franceinfo junior. Qu'est-ce que le cancer ?
07:42 Share

France Info. France Info Junior, une invitée et des questions d'enfants. Bonjour les enfants ! Bonjour ! Bienvenue dans France Info Junior. Présenté par Gilles Dequise. Nous sommes les CM2A de l'école Pouchet. Aujourd'hui on va parler du cancer chez les jeunes. Avec notre invitée Véronique Minard-Colin.

Bonjour professeur. Bonjour. Vous êtes spécialiste du cancer de l'enfant. Merci beaucoup d'être dans France Info Junior. Vous travaillez notamment à l'hôpital Gustave Roussy à Villejuif, l'institut de cancérologie de Villejuif qui fête aujourd'hui son 60e anniversaire. Sujet difficile mais sujet important que celui des maladies qui touchent les plus jeunes, les cancers notamment. Qui veut commencer ? Qui a une question ? Dario ? Qu'est-ce que le cancer en fait ?

Dario, c'est une très bonne question que tu viens de poser. En fait, un cancer, c'est une cellule. Je pense que vous savez ce que c'est qu'une cellule. C'est la toute petite partie qui est à l'origine de chacun de nos organes. Par exemple, on a des petites cellules dans la peau qui vont se multiplier chez l'enfant, puis fabriquer la peau chez le bébé. Et le bébé naît avec une peau, un cœur, des poumons.

Ces cellules font normalement leur travail de se diviser en 2, en 4, en 8. Ensuite, elles vont faire leur fonction. Par exemple, les cellules de la peau fabriquer la peau.

Et un cancer, c'est quand une cellule, au lieu de faire son travail normalement, elle se met à se diviser sans s'arrêter. Et donc, elle finit par faire une masse, une boule, qui est le cancer. Et avec comme caractéristique, donc, de se diviser sans arrêt et puis d'être capable de partir dans le sang et de donner la maladie un peu généralisée dans le corps. Nancy ? Comment vous savez quand quelqu'un a un cancer ? Ça, c'est une très bonne question aussi. Vous avez beaucoup de bonnes questions, les enfants.

Alors je dirais qu'il y a plein de signes qui peuvent faire évoquer. D'abord, il ne faut pas que tout ce que je vais vous dire aujourd'hui, les enfants vous inquiètent parce que je répète ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est très rare. Mais le premier signe qu'on observe, c'est quand il y a une boule, une masse, quelque chose qui apparaît, par exemple une boule dans le cou ou une boule dans le ventre qui fait que le ventre grossit rapidement.

Donc ça, c'est un message important à retenir pour tous les enfants. C'est si on voit quelque chose d'anormal ou on sent quelque chose d'anormal quand on fait sa toilette, toujours en parler à ses parents. Et si les parents, ils ne savent pas très bien ce que c'est, aller voir son médecin traitant. Ça, c'est la première chose. Donc le premier signe, c'est une grosseur.

Les autres signes, c'est une grande fatigue et puis des difficultés pour se lever, pour manger, pour courir, pour dormir. Un enfant, quand il a votre âge, en CM2, sa journée, c'est l'école, c'est courir dans la course, c'est jouer avec ses copains, c'est

C'est vraiment une vie normale d'enfant. Et quand la vie n'est pas normale, quand on dit je suis fatigué, je veux rester au lit plusieurs jours, ça ce n'est pas normal. Et le troisième signe, c'est notamment les maux de tête. On parlait tout à l'heure des cancers de la tête qui restent très rares. Parfois on a mal à la tête, ça peut durer un, deux, trois jours quand on est fatigué. Mais si ça dure une semaine et qu'on est un peu endormi et qu'on a envie de vomir, pareil, il faut en parler à ses parents et consulter son médecin traitant.

Comment vous faites pour soigner les enfants ? La première étape, c'est de trouver le nom du cancer. Ensuite, quand on a trouvé le nom, on donne des traitements. Et le plus souvent, c'est des traitements de perfusion de médicaments qu'on appelle de la chimiothérapie, qui va passer dans le sang et qui va aller détruire les mauvaises cellules du cancer. Donc on va avoir la boule qui va diminuer. Puis ensuite, quand elle est de plus petite taille, elle est souvent opérée pour l'enlever complètement.

Et puis on termine les traitements et c'est ensuite la période qu'on appelle la rémission, c'est-à-dire que la boule est partie, on a fait les traitements, perfusion de médicaments qu'on appelle de la chimiothérapie et opération. Dans mon club de foot, j'avais quelqu'un qui était très bon et qui d'un jour à l'autre n'est plus venu. Et il n'y a pas longtemps, je l'ai revu et il était plus fatigué, il n'avait plus de cheveux.

Il avait un comportement un peu plus bizarre. Il était devenu différent. Et t'as osé lui poser une question ou il voulait pas en parler ? Je lui ai demandé et après il a pas voulu en parler. J'ai demandé à ses copains ce qui lui est arrivé.

Ils m'ont dit un cancer. T'as compris, par exemple, qu'ils ne veuillent pas en parler ? Oui. Ça, comment vous faites, vous, professeur Véronique Minercolin, pour expliquer aux enfants justement comment est-ce qu'on continue à avoir une forme de vie normale alors que tout change aussi pendant un moment ? D'abord, je dirais qu'on dit toujours les choses avec les mots adaptés à l'âge de l'enfant et des adolescents qu'on voit aussi. Et autrefois, on ne disait pas trop, en fait. On disait « voilà, tu viens à l'hôpital, on va te donner des médicaments ».

Mais en réalité, aujourd'hui, si les parents sont d'accord, toujours avec eux, mais on parle toujours avec l'enfant pour lui expliquer le nom de sa maladie et on prononce le nom cancer. Et puis après, c'est intéressant ce que vous disiez sur comment on explique aux enfants. Je dirais qu'on leur explique tout en fonction de leur âge. Évidemment, on ne va pas dire la même chose à un bébé qui a 2-3 ans et avec un grand enfant ou un ado comme vous.

Ça, c'est la deuxième chose. Et la troisième chose, c'est qu'en fait, ce qu'on dit des enfants qui ont un cancer, ils vont être soignés, traités et après, ils vont être guéris pour la grande majorité d'entre eux. C'est qu'après, ils seront encore plus forts parce qu'ils auront traversé une épreuve incroyable. Et on a travaillé sur les enfants guéris d'un cancer. Et quand ils deviennent adultes, ils réussissent mieux à l'école.

et réussissent mieux dans leur travail parce qu'ils ont eu une épreuve difficile et donc ils sont devenus des champions en fait. Dario, tu avais levé la main justement quand j'ai demandé si tu avais déjà été avec un enfant qui avait eu une maladie grave. Est-ce que ça avait changé pour toi ? En fait, ce n'était pas un enfant, mais c'était la mère d'une personne qui partait en même temps que moi à l'école. Elle était un peu plus loin que moi, mais je la voyais souvent passer. Sa mère, en fait, elle avait une...

Avant, elle avait des cheveux. Après, elle n'avait plus de cheveux. Du coup, j'ai demandé à la fille, même si maintenant, je sais que ça ne se fait pas trop demander. J'ai demandé si elle avait le cancer de quoi. Tu peux toujours demander. Après, le copain, il va te répondre ou pas. C'est lui qui décidera. Donc, ne soyez pas ennuyé si vous avez envie de poser la question, si vous voyez un enfant qui n'a pas de cheveux. En fait, ce qui est le plus dur pour eux, souvent, c'est exactement ce que tu disais. C'est qu'en fait, la chimiothérapie qu'on donne fait tomber les cheveux.

Et donc, en quelques semaines, dès qu'on commence les traitements, au bout d'un mois, habituellement, ils n'ont plus de cheveux. Et ça, c'est super dur parce que ça se voit, en fait. Et je dirais que pour eux, c'est vraiment, avec la fatigue et les venues à l'hôpital, la chute des cheveux, c'est vraiment le plus difficile. Pour les filles comme pour les garçons, parce que ça se voit.

Et donc pour eux, on développe vraiment beaucoup de ce qu'on appelle des perruques ou des casquettes ou des bonnets, en tout cas des choses qui permettent de cacher ça. Et notamment les filles, elles portent souvent des perruques pour pas qu'on voit qu'elles ont perdu leurs cheveux. Et puis il y en a que ça gêne beaucoup et qui de ce fait ne vont plus à l'école parce qu'ils n'ont pas envie que les autres les voient malades comme ça.

Mais même si nous, on n'empêche pas du tout de retourner à l'école pendant les traitements. Merci beaucoup, professeur Véronique Minard-Colin, oncopédiatre dans le département de cancérologie de l'enfant et de l'adolescent à Gustave Roussy, l'institut de cancérologie Gustave Roussy à Villejuif qui fête aujourd'hui son 60e anniversaire. Merci d'être passée dans France Info Junior. Merci à vous, les enfants. Merci à Jeanne Sarfati-Kermarek et Estelle Faure qui ont préparé cette émission à podcaster sur l'appli Radio France.