se font ni à l'université, ni dans des grandes écoles. Il y a aussi des écoles spécialisées. Je ne sais pas si c'est des écoles privées tout le temps. Je pense qu'il y a aussi des écoles publiques pour certains domaines. Par exemple, peut-être les écoles d'infirmiers ?
Les écoles, voilà, dans certains domaines. L'architecture. L'architecture, les ostéos, le journalisme. Moi, par exemple, il n'y avait pas de prépa pour préparer les écoles de journalisme. Il fallait le faire par soi-même ou via des associations, tout en étudiant autre chose. Donc, voilà, il y a là tout un ensemble. Je ne sais pas si ça représente beaucoup.
personnes, mais pour certains métiers très spécifiques, quand on sait ce qu'on veut faire, on prépare un concours et on rentre dans ces écoles spécialisées. Exactement. Et peut-être un dernier point sur les formations privées, parce que c'est un sujet aussi dont on parle de plus en plus.
Les formations non reconnues par l'État, tu veux dire ?
Les écoles d'ingénieurs, c'est différent. Il y en a beaucoup qui sont publiques. Mais à côté de ça, il y a aussi de plus en plus d'écoles privées, de formations privées qui ne sont pas reconnues par l'État. Donc c'est un peu un problème.
C'est par rapport à ce qu'on vous a expliqué avec Parcoursup. Il y a pas mal d'élèves qui se retrouvent sans études supérieures après le bac, qui ne savent pas quoi faire. Et donc, pour les recruter, il y a des formations privées qui se créent et qui leur disent « Bon, voilà, vous allez payer… »
quelques milliers d'euros par an et vous allez quand même avoir un diplôme à la fin avec un marketing bien rodé mais en réalité ces diplômes n'ont aucune valeur parce qu'ils ne sont pas reconnus par l'État et les entreprises non plus en général ne reconnaissent pas forcément ces diplômes
Donc c'est un problème parce qu'il y a de plus en plus d'élèves qui s'inscrivent dans ces formations-là, qui dépensent beaucoup d'argent et qui obtiennent un diplôme qui ne vaut rien. Oui, qui typiquement ne leur donne aucun crédit, les crédits qu'on évoquait à l'origine. Donc ça peut permettre d'aller nulle part après. Et bon, c'est dommage parce qu'on perd beaucoup d'argent pour gagner pas grand-chose en termes de...
possibilité de travailler ou de continuer ses études après. Exactement. On avait prévu de parler aussi des conditions de vie des étudiants, mais je pense que là, l'épisode va durer...
Une heure ? On peut faire un épisode que sur ça peut-être ?
Donc, elle nous a appris plein, plein de trucs sur la vie quotidienne des étudiants, leurs contraintes, les questions de budget, etc. Plein de choses passionnantes. Donc voilà, peut-être qu'on fera un autre épisode dessus. Qu'est-ce que tu en penses ? Oui, je pense que ça peut être intéressant de préparer ça. Vous nous dites dans les commentaires. Voilà. Bon, on espère en tout cas que vous avez mieux compris maintenant l'écosystème des études en France, comment ça se passe pour faire des études supérieures en France.
S'il y a des points qui n'ont pas été clairs, n'hésitez pas à poser vos questions. Si vous avez étudié en France ou vous connaissez des personnes qui ont étudié en France, vous pouvez aussi partager vos expériences dans les commentaires. N'hésitez pas à nourrir la discussion. Merci pour votre attention et on se retrouve très bientôt. À bientôt !