L'affaire Beaumane de Nicolas Henry et Zéphiriel Casim. Réalisation Laurence Courtois. Épisode 6. La fin ne sera pas heureuse. États-Unis, 1945. Intérieur jour. Tribunal militaire. Accusé, levez-vous.
Lieutenant Steve Decker, avant d'entendre le verdict, vous avez émis le souhait de dire un dernier mot, ce que la Cour autorise. Merci, Monsieur le Juge. Je tiens cependant à vous prévenir. Tout ce que vous direz ici pourra infléchir la sentence à venir. Je vous invite à vous exprimer en votre âme et conscience. Je... je regrette. Je regrette d'avoir mis si longtemps à me rappeler qu'un soldat est là pour protéger son pays. Et que...
Lorsque la tâche qu'on lui confie va à l'encontre de cette mission, il faut qu'il sache franchir certaines limites, monsieur le juge. Quelles que soient les conséquences. Silence, s'il vous plaît. La cour a bien noté l'expression de votre regret, lieutenant. La sentence peut être prononcée. Steve Auguste Decker, au nom de la Cour Martiale des États-Unis d'Amérique, la cour vous déclare coupable de sédition...
et vous condamne à la radiation à vie du corps militaire américain. A ce titre, vous serez déchus de votre rang d'officier et de l'intégralité de vos distinctions. Votre pension militaire et votre statut d'ancien combattant vous seront également retirés. Il vous sera impossible d'exercer dans tout service ou administration fédérale sur le territoire américain. Est-ce bien clair, M. Decker ?
Très clair, monsieur le juge. Soyez reconnaissant envers la cour, monsieur Descaires. Si vos états de service n'étaient pas aussi irréprochables, vous auriez été condamné pour trahison. Merci, monsieur le juge. La séance est levée. Steve. Je... Je suis désolé. C'est pas la peine, Karl.
Tout a déjà été dit. Ne t'inquiète pas, ton obéissance sera récompensée. Tu l'auras ta table sur l'épaule et ton galop. Bonne chance. Lieutenant Bowman. Chicago, 1951. Extérieur nuit, rue déserte. Détective Bowman. Carl Bowman, agent spécial Johnson, ouvrez s'il vous plaît. Bowman c'est une blague ?
Veuillez également sortir du véhicule, Miss Cunningham. Personne n'a envie d'utiliser la force. Comment ça se fait qu'ils connaissent mon nom ? C'est le FBI, Ida. Je parie qu'ils connaissent même la marque de vos céréales du matin. On sort ! Agence spéciale Johnson ! S'ils nous arrêtent, on n'est pas sûrs de s'en sortir du vent. Alad ! Alad, au secours, on va nous enlever ! Du calme, Miss Cunningham ! Miss Cunningham ! Pas la peine de réveiller le voisinage. Nous sommes juste là pour discuter. C'est le discours que vous tenez à toutes vos victimes ? Victimes ? Ida ?
Je n'ai jamais trop cru à ces histoires d'enlèvement politique. Mais le comportement de Werner avant sa mort plaide pour la prudence.
Je savais que le gouvernement manquait de fonds, mais envoyer le FBI s'occuper de la circulation et des stationnements interdits, c'est plus grave que ce que je pensais. Très drôle, Beaumane. Laissez vos mains bien en vue sur le capot du véhicule. Personne n'a envie de rejouer le match avec Vinnie Lazzaro ici. La mafia fait ses réclamations auprès du FBI maintenant ? Si vous voulez bien la boucler, mademoiselle Cunningham, on pourra peut-être discuter entre gens civilisés. Il y a une règle tacite dans la police. Tous les feds sont des connards. Je ne sais pas pourquoi, c'est comme ça, un point c'est tout ?
Pourtant, mis à part l'autre qui me fouille comme si j'avais planqué le trésor des Templiers dans mes godasses, la rencontre reste courtoise. Ils auraient très bien pu nous coller les menottes et nous balancer dans une cave. Ok, je vous écoute. Disons que vous voir mettre le boxon avec une journaliste dans un club connu pour être tenu par la Cosa Nostra nous a inquiétés.
Rien qu'avec ça, vous êtes dans le sale drap. Surtout vous, Miss. Comment ça, surtout moi ? Elle n'y était pour rien. C'est avec moi qu'il faut régler ça. Je suis sûr que ces hommes de main y penseront avant d'appuyer sur la détente. Je venais juste lui poser des questions. À propos d'une enquête... Soyons clairs, Bowman. Mon but, c'est de comprendre pourquoi vous en avez après la mafia et surtout, après Vinny Lazaro. Je remontais une piste, une disparition. Vinny est le dernier à avoir vu cette personne. Satisfait ? Et qui donc est cette personne ? C'est confidentiel.
Confidentiel. Ça vaut rien pour nous, Beaumane. À couche. Je suis sûr qu'il y a un lien avec les cocos. Ça expliquerait pourquoi vous enquêtez avec une journaliste très proche des milieux rouges. C'est pas trop bien vu comme couleur en ce moment, Beaumane.
J'apprécie votre manière de faire passer vos convictions personnelles avant les faits, agent Johnson, c'est ça ? Mais il se trouve que des personnes disparaissent régulièrement aujourd'hui à Chicago, exactement de la même manière qu'à New York l'année dernière. Et que comme par hasard, le FBI est toujours en train d'enquêter dans le coin où ça s'est passé. Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? Mademoiselle Cunningham a l'air de présumer que nous enlevons des éléments sédicieux et les retenons prisonniers dans le plus grand secret.
Sans doute dans l'espoir qu'il nous révèle les plans cachés des soviets. Si c'est faux, vous êtes en mesure de me dire ce qui est arrivé au militant Kenneth Manfield ? A Angela Parkman ou à Simon Wimmer ? Et la raison pour laquelle la disparition de Mademoiselle Rivers n'a pas immédiatement donné lieu à une enquête ? Je trouve qu'on a été très patient. Et maintenant, il nous faut des noms et des faits précis. Sinon ? Sinon quoi ? Si vous connaissez aussi bien mon dossier que vous le prétendez, vous savez que je n'ai pas l'habitude de céder aux menaces. Vous n'êtes pas là pour m'embarquer pour tapage nocturne. Alors on arrête de jouer ?
C'est Vinny Lazaro que vous voulez ? Lui, je m'en cogne comme de mon dernier scotch. Donnez-moi juste l'info qui me manque. Après ça, faites votre vie avec Lazaro si vous voulez. Voilà une bonne idée. Pour une fois que le gouvernement pourrait aider ses concitoyens. Très bien, Bowman. Mais après ça, vous dégagez de nos plates-bandes. Tous les deux. C'est quoi le nom de votre oiseau ? Steve Decker. Lieutenant Steve Decker. C'était votre supérieur, non ? Le gardien de l'armée ? Il a été condamné pour insubordination. Alors, il est où ? Vous croyez qu'on a une boule de cristal ?
Ça devrait pas poser de problème. Restez près de votre téléphone, on vous appellera dans la journée. En attendant, foutez le camp. Si vous traînez à nouveau trop près de Lazaro, on vous colle au trou pour de bon. C'est clair ? Mais, mais, Beaumane, c'est Lydie qu'on recherche. On vous laisse à vos problèmes de couple. Waouh ! Waouh, waouh, waouh ! Je pensais que vous étiez un muf, mais en réalité, vous êtes bien pire que ça, hein ? J'ai jamais dit que j'allais sauver la veuve et l'orphelin, moi !
Tout ce que je veux, c'est retrouver le gars qui m'a envoyé un message. Mais Karl, une jeune femme a été enlevée sous vos yeux au nom d'un chien. Dans l'indifférence la plus totale. Quel héroïsme, franchement. Et vous commencez à m'emmerder avec vos leçons de morale.
C'est parti chez les fédéraux, maintenant. Ça dépasse largement les compétences d'un détective miteux et d'une journaliste en mal de sensation. Réveillez-vous, bon sang ! On est réveillés, merci, mais on aimerait bien dormir. Il est 3h du matin, alors faut gueule ! Vous savez quoi ? Je sais même pas pourquoi je perds mon temps avec vous. Je vous souhaite tout le bonheur du monde avec votre ami. Je ne vous suis plus d'aucune utilité. Bonne soirée. Mais, hé, hé, hé, vous n'allez pas rentrer à pied. Il est tard. Laissez-moi vous raccompagner, au moins jusqu'à votre voiture.
Ida ! J'ai pas besoin de vous, Beaumane. Pas plus aujourd'hui que demain. C'est vous qui êtes venu me chercher. Vous, pas moi. Je vois pas l'intérêt de prolonger notre collaboration. Je tente de me convaincre que je ne suis pas le méchant de l'histoire et que je l'ai prévenu plus d'une fois. Mais au fond, je sais qu'elle a raison. Elle peut pas vraiment me faire confiance. C'est là, moins fort ! J'arrive, j'arrive ! Beaumane, j'écoute. Agence spéciale Johnson ?
Difficile de vous joindre, on vous appelle depuis un moment. J'étais sous la douche. Vous avez des infos pour moi ? Facile à trouver votre gus. Mais rien n'arrête le FBI, j'en suis sûr. Je vous écoute. 38 10 West, 16ème rue. Pas surprenant comme adresse pour un ancien militaire. Bonne continuation, détective. 17h. Eh ben, j'ai fait le tour du cadran. Il m'a reste qu'à aller à cette adresse et comprendre ce que Descartes voulait. Johnson, vous avez oublié quelque chose ? Non, maman. Ida ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tout va bien ?
Merde, il vous a menacé ? Il a vous appelé la police tout de suite, vous bouclez la porte, vous restez chez vous, j'arrive. Qu'est-ce qu'il vous a dit ? Mais qui ça ? C'est... Golfi ? D'autres mafieux ?
Non, apparemment pas, je lui ai demandé, mais... Enfin, il m'a dit que je comprenais rien, que c'était plus gros que la mafia. Et que son employeur était plus discret. Écoutez, Beaumane, je crois qu'on est tombé sur quelque chose d'énorme. Ida, attention, l'avertissement du FBI n'a rien d'une plaisanterie. S'ils sont au courant, vous risquez la prison directe. Je veux dire, j'ai besoin de ces infos, mais... Je ne veux pas y aller seule. D'accord. Donnez-moi l'adresse, on se retrouve là-bas.
C'est au 52 de la 12ème rue, pas très loin du club de Golfi. Il m'a dit de passer au plus vite. Merci, Roman. Merci ? De quoi ? De l'avoir attiré dans l'antre du lion avant de me tirer ? S'il arrive quoi que ce soit à cette gamine, il n'y aura jamais assez de whisky pour noyer ma culpabilité. Je ne sais pas qui a dit « Le crime ne paie pas » mais la façade insolente de la baraque de Vigny clourait le bec à ce con. La bagnole Dida est déjà sur place et il y a de la lumière dans le salon.
La porte d'entrée est entre-ouverte. Mauvais signe. Vinny, c'est Beaumane. Si t'as touché à un cheveu de la petite, je finis ce que j'ai commencé au club. Ida ? Qu'est-ce que... Deux ampoules du couloir ont explosé. Bizarre. Du sang sur le tapis près de la porte du salon. Ouverte avec là aussi du verre brisé. Bordel. Le cadavre de Vinny me bloque la route. Il tient un combiné téléphonique dans sa main. Et du sang coule de ses oreilles. A tuer.
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