France Info. France Info Junior, un invité et des questions d'enfants. Bonjour les enfants ! Bonjour !
Donc aujourd'hui, nous sommes à France Info Junior. On est la classe de 4ème 1 au collège du Bois-Dôme à Conflans-Saint-Honorin. Aujourd'hui, nous allons vous parler des réseaux sociaux. Avec notre invité, Julien Lebotte. Julien Lebotte qui est avec nous. Bonjour Julien. Bonjour. Journaliste, spécialiste du numérique, des internets, des réseaux sociaux. Un de vos derniers livres dans la tête de Mark Zuckerberg aux éditions Actes Sud. D'abord les enfants, est-ce que vous utilisez beaucoup internet et les réseaux sociaux ?
Oui. Quels réseaux sociaux ? Instagram, TikTok et Snap. Donc un peu tout. Facebook, c'est trop vieux, c'est ça ? C'est pas pour vous ? Oui. C'est vrai qu'on le constate de plus en plus. Aujourd'hui, on va parler de toutes les règles sur Internet, ce qui est permis, ce qui ne l'est pas, ce qui est légal, quels sont les dangers, parce que 17 février, on fête le premier anniversaire d'un nouveau règlement en Europe. C'est un peu technique, le Digital Service Act.
pour pas que ce soit une grande jungle sur Internet. Pareil pour un règlement intérieur au collège, par exemple, pour pas que ce soit n'importe quoi dans la cour de récré. Et donc, on va s'intéresser à toutes ces règles. À toi, Armand. Pourquoi les réseaux sociaux ont été créés à la base ? C'est une excellente question. En fait,
En fait, avant les réseaux sociaux, il y a ce qu'on appelle Internet. Internet, en fait, ce sont des ordinateurs, des machines qui sont en réseau. Et donc, ça permettait au départ de partager de la connaissance, des informations entre des chercheurs, des journalistes, des gens qui avaient envie, quelque part, d'être connectés de part et d'autre de l'Atlantique, du Pacifique, pour échanger des choses, je dirais, constructives.
Et puis, c'était quand même un peu compliqué de se connecter. Donc, il y a des gens qui ont commencé à se dire « Est-ce que si on veut qu'il y ait un maximum de gens qui puissent se connecter à Internet, on ne devrait pas créer des plateformes qui facilitent la mise en relation, non pas entre les machines, mais entre les personnes ? »
Et donc l'idée, c'est de faciliter des relations entre les individus. Donc les réseaux sociaux, ils ont été inventés quelque part pour que des gens qui ne sont pas codeurs, informaticiens, puissent parler entre eux. Qui posent aussi des questions, je crois que vous en avez à ce sujet autour de l'information aussi, Hugo. Pourquoi en fait ils créent des fake news ? À quoi ça sert en fait ?
Et qui crée les fake news ? Et qui aussi, oui. Alors d'abord, une fake news, c'est un mot anglais. On peut revenir à un mot français un peu plus ancien qui est les rumeurs. Quelque part, une fake news, c'est une sorte d'industrialisation de la rumeur. Qui fabrique des fake news ? Souvent, ce sont soit des gens qui ont envie de modifier notre perception de ce qui se passe dans la société, soit parfois aussi des acteurs étatiques, par exemple des gouvernements qui sont, par exemple, en guerre, une sorte de guerre un peu lointaine, mais ils disent « on va »
gêner le fonctionnement démocratique de ce pays. Et donc, on va fabriquer des fausses informations pour que les citoyens de ce pays se mettent à voter dans un sens ou dans un autre, en tout cas dans un intérêt qui nous semble favorable à notre vision du monde. Est-ce que vous, les enfants, ça vous est déjà arrivé de croire à une fake news et de vous rendre compte plus tard que ce n'était pas vrai ? Oui, j'avais vu sur Internet qu'en fait, on n'est jamais allé sur la Lune et que c'était un fond vert.
Et après, on m'a dit qu'ils sont vraiment allés, en fait. Et est-ce que tu sais pourquoi tu t'es dit « bah ouais, c'est vrai, en fait, peut-être qu'on n'est jamais allés sur la Lune » ? Parce qu'ils ont montré des preuves. Et est-ce que c'est des preuves, vraiment ? Non, du coup, c'est des fausses preuves, mais... Alors, intéressant, Alia, Feylord, Clayton, Armand, Hugo et Elias, vous nous avez dit « bah, on est sur TikTok, Instagram, Snap ». Est-ce que vous êtes sur ces réseaux sociaux avec vos vrais noms ? Hugo, par exemple ?
Donc toi, c'est ton prénom ? Non, c'est juste mon prénom, mais après je ne donne aucune autre information. Par exemple, mon âge ou mon nom de famille. Est-ce que ça, c'est le bon comportement à avoir quand on est jeune sur les réseaux sociaux ? En dire le moins possible sur nous-mêmes ? En fait, ça dépend à qui on s'adresse. Ce qui est sûr, c'est que d'abord, les fournisseurs d'accès Internet savent très bien qui vous êtes.
Les réseaux sociaux, c'est-à-dire les entreprises qui sont derrière, elles finiront par vous retracer. Et sachez que toute trace que vous laissez sur Internet, elle existe pour toujours. C'est-à-dire que même si vous avez l'impression que vous n'avez donné que des initiales, toutes les photos, toutes les vidéos, tout ce que vous allez poster peut potentiellement vous poursuivre. Notre vie numérique, elle est faite de données. Et les données, ce sont des traces.
Et il se trouve que le numérique a une sorte de mémoire entre guillemets éternelle, en tant qu'électricité pour faire retourner les serveurs. Et donc, il faut être très, très vigilant par rapport à ça. Parce que c'est vrai, quand on parle avec ses camarades, encore une fois, dans la cour de récréation, au fond, on a l'impression que les paroles s'envolent. Sauf que sur le numérique, les écrits restent.
Et donc ça, il faut être très, très prudent par rapport à ça. Donc, quel est le bon comportement ? J'ai envie de se dire qu'il faut toujours penser le numérique comme un espace public. Et donc, en fait, ce qu'on fait dans l'espace public, il faut qu'on soit capable de dire que si on est sur un réseau social ou sur Internet, il faut être capable d'assumer tout ce qu'on raconte, tout ce qu'on dit, tout ce qu'on voit. Les adultes, ils parlent souvent des réseaux sociaux comme quelque chose qui peut être un peu dangereux ou il se passe un petit peu n'importe quoi. Est-ce que vous qui les utilisez à votre âge, c'est quelque chose que vous vous dites aussi ?
Il faut faire attention, il se passe un peu n'importe quoi. Ou vous trouvez que c'est exagéré ? Moi, je pense qu'il y a des bons côtés et des mauvais côtés. Les bons côtés, c'est qu'on peut parler avec nos amis, etc. Et les mauvais côtés, je pense qu'il y en a, ils peuvent se faire passer pour des gens qui ne sont pas, par exemple, des enfants alors que c'est des adultes. Vous en passez beaucoup du temps, d'ailleurs ? Moi, oui. Est-ce qu'il y a des choses, vous ne savez pas si vous avez le droit ou pas le droit de le faire ? Oui. Est-ce que c'est légal ?
D'écrire des commentaires méchants. C'est quoi un commentaire méchant ? Par exemple, quelque chose avec « insultant » ou quoi. Encore une fois, le numérique, c'est un espace public. Insulter les personnes, ce n'est pas autorisé. Tu peux dire que tu n'es pas d'accord. Et Internet, c'est ça qui est fabuleux. C'est qu'un réseau social peut permettre de discuter. Par contre, insulter les gens, pas du tout. Et on peut se faire sanctionner pour ça ?
On peut se faire sanctionner pour ça, puisque si les personnes portent plainte, et même si par exemple ton compte s'appelle, je ne sais pas moi, tes initiales, si la personne porte plainte et qu'à la police et la justice, ils considèrent que l'attaque est suffisamment grave, ils peuvent remonter jusqu'à ton adresse de connexion et ensuite jusqu'à toi. Faylord ?
Quels sont les effets négatifs des réseaux sociaux sur les jeunes ? Alors, il y en a beaucoup et je comprends tous les aspects très positifs que tu mettais en avant sur le fait de profiter de ses amis, de converser avec parfois, je ne sais pas moi, des collègues, des gens avec lesquels tu fais du sport, etc. Ou de voir des vidéos un peu sympas.
Mais il y a plein d'aspects très, très ambigus. Encore une fois, il y a les risques de cyberharcèlement dont on parlait, le fait qu'il y a aussi beaucoup de contenus, on ne sait pas trop d'où ils viennent et qui, parfois, peuvent nous créer comme un trouble dans notre perception du quotidien ou de la politique. Donc, toujours être vigilant. Et puis, la dernière chose, c'est qu'en fait,
la gratuité de l'accès aux réseaux sociaux, ce n'est pas vraiment une gratuité. Parce que quand vous créez un compte sur un réseau social, en fait, vos données personnelles, elles servent à financer de la publicité. Et donc, l'intérêt de la personne qui crée Facebook, Instagram, TikTok ou Snapchat...
c'est de vous garder un maximum de temps sur sa plateforme pour dire aux publicitaires « Regardez, regardez, grâce à moi, vous êtes capables de toucher des jeunes qui restent longtemps sur ma plateforme. » Mais par exemple, il y a des jeux avec des conditions d'utilisation où ils demandent d'autoriser pour utiliser nos informations personnelles. Ou genre, si on refuse, on ne peut pas jouer. »
Et bien effectivement, c'est comme quand tu es dans l'espace public, il y a peut-être des boutiques où tu ne vas pas rentrer parce que les conditions qui sont fixées à l'entrée, tu veux dire « non, je ne veux pas donner ça ». Donc en fait, je pense qu'en permanence, il faut se dire que la vie numérique, c'est la vie réelle et que donc il faut se poser les questions dans le troc que vous faites.
vis-à-vis d'une entreprise. Est-ce que pour cette entreprise et ce qu'elle me propose, je suis OK pour lui donner tel ou tel niveau d'information ? Merci infiniment, Julien Lebotte, d'être venu dans France Info Junior, journaliste spécialisé sur les réseaux sociaux, notamment auteur de ce livre « Dans la tête » de Mark Zuckerberg, chez Actes Sud, plus récemment, les futurs obsolètes aussi, chez le même éditeur. Et merci à vous, les enfants, d'avoir participé à cette émission préparée par Jeanne Sarfati-Karmaretk et Elstel Fort, et c'est à podcaster sur l'appli Radio France.