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cover of episode "La Mer" de Jules Michelet 1/5 : La mer vue du rivage

"La Mer" de Jules Michelet 1/5 : La mer vue du rivage

2025/4/13
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Le Feuilleton

AI Chapters Transcript
Chapters
The episode begins with a description of the author's experience in Grandville, a town in Normandy, where the sea is a powerful and ever-present force. The chapter describes the dangerous coastline, the town's inhabitants, and a shell-maker whose family tragedy is intertwined with the sea's unpredictable nature.
  • Description of Grandville's turbulent coastline and its impact on the inhabitants.
  • Story of a shell-maker whose brother perished at sea.
  • The sea's power and unpredictability as a recurring theme.

Shownotes Transcript

On ne le voit pas infini, mais on le sent, on l'entend.

On le devine infini, et l'impression n'en est que plus profonde. La mer de Jules Michelet. Émission interprétée, réalisée et mixée en direct depuis le studio 119 de la Maison de la Radio et de la Musique. Premier épisode, la mer vue du rivage. C'est cette impression que j'avais à Grandville, sur cette plage tumultueuse de grands flots et de grands vents, qui finit la Normandie et va commencer la Bretagne.

La guette est riche et aimable, quelquefois un peu vulgaire. Des belles campagnes normandes disparaissent. Et par Grandville, par le dangereux Saint-Michel en grève, on se trouve entré dans un monde tout autre. Grandville oppose fièrement son rocher à l'assaut épouvantable des vagues qui tantôt apportent du nord les fureurs discordantes des courants de la Manche, tantôt roulent de l'ouest en un long flot toujours grossi dans sa course de mille lieues

qui frappe de toute la force accumulée de l'Atlantique. J'aimais cette petite ville, singulière et un peu triste, qui vit de la pêche lointaine la plus dangereuse. La famille sait qu'elle est nourrie des hasards de cette loterie, de la vie, de la mort de l'homme. En août, c'était déjà l'automne. Il n'y avait guère de crépuscule, le soleil à peine disparu, le vent fraîchissait, les vagues couraient rapides, vertes et sombres.

La Haute Ville, fort petite, à sa face du nord, bâtie à pic sur le bord de l'abîme. Noire, froide, battue d'un vent éternel, faisant front à la Grande Mer. Il n'y est là que pauvre logis. On m'y mena chez un bonhomme dont l'art était de faire des tableaux de coquilles. Monté par une sorte d'échelle dans une obscure petite chambre, je vis, encadré dans l'étroite fenêtre, cette vue tragique. Mon homme,

sans être vieux, était souffreteux, fiévreux. Il tenait en ce mois d'août sa fenêtre calfeutrée. En regardant ses ouvrages et en causant, je vis qu'il avait la tête un peu faible. Elle avait été ébranlée par un événement de famille. Son frère avait péri sur cette grève dans une cruelle aventure. La mère lui restait sinistre. Elle lui semblait garder contre lui une mauvaise volonté.

L'hiver, infatigablement, elle flagellait sa vitre de neige ou de vent glacé. Elle ne le laissait pas dormir. Elle frappait sous lui son roc, sans trêve ni repos, dans les longues nuits. L'été, elle lui montrait d'incommensurables orages, des éclairs d'un monde à l'autre. Aux grandes marées, c'était bien pis.

Elle monte à 60 pieds et son écume furieuse, sautant bien plus haut encore, outrageusement venait lui frapper dans sa fenêtre. Il n'était pas même sûr que la mère s'en tint toujours là. Elle pouvait dans sa haine lui jouer quelques mauvais tours, mais il n'avait pas le moyen de chercher un meilleur abri. Et peut-être aussi était-il retenu à son insu par je ne sais quel magnétisme ?

Il n'eut pas osé se brouiller tout à fait avec la terrible fée. Il avait pour elle un certain respect. Il en parlait peu et plus souvent la désignait sans la nommer. Je vois encore sa mine pâle lorsqu'il regardait la grève et disait « Cela me fait peur ». Était-ce un fou ? La mère attache tellement les hommes qui se sont confiés longtemps à elle, qui ont vécu avec elle et dans sa familiarité, qu'ils ne peuvent la quitter jamais ?

J'ai vu dans un petit port de vieux pilotes qui devenus trop faibles résignaient leur office mais ils ne s'en consolaient point, ils traînaient misérablement et leur tête s'égarait. Au plus haut de Saint-Michel on vous montre une plateforme qu'on appelle celle des fous. Je ne connais aucun lieu plus propre à en faire que cette maison de vertige.

Représentez-vous tout autour une grande plaine comme de cendres blanches qui est toujours solitaire, sable équivoque dont la fausse douceur est le piège le plus dangereux. C'est et ce n'est pas la terre. C'est et ce n'est pas la mer. L'eau douce non plus. Quoiqu'en dessous, des ruisseaux travaillent le sol incessamment, rarement et pour de courts moments un bateau si hasarderaient. Et si l'on passe quand l'eau se retire, on risque d'être englouti.

J'en puis parler, je l'ai été presque moi-même. Une voiture fort légère dans laquelle j'étais disparue en deux minutes avec le cheval. Par miracle, j'échappais. Mais moi-même à pied, j'enfonçais. A chaque pas, je sentais un affreux clapotement, comme un appel de l'abîme qui me demandait doucement, m'invitait et m'attirait et me prenait par-dessous. J'arrivais pourtant au roc.

à la gigantesque abbaye, cloître, forteresse et prison d'une sublimité atroce, vraiment digne du paysage. Ce n'est pas ici le lieu de décrire un tel monument. Sur un gros bloc de granit, il se dresse, monte et monte encore indéfiniment, comme une babelle d'un titanique entassement, roc sur roc, siècle sur siècle. Tout cela dans un tourbillon, un vent, un trouble éternel. Est-ce la faute de la mer si cette plage est perfide ?

Point du tout, elle arrive là comme ailleurs, bruyante et forte mais loyale. La vraie faute est à la terre, dont l'immobilité sournoise paraît toujours innocente et qui en dessous filtre sous la plage les eaux des ruisseaux. Un mésange, douçâtre et blanchâtre qui ôte toute solidité. La mer en est fort innocente, loin de faire mal, au contraire elle apporte cette furieuse, dans ses flots si menaçants, un trésor de sel fécond.

Meilleur que le limon du Nil qui enrichit toute culture, riche en poissons, elle entasse des millions, des milliards d'huîtres. Et de leurs coquilles brisées, elle donne cette riche vie qui se change en herbe, en fruits et couvre les prairies de fleurs. Il faut entrer dans la vraie intelligence de la mer, ne pas céder aux idées fausses que peut donner la terre voisine, ni aux illusions terribles qu'elle nous ferait elle-même par la simple grandeur de ses phénomènes. Par des fureurs apparentes,

qui souvent sont des bienfaits. La mer aussi me plaît, par les trésors de vie féconde que je lui sais dans son sein. C'est une des plus peuplées du monde. Vienne, la nuit de la Saint-Jean où s'ouvre la pêche, vous allez voir surgir des profondeurs l'ascension d'une autre mer, la mer des Harans. La plaine indéfinie des eaux ne sera pas assez grande pour ce déluge vivant. Une des révélations les plus triomphantes de la fécondité sans borne de la nature.

Voilà ce que je sens d'avance dans cette mer : la fermentation, le flot de la vie. Les plages, les grèves et les falaises montrent la mer par trois aspects et toujours utilement. Elles l'expliquent, la traduisent, la mettent en rapport avec nous, cette grande puissance, sauvage au premier aspect, mais divine au fond, donc amie. L'avantage des falaises, c'est qu'au pied de ces hauts murs, bien plus sensiblement qu'ailleurs, on apprécie la marée,

La respiration, disons-le, le pouls de la mer. Insensible sur la Méditerranée, il est marqué dans l'océan. L'océan respire comme moi, il concorde à mon mouvement intérieur, à celui d'en haut. Il m'oblige de compter sans cesse avec lui, de supporter les jours, les heures, de regarder au ciel. Il me rappelle et à moi et au monde. Que je m'assoise aux falaises, à celle d'Antifère par exemple, je vois ce spectacle immense.

La mer, qui semblait morte tout à l'heure, a frissonné. Elle frémit. Signe premier du grand mouvement. La marée a dépassé Cherbourg et Barfleur, tourné violemment la pointe du Phare. Ses eaux divisées suivent le Calvados, s'exhaustent au Havre. Voilà qu'elles viennent à moi, vers Étretat, Fécamp, Dieppe, pour s'enfoncer dans le canal, malgré les courants du Nord. À moi de me mettre en garde et d'observer bien son heure. Sa hauteur, presque indifférente aux dunes ou collines de sable qu'on peut remonter partout,

ici, au pied des falaises, impose une grande attention. Ce long mur de trente lieues n'a pas beaucoup d'escaliers. Ces étroites percées qui font nos petits ports s'ouvrent à d'assez grandes distances. D'autant plus curieusement observe-t-on, à la mer basse, les assises superposées où se lit l'histoire du globe, en gigantesques registres où les siècles accumulés offrent tout ouvert le livre du temps. Chaque année en mange une page.

C'est un monde en démolition que la mer mord toujours en bas, mais que les pluies, les gelées attaquent encore bien plus d'en haut. Le flot en dissout le calcaire, emporte, rapporte, roule incessamment le silex qui l'arrondit en galets. Ce rude travail fait de cette côte si riche du côté de la terre un vrai désert maritime. Peu, très peu de plantes de mer échappent au broiement éternel du galet froissé, refroissé. Les mollusques et les coquilles en ont peur.

Les poissons même se tiennent à distance. Grand contraste d'une campagne douce et tellement humanisée et d'une mer si inhospitalière. On ne la voit guère que d'en haut. En bas, la nécessité dure de marcher sur un sol croulant, roulant de boulets rend l'étroite plage impossible, fait de la moindre promenade une violente gymnastique. Il faut rester sur les sommets où les splendides villas, les beaux bois, les cultures magnifiques, les blés, les jardins avancent jusqu'au bord du grand mur

Et regarde ta plaisir, cette majestueuse rue de la Manche, pleine de barques et de vaisseaux, qui sépare les deux rivages et les deux grands empires du monde. La terre et la mer, quoi de plus ? Toutes deux ont ici un charme. Cependant, celui qui aime la mer pour elle-même, son ami, son amant, ira plutôt la chercher dans un lieu moins varié. Pour entrer en relation suivie avec elle, les grandes plages sablonneuses, si le sable n'est pas trop mou, sont bien plus commodes.

Elles permettent des promenades infinies, elles laissent rêver, elles souffrent, entre l'homme et la mer, des épanchements mystérieux. Jamais je ne me suis plein de ces vastes et libres arènes où d'autres trouvent un grand ennui. Je ne m'y trouve pas seul, je vais, je viens, je le sens, il est là, le grand compagnon. Pour peu qu'il ne soit pas trop ému, de mauvaise humeur, je me hasarde à lui parler et il ne déteigne pas de répondre.

Que de choses nous nous sommes dites au paisible mois où la foule est absente sur les plages illimitées de Scheveningen et d'Austande, de Royan et de Saint-Georges. C'est là qu'en un long tête-à-tête, quelque intimité s'établit. On y prend comme un sens nouveau pour comprendre la grande langue. Si l'on me demandait néanmoins quelle côte de l'océan donne la plus haute impression, je dirais celle de Bretagne.

spécialement aux sauvages et sublimes promontoires de granit qui finissent l'ancien monde, à cette pointardie qui défie les tempêtes, domine l'Atlantique. Nulle part je n'ai mieux senti les nobles et hautes tristesses qui sont les meilleures impressions de la mer. Il y a tristesse et tristesse, celle des âmes trop sensibles qui pleurent sur elles-mêmes et celle des cœurs désintéressés qui pour eux acceptent le sort et bénissent toujours la nature.

mais sentent les maux du monde et puisent dans la tristesse même les forces pour agir ou créer. Qu'on aille s'asseoir sur ces rocs, à la baie de Douarnenez, au promontoire de Penmarc, ou si le vent est trop fort qu'on se mette dans une barque aux basses îles du Morbihan, la mer y apporte un flot tiède que l'on n'entend même pas. La Bretagne, où elle est douce, est très douce, dans ses archipels vous diriez l'onde de la mort, où elle est forte, elle est sublime.

Je n'en sentis que les tristesses en 1831. Elles ont passé dans mon histoire. Je ne connaissais pas alors le vrai caractère de cette mer. Cette osance les plus solitaires entre ces rocs les plus sauvages qu'elle est vraiment gaie, je veux dire vivante et joyeuse d'une grande vie. Ces rocs, vous les voyez couverts comme d'une couche d'aspérité grise, mais ce sont des êtres animés. C'est tout un monde établi là, qui au reflux, laissé à sec, se clôt et s'enferme.

Il ouvre ses petites fenêtres quand la bonne mère s'anourrisse, lui rapporte ses aliments. Là travaille encore en foule cette population estimable des petits piqueurs de pierre, les oursins, observés et si bien décrits par Monsieur Caillou. Tout ce monde juge exactement au rebours de nous.

La belle Normandie les effraye. Ils ont horreur et terreur des rudes galets des falaises sous lesquelles ils seraient broyés. Les calcaires croulants de Saint-Onge, avec leurs plages aimables, ne les rassurent pas davantage. Ils n'ont garde de s'établir sur ce qui doit tomber demain. Au contraire, ils sont heureux de sentir sous eux le sol immuable des rochers bretons. L'eau, pour être terrestre, est l'élément non respirable, l'élément de l'asphyxie.

Barrière fatale, éternelle, qui séparit rémédiablement les deux mondes. Ne nous étonnons pas si l'énorme masse d'eau qu'on appelle la mer, inconnue et ténébreuse dans sa profonde épaisseur, apparut toujours redoutable à l'imagination humaine. Les Orientaux n'y voient que le gouffre amer, la nuit de l'abîme. Dans toutes les anciennes langues, de l'Inde à l'Irlande, le nom de la mer a pour synonyme ou analogue le désert et la nuit. Grande tristesse de voir tous les soirs le soleil sombrer s'abîmer dans les flots.

C'est le deuil quotidien du monde, et spécialement de l'Ouest. Nous avons beau voir chaque jour ce spectacle, il a sur nous même puissance, même effet de mélancolie. Si l'on plonge dans la mer à une certaine profondeur, on perd bientôt la lumière. On entre dans un crépuscule où persiste une seule couleur, un rouge sinistre, puis cela même disparaît et la nuit complète se fait. C'est l'obscurité absolue, sauf peut-être des accidents de phosphorescence effrayantes.

La masse immense d'étendue, énorme de profondeur, qui couvre la plus grande partie du globe, semble un monde de ténèbres. Voilà surtout ce qui saisit, intimida les premiers hommes. On supposait que la vie cesse partout où manque la lumière, et qu'excepté les premières couches, toute l'épaisseur insondable, le fond, s'il abîma un fond, était une noire solitude. Rien que sable aride et cailloux, sauf des ossements et des débris,

Tant de biens perdus que l'élément avare prend toujours et ne rend jamais, les cachant jalousement au trésor profond des naufrages. L'eau de mer ne nous rassure aucunement par la transparence. Ce n'est point l'engageante nymphe des sources, des limpides fontaines. Celle-ci est opaque et lourde, elle frappe fort. Qui si hasarde se sent fortement soulevé ? Elle aide, il est vrai, le nageur, mais elle le maîtrise. Il se sent comme un faible enfant, bercé d'une puissante main qui peut aussi bien le briser.

Ces terreurs, un peu enfantines du vieux monde, ne diffèrent en rien de ce qu'on peut voir toujours des émotions du novice, de la simple personne qui, venue de l'intérieur tout à coup, aperçoit la mer. On peut dire que tout être qui en a la surprise ressent cette impression. Les animaux, visiblement, se troublent.

L'introduction naturelle, le vestibule de l'océan qui prépare à le bien sentir. C'est le cours mélancolique des fleuves du Nord-Ouest, les vastes sables du Midi ou les Landes de Bretagne. Toute personne qui va à la mer par ces voies est très frappée de la région intermédiaire qui l'annonce. Le long de ces fleuves, c'est un vague infini de joncs, d'oserets, de plantes diverses qui, par les degrés, des eaux mêlées et peu à peu saumâtres, deviennent enfin marines.

Dans les Landes, c'est avant la mer, une mer préalable d'herbes rudes et basses, fougères et bruyères. Etant encore à une lieu, deux lieux, vous remarquez les arbres chétifs, souffreteux, rechignés, qui annoncent à leur manière, par des attitudes, j'allais dire, par des gestes étranges, la proximité du grand tyran et l'oppression de son souffle.

S'il n'était pris par les racines, il fuirait visiblement. Il regarde vers la terre, tourne le dos à l'ennemi, semble tout près de partir, en déroute, échevelé. Il ploie, se courbe jusqu'au sol, et ne pouvant mieux, fixé là, se tord de taux au vent des tempêtes. Ailleurs encore, le tronc se fait petit et étend ses branches indéfiniment dans le sens horizontal. Sur les plages où les coquilles dissoutent et lèvent une fine poussière, l'arbre en est envahi, englouti.

Ses pores se ferment, l'air lui manque, il est étouffé mais conserve sa forme et reste là. Arbre de pierre, spectre d'arbres, ombre lugubre qui ne peut disparaître, captive dans la mort même. Bien avant de voir la mer, on entend et on devine la redoutable personne. D'abord c'est un bruit lointain, sourd et uniforme, et peu à peu tous les bruits lui cèdent et en sont couverts.

On en remarque bientôt la solennelle alternative, le retour invariable de la même note, forte et basse, qui de plus en plus roule, gronde. Moins régulière l'oscillation du pendule qui nous mesure l'heure. Mais ici, le balancier n'a pas la monotonie des choses mécaniques. On y sent, on croit y sentir la vibrante intonation de la vie.

En effet, au moment du flux, quand la vague monte sur la vague, immense, électrique, il se mêle au roulement orageux des eaux, le bruit des coquilles et de mille lettres d'hiver qu'elle rapporte avec elle. Le flux vient-il ? Un bruissement fait comprendre qu'avec les sables, elle remporte ce monde de tribus fidèles et le recueille en son sein. Quelle est son étendue réelle ? Plus grande que celle de la Terre ?

Voilà ce qu'on sait le mieux. Sur la surface du globe, l'eau est la généralité, la terre est l'exception. La profondeur de la mer est bien plus inconnue que son étendue. A peine les premiers sondages, peu nombreux et peu certains, ont-ils été faits encore ?

Les petites libertés hardies que nous prenons à la surface de l'élément indomptable, notre audace à courir sur ce profond inconnu sont peu et ne servent de rien. Ils ne peuvent rien faire au juste orgueil que garde la mer. Elle reste en réalité fermée, impénétrable. Qu'un monde prodigieux de vie, de guerre et d'amour, de production de toutes sortes s'y meuve, on le devine bien et déjà on le sait un peu.

Mais à peine nous y entrons, nous avons hâte de sortir de cet élément étranger. Si nous avons besoin de lui, lui, il n'a pas besoin de nous. Il se passe de l'homme à merveille. La nature semble tenir peu à avoir un tel témoin. Chaque fois que nous approchons de la mer, il semble qu'elle dise du fond de son immuabilité « Demain tu passes et moi jamais ».

Tes os seront, dans la terre, dissous même à force de siècles, que je continuerai encore, majestueuse, indifférente, la grande vie équilibrée qui m'harmonise, heure par heure, à la vie des mondes lointains. La mère de Jules Michelet Adaptation Christophe Aucquet Lue par Clément Bresson de la Comédie Française

Musique originale, composée et interprétée par Christophe Oquet, Lucas Valero et Pablo Valero. Prise de son et mixage, Jaizan Blondo Taus et Titouan Oex. Assistant à la réalisation, Pablo Valero. Réalisation, Christophe Oquet.