Les 32e victoires de la musique classique ce soir, ça sera sur France 3 et France Musique. Une musicienne est nommée deux fois et elle est dans France Info Junior. Bonjour Lucille Boulanger. Bonjour. Vous êtes joueuse de viol de gambe, gambiste, concertiste et vous êtes nommée dans les catégories soliste instrumentale et puis meilleur enregistrement, avant on disait meilleur disque. Qu'est-ce que cela représente pour une musicienne classique comme vous ces victoires de la musique, cette cérémonie ?
Alors c'est assez ambivalent parce qu'à la fois c'est quand même très important, c'est une consécration, c'est une reconnaissance aussi déjà d'être nommé. En fait c'est déjà une victoire d'être, je ne suis peut-être pas très ambitieuse mais c'est déjà un grand signe de reconnaissance de faire partie de cette courte liste.
Et en même temps, on est un peu gêné aussi parce que forcément, c'est un concours qui est fait avec une discipline qui ne se prête pas très bien au concours. Ce n'est pas un sport, on ne peut pas mesurer les choses. Donc, on se demande toujours un peu comment on est arrivé jusque-là.
Et le concours n'est pas pipé, mais évidemment, c'est très subjectif. C'est des votants qui nous aiment ou pas. Cérémonie à 21h10 à l'Opéra de Rouen. C'est un rendez-vous qui s'est beaucoup modernisé. Là, c'est les 32e Victoires de la Musique. Maintenant, on mélange aussi un petit peu les univers. On essaye d'ouvrir la musique classique à un public plus large. Je crois que ça va commencer par du hip-hop et du classique mélangé, par exemple. En effet, c'est une chose qui se fait de plus en plus, qui fonctionne.
qui n'est pas très aimé des puristes, et je les comprends, mais personne ne les oblige à priori à aller voir ce genre de spectacle. Mais pour le faire moi-même, pour avoir un spectacle qui s'appelle Phoenix, avec des danseurs de Murad Merzouki, ça fait plaisir, en fait, très égoïstement. En tant que violiste, ça fait aussi plaisir de voir arriver dans la salle des gens qui ne viendraient jamais au concert et qui ne connaissent pas la viole.
Il y a peut-être parmi nous des élèves, des enfants qui ne connaissent pas nécessairement la viole de gants. Vous êtes là pour leur répondre dans France Info Junior. Lucille Boulanger, des élèves de 6e au collège Pablo Neruda de Ouatrelo dans le Nord. Très curieux justement de cet instrument que vous jouez.
Qu'est-ce que la viole de Gond ? La viole de Gond, nous dit Honorine, c'est vrai que c'est un instrument assez méconnu que le vôtre. Oui, en effet. Il est plus rare que la famille des violons, le violon, le violoncelle. C'est aussi une famille d'instruments. Ça, souvent, on l'oublie. Il y a toutes les tailles qui existent et toutes les tessitures. Plus un instrument est petit, plus il est aigu, plus il est grand, plus il est grave.
Donc ça va de la tessiture du violon, comme si c'était une femme ou un enfant qui chantait, jusqu'à la contrebasse de viol, qui descend même plus bas que la voix humaine. La viole, elle a six ou sept cordes. Alors ça, c'est très différent de la famille des violons, qui n'en ont que quatre.
Et elle a aussi des frettes, c'est-à-dire des petits morceaux de cordes horizontales qui sont noués autour du manche, comme un peu la guitare, et qui permet de jouer soit des mélodies, soit aussi des accompagnements ou des accords. Lucille Boulanger, est-ce que c'est l'ancêtre du violon ou d'instruments comme ça ? On se dit parfois que c'est un instrument qui vient du Moyen-Âge. C'est complètement faux, ça, ou pas ? C'est pas l'ancêtre, non. Il faut absolument... Ça, c'est fake news total, qu'on entend encore beaucoup.
En fait, les deux familles sont cousines. Elles sont apparues à peu près au même moment. Elles ont cohabité. Donc, c'est simplement que la viole s'est arrêtée à peu près au moment de la Révolution française et qu'elle est réapparue au XXe siècle. Donc, du coup, elle a cette image un peu datée, un peu d'instrument ancien. Alors, question de Nelia Enaïl.
Pourquoi avez-vous choisi cet instrument ? Qu'est-ce que vous aimez dans la viol de gambe ? Et vous faites ça depuis toute petite, vous ? J'avais 4 ans, oui. De ce dont je me souviens, c'était l'élégance de cet instrument, quelque chose aussi visuellement, quelque chose de très harmonieux, en fait, entre le son et le visuel. C'est pas un instrument sur lequel on voit la force ou on voit la démonstration de l'effort, on voit des gens qui transpirent, qui secouent la tête, etc.,
Et c'est un instrument de soliste ou c'était joué avant tout dans des orchestres ? Tout. Et ça, en effet, vous me rappelez ce pourquoi j'aime encore cet instrument. C'est justement parce qu'on peut avoir plein de rôles différents. Soit soliste, soit jouer à deux, à trois, en famille. C'est ce que je préfère. Donc, que des viols de gamme. Ça s'appelle le consort. Soit en orchestre, on accompagne des chanteurs. Des fois, on joue avec beaucoup de monde.
Et arriver à faire un petit peu toutes ces facettes du métier, c'est très agréable parce qu'on ne s'ennuie pas du tout. Des fois, c'est nous qui sommes sur le devant de la scène. Des fois, c'est nous qui accompagnons. Question suivante. Bonjour Lucille, je m'appelle Maë. Est-ce que vous vous êtes déjà loupé en concert ? Pouvez-vous nous raconter ? Alors oui, très souvent. Le plus souvent avec la viole, c'est des loupés à cause de l'instrument. Parce que c'est un instrument qui a des cordes en boyau, en boyau de mouton.
On ne joue pas avec des cordes en métal parce que le son est plus beau, il est plus résonant. Mais ça, ça a un prix, c'est que les cordes sont très sensibles à l'humidité. Pas tellement la température, mais l'humidité. Donc ça m'est déjà arrivé, oui, en concert, d'un coup il y a un orage, il y a beaucoup d'humidité, ou avec les gens, le public qui arrive, ça change. Et là, l'instrument se désaccorde, les cordes se mettent à siffler, etc. Donc il faut être très serein.
Et il faut accepter qu'on n'a pas une totale maîtrise de notre outil. Question de Benjamin. Quelle est la place de la musique classique dans la musique d'aujourd'hui ? Moi, je vis dans un petit monde parallèle où la viol de gamme, c'est la chose la plus courante du monde. Mon conjoint est violiste, la plupart de mes amis le sont aussi. Partout où je vais dans le monde, je rencontre des amis violistes ou des élèves. Donc moi, j'ai l'impression que c'est la chose la plus courante du monde et la musique classique aussi.
Donc je ne me rends pas bien compte. C'est plutôt vous qui pouvez dire. Je pense que ça reste une chose un peu rare. C'est une musique où parfois il faut faire un effort. Et je crois que la musique baroque, donc la musique plutôt que joue la viole, c'est une musique qui souvent est très liée à la danse, qui nous plaît et qui parle au corps. Et question de Lily. Lisez-vous de votre passion ? C'est mon métier. Je ne qualifierais pas ça comme passion. En fait, c'est une chose que j'aime, mais que je n'aime pas comme un hobby.
C'est une chose qui m'oblige à faire plein de choses que je n'ai pas envie de faire. Me lever très tôt le matin pour aller prendre des trains, etc. C'est beaucoup de concerts, un ou deux par semaine, avec des programmes très différents. Beaucoup, beaucoup de voyages. Donc on passe beaucoup de temps à ne pas jouer de la viol, mais simplement à la porter. C'est pas trop lourd, ça va ? 7 kilos à peu près avec la housse, donc ça va. En fait, c'est très grand, mais c'est creux, l'instrument. La valise est plus lourde. Lilia, une petite question pour vous. Je voulais savoir si vous pouvez nous jouer quelque chose, s'il vous plaît.
Vous êtes d'accord ? Oui, et merci pour le s'il vous plaît. Et qu'est-ce que vous allez jouer alors ? Alors, je vais jouer un extrait de Carl Friedrich Abel, qui était un des derniers violistes allemands, mais qui vivait en Angleterre, un peu avant la Révolution. ...
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