Whisky, deux glaçons. Bonsoir, un club soda.
Je crois bien que je t'ai jamais vu boire une goutte d'alcool depuis le début du conflit. Et moi je t'ai jamais vu désobéir à un ordre. On n'a pas le droit de se parler avant mon procès, Karl. Qu'est-ce qui se passe pour que toi tu fasses quelque chose d'interdit ? Écoute, c'est pas moi qui ai demandé cette enquête, d'accord ? Non, non, chien ! Les gars et moi sommes tous d'accord pour dire au jury que l'explosion du labo est une décision du groupe. Non, Karl. La décision du groupe c'était qu'on épargne ce type.
Contre tout bon sens. Contre tout bon sens ? C'est toi qui l'as perdu le bon sens. Qui a pris l'initiative de faire sauter ce foutu labo sans avertir personne ? Tu vois, j'ai agi de ma propre initiative. C'est ce que tu diras au juge. Karl, si tu m'as fait venir pour refaire le match, c'était pas la peine, merci. Et si c'est pour racheter ta culpabilité, faudra que tu apprennes à vivre avec. Toi aussi t'as fait un choix, mon pote. C'est de ma faute maintenant ? Si cet enfoiré était mort, il n'y aurait pas eu d'enquête.
Base détruite, scientifique tué, échec de la mission. On se serait fait taper sur les doigts et basta. Mais il a fallu que tu le sauves. Une centaine de victimes sont mortes sous son scalpel pour ces expériences. Mais non, il ne sera pas dit que Karl Bauman a failli à ses principes. Parce que toi, t'en as jamais eu de principe. T'es laïus sur le respect. Être une équipe, veiller les uns sur les autres, c'était du flan. Parce qu'on y a cru, Steve. A chaque fois, quel que soit ton plan pourri, on te suivait. Pas pour les ordres ?
Parce qu'on te faisait confiance. Sauf lorsqu'il a fallu prendre une vraie décision qui vous engageait. Parce que c'était pas à nous de décider de ça, ni à toi d'ailleurs. Tu as agi en engageant le groupe, en allant à l'encontre des ordres, comme un caprice de gamin. Un caprice de gamin ? Obéir en aveugle à des officiers qui bougent les pions sur un plateau, et en récompense se contenter d'une tape sur l'épaule, et d'un « vous pouvez être fier de vous, vous avez fait de votre mieux ». C'est ça une décision sage ? Sauf que les pions, ce sont des personnes, Karl.
Pour eux, on a tous la même couleur sur l'échiquier. Je ne comprends pas où tu veux en venir. Je ne comprends même pas comment tu as pu changer au point de... Au point de quoi ? Trahir ? Désobéir. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. Il y a des moments où les ordres, la hiérarchie et la politique n'ont plus aucune importance. Il y a des moments où quand le but qu'on t'a fixé est mauvais, ton unique devoir c'est de camper sur tes positions et de dire non. Pas parce que le jeu est truqué, mais parce que tu sais que ce qu'on t'a demandé de faire est mal.
C'est trop facile de réfléchir comme ça. Steve, si tu veux que les choses fonctionnent, il faut des cadres, des règles qui protègent les innocents. Et sauver un scientifique nazi, c'est sauver des innocents, c'est ça ? Aucun d'entre nous n'a la vision d'ensemble. On suit les décisions hiérarchiques comme on t'a suivi toi, sans te poser de questions. On a choisi de ne pas se poser de questions, Karl. La différence entre nous deux, c'est que moi j'accepte qu'il faut parfois sortir des clous pour faire son boulot. Toi, t'es bon qu'à obéir. Écoute, Decker, je viens pour te sauver les... Non, toi, écoute !
Tu veux savoir vraiment ce qu'il est devenu notre esprit brillant ? Il a été, j'en sais rien, il a été jugé j'imagine. Perdu. Il est en parfaite santé avec une belle identité de citoyen américain et en prime un poste de chercheur. Comment tu sais tout ça ? Comme je te l'ai dit, je sors des clous. Je me suis renseigné. Alors que t'es le sujet d'une enquête, t'es mal à le style. Tu sais ce que tu risques ? C'est plus le mitard là, c'est le peloton d'exécution.
Tu te souviens des sigles "NZP" inscrits partout là-bas ? Ouais, enfin non, enfin peut-être. Qu'est-ce que ça peut faire ? Le constructeur de ces équipements a été jugé pour sa collaboration active avec le régime nazi. Et pourtant ils vont installer des filiales aux Etats-Unis ! Putain mais Steve, écoute-toi bordel, c'est de l'obsession ! Tu vois bien ! Tu préfères encore refuser de voir les choses en face. Je vais te dire un truc. Donne le témoignage que tu veux, j'en ai rien à foutre. Je sais que j'ai fait ce que j'avais à faire. Non, t'as déconné. Le devoir d'un soldat c'est d'obéir. C'est là que tu te gourres, Caravelle.
Le devoir d'un soldat, c'est de protéger. On se revoit au procès, mon ami. Chicago, 1951. Extérieur nuit. Voiture de Bowman. Vous me donnez l'adresse ou vous vous contentez de ce sourire puéril ? Votre virilité en prend un coup, Bowman. Je vous ai dit de ne pas foncer tête baissée et que j'avais une idée. Maintenant, il fallait que Carl Bowman joue du muscle avec Vinnie Lazzaro. Vous savez quoi ? Franchement, ça n'impressionne pas les femmes, les démonstrations de force. Ça montre juste que vous avez du mal à canaliser vos émotions. Ça n'a rien de sexy.
Votre femme vous l'a jamais dit ? Non. Et depuis le divorce, elle me parle juste pour avoir son chèque de pension. Je suis désolée, je voulais pas... Non, c'est rien. En tout cas, les chanteuses m'ont parlé de ce studio, près de Michigan Avenue. Apparemment, Vinnie faisait faire des essais pour des producteurs étrangers. Vous voulez dire que les filles savent qui est derrière tout ça ? Non, pas du tout. Mais il y a une rumeur qui traîne depuis plusieurs semaines.
Toutes les filles qui passent au studio ne disparaissent pas, loin de là. Mais il se trouve qu'au moins quatre des filles de ma liste y ont fait un tour. Et laissez-moi deviner, Lizzie y est passée elle aussi ? Apparemment. Une danseuse me disait qu'elle a été contactée, mais il faudra vérifier sur place. C'est quoi l'adresse exacte ? Numéro 99, 19ème rue. Je suis pas sûre qu'on verra quoi que ce soit à travers la vitrine du studio de toute façon. Beaumane, vous m'écoutez ? L'entre-deux-disques. Vitrine crasseuse, enseigne jaune criard, lettrine rouge vif. Vous aviez raison ?
Studio d'enregistrement ou bar à hôtesses, le doute est permis. La grille est solide. Suivez-moi, on va faire le tour. Mais, Beaumane ! Ce type de bâtiment a toujours une porte à l'arrière. De quoi faire rentrer les marchandises sans déranger la rue. Qu'est-ce que vous faites ? Attendez, vous êtes quand même pas en train d'essayer de... Ne bougez pas. Regardez là-bas. J'avais juste besoin d'une épingle à cheveux pour ouvrir. Non mais, Beaumane, on va pas rentrer par effraction. Vous voulez vos infos ou pas ?
Si oui, laissez-moi faire. Mais c'est complètement illégal ! Vous le savez aussi bien que moi, même si on trouve quoi que ce soit, le jury refusera de les utiliser. Vous avez vraiment été à l'école de police ? Il faut savoir sortir des clous. Surveillez la rue. Et si quelqu'un arrive, je fais quoi ? Je l'assomme ? Racontez-lui comment on rassemble les preuves à l'école de journalisme. Ça l'endormira. Très drôle. Ça y est. Après vous. Vous êtes galants quand ça vous arrange. Je n'y vois rien du tout.
Au moins personne ne nous a vu. Il doit bien y avoir un bureau. Ah voilà, on voit mieux. Mais bordel, n'allumez pas l'air ! C'est quoi ça ? Un Doberman. J'aime battre tous les chiens, un Doberman. Surtout ne bougez pas. Pas de mouvement brusque. Qu'allez-vous faire ? Excellente question, à laquelle je n'ai pas vraiment de réponse. Tenez-vous près de la porte. Soyez prêtes à l'ouvrir quand je vous le dirai. Pour quoi faire ?
à courir si ça se passe mal. Il est attaché ? Non, non, je crois pas. Pas de bol. Non, je vous en prie, vos mains, n'avancez pas vers lui. Vous risquez vraiment de l'énerver. On reviendra demain. J'avance encore un peu. Mon impaire devant moi, en enroulant le vêtement autour de mon bras pour qu'il y ait un cœur. Pensez !
Ouvrez la porte, maintenant ! Il s'est soulevé un pas, c'est coincé ! Dépêchez-vous bordel, parce que je vais pas le tenir longtemps comme ça ! Tenez la porte ouverte. Fermez la porte, dis-donc ! Vous saignez ? C'est rien. J'ai la rage depuis 1945 et je bats presque plus. Ah, une pointe de cynisme. C'est que vous êtes en forme. Et vous ? Eh ben...
Bien mieux depuis que vous avez fichu ce mollusque dehors, je vous avoue. Je suis pas trop au chien, pour être très honnête. Si on rencontre un chat, je vous laisserai vous en occuper. On commence la perquisition ? C'est parti. Eh bien, pour une personne qui ne voulait pas enfreindre la loi, vous êtes rapide, efficace. Mes aînés me donnent de mauvais exemples. Que voulez-vous ? Ah ça, c'est intéressant. Quoi donc ? Angela Morelli.
Fanny Orona, ce sont des lents de filles qui ont disparu. Elles viennent toutes de chez Golfi ? Non, elles se connaissent entre elles. Mais Angela et Fanny étaient au Susanna's Rose. Je connais ce club. C'est toujours sur le territoire de la mafia, je sais pas si c'est encore Golfi qui le tient, mais je serais pas étonné d'apprendre que Vinnie y joue aussi un rôle. Rien sur Lizzie ? Je fouille, je fouille, mais... Rien de votre côté ? À part du matériel d'enregistrement classique, je vois rien de vrai. Un casque ?
Ou plutôt, une sorte de bulle en verre et en acier. J'avais déjà vu ce modèle. Omar ? Vous vous êtes endormi ? Qu'est-ce que c'est ? On dirait un truc de scaphandrier. Ils font de la plongée avec les chanteuses. C'est pas un micro, ça ? Il y a encore des dossiers, là. Agnès Turner. Vous l'aviez pas aussi, ce nom-là, dans votre liste ? Elle est aussi passée par là ? Elle a disparu depuis un mois, environ. Ah bah voilà, cette branche-là, sur cet appareil. Ah !
Lizzie Birdie Rivers. Elle est bien passée par ici il y a plus de deux semaines. Et elle devait avoir un autre casting. Elle l'a refusé pour partir à New York. Oui, c'était son dernier soir à Chicago. C'est ce que disaient les filles au club. Et ils l'ont enlevée parce qu'elle devait quitter la ville ? Pourquoi elle ? Taker, qu'est-ce que tu foutais ? On devra revenir demain matin pour questionner le patron. Il est forcément dans le coup. Non, on planque devant.
Pour être là à l'ouverture. Si Vinny est dans le coup, il sait qu'on enquête. Ces gorilles pourraient venir tout déménager dans la matinée et se débarrasser des dossiers. Oh, une vraie planque dans la voiture avec un vrai détective. Mes rêves les plus fous sont exaucés. Beaumont, je peux vous poser une question ? J'ai la sensation que je pourrais pas vous empêcher de le faire de toute manière. Pourquoi vous faites ça ? Ça quoi ? Cette enquête, je veux dire. Vous n'êtes pas payé pour. En tout cas, Lydie ne vous a pas engagé et elle a pas de parents pour le faire, que je sache. C'est pour le plaisir de marcher sur les plates-bandes des mafieux ? Hum...
Non, c'est pas un secteur où il fait bon faire affaire. Alors, pourquoi ? C'est quoi votre motivation ? Je cherche un ancien ami. Decker, c'est ça ? Comment connaissez-vous ce nom ? Vous l'avez murmuré dans le bureau tout à l'heure. C'est qui ? C'est un ancien partenaire ? C'est une longue histoire. Vous savez qu'on a quelques heures devant nous, là. Depuis combien de temps vous n'avez pas été sincère avec quelqu'un ? Et vous, pourquoi vous êtes là ? Pour trouver votre scoop ? Le succès ? La gloire ?
Vous avez vraiment une superbe image de moi. Vous pensez vraiment que tous les journalistes cherchent le scoop juste pour satisfaire leur ego ? Un scoop, c'est une vérité qui éclate au grand jour. C'est ça qui m'intéresse. Sortez les violons. Pour avoir vu le dessous des cartes, je peux vous dire que la vérité a fait ses valises depuis longtemps avec la justice. Si vous vous attendez à un happy end, vous allez être déçus. Mais vous êtes peut-être désabusé, Beaumane, mais pas moi. Tant mieux. Faut bien que jeunesse se passe. NZP, vous savez à quoi ça correspond ?
Où est-ce que vous avez trouvé ça ? Sur l'équipement de scaphandrier, dans le placard. Alors vous connaissez ? C'est une entreprise allemande qui... C'est trois lettres. Bien sûr que je les connais. Norden Zentrale Positronix. Détective Bowman, ouvrez s'il vous plaît. États-Unis, 1945. Intérieur jour. Tribunal militaire. Accusé, levez-vous.
Lieutenant Steve Decker, avant d'entendre le verdict, vous avez émis le souhait de dire un dernier mot, ce que la Cour autorise. Merci, Monsieur le Juge. Je tiens cependant à vous prévenir. Tout ce que vous direz ici pourra infléchir la sentence à venir. Je vous invite à vous exprimer en votre âme et conscience. Je regrette. Je regrette d'avoir mis si longtemps à me rappeler qu'un soldat est là pour protéger son pays. Et que...
Lorsque la tâche qu'on lui confie va à l'encontre de cette mission, il faut qu'il sache franchir certaines limites, monsieur le juge. Quelles que soient les conséquences. Silence, s'il vous plaît. La cour a bien noté l'expression de votre regret, lieutenant. La sentence peut être prononcée. Steve Auguste Decker, au nom de la Cour Martiale des États-Unis d'Amérique, la cour vous déclare coupable de sédition...
et vous condamnent à la radiation à vie du corps militaire américain. A ce titre, vous serez déchus de votre rang d'officier et de l'intégralité de vos distinctions. Votre pension militaire et votre statut d'ancien combattant vous seront également retirés.
Il vous sera impossible d'exercer dans tout service ou administration fédérale sur le territoire américain. Est-ce bien clair, M. Decker ? Très clair, M. le juge. Soyez reconnaissant envers la Cour, M. Decker. Si vos états de service n'étaient pas aussi irréprochables, vous auriez été condamné pour trahison. Merci, M. le juge. La séance est levée.
Steve Je... Je suis désolé C'est pas la peine Karl Tout a déjà été dit Ne t'inquiète pas, ton obéissance sera récompensée Tu l'auras ta table sur l'épaule et ton galop Bonne chance Lieutenant Bowman Chicago 1951 Extérieur nuit Rue Déserte Detective Bowman
Karl Bauman, agent spécial Johnson, ouvrez s'il vous plaît. Bauman, c'est une blague ? Veuillez également sortir du véhicule, Miss Cunningham. Personne n'a envie d'utiliser la force. Comment ça se fait qu'ils connaissent mon nom ? C'est le FBI, Ida. Je parie qu'ils connaissent même la marque de vos céréales du matin. On sort, agent spécial Johnson. S'ils nous arrêtent, on n'est pas sûrs de s'en sortir vivants.
Alain ! Alain, au secours, on va nous enlever ! Du calme, Miss Cunningham ! Miss Cunningham ! Pas la peine de réveiller le voisinage, nous sommes juste là pour discuter. C'est le discours que vous tenez à toutes vos victimes ? Victimes ? Ida ! Ça va aller. Je n'ai jamais trop cru à ces histoires d'enlèvement politique. Pas d'inquiétude, ce ne sont pas vos articles qui vous vaudraient une arrestation. Je n'écris pas d'articles. Allez, sortez du véhicule, Miss. Mais le comportement de Werner avant sa mort plaide pour la prudence.
Je savais que le gouvernement manquait de fonds, mais envoyer le FBI s'occuper de la circulation et des stationnements interdits, c'est plus grave que ce que je pensais. Très drôle, Beaumane. Laissez vos mains bien en vue sur le capot du véhicule. Personne n'a envie de rejouer le match avec Vinnie Lazzaro ici. La mafia fait ses réclamations auprès du FBI maintenant ? Si vous voulez bien la boucler, mademoiselle Cunningham, on pourra peut-être discuter entre gens civilisés. Il y a une règle tacite dans la police. Tous les feds sont des connards. Je ne sais pas pourquoi, c'est comme ça, un point c'est tout ?
Pourtant, mis à part l'autre qui me fouille comme si j'avais planqué le trésor des Templiers dans mes godasses, la rencontre reste courtoise. Ils auraient très bien pu nous coller les menottes et nous balancer dans une cave. Ok, je vous écoute. Disons que... vous voir mettre le boxon avec une journaliste dans un club connu pour être tenu par la Cosa Nostra nous a inquiétés.
Rien qu'avec ça, vous êtes dans le sale drap. Surtout vous, Miss. Comment ça, surtout moi ? Elle n'y était pour rien. C'est avec moi qu'il faut régler ça. Je suis sûr que ces hommes de main y penseront avant d'appuyer sur la détente. Je remontais une piste, une disparition. Vinnie est le dernier à avoir vu cette personne. Satisfait ? Et qui donc est cette personne ? C'est confidentiel.
Classifié. Confidentiel. Ça vaut rien pour nous, Bowman. À couche. Je suis sûr qu'il y a un lien avec les Cocos. Ça expliquerait pourquoi vous enquêtez avec une journaliste très proche des milieux rouges ?
J'apprécie votre manière de faire passer vos convictions personnelles avant les faits, agent Johnson, c'est ça ? Mais il se trouve que des personnes disparaissent régulièrement aujourd'hui à Chicago, exactement de la même manière qu'à New York l'année dernière. Et que comme par hasard, le FBI est toujours en train d'enquêter dans le coin où ça s'est passé. Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Si c'est faux, vous êtes en mesure de me dire ce qui est arrivé aux militants Kenneth Manfield ?
À Angela Parkman ou à Simon Vimmer ? Et la raison pour laquelle la disparition de Mademoiselle Rivers n'a pas immédiatement donné lieu à une enquête ? Je trouve qu'on a été très patients. Et maintenant, il nous faut des noms et des faits précis. Sinon ? Sinon quoi ? Si vous connaissez aussi bien mon dossier que vous le prétendez, vous savez que je n'ai pas l'habitude de céder aux menaces. Vous n'êtes pas là pour m'embarquer pour tapage nocturne. Alors on arrête de jouer. C'est Vinny Lazzaro que vous voulez ?
Lui, je m'en cogne comme de mon dernier scotch. Donnez-moi juste l'info qui me manque. Après ça, faites votre vie avec Lazaro, si vous voulez. Voilà une bonne idée. Pour une fois que le gouvernement pourrait aider ses concitoyens. Très bien, Bowman. Mais après ça, vous dégagez de nos plates-bandes. Tous les deux. C'est quoi le nom de votre oiseau ? Steve Decker. Lieutenant Steve Decker. C'était votre supérieur, non ? Le gars radier de l'armée ? Il a été condamné pour insubordination. Alors, il est où ? Vous croyez qu'on a une boule de cristal ? Restez près de votre téléphone, on vous appellera dans la journée.
En attendant, foutez le camp. Si vous traînez à nouveau trop près de Lazaro, on vous colle au trou pour de bon. C'est clair ? Mais, mais, Beaumane, c'est Lydie qu'on recherche. On vous laisse à vos problèmes de couple. Waouh ! Waouh, waouh, waouh ! Je pensais que vous étiez un muf, mais en réalité, vous êtes bien pire que ça, hein ? J'ai jamais dit que j'allais sauver la veuve et l'orphelin, moi. Tout ce que je veux, c'est retrouver le gars qui m'a envoyé un message. Mais Karl, une jeune femme a été enlevée sous vos yeux, nom d'un chien, dans l'indifférence la plus totale !
Quel héroïsme, franchement ! Vous commencez à m'emmerder avec vos leçons de morale. C'est parti chez les fédéraux, maintenant. Ça dépasse largement les compétences d'un détective miteux et d'une journaliste en mal de sensation. Réveillez-vous, bon sang ! On est réveillés, merci, mais on aimerait bien dormir. Il est 3h du matin, alors vaut gueule ! Vous savez quoi ? Je ne sais même pas pourquoi je perds mon temps avec vous. Je vous souhaite tout le bonheur du monde avec votre ami. Je ne vous suis plus d'aucune utilité. Bonne soirée. Mais, hé, hé, hé, vous n'allez pas rentrer à pied ? Il est tard !
Laissez-moi vous raccompagner, au moins jusqu'à votre voiture. Ida ! J'ai pas besoin de vous, Beaumane. Pas plus aujourd'hui que demain. C'est vous qui êtes venu me chercher. Vous, pas moi. Je tente de me convaincre que je ne suis pas le méchant de l'histoire et que je l'ai prévenu plus d'une fois, mais au fond, je sais qu'elle a raison. Elle ne peut pas vraiment me faire confiance. C'est là, moins fort ! J'arrive, j'arrive ! Beaumane, j'écoute. Agence spéciale Johnson ?
Difficile de vous joindre, on vous appelle depuis un moment. J'étais sous la douche. Vous avez des infos pour moi ? Facile à trouver votre gus. Mais rien n'arrête le FBI, j'en suis sûr. Je vous écoute. 38 10 West, 16ème rue. Pas surprenant comme adresse pour un ancien militaire. Bonne continuation, détective. 17h. Eh ben, j'ai fait le tour du cadran. Il ne me reste qu'à aller à cette adresse et comprendre ce que Descartes voulait. Johnson, vous avez oublié quelque chose ? Non, maman. Ida ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tout va bien ?
Merde, il vous a menacé ? Il a vous appelé la police tout de suite, vous bouclez la porte, vous restez chez vous, j'arrive. Qu'est-ce qu'il vous a dit ? Mais qui ça ? C'est... Golfi ? D'autres mafieux ?
Non, apparemment pas, je lui ai demandé, mais... Enfin, il m'a dit que je comprenais rien, que c'était plus gros que la mafia. Et que son employeur était plus discret. Écoutez, Beaumane, je crois qu'on est tombé sur quelque chose d'énorme. Ida, attention, l'avertissement du FBI n'a rien d'une plaisanterie. S'ils sont au courant, vous risquez la prison directe. Je veux dire, j'ai besoin de ces infos, mais... Je ne veux pas y aller seule. D'accord. Donnez-moi l'adresse, on se retrouve là-bas. C'est au 52 de la 12ème rue, pas très loin du club de Golfi. Merci, Beaumane. Merci ?
De quoi de l'avoir attiré dans l'antre du lion avant de me tirer ? S'il arrive quoi que ce soit à cette gamine, il n'y aura jamais assez de whisky pour noyer ma culpabilité. Je ne sais pas qui a dit « le crime ne paie pas » mais la façade insolente de la baraque de Vinny clourait le bec à ce con. La bagnole Dida est déjà sur place et il y a de la lumière dans le salon. La porte d'entrée est entreouverte. Mauvais signe. Vinny, c'est Beaumane. Si t'as touché à un cheveu de la petite, je finis ce que j'ai commencé au club.
Ida ? Deux ampoules du couloir ont explosé. Bizarre. Du sang sur le tapis près de la porte du salon. Ouverte avec là aussi du verre brisé. Le cadavre de Vinnie me bloque la route. Il tient un combiné téléphonique dans sa main et du sang coule de ses oreilles. L'affaire Beaumane de Nicolas Henry et Zéphiriel Casini.
Avec Clément Bresson de la Comédie Française, Juliette Roudet, Charles Morillon, Christophe Audan et la participation du chien Iron, Agence Orphea. Composition originale, François Clot et Thibaut Lefranc. Bruitage, Élodie Fiat. Prise de son, montage, mixage, Éric Boisset, Titouan Labarre, assistante à la réalisation, Sophie Pierre.
Réalisation Laurence Courtois Retrouvez le générique complet sur le site de France Culture.