Réhabilité militairement Alfred Dreyfus en l'élevant au grade de général de brigade à titre posthume. Réparer en un sens les erreurs du passé, cette accusation de trahison au profit de l'Allemagne motivée par l'antistimétisme ambiant de la fin du XIXe siècle. La commission de la défense de l'Assemblée nationale examine aujourd'hui une proposition de loi en ce sens et c'est le sujet de France Info Junior. Bonjour, nous sommes sur France Info Junior présenté par Gilles Dequise.
Nous sommes accompagnés des élèves du collège Anatol France de Sartib et Bébé Bocage. Et aujourd'hui, on s'intéresse à l'affaire Alfred Dreyfus. Et pour répondre à vos questions aujourd'hui, les enfants, Perrine Simon-Naoum avec nous, bonjour. Bonjour. Vous êtes professeure de philosophie à l'école Normale Supérieure, spécialiste de l'histoire politique et de l'histoire du judaïsme en France. Première question, Dector. Pourquoi on ne parle que maintenant ?
de lui redonner son grade. Plus d'un siècle après l'affaire et 90 ans après la mort d'Alfred Dreyfus.
Alors, on n'en parle pas que maintenant, mais il y a d'abord eu une réhabilitation politique. Et donc, on considère maintenant que, d'une certaine façon, on veut lui rendre justice en totalité. C'est-à-dire qu'on veut lui redonner le grade qu'il aurait eu s'il n'y avait pas eu ces cinq ans de mise entre parenthèses et d'emprisonnement à l'île du diable. C'est une manière pour nous, je pense, pour les politiques, de rappeler à un moment où l'antisémitisme se développe,
que l'affaire Dreyfus, c'est d'abord une affaire d'antisémitisme. Ensuite, c'est une manière de rappeler que face à ce qu'on appelle les fake news, on s'est battu pour la vérité des faits. Et enfin, c'est une manière de rappeler que la République...
repose sur la reconnaissance de la liberté et de la justice. Il avait quel âge quand il y a eu l'affaire ? Alors, Alfred Dreyfus, au moment du déclenchement de l'affaire, avait 35 ans. Et il faut... C'est important de préciser ça. C'est une très belle question parce qu'on se le représente toujours, finalement, comme un vieux monsieur, mais pas du
tout. C'est un jeune capitaine, il est au début de sa carrière, sa carrière promet d'être brillante puisqu'il vient d'entrer à l'état-major qui est le saint des saints de l'armée. C'est un jeune marié et c'est un père de deux enfants, Jeanne et Pierre. Qu'est-ce qu'il a dit pour se défendre ? Oui, là aussi c'est une question très importante.
parce qu'elle montre finalement le rôle qu'a joué le capitaine Dreyfus dans sa propre affaire. Longtemps, on a pensé que c'était un personnage secondaire, mais pas du tout. Qu'est-ce qui s'est passé ? En fait, lors de ce premier procès, Dreyfus sait qu'il est accusé de trahison, mais il ne sait pas
à partir de quelles preuves ? Et il a passé son temps, en fait, d'une part à dire qu'il était patriote, qu'il aimait la France, que jamais il n'aurait trahi en donnant à l'ennemi des renseignements militaires. Et il a surtout, ce qui est essentiel aujourd'hui pour nous, en proclamant son innocence, proclamé sa confiance dans la justice de son pays. Dreyfus a toujours pensé qu'il arriverait un moment où
on reconnaîtrait son innocence et où il serait innocenté. Et puis, il y a évidemment le j'accuse. Qu'est-ce qui a entraîné, par exemple, Émile Zola à s'intéresser à l'affaire ? Alors, Zola, bien sûr, a joué un rôle central dans l'affaire. Pourquoi ? Parce que sa voix comptait. Zola était un très grand écrivain et
Et il a écrit des formules qui sont restées célèbres. Par exemple, « La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera ». Et puis, il a publié ce texte intitulé « J'accuse » le 13 janvier 1898 dans le journal L'Aurore.
pourquoi est-ce qu'il s'intéresse à l'affaire ? Il l'avait en quelque sorte anticipé déjà comme romancier. C'est extrêmement intéressant. Il avait écrit un texte de fiction où il se passait à peu près la même chose. Et donc,
Et donc, Zola, qui était un homme qui défendait les valeurs de liberté et de justice, et il l'a fait à travers son œuvre, ne supporte pas l'idée qu'un innocent soit condamné. Et il déclenche donc un procès contre lui.
pour pouvoir porter sa parole au dehors, au public. Vous savez qu'à la suite de ce procès, il est condamné, qu'il doit s'enfuir à Londres pour ne pas aller en prison. Il va revenir en France 11 mois plus tard, en juin 1899. Et finalement, la fin de la vie de Zola va être marquée par l'affaire, mais de façon négative, puisque...
Voilà, il meurt en 1902, il meurt asphyxié par un tuyau de gaz et finalement on ne sait pas très bien si c'est un accident ou si c'est un attentat. Et finalement ces cendres seront transportées au Panthéon en 1908. Alfred Dreyfus condamné, emprisonné, envoyé en prison sur l'île du Diable en Guyane. Et puis la fin de sa vie, cette question d'Antoine.
Comment la fin de sa vie s'est-elle passée ? Entre sa réhabilitation en 1906 et puis sa mort en 1935, est-ce qu'on sait dans quel état d'esprit il était ? Vous nous avez dit qu'il faisait confiance à la justice, c'est ce qu'il a dit au moment de son procès. Est-ce qu'il a estimé qu'il avait eu raison finalement, puisqu'il a fini par être réhabilité, ou au contraire qu'il a eu tort parce qu'il a été condamné ? Alfred Réfus est un héros moderne. C'est un héros de notre modernité parce que, je vous l'ai dit, il n'a jamais douté de la France.
Il s'est engagé pendant la Première Guerre mondiale. Il a même été à Verdun. Donc, il a repris, si vous voulez, une carrière militaire. Ce qui montre bien la confiance qu'il avait dans les institutions.
Sa famille aussi a été impliquée pendant la Première Guerre mondiale. Et puis, la fin de sa vie entre les années 1920 et 1935 se passe somme toute assez paisiblement. Les principaux protagonistes de l'affaire, on a parlé d'Émile Zola, mais on pourrait parler d'un grand journaliste américain.
qui s'appelle Bernard Lazare, d'un grand homme politique dont vous avez entendu le nom puisque c'est Jean Jaurès, et vous savez que c'est Jean Jaurès qui va finalement faire basculer la gauche du bon côté de la force, c'est-à-dire du côté des Dreyfusards, eh bien tous ces gens-là, tous ces acteurs de premier plan ont disparu.
Et finalement, Alfred Dreyfus va finir sa vie de façon assez paisible. Merci beaucoup Périne Simon-Naoum d'être venue répondre aux questions des enfants de France Info Junior. Vous qui êtes professeur de philosophie à l'école normale supérieure.
sur cette affaire Dreyfus, la vie d'Alfred Dreyfus, alors qu'aujourd'hui l'Assemblée nationale se penche sur sa réhabilitation militaire. France Info Junior, émission préparée par Mathilde Jonin, Cathy Renaud et Estelle Faure, à retrouver sur l'appli Radio France et France Info.fr.