France Culture. 100 mois de Marie Desplechin. Adaptation Gatel Guillaume. Sur les conseils de plusieurs de mes amis, j'avais engagé Olivia pour s'occuper de mes enfants Suzanne et Gaspard. Au fil des mois, elles se livraient de plus en plus. Ex-junkie, enfant de la DAS, elles revenaient de loin.
Elle me parlait des agressions et des viols dont elle avait été plusieurs fois la victime, y compris durant son enfance en Normandie chez les Lerouillis, sa famille d'accueil. Elle me raconta notamment comment les voisins l'emmenaient dans les bois pour abuser d'elle. Je comprenais mieux le rapport étrange qu'elle entretenait avec les choses du sexe. Septième épisode. Olivia m'avait prévenue dès notre première rencontre. « Je sais pas faire à mon jeu. » Moi, je savais. Mais depuis un moment, je faisais des enquêtes pour un nouveau boulot qui m'amenait à effectuer de minuscules et fréquents voyages.
J'étais passée par la plupart des villes françaises, petites et grandes, Aubagne, Grenoble, Reims, Biarritz, Bourg-en-Bresse. J'avais rencontré des mineurs, des assureurs, des agriculteurs, des profs, des banquiers, des chercheurs, des informaticiens, enfin bref, toutes sortes de gens. Ils me parlaient de leur métier, j'étais payée pour ça. Je quittais l'appartement très tôt le matin pour prendre un train ou un avion. Je partais sans bruit, laissant Olivia orchestrer le lever.
Je n'étais pas indispensable au petit déjeuner. En revanche, je m'arrangeais toujours pour être de retour à l'heure du dîner. Mais ce jour-là, l'après-midi s'achevait et je gelais à Nevers. Madame, Monsieur, votre attention s'il vous plaît. En raison des intempéries, les trains à destination de Paris, Lyon, Marseille partiront avec un retard que nous évaluons actuellement. Nous vous donnerons des précisions dès que possible. Merci de votre confiance.
La glace avait pesé si lourd sur les câbles, elle avait si bien gainé les rails que les trains ne pouvaient plus rouler. Il était clair que cette fois, je ne serais pas rentrée à temps. Ouais Olivia, c'est moi. Eh ben non, je suis encore à Nouvelle-Aire là. Je sais pas, c'est le froid qu'il y a... Ben disons une heure, une heure et demie, j'espère pas plus. Mais m'attendez pas pour manger hein. Ben t'as qu'à prendre un truc dans le frigo, c'est pas compliqué hein. Mais si, bon allez, mais si, c'est pas compliqué. Tu vas très bien y arriver. Allez, on y va.
A tout à l'heure, de toute façon je ne peux pas rentrer plus tôt. J'ai traîné dans le hall de la gare. Salut. Je me suis acheté un coca et un Toblerone. Je me suis assise dans le train et me suis pelotonné dans ma doudoune comme dans un cocon moelleux. Je n'ai même pas vu les quais s'éloigner à travers la vitre. Je me suis endormie avant. Arrivé à Paris, j'ai pris un taxi et j'ai foncé chez moi. J'étais contente de rentrer dans un appartement chaud et plein de rires d'enfants. J'ai ouvert la porte.
Il y a un froid de canard là-dedans. Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Hé, c'est quoi tout ça de fumé là ? Olivia ? Qu'est-ce qu'il se passe là-dedans ? Mais qu'est-ce que tu fous là ? Bah, tu vois, je fais comme c'est ma vie. Olivia était debout devant la cuisinière.
Toute rouge et décoiffée, avec de petits mouvements spasmodiques, elle agitait une poêle dans laquelle bouillonnait une épaisse flaque d'huile. Dans l'huile barbotaient trois trucs d'un blanc crayeux que marquaient par endroits des traces de suie. En dépit de la violence de la friture, les trucs restaient entiers. Ils tressautaient bien un peu, mais ils refusaient de se déliter. Je me suis demandé un instant à quoi attribuer leur vigueur. Et puis j'ai trouvé. Ils étaient gelés.
Quatre blocs de matière gelée précipitées dans l'huile bouillante. Je voyais là une brutalité intègre et toute médiévale. C'est quoi ? Tu vois pas, c'est du poulet. C'est du poulet ? Oui, dans le congéon, dans le frigo. Les morceaux avaient gardé leur cœur d'albâtre, mais leur surface était carbonisée. La fumée qu'ils dégageaient était noire et poisseuse. Voilà sûrement la raison pour laquelle les fenêtres de la cuisine étaient grandes ouvertes. Ils devaient faire moins 5 degrés à tout casser. Putain, mais tu aurais pu faire des œufs, j'en avais acheté hier !
J'ai demandé aux enfants, qu'est-ce que vous voulez ? Des oeufs ou du poulet ? Ils m'ont dit du poulet. Alors je prépare du poulet, je ne sais pas le faire. D'accord, mais tu es au courant que je ne sais pas le faire. Un courant d'air féroce a traversé la pièce. Olivia a reposé la poêle. Sans prendre le temps de lui répondre, j'ai attrapé le manche et j'ai bazardé l'huile et les pauvres bouts de poulet dans les vies. C'est compliqué de surgeler quand on n'en a jamais fait, c'est sûr. Mais moi aussi, la première fois, j'ai... Je parlais dans le vide. Olivia avait déjà quitté la cuisine. Mais ça fait combien de temps que tout est ouvert ici ?
Il aurait mieux fait de commander des pizzas. Elle est où Suzanne ? Dans sa chambre. Gaspard était enroulé dans sa couette, assis devant la télé. Seul le bout de son nez dépassait. Il était rouge et scintillant. On aurait dit un rubis. Parce que les pizzas, on peut les faire livrer, c'est pas tellement plus cher et puis c'est bien plus simple.
Bon, c'est bon, j'ai compris. La prochaine fois, je laisserai 30 euros et tu les commanderas tes putains de pizzas. Oh, maman, mais pourquoi tu t'énerves ? C'est pour tout gâcher, t'avais qu'à rentrer plus tard, on aurait pu m'en... Je suis restée sans voix. Il avait pas tort. J'aurais dû rester traîner un peu en ville avant de revenir me faire houspiller par moins 10 degrés dans des émanations d'huile et de poulet gelé. Et toi, t'as vu comment tu parles à ta mère ? Elle est dehors toute la journée pour gagner notre argent et tout ce que tu trouves à dire quand elle rentre, c'est qu'elle devrait pas rentrer ?
Tu crois que ça lui fait plaisir ? Trahi, Gaspard s'est terré sous sa couette. Il croyait défendre des intérêts communs, mais il avait oublié l'essentiel. Avant tout, Olivia était légitimiste. Dix minutes plus tard, nous étions attablés devant des œufs et des pâtes. Je n'avais pas très faim, les enfants chipotaient. Ils n'osaient pas protester, mais ils auraient préféré du poulet, je le savais. Mais je te l'avais dit que j'avais pas peur à manger. Moi, je te l'avais dit. Arrête, hein.
Tout le monde sait faire à manger, il suffit de s'y mettre. Tu prends n'importe quoi, une boîte de pâtes, du thon, tu te... Je m'en fous de t'avoir faire à manger, ça m'intéresse pas. Tu comprends ça ? Tu comprends ou pas ? Qu'est-ce qu'il y a, Olivia ? Allez, tout le monde au lit, là. Vous le serez ? Demain. Au lit ! Vous avez les dents avant. Le lendemain matin, Olivia s'est levée tôt. Il fallait à nouveau qu'elle aille chez le médecin. Elle s'était trouvé un bon flébologue. Il faut faire gaffe avec ça, tu sais qu'on peut mourir des jambes ? Je savais pas, non.
J'avais encore jamais soupçonné précisément les jambes. Mais dans le fond, ça ne m'étonnait pas. De quoi ne meurt-on pas ? Des orteils ? Et un psychiatre ? T'en vois un ? Tu veux dire un psychothérapeute ? Olivia sourit d'un air entendu. Justement, elle venait d'en trouver un.
Je n'avais pas fini de m'étonner que cette fille qui ignorait l'existence de Marx fût si avertie de celle de Freud. Il n'a pas l'air aussi calé que le docteur Cajudiarra, mais bon... Son intérêt pour la psychologie datait de son premier internement à Saint-Anne et de ses conversations avec le responsable du service. Elle en parlait souvent et elle ne mentionnait jamais son nom sans le faire précéder de son titre. Le docteur Cajudiarra. À plusieurs reprises, il l'avait invité à revenir le voir. C'était un type qui aimait rigoler et avec elle, il était servi.
Ils étaient restés en contact depuis qu'il était retourné chez lui en Guadeloupe. J'aimais entendre revenir son nom musical, Kajoudiara. Je l'imaginais derrière son bureau, goguenard et bienveillant, gratifiant une demi-dingue de 15 ans d'assez d'intelligence et d'amour pour la conduire jusqu'à l'âge qu'elle avait aujourd'hui. Il s'appelle comment celui-là ? Tant que je me souvienne.
Oh mince, j'ai oublié son nom. Mais c'est marrant que tu m'en parles maintenant parce que j'ai eu mon premier rendez-vous hier. Et alors ? Tu verrais les yeux qu'il a. Mais non, c'est pas ce que je veux dire. Alors, qu'est-ce que tu lui as dit ? Bah, rien. D'accord, bon, ça, rien. À force de questions indiscrètes, je me suis rendu compte qu'elle ne lui disait rien à ce type. Elle n'osait pas. Et quand elle s'obligeait à lui parler, elle lui mentait. Elle négligeait des choses, arrangait les faits. Pas un mot des sortilèges de la drogue.
Pas un mot des bourbiers de l'enfance. Et à qu'à Joudiara, tu lui mentais aussi ? Ah non, non, qu'à Joudiara, c'était pas pareil. Il en a vu d'autres. Lui, la rue, le crack, tout ça, il connaissait. Il sentait bien les embrouilles. Mais lui, là, le nouveau, il a encore rien vu. Il est tout neuf, tout propre dans sa blouse blanche. Non, jamais j'oserais. Mais à quoi bon aller le voir, alors ? Ben, je sais pas, moi. Parce que tu sais toujours à quoi ça sert tout ce que tu dis aux gens que tu croises, toi.
Bonjour, vous êtes bien chez Suzanne, Gaspard ? Et Anne, vous pouvez laisser un message ? Après le bip ! Bip ! Anne ? C'est maman ? Écoute, je suis en train de faire le planning des chambres là. J'aurais besoin de savoir quel jour tu comptes arriver avec les enfants ?
Noël approchait. Dans l'appartement, les listes de cadeaux avaient fait leur apparition. J'en ramassais des ébauches que les enfants laissaient traîner sur les tables, le canapé, n'importe où.
Top, top. Peut-être pas trop près de la cheminée quand même. C'est un vrai ? On voit évidemment que c'est un vrai. Tu vois pas la différence avec celui que Mme Alves a mis dans le hall de l'immeuble ? Justement, je t'étais en train de me dire qu'il faisait moins vrai celui-là. Parce que les aiguilles, elles sont bleues et l'autre, il est... Enfin, chez Mme Alves, elles sont vertes, quoi. Ah oui, peut-être, mais enfin, l'autre, c'est du vert synthétique, enfin. Ça, c'est du bleu authentique. Suzanne, viens voir, il y a un sapin ! Un sapin !
La fin des classes approchait. Suzanne nous a présenté un bulletin trimestriel excellent.
Gaspard a hésité quelques jours à montrer le sien qui le créditait pourtant de belles possibilités. Très largement sous-employé. Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner.
Les clients s'affolaient. Il fallait rendre. N'importe quoi, mais rendre. Ces gens avaient des âmes décollées, laborieuses et bornées. Ils voulaient tous brusquement faire le point avant Noël. Pour ranger leur bureau, je présume. C'est qui ? C'est pas ça.
Ça me saoule, il faut que j'y aille en fait pour rendre vrai ma nièce. Non, non, c'est juste que c'est Noël, c'est tout. Je regardais Olivia. Je reconnaissais sans hésitation notre personne familière. Celle qui dit oui parce qu'elle ne peut pas dire non. Cette fois, pas question de l'abandonner à son défaut. Je fis ce que je désirais si souvent pour moi. Je pris la décision et lui forçai la main. Enfin, je croyais que tu venais avec nous chez mes parents. J'ai besoin de toi pour le voyage.
Non mais ça m'arrange pas du tout que t'ailles chez ta sœur. Ma demi-sœur ? Ouais bah je la rappellerai moi. Elle verra très bien que j'ai besoin de toi. Ouais mais mon stage. Quoi ton stage ? Bah mon stage de clown. Bah il commence le 26 non ? Tu rentreras le 25 au soir, voilà tout. Bon, si ça te rend service évidemment. Allô maman ? Ouais, c'est moi. Écoute, en fait on va être 5. Ouais, voilà, Olivia vient avec nous. Nous avions rendez-vous le 24 au matin, gare du Nord, au départ du quai.
Laurent traînait avec lui un gros sac que Gaspard et Suzanne ont scruté d'un œil retort. Le sac était mal fermé. On y voyait scintiller les emballages irisés des cadeaux et mousser le bol duc exubérant. Les enfants se donnaient des coups de coude en riant silencieusement.
Dans le train, ils n'ont pas lâché Laurent d'une semaine. Imagine que le temps, c'est comme une suite de culottes. C'est le rire. Et moi, franchement, le rire, je suis bonne casse à la demande à Étienne. Comme un animal. Tu vois tout ce qui m'arrive ? Tu vois un peu ?
- Où est-ce que t'es allé chercher ça toi ? - C'est maman qui lui a acheté un magazine. Il répète tout ce qu'il y a dedans comme un perroquet. Tu sais, parce que t'es même pas capable de t'en prendre. - Petit bébé. - N'importe quoi. - Je crois que c'est pour ça qu'ils m'aiment bien les gens, parce qu'ils sentent que... - Ouais. - Tu vois ? - Hein maman ? - Hein ? - Le temps c'est comme un alignement de tuyaux d'orgue. - Je sais pas. Non, pour moi c'est... Le temps c'est un cercle sur lequel on passe et on repasse.
Tu vois, Noël, par exemple. Noël, ça revient tous les ans. Comme Pâques aussi, tu vois. Non ? Bon, ok. Mes parents étaient hospitaliers et généreux.
Depuis plusieurs années, ils avaient instauré une forme de Noël pléthorique. Ils invitaient 40 personnes, cuisinaient pour 60, achetaient à boire pour 80. Au soir du 24, entre 9h et minuit, débarquaient chez eux une cinquantaine de personnes de tous âges et de toute nature, des familiers, des amis, des proches. Les agapes se déroulaient principalement entre la cheminée du salon et le buffet de la salle à manger. Les doubles portes intérieures restaient ouvertes en permanence. La cuisine servait d'annexe.
Les invités bavards dessinaient une lente chorégraphie. Leur groupe se formait, se déformait, comme les figures changeantes d'un kaléidoscope, traversées ça et là d'enfants échevelés. Alors, qu'est-ce que tu viens ? Ah, bonsoir ! Tu travailles toujours dans le... Attends, rappelle-moi un peu ce que tu fais. Euh, bah, à vrai dire, je ne sais pas moi-même. Ouais ! Ne te gâche pas !
Je te dis de ne pas courir partout, regarde ce que ça fait maintenant ! Mais écoute, ça va franchement, on va s'amuser un peu, c'est Noël. Oui, oui, tu peux t'amuser sans péter toutes les bouteilles de champagne. Il apparaît, il y a un verre qui est tombé, c'est bon. Bon, j'ai de l'âge. Tiens, t'as le pain ?
Une coupe de champagne dans une main, une cigarette dans l'autre, Olivia s'extasiait. Elle portait une chemise noire scintillante, ses boucles d'oreilles se balançaient dans son cou.
Elle était ravissante. C'est chouette d'avoir une famille comme ça. Mais attends, ils ne sont pas tous de ma famille. La plupart, je les connais à peine, tu sais. Pas du tout un Noël en famille. Est-ce qu'il est bon le champagne ? J'en prendrais bien un peu. Ben vas-y, profites-en. Aux alentours de minuit, une partie des invités nés dans les années 60 montaient se droguer dans les chambres. Ils en redescendaient le sourire en tranches de pastèque. La soirée continuait.
Les plus âgés n'y voyaient que du feu, ils avaient tellement bu. Laurent ? Ouais ? T'as vu Olivia ? Oui, je crois que je lui ai monté avec Steph tout à l'heure. Avec Steph ? T'es sûr ? Ouais. Quand j'ai retrouvé Olivia, il était 2h. Elle voulait aller se coucher. Elle disait qu'elle devait être en forme pour son stage. Elle espérait filer, mais je l'ai chopée au bas de l'escalier. Attends, attends.
Regarde-moi. Quoi ? Vas-y, regarde-moi. Quoi ? De quoi ? C'est quoi ces pupilles, là ? Je te jure. Je te jure que j'ai rien pris. Je te jure. Tu te fous de moi, là ? Tous les autres se droguent et toi tu les regardes et tu te touches à rien ? Je te promets. De toute façon, ils fument et j'aime pas ça. Ils fument. À Noël. Mais tu me prends vraiment pour une buse ou quoi ?
Bon, d'accord, ils vont pas que fumer, mais moi j'aime pas les acides non plus. Et ben alors, on peut savoir pourquoi t'es montée avec eux ? Parce qu'ils sont sympas, c'est tout. T'as qu'à leur demander, ils te diront, je me suis pas droguée. Tu crois vraiment qu'ils vont me dire la vérité, les mecs ? Elle tenait ses cadeaux à la main. Je lui avais offert un short en soie qui descendait aux genoux et un caraco qui lui montait aux épaules. Ma mère, une bague d'argent en forme de marguerite.
Elle restait immobile et contrite face au vent de ma fureur, me regardant par en dessous avec un misérable sourire. J'aurais presque juré qu'elle aimait ça. « Je te préviens, si jamais je te repique à comploter, c'est fini, t'entends ? C'est fini. Tu ne refous plus les pieds chez moi. Maintenant, va te coucher. Bonne nuit. » Elle a tourné le dos et elle a grimpé les marches sur la pointe des pieds, rapide et légère comme un ballon de foire. J'ai contemplé l'escalier vide avec sévérité. « C'était bien, hein ?
Ils sont gentils dans ta famille. Oui. Et c'est pas ma faute, c'est ton cousin qui m'a branché sur la dos et qui m'a posé plein de questions. Voilà. C'est bon. Il m'a même demandé mon numéro de téléphone. Tu lui as donné ? Ben non, il a insisté mais j'ai dit que j'avais perdu le mien. Il m'a dit qu'il m'enverrait un mail. Ah, c'est bien. Je sais bien maintenant que j'ai une bonne raison d'être brouillée avec lui. Pourquoi ? Parce qu'il se trompe ? Mais non, parce qu'il m'embrouille. Parce qu'il t'embrouille toi aussi. C'est parce que je suis responsable de toi, si tu veux savoir.
Tu me crois maintenant que je suis pas droguée ? Hein ? Tu me crois que je suis pas droguée ? Mais oui, je te crois. Tu sais même pas à quel point je te crois. Je te fais confiance à mort. Ça c'est sympa. Ah non, pas du tout. Juste que j'ai pas le choix. Bannes. Bon, allez, passez. T'as les clés ? Les clés de l'appartement qu'il nous a ? Les clés dans mon sac. Bonne chance pour le stage. Et t'oublie pas de donner deux tours de clé dans la porte le matin quand tu sors. T'inquiète, je ferai tout bien. Tu pourras rien me dire.
Vincent Berger
Brutage Sophie Bessonce
Conseillère littéraire, Emmanuelle Chevrière. Prise de son, montage et mixage, Philippe Bredin, Éric Villanfin. Assistante à la réalisation, Yael Mandelbaum. Réalisation, Cédric Ossire.