Nous allons aujourd'hui, en cette journée mondiale des troubles des conduites alimentaires, apporter des réponses, des explications à un phénomène assez inquiétant sur les réseaux sociaux, surtout l'un d'entre eux, TikTok, une tendance qui glorifie la maigreur extrême, l'anorexie. C'est Skinny Talk qui interpelle les ados dans France Info Junior aujourd'hui. Bonjour ! Bonjour ! Bienvenue sur France Info Junior. On est les élèves du collège Anatole France à Sartilly. Aujourd'hui, on va parler des troubles alimentaires.
D'abord, les enfants, qu'est-ce que vous pensez de Skinny Talk que vous avez vu passer ? Comment vous comprenez cette tendance, cette trend, comme on dit sur les réseaux ? C'est des personnes qui essayent de ne pas manger ou de se faire vomir pour avoir un corps ultra mince. Moi, j'ai vu sur TikTok des filles envoyer leurs zos, enfin leurs côtes.
Ça fait bizarre un peu. J'ai vu que c'était des filles qui soit du coup se rendaient maigres ou soit elles rentraient le plus possible en vente au temps d'une vidéo pour cacher ce qu'elles n'aimaient pas chez elles. Alors pourquoi certaines ados en arrivent là, qu'elles l'affichent ou pas d'ailleurs sur les réseaux sociaux ? On va le voir avec notre invitée. Bonjour Nathalie Godard. Bonjour. Vous êtes psychiatre de l'enfant et de l'adolescent à la Fondation Santé des étudiants de France, présidente d'honneur aussi de la Fédération française anorexie et boulimie. Première question, d'Armel et de Biona.
Pourquoi les filles sont plus touchées par le Skinny Talk ? Pourquoi c'est plus souvent les jeunes femmes que des personnes plus âgées ? Alors effectivement, les troubles des conditions alimentaires, ils commencent pour deux tiers avant 22 ans à peu près. Donc ça commence effectivement chez les jeunes.
Ça peut durer plusieurs années et il y a des adultes qui peuvent être touchés. Et ça commence moins fréquemment à l'âge adulte. Alors, pourquoi c'est plus les filles ? Ça, c'est une très bonne question. Il y a plein d'hypothèses qui ont été développées, des hypothèses sociétales sur le rôle de la femme par rapport à l'alimentation, par rapport aux enfants.
des hypothèses plus génétiques, des hypothèses plus biologiques. Aujourd'hui, on n'a aucune certitude, mais la réalité, effectivement, c'est que plus les troubles sont restrictifs, comme l'anorexie, plus ils touchent les filles de manière importante.
Ce qu'on voit passer sur les réseaux sociaux à l'époque, on parlait beaucoup plus des publicités, aussi des magazines sur soit les corps parfaits, soit des corps très maigres, beaucoup sur les mannequins aussi. À quel point est-ce que cela joue par rapport à toutes ces causes plus profondes et plus personnelles ? Alors, c'est parfois la goutte d'eau qui va faire déborder le vase et que quand on est extrêmement insatisfait de soi-même, on peut être extrêmement insatisfait de son corps et chercher une solution extérieure en imposant à son corps
de rejoindre des stéréotypes qui ne sont pas forcément adaptés pour lui-même. Et vous avez raison, tout ce qu'on voit sur les réseaux, ça existait sur les magazines, ça existait par rapport à des images qui sont véhiculées sur un idéal féminin qui serait mince. Question de Juliette maintenant. Est-ce que les adolescents se rendent compte du danger qu'ils font en faisant ça ?
Que ce soit l'anorexie, la boulimie, tous ces troubles des conduites alimentaires. Non, justement, les jeunes ne se rendent pas compte de toutes les conséquences de santé qu'il peut y avoir. Et ces comportements, ils les pensent tout à fait au service de ce qu'ils visent, sans voir tout ce qu'il y a à côté.
Question d'Itomi. Qu'est-ce qui pousse les adolescents à faire ça ? Alors, il y a ces causes profondes, mais aussi cette dimension de partage, de vouloir l'afficher, cette tendance du skinny talk à vouloir glorifier les corps très minces, voire extrêmement maigres. Oui, il y a ce partage et le souhait, effectivement, d'avoir un retour positif des autres. Je pense que quand on a l'âge des jeunes qui sont sur skinny talk, on a envie d'être approuvés par les autres. Et je pense que c'est ce qu'elles font sur les réseaux sociaux.
Alors vous, Nathalie Godard, vous faites un travail de terrain, vous accompagnez beaucoup de jeunes qui ont des troubles des conduites alimentaires. D'où ces questions d'Itomie et Valentin. Comment faites-vous pour les aider ? Que peut-on faire pour en sortir ? Alors pour en sortir, il faut pouvoir accompagner avec des soins qui vont généralement avoir quatre axes.
Il y a un axe autour de l'alimentation, effectivement. Il y a un axe autour des aspects psychologiques, des aspects somatiques et puis tout ce qui est aussi relations sociales et de ne pas se perdre dans ces difficultés au niveau des réseaux, mais de pouvoir avoir un investissement positif des liens aux autres. Et ces soins, ils vont être menés sur plusieurs semaines à plusieurs mois. Question de Juliette encore. Est-ce que les parents s'en rendent forcément compte ?
On s'inquiète sur toutes les fluctuations pondérales, les changements d'attitude alimentaire, le fait de sauter des repas, de ne pas manger, les placards qui se vident éventuellement, ou les repas qui ne sont pas pris. Et puis, on en parle à son enfant, mais pas pendant les repas. On essaie de prendre un moment détendu où on peut parler des choses. Et puis, on fait intervenir rapidement quand on est parent, peut-être, un pédiatre, un médecin généraliste, pour essayer de voir s'il y a des conséquences sur la santé. Et il va falloir débuter, si on est dans une situation de trouble des conduites alimentaires, des soins,
le plus rapidement possible pour qu'il soit le plus efficace possible. Puisque vous parlez de soins, de réponses médicales, cette question de Biona. Est-ce que ça peut s'apparenter à des troubles psychiatriques ? Et peut-on finir en hôpital psychiatrique ?
Alors oui, ce sont des troubles psychiatriques, les troubles des conduites alimentaires. C'est beaucoup lié à l'anxiété et à la dépression. Et on peut être soigné par des médecins qui sont des psychiatres et avoir besoin d'être hospitalisé en psychiatrie. Mais on ne finit pas en psychiatrie, c'est toujours une idée dans la population générale. Merci beaucoup Nathalie Godard d'être venue dans France Info Junior, psychiatre de l'enfant et de l'adolescent à la Fondation Santé des étudiants de France, présidente d'honneur de la Fédération française anorexie boulimie.
On retrouve toutes les informations utiles sur les sites internet de ces institutions, sur franceinfo.fr également, en cette journée mondiale des troubles des conduites alimentaires et cette tendance skinny talk qui s'inscrit quand même là-dedans. Merci beaucoup. France Info Junior, une émission préparée par Estelle Faure et Mathilde Jaunin, à retrouver sur franceinfo.fr et l'appli Radio France.