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franceinfo junior. Quelle est la situation en Haïti ?

2025/4/15
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Shownotes Transcript

Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunissait hier pour parler d'Haïti. Ce pays des Caraïbes en proie à de terribles violences, en plus de bien d'autres problèmes d'ailleurs de pauvreté et de santé. La France, par la voix du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, a promis d'augmenter son aide pour soutenir la police haïtienne.

Bonjour Rodely Saint-Iné. Bonjour. Vous êtes haïtien, la situation est telle que vous êtes réfugié en France depuis quelques années maintenant. Vous êtes journaliste, on peut vous entendre sur RFI, l'émission Couleurs Tropicales. Et vous avez bien voulu répondre aux questions de France Info Junior, merci à vous. Aujourd'hui, ce sont les questions des sixièmes du collège Jacques Prévert de Noisy-le-Sec.

C'est en Seine-Saint-Denis et nous commençons avec Iliès. Combien a-t-il de gangs à Haïti ? Évidemment, cette violence dont on parlait, elle est d'abord le fait de ces gangs. On a pu les dénombrer ? Oui, et l'ONU a dénombré près de 200 puissants groupes de gangs en Haïti.

mais qui a fédéré deux coalitions et ont fédéré à nouveau ce qui donne le groupe de Vivre Ensemble. Donc il y a un réseau principal de gangs et après des ramifications, c'est ça ? Oui, bien sûr. Une question de Payet ?

Pourquoi les gangs ont tué d'autres personnes alors que les autres n'ont rien fait ? J'imagine que c'est une question insoluble, mais on sait quelle est la motivation. Et c'est très flou leur motivation, parce qu'ils prétendent lutter pour libérer le pays d'un système oligarchique et tout. Mais dans les faits, ils la tuent, ils assassinent les membres de la population, de la population civile qui payent le...

lourds tribus. Donc, en vrai, c'est très flou. Donc, ils parlent des problèmes économiques, des problèmes sociaux qu'ils entendent éradiquer à travers leur lutte. Il faut renverser le système, disent-ils, mais jusque-là, c'est très flou parce que

C'est que la population qui en paie le prix en doute fort que la population fait partie de ce système qu'ils dénoncent. Vous avez dû fuir à Haïti vous-même parce qu'ils s'en sont pris à vous directement ? Oui, directement, parce que j'ai été menacé de mort. Je me suis échappé in extremis, donc depuis je vis en France. De fait, vous savez pourquoi ils s'en sont pris à vous ?

Parce que, justement, j'étais journaliste et que j'ai fait des sujets, que ce soit sur les liens entre des gangs et des classes économiques en Haïti, particulièrement dans mon quartier à Cité-Soleil, et aussi pour d'autres prises d'opposition, parce que moi-même, je suis un journaliste engagé et me contre l'injustice sociale. Donc, ce qui n'a pas plu, que ce soit aux gangs et aussi à des membres de la classe politique et économique du pays. On continue avec Farah.

À quelle date ça a exactement commencé ? Est-ce qu'on peut dater le début de cette vague de violence ? Cette vague de violence acharnée commence à exploser en 2018. Mais bien avant, il y avait déjà des gangs. Parce que l'histoire des gangs en Haïti...

Ça remonte vraiment, que ce soit avec Aristide dans les années 90 et jusqu'à 2004, avec ce qu'on appelle les chimères dans le temps, et plus tard avec ces bandes-là. Donc c'est une histoire qui remonte vraiment très longtemps, depuis même à Duvalier qui a créé une sorte de milice, les Tontons-Macoute, qui avait une forme de légitimité, entre guillemets, de légalité, mais c'est des groupes

et qui avaient pour mission de faire des répressions sur la population. Jean-Claude Duvalier et Jean-Bertrand Aristide, ce sont d'anciens présidents d'Haïti. Aujourd'hui, on parle de combien de dizaines, de centaines de victimes de ces gangs chaque année ?

Franchement, c'est difficile aussi à dénombrer parce que tant qu'il y a des morts qu'on n'arrive pas à compter ou du moins ça a disparu, mais l'ONU avance et seulement pour l'année 2024, c'était plus de 5000 morts.

des violences des gangs et sans oublier qu'en seulement un mois, entre février et mars, on a dénombré plus de 40 000 déplacés, ce qui élève le nombre de déplacés à plus d'un million. Donc c'est vraiment une catastrophe humanitaire que le pays connaît. Une question de Naël.

Est-ce que les enfants vont à l'école peut-être s'ils ont peur, peut-être qu'ils sont traumatisés ? Il y a encore des écoles à Cité-Soleil ou plus largement en Haïti ? Les enfants sont les principaux victimes de cette violence acharnée des gangs. Parce que dans les quartiers où il y a les foyers des gangs, c'est difficile, voire impossible qu'une école arrive à fonctionner. Et

Et ensuite, les enfants, pour la plupart, sont victimes de l'insécurité généralisée, de kidnappings et tout. Les parents ont peur d'envoyer leurs enfants à l'école. Et il y a aussi ce phénomène où des enfants dans des quartiers sensibles, pour la plupart, sont enrôlés dans des gangues. Et ça, c'est une catastrophe qui ronge le pays, mais dont on parle très peu. Dans ce collège Jacques Prévert de Noisy-le-Sec en Seine-Saint-Denis, il y a Neftali.

Elle est d'origine haïtienne et voilà ce qu'elle se dit en parlant de tout ça. Pourquoi quand il s'agit d'autres actualités, on parle, mais quand il s'agit d'Haïti, on n'en parle plus ? Et pourquoi on n'aide pas l'Haïti à arrêter toute cette crise humanitaire là-bas ? Ce sentiment d'injustice que probablement vous partagez également, comment est-ce que vous l'expliquez, que ça ne soulève pas plus d'indignation ?

C'est vraiment incompréhensible que la situation d'Haïti ne soulève pas plus d'indignation, parce que c'est vraiment une catastrophe humaine, une catastrophe humanitaire sans précédent que le pays connaît. Peut-être il y a des explications qui ne justifient pas

et le silence qu'on fait sur la situation d'Haïti, parce que peut-être Haïti ne représente pas un intérêt géopolitique ou géostratégique trop important pour les grandes puissances, mais franchement c'est incompréhensible qu'à quelques heures des États-Unis, un pays qui est complètement dévasté,

des guerres de gang, par des violences et pour la plupart, les armes qui tuent en Haïti sont des armes qui sont pour la plupart en provenance des États-Unis selon le rapport de l'ONU. Vous gardez l'espoir de revenir en Haïti ?

que tout ça se calme un jour ? C'est l'un de mes plus gros souhaits, c'est pouvoir y revenir et me servir mon pays comme je l'entends. Mais au regard de la situation aussi, je ne pense pas que ce sera pour tout de suite.

Merci, Rodely, Saint-Iné, d'avoir partagé cette émotion qui est la vôtre. On vous retrouve sur RFI dans Couleurs Tropicales. Merci aux élèves du Collège Jacques Prévert de Noisy-le-Sec et à Estelle Fort qui a recueilli leurs questions. France Info Junior s'est retrouvée en téléchargement avec l'application Radio France.