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cover of episode L'affaire Bowman 5/5

L'affaire Bowman 5/5

2025/3/30
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Le Feuilleton

Transcript

Shownotes Transcript

C'est charpant. Vous savez où nous sommes ? Couloir humide ?

Cigle de la MWRD sur les murs. Je dirais du côté du canal sanitaire. Les égouts ? A l'origine, le canal a été construit pour drainer les eaux usées. Et accessoirement, les corps des mauvais payeurs de la mafia. Attendez, ce sont des infrastructures de la ville. Vous voulez dire qu'ils utilisent des locaux officiels ? C'est plus compliqué que ça. En fait, le canal est géré par un service indépendant. Ça lui permet d'être plus ou moins autonome juridiquement. Ils savent la plupart des enquêtes de routine pénible.

Donc il y a une sorte de no man's land en périphérie de la ville et tout le monde est au courant. Mais n'importe quelle petite frappe n'a pas les moyens d'accéder à un bâtiment comme celui-ci. D'être ravisseur doit avoir du soutien. Un dingo dans une bouche d'égout et l'odeur qui va avec. Au vu de son passé, vous ne croyez pas si bien dire. Vous en parlez comme si vous le connaissiez. C'est qui, un de vos amours de jeunesse ?

C'est une longue histoire. Non, c'est la seconde fois que vous me dites ça sans m'expliquer clairement les choses. Si vous croyez que ça vous donne une contenance, vous avez tout faux. C'est juste que vous êtes vieux, vous aimez jouer au détective mystérieux, ça n'a rien d'excitant, c'est juste pénible à coucher, quoi, un bon coup. Bon, très bien, je vais vous le faire court. L'homme qui dirige le musée des horreurs, c'est un ancien chercheur du Troisième Reich. Je vous demande pardon. Un nazi, aux Etats-Unis ? Hermann von Kruger, un scientifique qui prenait les prisonniers de guerre pour des souris de laboratoire.

Mais attendez, comment s'est-il retrouvé aux Etats-Unis ? Je veux dire, les officiers et scientifiques ont été jugés et condamnés après la guerre, non ? Blanquons-nous là. C'est bon ? Il est parti. En 44, j'ai fait partie d'une équipe d'intervention qui a été envoyée derrière les lignes ennemies. Avec Decker, c'est ça ? Oui. Il était lieutenant à l'époque, le chef d'expédition, quoi.

La mission était simple, on devait infiltrer une base scientifique pour collecter le plus de documents possible et ramener le responsable des travaux. Le ramener pour le juger, c'est bien ça ? Oui, on n'a pas pris le temps de nous expliquer pourquoi à l'époque. La mission s'est bien déroulée jusqu'à ce qu'on mette la main sur Von Kruger et Descartes et moi avons eu un désaccord. Sur la mission ? Descartes a refusé de ramener Von Kruger vivant...

Et moi, j'ai pas voulu déroger aux ordres. Qu'est-ce que c'est, Maudlin ? Vous avez réussi à le convaincre, mais le nazi en question n'a été ni jugé, ni condamné ? Dans les grandes lignes, c'est ça. J'ai pas vraiment les détails de ce qui est arrivé à Von Kruger après, mais apparemment, l'oncle Sam s'est contenté de lui taper sur la main. Et il lui a offert un petit bail locatif dans les égouts, là. Et NZP ? Northern Central Epositronics, c'est quoi exactement ? C'est un sigle qu'on a tous vu là-bas, dans la base scientifique. Et... peu de temps après la guerre...

Descartes a continué à enquêter. Moi, je... Je pouvais pas croire que le gouvernement cessa à l'époque. Je pensais que Descartes avait une obsession. Après la guerre, on n'est plus jamais pareil. Et alors ? Il a retrouvé la tresse de Von Kruger et il a découvert qu'il avait été financé par le gouvernement et la NZP pour poursuivre ses travaux, apparemment. Mais si le gouvernement a fait venir un nazi, on peut trouver des preuves, les faire condamner. Les gens réagiront à ça. Hé, bordel, ils savent quand c'est le chapitre. Montez par là, bouclez, là.

Je sais quoi tout ça. Probablement son bureau ou un truc dans le joint. Il doit y avoir une sortie. Il y a des dossiers avec des titres bizarres. Soumission de l'esprit par le son. Il cherche à contrôler les gens. Bon ben il y a des photos. Je crois que c'est Angela Morelli. Avec un instrument sur la bouche. C'est affreux. Il y a des traces ! Il arrive. Il y a une issue de secours là. Ida, qu'est-ce que vous foutez ?

Oman, elles sont forcément ici, dans le bâtiment et elles sont en danger. Oui, mais on ne pourra rien faire si on finit à la morgue. On va chercher des renforts, tirons-nous. Maintenant ! La porte coupe-feu ne s'ouvre pas de l'extérieur. J'attends que la moume soit passée pour la refermer sur moi. C'est la seule solution pour qu'elle s'en sorte. Ida, écoutez-moi. Si on part tous les deux, on n'a aucune chance. Je vais les ralentir, revenez avec des renforts. Prévenez Anderson, c'est lui qui enquête sur la mort de Werner. Espèce de salaud, Oman !

Ne faites pas ça ! J'ai pas le choix, Ida. Je dois sauver Lizzie, c'est la seule chance qu'on a. Revenez avec la police, j'y arriverai pas tout seul. Au moins, elle reste en vie. Les gangsters ne sont pas loin. J'ai juste le temps de me planquer près de la porte. Tiens, j'ai pas perdu l'âme. Le barillet est plein. J'ai toujours été celui qui reste sur le quai, qui attend le prochain train, en amour, en affaires. Aujourd'hui, c'est fini. Je vais boucler ce dossier ouvert depuis bien trop longtemps. Les dix, ils sont là-haut ? Et de deux ?

Pour la première fois depuis longtemps, je sais ce que j'ai à faire. Von Kruger ne doit pas me croire assez con pour revenir tout seul. Perdu. Je vais l'y cueillir un par un. Du temps où j'avais ma plaque, j'aurais jamais abattu un gars de sang-froid. Mais on arrive sur la fin de l'histoire. Plus le temps de prendre des pincettes. À deux centimètres près, je négocie une remise de peine avec Saint-Pierre. J'approche du but. Une salle immense. Type hangar.

N'importe qui pourrait surgir des pontons de fer qui la surplombent. Au centre, un labo, blindé comme un bunker. La porte est frappée du logo NZP. Derrière une grande vitre, j'aperçois Von Kruger dans la salle de contrôle. Tu peux rien pour attendre, mon salaud. On va se faire un remake de la dernière fois. Sauf que j'ai réécrit la fin. Si la mitrailleuse pouvait m'aider à affaiblir la vitre de sécurité... Parfait, la vitre est fissurée. C'est l'occasion ou jamais. Il ne faut pas que je me loupe ni que je m'expose trop longtemps...

L'équation est simple, deux tirs de couverture, puis un fausse-bury catastrophique à travers la vitre. Allez Carl, tu retires ça doucement. Bordel, je commence à pisser le sang. Ça tiendra ce que ça tiendra. Lizzie est attachée à un siège, en plein milieu d'une cage de verre. Elle a une sorte de masque sur le visage. Le tout relié à des micros. Tout sera bien, Joe Penny. Voyez-vous ?

Il me reste juste à isoler la fréquence mère que l'organe parfait de Mlle Rivers est capable d'émettre. Et je pourrai me passer d'elle définitivement. Un peu de patience ! C'est tout ce que je vous demande ! De petites décharges électriques parcourent le corps de Lizzie. Probablement pour lui faire émettre un son. J'ai plus beaucoup de temps. C'est fini Kruger ! Laissez-la sortir ! Et régons ça tous les deux ! Vous m'appelez pour qui, Beaumont ? Un américain en mal de sensation ?

Je suis un scientifique et rien ne se mettra entre moi et ma vision. Lydie, courage ! Je vais vous sortir de là ! C'est bien, petit oiseau ! Continue de donner de la voix ! Bientôt, tout sera fini ! À ce rythme-là, Lydie va y passer dans les dix prochaines minutes. Avec un peu de chance, si Kruger ne tire plus, c'est peut-être qu'il n'est pas en mesure de le faire. À trois. Un, deux... Arrêtez ce truc ! C'est fini pour vous ! Dans cinq minutes, l'endroit sera farci de fédéraux !

Vous ne comprenez rien, Beaumont. Il ne m'arrivera rien, et vous le savez. Votre vengeance personnelle ne vous mènera nulle part. Vous n'êtes qu'un parasite sur le chemin de la science. Mais qu'est-ce que vous faites ? Idiot ! Ne tirez pas sur la machine ! La fréquence n'est plus canalisée. La machine va monter dans les hautes fréquences avant d'exploser. Ne tirez plus ! Ne tirez pas ! Vous allez nous tuer tous les deux ! On se reverra en enfer, alors. Les graves amants recouverts entièrement, le corps ne répond plus, comme une vieille radio fichue.

Vous êtes encore vivant ? Vous êtes vraiment un incroyable, un biché. Vous le savez autant que moi, cela n'a servi à rien. Vous êtes un parasite. Parasite ? Je vais me charger personnellement.

Doc ! Ça va ? Les flics encerclent le bâtiment. Il faut qu'on se tire. Une seconde, voulez-vous ? Monsieur Jean-Gomène et moi-même n'en avons pas fini. Doc, il est cuit. Barons-nous ! Si les flics sont là, c'est qu'Ida a réussi à s'en sortir. Elle ira loin. L'atmosphère est encore électrique en entrant dans la pièce.

Comme si un orage venait tout juste d'éclater au-dessus de nos têtes. Lady Rivers est là, attachée à une chaise avec un masque étrange sur le visage. Il s'est passé quoi ici ? Une reconstitution de par l'arbre ? Bon les gars, déblayez-moi tout ça là. Inspector Anderson, j'ai une fille ici. Elle est secouée et blessée. On dirait que ce truc en acier la protégeait. Non, non, non, hé, hé, Sherlock, tu touches à rien. T'appelles l'équipe de secours. On t'a rien appris à l'école ? Allez, reste pas planté là !

Non, mais bordel, mais arrêtez de toucher à tout, bande d'idiots, vous allez finir par me blesser. Miss Cunningham, s'il vous plaît, restez en arrière, je ne voudrais pas qu'une civile porte plainte contre la police. Inspecteur, si je n'étais pas venue vous chercher, vous seriez encore en train de regarder le journal sportif. Donc si vous voulez que j'évoque l'inefficacité de la police de Chicago dans mon prochain article, continuez comme ça. Je pense que le maire appréciera. Richard, la petite, on devrait peut-être l'engager, non ? Vous n'avez rien d'autre à faire ?

Bougez-vous un peu, là ! J'ai pas envie d'y passer la nuit, moi. Bon, et vous, OK pour que vous puissiez regarder. D'accord, mais vous ne touchez à rien, par contre. Pas de souci, inspecteur. Je cherche Karl des yeux. Il est forcément quelque part, en train de maudire le sort qui s'acharne sur lui. Karl ? Il y a quelqu'un sous les gravats, là. Je me précipite pour aider le policier à le dégager des décombres. Karl ? Il est salement blessé à la tête, du sang a coulé sur son visage. Il n'a pas l'air bien en point. Il est toujours comme ça ?

Sa main est crispée sur quelque chose dans sa poche. Je suis désolé, mademoiselle. Une petite chaîne argentée. Une plaque militaire. Matthews ! Jim ! Sortez-moi cet homme de là et couvrez-le. Prévenez la mort, oui. Car Bowman est un ancien de chez nous, alors traitez-le avec le respect qu'il mène. Je prends la plaque militaire de Carl. Vous avez trouvé autre chose ? Et la glisse dans ma poche. Négatif ?

En me relevant, je vois une porte derrière ce qui devait être la console de l'énorme machine. La porte s'entrouve, mais reste bloquée de l'autre côté. Une forte odeur d'eau usée les égouts.

Un peu de sang sur la porte. C'est probablement par là que Von Kruger s'est échappé. Vous voyez quelque chose ? Je crois que je sais où ils sont passés. Inspecteur, venez voir. Jim, fais quoi ? Ils ont filé comme des rats par les égouts. La porte est bloquée de l'intérieur. Il faudrait du matériel pour l'ouvrir. Envoyez des hommes à leur poursuite, ils ne doivent pas être très loin. Inspector Anderson ? Quoi ? Il y a quelqu'un qui veut vous parler ? Non mais écoutez, si c'est un fouille-merde, tu peux lui dire de se barrer. Surveillez votre langage, inspecteur Anderson. Il y a une dame parmi nous.

Et vous, vous êtes qui ? Donald Campbell, adjoint du secrétaire à la Défense. Ce site est désormais sous notre responsabilité. Il relève du secret militaire. Secrétaire à la Défense ? À la Défense, en effet.

Ne vous en faites pas. Votre travail sera apprécié à sa juste valeur. Considérez simplement que nous prenons la suite. Attendez, on perd du temps. Von Kruger s'est échappé par les égouts, il est blessé en doile poursif... Mademoiselle Cunningham, je vous suggère de quitter les lieux. Ni les civils, ni les journalistes ne sont autorisés sur un site militaire. Un site militaire ? Vous voulez dire que vous aviez connaissance de tout ce qui se passe ici ? Les enlèvements ? Notre séquestration ?

La mort de cet homme qui a simplement voulu connaître la vérité ? Mais Miss Cunningham, calmez-vous. Fermez-la, espèce de serpillère ! Et vous ne comptez pas vous en tirer comme ça. J'ai vu tout ce qui s'est passé ici. Je sais qui vous coupe. Miss Cunningham, je vous suggère de vous calmer et de peser vos mots avant que cela ne prenne des proportions que vous ne pourrez plus contrôler.

Nous venons d'apprendre l'existence de ce site et pour des raisons de sécurité nous prenons en charge toute investigation future le concernant. Les gars vous avez entendu ? On remballe tout ! Inutile de préciser que je compte sur votre loyauté pour garder toute la discrétion nécessaire sur ce qui vient de se passer ici. Comptez-y, oui ! Bon, ne rendez pas la situation plus difficile ! Allez, je vous raccompagne. Laissez-moi, c'est bon, je suis une grande fille. Bowman est mort il y a à peine quelques heures.

Je vais passer la nuit à éplucher les dossiers que j'ai récupérés dans l'antre de Farnkruger. Les rapports semblent confirmer certaines implications. Il y a de quoi taper fort. J'arrive ! Miss Cunningham ? Agent Johnson. Je m'attendais à votre visite, mais... Pas aussi rapidement, vous perdez pas de temps. Entrez. Toutes mes condoléances. Non, pas la peine, c'est bon. Vous voulez quoi ? Écoutez, je vais être franc. J'ai reçu un coup de fil que je n'aime pas du tout et... Je sais que vous n'allez pas l'apprécier non plus. Mais je n'ai pas vraiment le choix. Je vais vous donner un petit coup de fil.

J'ai beaucoup trop entendu ça dernièrement. Je n'ai pas le choix. On vous demande quoi ? De faire pression ? De me faire taire ? Oubliez cette histoire, Miss. Reprenez votre train-train. Les D-Rivers et Saneso, elles vont retrouver une vie normale. Faites de même. Vous ne gagnerez pas cette bataille. Cette bataille ? Mais je peux parler. Je peux écrire sur ce qui vient de se passer. Écoutez, je n'apprécie pas forcément la méthode, mais disons que...

Si vous vous montrez coopérative, nous avons les moyens de faciliter votre carrière. Dans un journal peut-être plus important, par exemple. Un journal plus imp... Vous vous foutez de moi ? Vous voulez m'acheter pour me faire taire ? Ça s'appelle de la corruption ! Bon, écoutez, si vous écrivez une ligne sur ce qui s'est passé ou si vous en parlez à qui que ce soit, alors toutes vos théories d'enlèvement mystérieux de journalistes risquent de devenir bien réelles d'un seul coup. La carotte ou le bâton ?

Soit je prends le poste pour lequel je me bats depuis des années en crachant sur la tombe de Beaumane, soit je le rejoins ad patres dans des circonstances mystérieuses. C'est ça ? Mais dans les deux cas, je suis finie. Tous les combats ne sont pas bons à gagner, Miss. Par moments, il faut savoir reculer pour mieux sauter. Bon, allez. Sortez de chez moi, vous et vos expressions à la con. J'ai l'horrible sensation d'avoir vendu mon âme et trahi la mémoire de Karl. Je sais qu'ils vont me surveiller. Chacun de mes mots sera relu, analysé,

Une prison à l'air libre, en quelque sorte. Chicago, 1953. Intérieur jour. Un café. Deux années viennent de passer. Deux ans depuis l'enterrement de Karl Bauman. Son ex-femme était présente. Seule. Je n'ai pas osé lui parler et de crainte de la mettre en danger. Je n'ai pas eu une seule visite du FBI. L'affaire du labo de Von Kruger a été mise sous le tapis. Elle n'est même pas répertoriée dans les archives de la police. Ida ? Par ici ?

Excusez-moi du retard. C'est la folie à la rédaction du journal en ce moment. Et le tram a été ralenti avec toute cette pluie. Y'a pas de mal, vous avez l'air épuisée ma pauvre. Eh bah c'est le métier qui rentre. Alors vous en revanche, vous êtes rayonnante. Merci. J'ai été très étonnée de votre coup de fil. Vous partez ? Oui. Ma carrière s'est un peu accélérée, on m'a proposé une tournée en Europe. Je suis pas sûre de revenir à Chicago.

Je suis même pas sûre d'en avoir envie, pour être honnête. Alors j'ai voulu vous laisser un petit cas de choses avant de partir. Qu'est-ce que c'est ? Une petite liste des gens qui ont demandé des services à la mafia pendant la guerre. Il y a du beau monde. Comment est-ce que vous avez obtenu ça ? Golfie. Lydie, vous n'étiez pas obligée. Non, je sais. Mais vous n'étiez pas non plus obligée de venir à mon aide. Et puis, j'ai peur que ce soit plus un cadeau empoisonné qu'autre chose. Ne vous inquiétez pas, les cadeaux empoisonnés, ça me connaît. Bonne chance en Europe. Je vous enverrai une carte d'Allemagne ?

Chicago, 1957. Intérieur jour. Rédaction du Chicago Daily. Six ans ont passé depuis la mort de Bowman. J'ai maintenant un poste permanent au Chicago Daily, probablement avec le coup de pouce promis par le FBI. J'ai presque le même salaire qu'un reporter masculin à temps partiel. Mon premier reportage sur les internements forcés dans les différents asiles de l'État ne m'a pas valu le Pulitzer, mais il a fait forte sensation à la rédaction.

Hé, t'as mis gaffe ? Le directeur de l'asile a encore appelé. À croire qu'il est amoureux. Vu que c'est toi qui décroche à chaque fois, j'ai plutôt l'impression que c'est toi qui lui fais de l'effet, George. J'ai accumulé l'équivalent d'une bibliothèque sur l'extradition des scientifiques allemands organisés par le gouvernement américain à la fin de la guerre. On compte leurs noms par dizaines. Et la plupart avaient du sang sur les mains.

Mais la rédaction m'a rapidement fait comprendre qu'elle ne voulait prendre aucun risque avec le pouvoir en place. Quant à Von Kruger, il semble s'être évaporé dans la nature. Kalinga, il y a du courrier pour toi. Probablement un admirateur secret. Bah au moins j'en ai un moi, George. Par moments, il faut savoir reculer pour mieux sauter. A vous de voir pour la suite. Ça a pris votre temps, Agent Johnson.

Chicago, 1957. Intérieure nuit. Studio de radio. Le ton s'est durci ce soir entre le chancelier Adenauer et l'ambassadeur américain David Bruce.

lorsque le chef du gouvernement allemand a révélé l'existence d'un dossier complet sur une opération nommée « Opération Paperclip ». Berlin a, en outre, ouvertement accusé le président Truman d'avoir soustrait à la Cour de justice internationale des scientifiques du Troisième Reich, alors accusés de crimes de guerre.

Pour en discuter ce soir, nous recevons la journaliste à l'origine de cet article sulfureux paru il y a moins d'une semaine, Ida Cunningham. Miss Cunningham, la première question qui brûle sur toutes les lèvres est, est-ce que vous avez subi des pressions depuis l'apparition de votre article ? Depuis et même avant l'apparition, bien évidemment, mais ça fait partie du métier.

Heureusement, je suis accompagnée par des personnes qui n'ont jamais reculé pour permettre de la faire éclater au grand jour. Et qu'est-ce qui vous a poussé à mener cette enquête sur un sujet aussi complexe ? Racontez-nous comment a commencé cette enquête. C'était il y a 6 ans et j'enquêtais sur des disparitions inquiétantes, disparitions de femmes notamment. Cette enquête m'a amenée à me rendre au commissariat de Chicago où j'ai rencontré...

C'était extraordinaire, mademoiselle Cunningham. Extraordinaire. Je pense que nous avons dépassé tous les records d'audience. Vous savez raconter une histoire. Ça ne fait aucun doute. Merci. La radio ne vous a jamais tenté. Il se trouve que j'ai un poste de chroniqueur qui se libère. Peut-être que nous pourrions en parler autour d'un repas ou... Merci, c'est gentil, mais je vais rentrer. La journée était forte en émotions. Il pleut des cordes. Est-ce que vous voulez qu'on vous raccompagne chez vous ? C'est gentil, mais ça ira. J'ai besoin de prendre l'air. Et la pluie n'a jamais tué personne. J'insiste pas.

Mais je suis sérieux pour le poste. Vous pouvez y réfléchir. L'occasion ne se représentera peut-être pas avant longtemps et nous avons besoin de personnes comme vous. J'y penserai. Rick. Miss Cunningham ? Oui ? L'affaire Beaumane de Nicolas Henry et Zéphiriel Casini avec Clément Bresson de la Comédie Française

Julien Troudey, Charles Morillon, Stéphane Konarske, Bruno Abraham Crémer, Émalie Ejouin, Xavier Robic, Rodolphe Congé, David Houry, Théo Touvet, Léo Reynaud, Alexandre Rubis, Charles Van de Viveur, Pierre-Marie Schneider. Composition originale, François Clot et Thibaut Lefranc. Sound design, Hervé Boulet.

Brutage, Elodie Fiat. Prise de son, montage, mixage, Éric Boisset, Titouan Labarre. Assistante à la réalisation, Sophie Pierre. Réalisation, Laurence Courtois. Retrouvez le générique complet sur le site de France Culture.