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cover of episode "La Princesse de Clèves" de Madame de La Fayette 2/5 : Le coup de foudre

"La Princesse de Clèves" de Madame de La Fayette 2/5 : Le coup de foudre

2025/2/24
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Le Feuilleton

AI Deep Dive AI Chapters Transcript
People
内穆尔先生
叙述者
王后
Topics
叙述者: 本故事主要讲述了克莱夫夫人与内穆尔先生之间曲折的爱情故事。克莱夫夫人初次见到内穆尔先生便对其倾心,而内穆尔先生也被克莱夫夫人的美貌所吸引。他们的爱情在宫廷的复杂环境中发展,充满了隐秘与试探。克莱夫夫人在母亲和王后的劝诫下,努力克制对内穆尔先生的感情,但最终还是无法抗拒内穆尔先生的魅力。内穆尔先生也对克莱夫夫人充满了爱慕,但他小心翼翼地隐藏着自己的感情,生怕被别人发现。他甚至偷走了克莱夫夫人的画像,以表达自己对克莱夫夫人的爱慕之情。克莱夫夫人在母亲去世后,更加意识到自己对内穆尔先生的感情,但她又担心自己的行为会给自己的名声带来损害,因此陷入了深深的矛盾之中。 内穆尔先生: 我被克莱夫夫人的美貌深深吸引,她的优雅和魅力让我无法自拔。我努力隐藏自己的感情,但我的内心充满了爱慕。我偷走了她的画像,并不是为了冒犯她,而是为了表达我对她的爱意。我知道这样做可能会有风险,但我无法控制自己的感情。 克莱夫夫人: 我初次见到内穆尔先生就被他深深吸引,他的优雅和魅力让我难以抗拒。但我知道我应该克制自己的感情,因为我是一个已婚妇女。母亲的去世让我更加意识到自己的感情,但我又担心自己的行为会给自己的名声带来损害,因此陷入了深深的矛盾之中。我无法控制自己的感情,但我又害怕失去一切。 克莱夫夫人的母亲: 我担心我的女儿会因为内穆尔先生而失去名声,所以我劝诫她要远离内穆尔先生。我知道我的女儿对内穆尔先生充满了爱慕,但我希望她能够克制自己的感情,维护自己的名声。 王后: 我注意到内穆尔先生对克莱夫夫人的态度发生了变化,但我并没有干涉他们的感情。

Deep Dive

Chapters
Présentation du contexte et de la rencontre entre Mme de Clèves et M. de Nemours lors d'un bal à la cour. Leur beauté respective provoque un grand étonnement et attire l'attention du roi et des reines.
  • Rencontre entre Mme de Clèves et M. de Nemours lors d'un bal
  • Beauté remarquable des deux personnages
  • L'attention du roi et des reines sur leur rencontre

Shownotes Transcript

Translations:
中文

La princesse de Clèves de Madame de Lafayette. Épisode 2, le coup de foudre. À la cour d'Henri II, Mlle de Chartres vient d'épouser M. de Clèves. La reine d'Angleterre, Élisabeth, a des vues sur M. de Nemours qui a envoyé son favori outre-manche servir sa cause, tandis que lui-même a rejoint le duc de Savoie à Bruxelles.

Ses espérances étant confortées, M. de Nemours revient à Paris pour assister au mariage du duc de Lorraine et préparer son voyage en Angleterre. Madame de Clèves avait, oui, parlé de M. de Nemours à tout le monde, comme de ce qu'il y avait de mieux fait et de plus agréable à la cour. Et surtout, Madame la Dauphine le lui avait dépeint d'une sorte, et lui en avait parlé tant de fois, qu'elle lui avait donné de la curiosité et même de l'impatience de le voir.

Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au loup. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure. Le bal commença et comme elle dansait avec M. de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait et à qui on faisait place. Mme de Clèves acheva de danser

Et pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que monsieur de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là.

où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne. Mais il était difficile aussi de voir Madame de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand étonnement. Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que lorsqu'il fut proche d'elle et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louange.

Le roi et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelaient quand ils eurent fini, sans leur donner le loisir de parler à personne, et ils leur demandèrent s'ils n'avaient pas bien envie de savoir qui ils étaient et s'ils ne s'en doutaient point. « Pour moi, madame, dit monsieur de Nemours, je n'ai point d'incertitude. »

« Mais comme Mme de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom. » « Je crois, dit Mme la Dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien. » « Je vous assure, Madame, reprit Mme de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine pas si bien que vous pensez. » « Vous devinez fort bien, répondit Mme la Dauphine. »

Et il y a même quelque chose d'obligeant pour M. de Nemours à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez sans jamais l'avoir vu. La reine les interrompit pour faire continuer le bal. M. de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté et avait paru telle aux yeux de M. de Nemours avant qu'il allât en Flandre. Mais de tout le soir, il ne put admirer que Mme de Clèves. Le lendemain, la cérémonie des noces se fit.

Madame de Clèves y vit le duc de Nemours avec une mine et une grâce si admirables qu'elle en fut encore plus surprise. Les jours suivants, elle le vit chez la reine dauphine, elle le vit jouer à la paume avec le roi, elle le vit courre la bague, elle l'entendit parler, mais elle le vit toujours surpasser de si loin tous les autres et se rendre tellement maître de la conversation dans tous les lieux où il était

par l'air de sa personne et par l'agrément de son esprit, qu'il fit en peu de temps une grande impression dans son cœur. Il est vrai aussi que comme M. de Nemours sentait pour elle une inclination violente, qui lui donnait cette douceur et cet enjouement qu'inspirent les premiers désirs de plaire, il était encore plus aimable qu'il n'avait accoutumé de l'être. De sorte que, se voyant souvent,

Et se voyant l'un et l'autre ce qu'il y avait de plus parfait à la cour, il était difficile qu'il ne se pluste infiniment. La passion de M. de Nemours pour Mme de Clèves fut d'abord si violente qu'elle lui ôta le goût et même le souvenir de toutes les personnes qu'il avait aimées et avec qui il avait conservé des commerces pendant son absence. Mme de Clèves lui paraissait d'un si grand prix qu'il se résolut de manquer plutôt à lui donner des marques de sa passion

que de hasarder de la faire connaître au public. Il prit une conduite si sage et s'observa avec tant de soin que personne ne le soupçonna d'être amoureux de Madame de Clèves que le chevalier de Guise. Et elle aurait eu peine à s'en apercevoir elle-même si l'inclination qu'elle avait pour lui ne lui donnait une attention particulière pour ses actions qui ne lui permit pas d'en douter.

Elle ne se trouva pas la même disposition à dire à sa mère ce qu'elle pensait des sentiments de ce prince qu'elle avait eu à lui parler de ses autres amants. Sans avoir un dessin formé de le lui cacher, elle ne lui en parla point. Mais Madame de Chartres ne le voyait que trop, aussi bien que le penchant que sa fille avait pour lui. Elle se mit un jour à parler de lui.

Elle lui en dit du bien et y met là beaucoup de louanges empoisonnées sur la sagesse qu'il avait d'être incapable de devenir amoureux. Ce n'est pas, ajoute-t-elle, que l'on ne l'ait soupçonné d'avoir une grande passion pour la reine dauphine. Je vois même qu'il y va très souvent. Et je vous conseille d'éviter, autant que vous pourrez, de lui parler, et surtout en particulier. Parce que madame la dauphine, vous traitant comme elle fait,

« On dirait bientôt que vous êtes leur confidente, et vous savez combien cette réputation est désagréable. » Mme de Clave n'avait jamais, oui, parlé de M. de Nemours et de Mme la Dauphine. Elle fut si surprise de ce que lui dit sa mère, et elle crut si bien voir combien elle s'était trompée dans tout ce qu'elle avait pensé des sentiments de ce prince, qu'elle en changea de visage. Mme de Chartres s'en aperçut. Il vint du monde dans ce moment.

Madame de Clèves s'en alla chez elle et s'enferma dans son cabinet. L'on ne peut exprimer la douleur qu'elle sentit de connaître, par ce que lui venait de dire sa mère, l'intérêt qu'elle prenait à M. de Nemours. Elle n'avait encore osé se l'avouer à elle-même. Elle vit alors que les sentiments qu'elle avait pour lui étaient ceux que M. de Clèves lui avait tant demandé. Elle trouva combien il était honteux de les avoir pour un autre que pour un mari qui les méritait.

Elle se sentit blessée et embarrassée de la crainte que M. de Nemours ne voulut la faire servir de prétexte à Mme la Dauphine, et cette pensée la détermina à compter à Mme de Chartres ce qu'elle ne lui avait point encore dit. Elle alla le lendemain matin dans sa chambre pour exécuter ce qu'elle avait résolu, mais elle trouva que Mme de Chartres avait un peu de fièvre, de sorte qu'elle ne voulut pas lui parler.

Ce mal paraissait néanmoins si peu de choses que Mme de Clèves ne laissa pas d'aller la prédiner chez Mme la Dauphine. Elle était dans son cabinet avec deux ou trois dames qui étaient le plus avant dans sa familiarité. « Nous parlions de M. de Nemours, lui dit cette reine en la voyant, et nous admirions combien il est changé depuis son retour de Bruxelles. Avant d'y aller, il avait un nombre infini de maîtresses et c'était même un défaut en lui. »

Car il ménageait également celles qui avaient du mérite et celles qui n'en avaient pas. Depuis qu'il est revenu, il ne reconnaît ni les unes ni les autres. Madame de Clèves ne répondit rien. Et elle pensait avec honte qu'elle aurait pris tout ce que l'on disait du changement de ce prince pour des marques de sa passion, si elle n'avait point été détrompée. Elle se sentait quelque aigreur contre Madame la Dauphine.

de lui voir chercher des raisons et s'étonner d'une chose dont apparemment elle savait mieux la vérité que personne. Elle ne put s'empêcher de lui en témoigner quelque chose. « Est-ce aussi pour moi, madame, que vous venez de parler ? Et voudriez-vous me cacher que vous fussiez celle qui a fait changer de conduite à monsieur de Nemours ? Vous êtes injuste, lui dit madame la dauphine. Vous savez que je n'ai rien de caché pour vous. »

Il est vrai que M. de Nemours, avant que d'aller à Bruxelles, a eu, je crois, intention de me laisser entendre qu'il ne me haïssait pas. Mais depuis qu'il est revenu, il ne m'a pas même paru qu'il se souvint des choses qu'il avait faites, et j'avoue que j'ai de la curiosité de savoir ce qui l'a fait changer. »

dans un état plus calme et plus doux que celui où elle était auparavant. Lorsqu'elle revint chez sa mère, elle sut qu'elle était beaucoup plus mal qu'elle ne l'avait laissée. La fièvre lui avait redoublé et les jours suivants, elle augmenta de telle sorte qu'il parut que ce serait une maladie considérable. Madame de Clèves était dans une affliction extrême. Elle ne sortait point de la chambre de sa mère. Pendant la maladie de Madame de Chartres,

M. de Nemours trouva le moyen de voir plusieurs fois Mme de Clèves en faisant semblant de chercher son mari ou de le venir prendre pour le mener promener. Il le cherchait même à des heures où il savait bien qu'il n'y était pas et sous prétexte de l'attendre, il demeurait dans l'antichambre de Mme de Chartres où il y avait toujours plusieurs personnes de qualité. Mme de Clèves y venait souvent et pour être affligée, elle n'en paraissait pas moins belle à M. de Nemours.

Madame de Chartres empira si considérablement que l'on commença à désespérer de sa vie. Elle reçut ce que les médecins lui dirent du péril où elle était avec un courage digne de sa vertu et de sa piété. Elle fit appeler Madame de Clair. « Il faut nous quitter, ma fille, lui dit-elle en lui tendant la main. Le péril où je vous laisse et le besoin que vous avez de moi augmente le déplaisir que j'ai de vous quitter. »

Vous avez de l'inclination pour M. de Nemours. Je ne vous demande point de me l'avouer. Je ne suis plus en état de me servir de votre sincérité pour vous conduire. Il y a déjà longtemps que je me suis aperçu de cette inclination. Mais je ne vous en ai pas voulu parler d'abord, de peur de vous en faire apercevoir vous-même. Vous ne la connaissez que trop présentement. Vous êtes sur le bord du précipice. Il faut de grands efforts et de grandes violences pour vous retenir. Songez à ce que vous devez à votre mari.

Songez à ce que vous vous devez à vous-même et pensez que vous allez perdre cette réputation, que vous vous êtes acquise et que je vous ai tant souhaité. Ayez de la force et du courage, ma fille. Retirez-vous de la cour, obligez votre mari de vous emmener et ne craignez pas de prendre des parties trop rudes ou trop difficiles. Quelques affreux qu'ils vous paraissent d'abord, ils seront plus doux dans les suites que les malheurs d'une galanterie.

Si quelque chose était capable de troubler le bonheur que j'espère en sortant de ce monde, ce serait de vous voir tomber comme les autres femmes. Mais si ce malheur doit vous arriver, je reçois la mort avec joie pour n'en être pas le témoin. Elle vécut encore deux jours pendant lesquels elle ne voulut plus revoir sa fille qui était la seule chose à quoi elle se sentait attachée. Madame de Clèves était dans une affliction extrême. Son mari ne la quittait point.

Et sitôt que Madame de Chartres fut expirée, il l'emmena à la campagne pour l'éloigner d'un lieu qui ne faisait qu'aigrir sa douleur. Quoique la tendresse et la reconnaissance y eussent la plus grande part, le besoin qu'elle sentait qu'elle avait de sa mère pour se défendre contre M. de Nemours ne laissait pas d'y en avoir beaucoup. La manière dont M. de Clèves en usait pour elle lui faisait souhaiter plus fortement que jamais

de ne manquer à rien de ce qu'elle lui devait. Elle lui témoignait aussi plus d'amitié et de tendresse qu'elle n'avait encore fait. Et il lui semblait qu'à force de s'attacher à lui, il la défendrait contre M. de Nemours. Elle consentit à son retour à Paris. Elle se trouva plus tranquille sur M. de Nemours qu'elle n'avait été. Tout ce que lui avait dit Mme de Chartrand mourant et la douleur de sa mort

avait fait une suspension à ses sentiments qui lui faisait croire qu'ils étaient entièrement effacés. Les jours suivants, le roi et les reines allèrent voir Madame de Clèves. Monsieur de Nemours, qui avait attendu son retour avec une extrême impatience, attendit pour aller chez elle l'heure que tout le monde en sortirait. Il réussit dans son dessin et il arriva comme les dernières visites en sortaient. Cette princesse était sur son lit, il faisait chaud,

Et la vue de M. de Nemours acheva de lui donner une rougeur qui ne diminuait pas sa beauté. Il s'assit vis-à-vis d'elle avec cette crainte et cette timidité que donnent les véritables passions. Il demeura quelque temps sans pouvoir parler. Mme de Clave n'était pas moins interdite, de sorte qu'ils gardèrent assez longtemps le silence. Enfin M. de Nemours prit la parole et lui fit des compliments sur son affliction.

Madame de Clèves étant bien aise de continuer la conversation sur ce sujet, parla assez longtemps de la perte qu'elle avait faite. « Les grandes afflictions et les passions violentes, répartit M. de Nemours, font de grands changements dans l'esprit. Et pour moi, je ne me reconnais pas depuis que je suis revenu de Flandre. Beaucoup de gens ont remarqué ce changement, et même Madame la Dauphine m'en parlait encore hier. Il est vrai, répartit Madame de Clèves, qu'elle l'a remarqué. »

et je crois lui en avoir oui dire quelque chose. « Je ne suis pas fâché, madame, » répliqua M. de Nemours, « qu'elle s'en soit aperçue, mais je voudrais qu'elle ne fût pas seule à s'en apercevoir. Il y a des personnes à qui on ose donner d'autres marques de la passion qu'on a pour elles que par les choses qui ne les regardent point, et n'osant leur faire paraître qu'on les aime, on voudrait du moins qu'elles vissent que l'on ne veut être aimé de personne. »

Les femmes jugent d'ordinaire de la passion qu'on a pour elles, par le soin qu'on prend de leur plaire et de les chercher, mais ce n'est pas une chose difficile pour peu qu'elles soient aimables. Ce qui est difficile, c'est de ne pas s'abandonner au plaisir de les suivre, c'est de les éviter, par la peur de laisser paraître au public et même à elle-même les sentiments que l'on a pour elles.

Madame de Clèves entendait aisément la part qu'elle avait à ses paroles. Il lui semblait qu'elle devait y répondre et ne les pas souffrir. Le discours de M. de Nemours lui plaisait et l'offensait quasi également. Elle y trouvait quelque chose de galant et de respectueux, mais aussi quelque chose de hardi et de trop intelligible. Quand elle fut en liberté de rêver, elle connut bien qu'elle s'était trompée lorsqu'elle avait cru n'avoir plus que de l'indifférence pour M. de Nemours.

Ce qu'il lui avait dit avait fait toute l'impression qu'il pouvait souhaiter et l'avait entièrement persuadée de sa passion. Elle ne se flatta plus de l'espérance de ne le pas aimer. Elle songea seulement à ne lui en donner jamais aucune marque. C'était une entreprise difficile dont elle connaissait déjà les peines. Elle savait que le seul moyen d'y réussir était d'éviter la présence de ce prince.

Et comme son deuil lui donnait lieu d'être plus retiré que de coutume, elle se servit de ce prétexte pour n'aller plus dans les lieux où il la pouvait voir. Elle était dans une tristesse profonde, la mort de sa mère en paraissait la cause et l'on n'en cherchait point d'autre. Monsieur de Nemours avait oublié les espérances de la couronne d'Angleterre. Une légère maladie lui servit longtemps de prétexte pour demeurer chez lui

et pour éviter d'aller dans tous les lieux où il savait bien que madame de clèves ne serait pas elle exécuta enfin la résolution qu'elle avait prise de sortir de chez son mari lorsque monsieur de nemours y serait ce fut toutefois en se faisant une extrême violence ce prince vit bien qu'elle le fuyait et en fut sensiblement touché monsieur de clèves ne prit pas garde d'abord à la conduite de sa femme

Mais enfin, il s'aperçut qu'elle ne voulait pas être dans sa chambre lorsqu'il y avait du monde. Il lui en parla et elle lui répondit qu'elle ne croyait pas que la bienséance voulut qu'elle fût tous les soirs avec ceux qu'il y avait de plus jeunes à la cour, que la vertu et la présence de sa mère autorisaient beaucoup de choses qu'une femme de son âge ne pouvait soutenir. Quelques jours après, le roi étant chez les reines à l'heure du cercle, l'on parla des horoscopes et des prédictions.

Les opinions étaient partagées sur la croyance que l'on y devait donner. La reine y ajoutait beaucoup de foi. Elle soutint qu'après tant de choses qui avaient été prédites et que l'on avait vu arriver, on ne pouvait douter qu'il n'y eut quelque certitude dans cette science. D'autres soutenaient que, parmi ce nombre infini de prédictions, le peu qui se trouvait véritable faisait bien voir que ce n'était qu'un effet du hasard. « J'ai eu autrefois beaucoup de curiosité pour l'avenir, » dit le roi.

Mais on m'a dit tant de choses fausses et si peu vraisemblables que je suis demeuré convaincu que l'on ne peut rien savoir de véritable. Il y a quelques années qu'il vint ici un homme d'une grande réputation dans l'astrologie. Tout le monde l'alla voir, j'y allais comme les autres, mais sans lui dire qui j'étais. Et je menais M. de Guise et Descartes. Je les fis passer les premiers. L'astrologue néanmoins s'adressa d'abord à moi.

comme s'il m'eût jugé le maître des autres. Peut-être qu'il me connaissait. Cependant, il me dit une chose qui ne me convenait pas s'il m'eût connu. Il me prédit que je serais tué en duel. Il dit ensuite à M. de Guise qu'il serait tué par derrière et à Descartes qu'il aurait la tête cassée d'un coup de pied de cheval. Enfin, nous sortîmes tous très mécontents de l'astrologue. Je ne sais ce qui arrivera à M. de Guise et à Descartes

Mais il n'y a guère d'apparence que je sois tué en duel. Nous venons de faire la paix, le roi d'Espagne et moi. Et quand nous ne l'aurions pas faite, je doute fort que nous nous battions et que je le fît s'appeler comme le roi mon père fit appeler Charles Quint. Après le malheur que le roi compta qu'on lui avait prédit, ceux qui avaient soutenu l'astrologie en abandonnèrent le parti et tombèrent d'accord qu'il n'y fallait donner aucune croyance. La reine dauphine...

faisait faire des portraits en petit de toutes les belles personnes de la cour pour les envoyer à la reine, sa mère. Le jour qu'on achevait celui de Madame de Clèves, Madame la Dauphine vint passer l'après-dîner chez elle. Monsieur de Nemours ne manqua pas de s'y trouver. Elle était si belle ce jour-là qu'il en serait devenu amoureux quand il ne l'aurait pas été. Madame la Dauphine demanda à Monsieur de Clèves un petit portrait qu'il avait de sa femme.

pour le voir auprès de celui que l'on achevait. Tout le monde dit son sentiment de l'un et de l'autre. Et Mme de Clèves ordonna au peintre de raccommoder quelque chose à la coiffure de celui que l'on venait d'apporter. Le peintre, pour lui obéir, ôta le portrait de la boîte où il était et après y avoir travaillé, il le remit sur la table. Il y avait longtemps que M. de Nemours souhaitait avoir le portrait de Mme de Clèves. Lorsqu'il vit celui qui était à M. de Clèves,

Il ne put résister à l'envie de le dérober à un mari qu'il croyait tendrement aimé. Et il pensa que, parmi tant de personnes qui étaient dans ce même lieu, il ne serait pas soupçonné plutôt qu'un autre. Madame la Dauphine était assise sur le lit et parlait bas à Madame de Clèves, qui était debout devant elle. Madame de Clèves aperçut M. de Nemours, le dos contre la table, et elle vit que, sans tourner la tête,

Il prenait adroitement quelque chose sur cette table. Elle n'eut pas de peine à deviner que c'était son portrait. Et elle en fut si troublée que Mme la Dauphine remarqua qu'elle ne l'écoutait pas et lui demanda tout haut ce qu'elle regardait. M. de Nemours se tourna à ses paroles. Il rencontra les yeux de Mme de Clèves qui étaient encore attachés sur lui et il pensa qu'il n'était pas impossible qu'elle eût vu ce qu'il venait de faire.

Madame de Clèves n'était pas peu embarrassée. La raison voulait qu'elle demandât son portrait, mais en le demandant publiquement, c'était apprendre à tout le monde les sentiments que ce prince avait pour elle. Et en lui demandant en particulier, c'était quasi l'engager à lui parler de sa passion. Enfin, elle jugea qu'il valait mieux le lui laisser.

et elle fut bien aise de lui accorder une faveur qu'elle lui pouvait faire sans qu'il sût même qu'elle la lui faisait. M. de Nemours, qui remarquait son embarras et qui en devinait quasi la cause, s'approcha d'elle et lui dit tout bas « Si vous avez vu ce que j'ai osé faire, ayez la bonté, madame, de me laisser croire que vous l'ignorez. Je n'ose vous en demander davantage.

Et il se retira après ces paroles et n'attendit pas sa réponse. Le soir, on chercha ce portrait avec beaucoup de soin. M. Le Clef était affligé de cette perte et après qu'on eut encore cherché inutilement, il dit à sa femme, mais d'une manière qui faisait voir qu'il ne le pensait pas, qu'elle avait sans doute quelqu'amant caché à qui elle avait donné ce portrait ou qu'il avait dérobé et qu'un autre, qu'un amant,

ne se serait pas contenté de la peinture sans la boîte. » Ses paroles, quoique dites en riant, firent une vive impression dans l'esprit de Madame de Clèves. Elles lui donnèrent des remords. Elles firent réflexion quant à la violence de l'inclination qui l'entraînait vers M. de Nemours. Elle trouva qu'elle n'était plus maîtresse de ses paroles et de son visage, qu'enfin il n'y avait plus rien qui la put défendre et qu'il n'y avait de sûreté pour elle qu'en s'éloignant.

Elle se souvenait de tout ce que Mme de Chartres lui avait dit en mourant et des conseils qu'elle lui avait donnés de prendre toutes sortes de parties, quelles que difficiles ils puissent être, plutôt que de s'embarquer dans une galanterie. Il lui sembla qu'elle devait avouer à M. de Clèves l'inclination qu'elle avait pour M. de Nemours. Cette pensée l'occupa longtemps. Ensuite, elle fut étonnée de l'avoir eue. Elle y trouva de la folie.

et retomba dans l'embarras de ne savoir quelle partie prendre.