Bon les gars, je le répète une dernière fois !
Il s'agit d'une exfiltration, pas d'un sabotage ! Alors on infiltre, on sécurise la cible et on se tire ! Pas de zèle ! Plus on sera discret, plus on aura de chances de rentrer en un seul morceau ! Et on reste groupé, c'est clair ? Oui, lieutenant Baker ! Pas de questions ? Pas mal ! Vous ouvrez le val ! Allez, allez ! On se pose le cul !
Putain de merde
Quand une radio militaire muette depuis la fin de la guerre se met à émettre juste après votre dernière cuite, soit vous accusez le bourbon de la veille, soit vous êtes barge. Alpha ? Et vous répondez à l'appel. Ici Beaumane. Je répète, Alpha. Ici Beaumane. Vous recevez ? 41, 53, 6, 87, 37, 47, 488. Déclerc, c'est toi ? Ici Beaumane. Déclerc ? Déclerc.
Tu peux répéter lentement ? Arrête tes conneries. C'est quoi ces histoires d'oiseaux ? Qu'est-ce qui se passe ? Descaires ! Descaires ! Descaires ! Cinq ans. Ça fait cinq ans que je laisse cette foutue radio allumée sur la même fréquence. Dans l'attente d'un miracle qui me permettrait de passer une vraie nuit de sommeil sans avaler ces putains de pilules. Névrose post-traumatique, cœur du soldat. On peut coller tous les mots qu'on veut dessus. C'est comme des pansements sur une plaie ouverte. Ça n'empêche pas de saigner.
Merde, il va falloir que j'en rachète. Mais c'est pas vrai... Je sais que tu es là, ne me prends pas pour une idiote ! C'est bon, j'arrive. Nom d'un chien, Karl, ouvre cette porte ! Enfin ! Salut Minnie, vas-y, entre, je t'en prie. Karl ? Comment tu peux vivre dans un taudis pareil ? Tu sais quelle heure il est ? Tu peux me dire ce que tu viens faire ici ? Ça fait deux semaines que j'essaye de te joindre. Ta boîte aux lettres déborde en bas. Ton assistante est en vacances ?
J'ai été un peu dépassé ces derniers temps. Mademoiselle Martinez a démissionné. C'est déjà un miracle qu'elle ait tenu si longtemps. Elle au moins, elle pensait au chèque de la pension alimentaire. T'as deux semaines de retard. Et le docteur Meierman a téléphoné parce qu'il te voit plus au groupe de parole. Je peux savoir pourquoi c'est moi qui l'appelle ? Il a dû garder ton numéro après notre divorce. Je me fous de Meierman et de ses théories à la crotte. Et moi, je me fous que tu y ailles ou pas. Mais il a réveillé Elisabeth pendant sa sieste. Tu sais, ta fille...
Tu me souviens que t'as une fille ? Oh, arrête, Mylène. Bien sûr que je sais. Écoute, je fais tout ce que je peux. J'ai du mal à remplir le frigo en ce moment. Donne-moi une semaine et je t'envoie tout ça, promis. Le frigo ou le bar ? Encore cette radio ? Tu peux pas continuer comme ça, t'avais promis ! Il faut qu'arrête de ressasser ces vieilles histoires. Je sais que tu vas pas me croire, mais j'ai reçu un appel de Decker. Decker ? Si Decker voulait reprendre contact avec toi, pourquoi il passerait par cette radio ? Ça n'a aucun sens. Oui, je t'assure.
Tu le fais encore ? Mais oui, c'est ça. Des coordonnées, Descartes m'a transmis des coordonnées. 41 Nord, 87 Ouest. Fais y aller, Carl. C'est à Dearborn Street, dans le Loupe. Un quartier de mafieux, dans quel merdier il allait se fourrer ? Hein, Millie, attends ! La prochaine fois, c'est les huissiers qui te réveilleront. J'ai plus la force. Je t'envoie le chèque dans la semaine, promis ! Les coordonnées de Descartes me conduisent au Singing Echoes.
Une boîte de jazz pour Starlet en devenir. La première marche vers Broadway. Mais il y a quelque chose qui cloche. Descartes n'a jamais été trop musique. Il n'a jamais vraiment été bouteille non plus d'ailleurs. Excusez-moi monsieur, mais c'est sur invitation. Non, on m'attend à l'intérieur. Désolé, ça ne va pas être possible. Je connais Golfi. Dites-lui que Beaumont est là. Il connaît mon nom, il sait qui je suis. On va voir le patron. Dépêche-toi. Ciao Beaumont !
Putain, c'est pas vrai. Le Carl Bauman. Bon, comment va le meilleur flic de Chicago ? Toujours occupé à boire ta pisse dans le caniveau ? Ah non, Vinny, tu vois, je me suis trouvé un nouveau job et je fais le gigolo pour ta maman. Espèce de... Hé, retire tes mains dégueulasses tout de suite. Je vais t'affoncer la gueule, moi. Arrête, toi et moi on a mieux à faire. Allez, dégage. Vinny, Vinny, fais pas le con. Tu fais peur au client. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Patron, c'est lui. Véné, il serait mieux de t'occuper de tes filles. On a une qui est complètement fuite en bas. C'est mauvais effet. Oui, patron, j'y vais tout de suite. Toi, tu paies rien pour un tronc. Ah ouais, moi aussi, Véné, je t'embrasse. Et surtout, prends bien soin de ta petite gueule. Ce petit con n'a jamais su faire la différence entre une mine d'or et son trou de cul. Alors, reconnaître un héros de guerre...
Héros de guerre, c'est seulement. Qu'est-ce que vous racontez, Beaumane ? Allez, suivez-moi. Ce soir, vous êtes mon invité. Artie, resserre-nous un whisky, tu veux ? Tout de suite, Monsieur Golfi. Vous avez de la chance, Beaumane. Vous arrivez pour la meilleure partie du spectacle. Merci.
Bordel ! Je pensais pas que les anges existaient pour de vrai. Je vois que la môme vous a tapé dans l'œil. Comment elle s'appelle ? Birdie Rivers. Gros potentiel pour Broadway. Birdie ? Oui. Vous l'entendez, son chant est incroyable. Presque hypnotique. On est sur terre, Beaumont. Je joue pas dans votre ligue.
Merci ! Merci à tous ! Gauthier, vous n'auriez pas croisé un gars du nom de Decker ? Steve Decker ? Ça me vient... Tenez, ce gars-là ! Grand, mince, le menton qui ressort un peu... Le blond ! Non, non, non, j'ai jamais vu... Artie, jette un oeil sur la photo, là, ça te dit quelque chose ? Faites-le voir !
C'est vous, là ? La vache, vous aviez la classe. Les marines ? Les paras. Avant de partir en Allemagne. L'officier, là. Il vous dit rien ?
Ah si, je me rappelle. Un gars du genre discret, un peu bizarre aussi. Toujours à commander un club soda. C'est pour ça que je m'en souviens. Un mec qui boit pas d'alcool, ça se remarque. Il vous a pas laissé un message pour moi ? Carl Beaumane. Non, ça fait plusieurs semaines que je l'ai pas lu. Surtout, je me rappelle, il cherchait à aborder les chanteuses. Sans doute qu'il aurait bien aimé rentrer avec l'une d'entre elles. Un peu comme vous ce soir, Beaumane, hein ? Si je peux me permettre. Pardon. Vous auriez du feu ? J'ai l'air d'en avoir.
Ah, pardon, excusez-moi, c'est idiot. Y'a pas de mal. Mais qui vous a permis de passer par les loges pour arriver jusqu'ici ? C'est réservé aux artistes ? Disons que je suis un artiste, à ma manière. Flic ? Ex-flic, détective privée. Dites-nous, vous avez du flair. Et sur quoi enquêtez-vous, détective ? Cet homme, là, ça vous dit quelque chose ? Non. Mais moi je suis arrivée ici il y a deux semaines seulement. Demandez aux autres filles, peut-être qu'elles sauront vous dire. J'avais un briquet en fait. Vous m'avez fait perdre mes moyens.
Ça vous rend d'autant plus adorable. Avec un faux air d'un frais Bogart en prime. Tant mieux si mon physique peut vous faire oublier que ma vie de détective tient plus de léboueur que du cow-boy. Vous êtes marrant, vous. Et en plus, vous avez un briquet qui marche. Ça vous fait deux bons points. Si vous aviez une voiture, ça ferait trois. Oui, j'ai une voiture. Alors trois bons points. Et ça vous embêterait de me déposer, un frais Bogart ? Si vous voulez. Je suis garé de l'autre côté, devant le club.
N'allez pas croire que je cède à votre charme, détective. J'aimerais seulement éviter de croiser un pauvre type qui me colle au basque. Vinnie, ça vous dit quelque chose ? Ah, vaguement. Je préfère encore rentrer avec un parfait inconnu. Non, je comprends. Eh ben, dans ce cas, j'ai pas d'autre choix que d'accepter d'être votre chauffeur ce soir. Merci, vous êtes chou. Je repasse par les loges et je vous retrouve devant l'entrée du club dans cinq minutes. Au fait, comment vous vous appelez ? Bowman. Carl Bowman.
Et vous êtes Birdie Rivers. Je vous ai entendu sur scène. Incroyable. Oh, merci. Mais Birdie, c'est mon nom de scène. Lizzie sera parfait. Enchanté, Lizzie. Enchantée aussi. A tout de suite, Carl. A tout de suite, Lizzie. Saleté de pluie, hein ?
La porte de sa loge, avec un oiseau dessus. Elle est entreouverte. Pas de lumière à l'intérieur. Lizzie ?
Dans l'air, le parfum de Lizzie se mélange avec autre chose de plus lourd, du chloroforme. Elle a dû prendre un vase pour se défendre, mais elle l'a lâché sous l'effet du produit. Arrêtez ! Police ! Lizzie a perdu un petit pendentif argenté, un oiseau en cage. L'oiseau mentionné par Decker dans son appel radio. Allemagne, 1944. Extérieur Nîmes.
dans une forêt enneigée. Alpha à tous. Situation ? Tirailleur 1, Alpha, en place. Tirailleur 4, en place. Tirailleur 3, en place. Y'a pas Alpha. Alpha à Tirailleur 2. Bowman, t'as quelque chose en visuel ? Tirailleur 2, je suis avec Tirailleur 1. Négatif, on n'a rien en visuel. Je crois que Lewis a été pris dans le vent pendant le saut. Il est peut-être hors fréquence. Ok les gars, on se retrouve sur site. Il nous reste 3 heures avant la nuit.
Alpha-Tira ! Lewis ! Vous êtes avec nous ? Alpha-Tira, répondez ! Lewis, tu nous entends ? J'arrive sur l'équipe. Il y a quelque chose qui m'entoure. Pas crucer ! Saut à l'eau ! Minute ! Alpha-Patterson ! Lewis a engagé l'ennemi ! Vous êtes le plus près, vous partez en appui pour sa hauteur et vous voyez ce qui se passe. Les autres, on continue sur la position. Bien sûr, Alpha. Suivez !
Paterson, vous avez pu rejoindre Louis ? Terminé. Affirmatif. Louis respire, Lieutenant. Il a du sang dans les oreilles, mais rien ne cassé. Par contre, aucun ennemi en vue. Je ne sais pas sur quoi il est tiré. Personne sur place ? Le site a l'air vide ou abandonné. On dirait que... Attendez, j'entends quelque chose. Paterson, n'en cachez pas l'ennemi !
Il y a des gens là-dedans au milieu de l'ordre. Ça t'aille ? Comme... Paterson, n'engage pas. C'est un ordre. Mais Abgarne, c'est... C'est pas humain. Qu'est-ce qu'ils ont fait ? Qu'est-ce qu'ils ont ? Paterson ? Alpha à tous. Les Allemands doivent utiliser un brouillard qui perturbe les ondes radio. On se regroupe au point prévu et on va chercher Louis et Paterson !
Putain de merde ! C'était quoi ces cris ? Chicago, 1951. Extérieur jour. Drive-in. Salis Drive, bonjour. Quelle est votre commande ? Café. Double. Un double ? Un gars intelligent abandonnerait. Pas de piste, pas de mobile, pas de nom et pas d'honoraire. Juste un foutu pendentif et un ange tombé du ciel. Voilà votre café. Ça fera 20 cents s'il vous plaît.
Direction le central de police. Ma dernière carte. Salut, Patty. Scott est là ? L'inspecteur Werner est avec quelqu'un, monsieur Gaumane. Mais attendez-le devant son bureau. Vous ne devrez pas tarder. Werner était mon coéquipier à la crime. Un type honnête, travailleur et rangé. Il avait été blessé dans le Pacifique. Il avait pu réintégrer assez vite la brigade. Il avait fait quelques temps aux affaires courantes. S'il n'y était plus, il avait pris du galon. Moins de risques et moins de travail.
On a gardé contact et on se file mutuellement des tuyaux aux besoins. Je vous demande de répondre de ces disparitions. Et moi, mademoiselle, je vous demanderai de ne pas me faire perdre mon tour. Il s'agit de citoyens américains. Leur seul crime, c'est de figurer sur une liste constituée par délations. Mais oui, c'est ça. Allez, gardez ça pour votre Pulitzer. Combien de temps vous pensez pouvoir cacher les exactions commises par notre gouvernement au nom d'une pseudo-liberté ? Ah, Carl ! Je t'attendais. Entre donc, mon vieux. Attendez, c'est ça votre réponse ?
Mais calme-toi ! Oh, je te jure, les bonnes femmes maintenant. Tiens, assieds-toi. Merci. C'est ton numéro de charme qui l'a mise dans cet état ? Arrête tes conneries. C'est une journaliste, genre politique, tu vois. Elle veut prouver au monde que Hoover enlève des gens à cause de leurs opinions. Tu sais quoi ? Ils me font tout chier, moi. Socialistes, anti-coco, on dirait qu'ils ont que ça à foutre. Ça tiendrait qu'à moi, je te les foutrais en cabane.
C'est marrant parce que c'est pour ça que je suis venu te voir. Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ? Non, non. Je suis sérieux. Écoute, hier, j'ai vu une chanteuse se faire enlever sous mes yeux à la sortie du Singing Echoes. Mais c'est un des rats des accardos, ça. La mafia ? Difficile à dire à haut de voix. Ouais, c'est Cesar et Golfi qui relèvent les compteurs pour eux. Et pour énerver les accardos, on aurait enlevé une poule de musicals ?
Des gangs petits, tes ravisseurs. L'amour m'a tiré pas mal les regards pendant son show. C'est pas encore une vedette, mais pas loin. Et qu'est-ce que tu foutais là-bas ? T'es amateur de jazz, toi, maintenant ? On m'a tuyauté. Un ami m'a laissé un message pour que je me rende sur place. Et depuis quand t'as des amis ? De ceux dont je me souviens, ce qui a été le plus proche de toi ces dernières années, c'est ta bouteille de whisky. Alors, te fous pas de moi. Si tu veux des infos, il m'en faut aussi. J'ai reçu un appel radio de mon ancien lieutenant. Des caires ?
Le gars que tu... Ouais, c'est lui qui m'a envoyé les coordonnées du club. Mais il était pas là quand je suis arrivé. Il m'a rien dit de son enquête. Mais cette nana, le lieu, est pile le jour où il m'appelle. La petite se fait enlever. Tu trouves pas ça dingue ? Écoute, Karl. Je comprends que ça ait pu te remuer le bide. Mais les affaires mafieuses, c'est trop gros pour toi. Tu ferais mieux de te limiter au mari cocu. C'est marrant parce que j'aurais juré avoir vu inscrire inspecteur de police sur ta porte avant de rentrer. Écoute-moi bien, Karl.
Tu t'occupes peut-être de fouiller les poubelles de connards, mais ici, c'est plus la même salade. Les fédéraux sont tellement parano que même ma secrétaire se met à noter les heures où je sors. Des fois que j'aurai des accointances avec je sais pas quelle force du mal que ces barjons ont en tête. Alors c'est très triste pour ta chanteuse. Mais laisse tomber. J'ai juste besoin d'un bout de piste, Scott. Une adresse, un nom, n'importe quoi. Va te faire foutre, paumane ! Tu penses que tu peux entrer dans mon bureau et obtenir des infos comme tu veux pour tes affaires de merde ?
C'est terminé maintenant ! Allez, fous le camp ! Mais ils te payent combien les accardeaux pour que tu fermes les yeux sur leurs embrouilles ? Hein ? Ou c'est juste pour économiser tes hommes qu'il n'y a aucune patrouille dans le quartier ? T'as changé, Scott ! Dehors ! Allez, dehors ou je te fais foutre dehors par mes gars ! Hé, n'oublie pas ta veste ! Et vous trouvez pas ça bizarre qu'ils réagissent comme ça ? Euh, vous écoutez souvent aux portes ? Pire que ça, c'est mon métier ! Hilda Cunningham, je travaille pour le Chicago Daily News !
Karl Bauman, je suis laveur de carreaux. Bonne journée. Vous vous sentez obligé de vous comporter comme ça devant une femme pour vous rassurer sur votre virilité ou vous êtes juste un goujat ? Miss Cunningham, être détective privée implique une confidentialité extrême à propos des affaires en cours. Qui plus est, je lis le Daily tous les jours et je ne me souviens pas de votre nom. Un problème à la fois, monsieur Bauman. Le fait de devoir écrire sous un nom masculin quand on est une femme est un souci que malheureusement on n'arrivera pas à régler tout de suite.
Et si... Et si vous me permettiez de finir, peut-être pourrions-nous repartir sur d'autres bases. Écoutez, j'ai des informations et vous semblez perdu. Ce qui est certain, c'est que des gens sont en danger. On pourrait peut-être collaborer, non ? Je suis certain que vos affaires d'enlèvement de gauchistes et votre combat pour féminiser vos initiales à la fin de vos articles fascinent votre lectorat progressiste, Miss Cunningham. Et moi, sous votre respect, je m'en tamponne. Je vais passer sur votre ton sarcastique, Monsieur Beaumont. Des gens disparaissent. Des femmes, essentiellement. Je le sais, j'enquête dessus.
Si j'ai bien entendu, vous avez assisté à un enlèvement. Et alors ? Et alors si vous étiez plus présentable, vous auriez tout du preux chevalier, soucieux de la veuve et de l'orphelin, avec la fierté qui va avec. Vous faites fausse route, Miss. Je me contrefous de cette disparition. Et j'avais juste rendez-vous avec un autre chevalier pour reformer la table ronde. Allez, bonne journée. Merde, qu'est-ce que j'ai foutu de mes clés de voiture, moi ? Qu'est-ce que c'est que ce truc ? Ce soir, 20h chez moi ? Scott Werner...
Ce vieux renard a glissé son papier dans ma poche en me rendant ma veste. Il me reste cinq heures à tuer. Direction mon pieu pour le moment, histoire de m'en remettre les idées au clair. Contrairement à ce qu'on pense, la solde d'un inspecteur de police de Chicago n'a rien d'affriolant. Pas étonnant que certains fassent des à-côtés pour finir le mois. Des mémoires, Werner loge au troisième, dans un modeste deux-pièces d'un immeuble en briques minables.
Bonsoir madame, monsieur Werner est chez lui ? Oh vous m'avez surprise ! Oui il est rentré il y a un moment déjà. Il m'a aidé à porter mes courses charmant comme il est. C'est au troisième, je vais vous accompagner. Non vous embêtez pas, je trouverai. Ça m'embête pas du tout, et puis comme ça je pourrai le reverser à nouveau. Voilà sa porte, je vais toquer, il aime pas la sonnette. Monsieur Werner, vous avez de la visite ! Monsieur Werner ? C'est bizarre. Scott ? C'est Karl, t'es là ? Et la lumière de l'appartement en tout cas il est là. Scott, c'est l'âge qui t'a rendu sourd ? Ouvre !
La porte est fermée, vous pensez qu'il y arrivait quelque chose ? Il aurait répondu sinon. J'ai un double des clés, je vais aller les chercher. Ah ouais, faites ça. Il est temps de voir si j'ai perdu la main aux serrureries. Bingo. Scott ? T'es là ? J'entre, pas la peine de me tirer dessus. Lumière allumée. Son manteau est dans l'entrée. Merde. Pas besoin d'être Sherlock Holmes pour savoir que le corps étalé dans le salon est celui de Werner.
Une main crispée sur le combiné téléphonique. Le corps convulsé comme celui d'un pantin. Qui est-ce que t'appelais ? Nom de Dieu. J'en ai vu défiler des macchabées. Mais il n'y a qu'un seul endroit où j'ai croisé ce type de stigmate. Un endroit où les cadavres avaient tous le même rictus. Et du sang dans les oreilles. L'affaire Beaumane de Nicolas Henry et Zéphiriel Casini.
Brutage, Elodie Fiat.
Prise de son, montage, mixage, Éric Boisset, Titouan Labarre. Assistante à la réalisation, Sophie Pierre. Réalisation, Laurence Courtois. Retrouvez le générique complet sur le site de France Culture.