France Info. France Info Junior, maintenant place aux questions des enfants sur l'actualité. Bonjour, nous sommes sur France Info Junior. Nous sommes les élèves de la classe média du collège Émile Malacorontry dans l'Allier.
Et aujourd'hui, on va vous parler des nouveaux cours à la vie affective, relationnelle et à la sexualité. Et oui, des questions sur ces nouveaux cours qui devaient apparaître à la rentrée dernière, mais la dissolution a retardé les choses. Et vendredi dernier, le nouveau programme autour de cet enseignement à la vie affective et à la sexualité a passé une étape importante, sa validation par le Conseil supérieur des programmes.
En théorie, c'était obligatoire depuis 2001 cet enseignement, mais ce n'est pas vraiment encore appliqué. Alors, que contient cette nouvelle version du programme ? Comment l'appliquer ? Vous allez répondre aux questions des collégiens. Maëlle Chalambelleval, bonjour ! Bonjour ! Vous présidez l'organisme Comitis, qui est spécialisé en éducation affective et sexuelle. Vous avez écrit ce livre, « Oser parler d'amour et de sexualité avec ses enfants ». Première question de Nayel. Pourquoi on parle de sexe au collège ?
Alors, en fait, on est des personnes qui sommes formées d'un corps, d'un cœur, d'une tête. Et comprendre son corps est très important. En général, on ne parle pas d'abord de sexualité aux enfants. On parle d'abord du fonctionnement du corps des enfants.
Toi, tu es en cinquième, mais souvent, dès les classes primaires, les enfants ont besoin de comprendre, par exemple, comment on fait les bébés, parce qu'ils s'interrogent sur leurs origines. Donc, si tu veux, ce n'est pas d'abord des questions de sexualité d'adultes qui intéressent les enfants, ce sont les questions de leur âge qui suivent le développement de leur corps. Et en cinquième, les grandes questions tournent autour, souvent, de la puberté, pour
Pourquoi je me transforme sous cette forme-ci ? À quoi servent les poils ? Qu'est-ce que les règles ? Ce n'est pas forcément la sexualité au sens de ce que tu pourrais croire qui concerne davantage les adultes.
Petit débat à ce sujet entre Hugo et Joël. Je trouve que c'est utile parce que ça nous apprend à connaître notre corps. Ça ne sert à rien, ça se rapproche de l'SVT. Hugo était tout à fait d'accord avec ce que vous venez de nous dire, Maëlle Chalam-Belval. Mais ce que souligne Joël, c'est plutôt cette question. Qu'est-ce qui va changer par rapport à ce qu'on apprenait déjà, par exemple, au SVT ? C'est plus que la SVT. Parce que l'éducation affective et sexuelle comprend aussi une réflexion. Qu'est-ce qu'être amoureux ?
Quels sont les gestes qu'on peut faire ? Est-ce qu'on peut faire des bisous à quelqu'un qui n'en veut pas ? Qu'est-ce que ça veut dire au fond faire l'amour ?
Parfois les élèves aussi, les enfants nous demandent « mais pourquoi il y a des pédophiles madame ? » Donc si vous voulez, l'éducation affective et sexuelle n'est pas seulement la compréhension du corps, des règles, de la SVT, mais c'est aussi une réflexion sur nos choix de vie et sur notre société. Justement, on a abordé déjà plusieurs sujets, le consentement, l'appropriation du corps, comment ça fonctionne tout simplement. Les collégiens, c'est vrai, se questionnent beaucoup sur la différence des contenus en fonction des âges, en fonction des classes.
Moi je trouve que c'est inutile pour les classes comme 6e, 5e ou maternelle et école primaire. Je pense que ça serait plus utile vers la classe de 3e et lycée parce que parler de ça en 5e ou en 6e ça peut choquer les parents ou les enfants alors que parler de ça en 3e ou au lycée c'est plus de leur âge. Là on peut répondre à Hugo et préciser aussi pas mal de choses à toutes celles et ceux qui nous écoutent. Maëlle Chalam-Belleval, qu'est-ce qui sera appliqué avec ce programme en fonction des classes ?
Alors, le programme dans les détails n'est pas encore publié. On a les grandes lignes. On a les grandes lignes. Le ministre pourrait encore éventuellement changer des détails. Mais dans les grandes lignes, ce qui concerne l'enfance...
c'est comment protéger mon corps ? Quels sont les gestes que je peux faire ? Les gestes que les autres peuvent me faire aussi ? Qu'est-ce qu'être heureux dans son corps ? Comment prendre soin de son corps ? Donc toute la réflexion sur le corps, l'hygiène, le consentement,
Et aussi la réflexion sur la relation, les amitiés, les émotions, quand je suis très en colère, comment je peux me comporter avec mes copains, est-ce que je peux frapper ? Voilà, donc toute cette réflexion aussi sur la vie relationnelle, en fait, démarre
bien avant la sexualité. Donc, je comprends bien quand on dit évidemment le sexe en tant que tel intéresserait plutôt des grands collégiens, des lycéens, même des étudiants. Je comprends que ce ne soit pas forcément la première préoccupation des enfants, mais il se trouve que les enfants, et même en sixième, en cinquième, parfois sont confrontés
par les réseaux sociaux, par Internet, par les séries, sont confrontés à des mots de la sexualité, à des images aussi de la sexualité, des vidéos qui parfois les troublent, les choquent et sur lesquelles ils ont besoin d'avoir un regard adulte pour leur donner les précisions qui leur sont nécessaires pour ne plus être bloqués
Alors, l'éducation du consentement aux plus petits, l'avis sur cette question d'Inès et puis encore une question d'Hugo. Je pense que pour les maternelles, parler du consentement, c'est bien. Comme ça, on leur apprend déjà qu'il faut leur accord. Comment vous faites pour aborder le sujet du consentement avec des enfants de maternelle qui sortent de la crèche ? Parce que ce n'est pas forcément facile d'aborder ça avec des enfants de maternelle. Ça, c'est une super question pédagogique. C'est une super question pédagogique.
qui marche très bien avec les enfants, c'est de faire des mises en situation. C'est-à-dire de les mettre dans des petits scénarios, des mimes, à partir desquels on réfléchit. Par exemple, on fait un cache-cache. Est-ce que pendant un cache-cache, deux enfants qui se cachent quelque part à l'abri des regards, ils ont le droit de faire n'importe quel geste ? Est-ce que quand on va dans les toilettes, on a le droit de faire n'importe quel geste ?
Quand je suis dans la douche, quand je suis dans la baignoire et vous qui êtes en cinquième, est-ce que vous laissez n'importe quel adulte rentrer, n'importe quel frère ou soeur rentrer ? Ce sont souvent des cas pratiques qui aident à prendre conscience des limites qu'on peut poser, qu'on doit poser autour de la préservation de son propre corps.
Est-ce que c'est à l'école ou pas d'aborder ce sujet ? Petit débat entre collégiens. C'est ma mère qui m'en parle des fois, mais je trouve que ce n'est pas forcément à l'école de faire des préventions là-dessus. Je pense que les parents peuvent le faire vu que c'est eux qui élèvent leurs enfants. C'est quand même utile parce que comme ça on peut apprendre plus de choses même si on sait déjà des choses. Comme Hugo l'a dit, c'est aux parents d'en parler. Donc moi je trouve que ça passe à place à l'école. Qu'est-ce que vous leur répondez ?
En fait, ce n'est pas une guerre parents contre école, école contre parents.
Quand on est un professionnel comme moi, on se rend compte sur le terrain que beaucoup de familles ont du mal à aborder ces sujets. Énormément de parents ne parlent pas de la puberté, en parlent avec les filles, n'en parlent pas avec les garçons. Donc c'est pour répondre à un besoin des jeunes qu'on doit proposer une éducation affective et sexuelle à l'école. Mais elle doit se faire en bonne intelligence,
avec la collaboration, la connaissance des parents, que les parents ne se sentent pas exclus, comme si eux étaient mauvais et l'école était bonne. En fait, on a besoin de confiance pour faire et proposer une bonne éducation affective et sexuelle aux enfants. Merci à vous, Maëlle Chalam-Belleval, présidente de Comitis, et vous avez écrit ce livre « Oser parler d'amour et de sexualité avec ses enfants », France Info Junior, émission à réécouter sur l'appli Radio France, préparée par Marie Mougin et Estelle Faure.