Bonjour.
Vous êtes infirmière de l'éducation nationale en Bourgogne, secrétaire générale du premier syndicat de la profession. Donc très logiquement, vous participez à ces assises. Merci de prendre quelques minutes pour nous répondre. Qu'est-ce que vous retenez des discussions après plus d'une demi-journée justement d'échanges ? On est déçus par ces assises parce qu'on a eu une présentation d'un professeur de santé publique qui montre bien les enjeux de l'école, les enjeux de la santé et de l'école, l'interdépendance entre les deux.
la priorité que doit être cette politique. Et pour l'instant, on voit bien la priorité de l'administration qui appelle au renforcement des personnels administratifs, des conseillers techniques et de la gouvernance. Donc ça, c'est très bien, mais on n'a pas encore parlé des besoins de sécurité.
santé des enfants, des indicateurs qui allaient permettre de piloter cette gouvernance et surtout, et vous le disiez en introduction, il y a un vrai problème de capacité à accueillir les besoins des jeunes sur les terrains et aucun, aucun des intervenants de la matinée n'est intervenu pour dire que
Un des capacités de l'école à prendre en charge, c'est d'avoir des personnels sur le terrain. C'est en fin d'après-midi que les ministres, et notamment Elisabeth Borne, ministre de l'Éducation, vont arriver, vont venir vous voir et peut-être faire quelques annonces. Qu'est-ce que vous attendez de très concret ? Très concrètement, on attend que la ministre se positionne
en accord avec la représentation parlementaire qui appelle, Conscience des enjeux, qui appelle à faire de l'infirmière de l'éducation nationale une spécialité infirmière et donc de doter les infirmières des connaissances nécessaires à l'application de leur mission, qu'elles sachent mieux répondre aux besoins des jeunes et qu'elles soient des professionnels reconnus dans cet exercice. Formation, rémunération aussi ?
La rémunération, elle viendra après. Mais déjà, nous, ce qui manque cruellement à l'éducation nationale, c'est la reconnaissance de cette spécialité et des formations qui nous permettent de donner une réponse de qualité à l'élève quand on le reçoit. Et ça, pour nous, c'est un des pivots. Ça fait 30 ans qu'on la revendique. Il y a vraiment un besoin de reconnaissance et de spécialisation des infirmières. Et il y a un besoin de postes sur le terrain.
Plus de postes en effet parce qu'il y a pénurie. Vous répondez aujourd'hui, Safia Guérichy, aux élèves de CM2 de l'école Charles Jarin de Bourg-Cambresse dans l'Ain. On commence avec cette première question de Firas. Est-ce que tous les élèves ont déjà vu une infirmière scolaire ?
C'est bien là tout le problème. Effectivement, tous les élèves ne peuvent pas bénéficier d'une infirmière scolaire aujourd'hui. On est 7 800 devant élèves alors qu'il y a 60 000 sites scolaires. Donc c'est vrai qu'on ne peut pas répondre à tous les élèves qui se présentent à l'infirmerie. Et ça, c'est une difficulté. Et on n'est pas assez nombreuses pour pouvoir effectuer un travail de qualité à la demande des parents ou des enfants sur le premier degré.
20% des élèves de 6 ans passent leur visite médicale qui est obligatoire à cause de manque de personnel. Donc on voit en effet qu'on est loin de remplir tous les objectifs. On va maintenant suivre le quotidien d'une de vos collègues, Safia, sur le terrain. Noémie Bonin ?
a suivi l'une d'elles toute la journée dans un lycée professionnel d'Evry. Ça, c'est pour mes élèves, pour qu'ils se détendent. Sur le bureau de Caroline, il y a des bibelots à manipuler. Ça facilite la parole et ça marche d'enfer. À l'infirmerie, les jeunes viennent pour des troubles psychiques, des problèmes gynéco ou pour d'autres maux. Il y a énormément de mal-être. Donc ça, il n'y a pas une semaine qui passe sans que je n'ai pas quatre ou cinq élèves qui ne se sentent pas bien.
qui ont des idées noires. Un pouf, un tapis, un lit complètent cette petite infirmerie. Au mur, on voit plusieurs affiches de prévention sur la santé sexuelle, l'endométriose ou le consentement. Certains jeunes sont suivis chaque semaine. Je te prends une tension ? Hop !
Comme cette élève de 19 ans en terminale, enceinte de 5 mois. Moi dans mon cas, ça me rassure beaucoup. Avec l'infirmière, on a créé un lien de confiance. Ça veut dire que quand j'ai besoin de me confier, je sais que je peux venir ici. On peut penser qu'on vient voir l'infirmière quand on a mal à la tête, quand on ne s'est pas mal au genou. Mais c'est aussi quand on ne va pas bien psychologiquement et qu'on ne sait pas trop à qui en parler. Moi je leur dis souvent, je suis la petite bulle d'oxygène. Quand tu sens que tu ne peux plus, tu viens à l'infirmerie.
Ils se mettent sur le lit et je les laisse redescendre. Caroline endosse parfois quasiment le rôle de psychologue avec certains jeunes en souffrance. La première fois que je l'ai vue, elle est venue me parler. Du coup, depuis ce jour-là, je lui raconte tout. Ça vous sert à quoi, de venir ? À me lâcher. Au moins, je ne garde pas ça que pour moi. Des fois, je peux même rester ici une heure. Je ne lâcherai pas, il le sait. Je crois que j'ai mon téléphone qui sonne. Infirmier, bonjour. Oui, bien sûr. Il y a une élève qui va arriver. Entrez !
Qu'est-ce qui t'arrive ? J'ai eu des hyper douleurs fortes en bas du dos. L'infirmière scolaire doit aussi chaque jour évaluer la gravité des symptômes. Je pense que ça fait un peu infection urinaire. Donc tu vas aller à la pharmacie. Sans pouvoir prescrire elle-même des médicaments, elle ne peut qu'orienter vers d'autres professionnels à l'extérieur. C'est toujours frustrant. Le nombre de visites par jour varie du tout au tout dans cet établissement au public très populaire. Entre 0 et 20 élèves, explique cette infirmière, sans oublier une grosse partie administrative.
Mais Caroline apprécie de n'avoir à gérer que, dit-elle, les 800 élèves de ce lycée. Les infirmières en poste dans les collèges ont elles également à leur charge les écoles du secteur et partagent donc leurs semaines entre plusieurs établissements. France Info reportage Noémie Bonin. Reda, élève de CM2, quelle question ça t'inspire pour notre invitée Safia qui est aussi infirmière scolaire ? Aimez-vous votre métier ?
Est-ce que vous aimez votre métier, Safia Guérichy, malgré toutes les difficultés ? Bonne question, mais bien sûr, on s'engage dans ce métier parce que justement, en tant qu'infirmière, pouvoir être auprès des élèves avant qu'ils soient malades ou lorsqu'ils sont malades, ça a une importance capitale. Et c'est comme ça qu'on permet d'améliorer la santé éducative.
dans l'ensemble de la population et d'agir en amont de la pathologie. Et c'est formidable parce que les enfants, ils sont très résilients. Donc, en tant que professionnels de santé, c'est agir comme ça de façon précoce et être à leur disposition, être le professionnel de santé à disposition des jeunes. C'est vraiment très agréable. C'est super comme métier. C'est une belle profession. Question de Yousra. Quelle est la maladie la plus répandue des enfants que vous soignez ?
Alors, la maladie la plus répandue en ce moment, on va dire que c'est la santé mentale, mais on a aussi beaucoup de problèmes liés à la sédentarité, l'obésité, les conduites à risque. Chaque élève, il est pris dans sa globalité. Ce qu'on aime prendre en charge, moi aussi, c'est les petits mots avant qu'ils deviennent gros, donc l'absence de maladie.
mais les problématiques de santé qu'on voit émerger et qui pourront devenir des maladies ensuite. Merci beaucoup, Safia Guéréchi, d'avoir pris le temps de répondre aux questions des enfants de France Info Junior. Vous participez toute la journée à ces assises de la santé scolaire qui se tiennent aujourd'hui. Vous êtes la secrétaire générale du premier syndicat de la profession des infirmières et infirmiers scolaires. Vous attendez notamment de repenser le métier sur la formation et puis plus de postes alors qu'on manque de soignants en milieu scolaire.
France Info Junior, une émission préparée par Mathilde Jonin et Estelle Faure. A retrouver sur franceinfo.fr et l'appli Radio France.