Il est 18h30 sur RFI et c'est l'heure du débat avec Marion Casanoff. Bonsoir Marion. Bonsoir Véronique, bonsoir à tous. Le débat du jour, Marion Casanoff.
Il compte bien aller jusqu'au bout de son mandat. Emmanuel Macron, président français, ignore les appels à la démission qui se sont multipliés ces dernières semaines. Après sa dissolution ratée de l'Assemblée nationale qui a ouvert une période d'instabilité politique en France, il s'est lui-même fragilisé, perd en influence, en popularité. Après cette mauvaise année 2024, peut-il en 2025 trouver des solutions pour reprendre la main ? On en débat ce soir. Soyez les bienvenus.
Bonsoir Valérie Gasse. Bonsoir Marion. Chef du service politique de RFI. Bonsoir Philippe Moreau-Chevrolet. Bonsoir. Professeur de communication politique à Sciences Po, président de MCBG Conseil. Et bonsoir Olivier Roucan. Bonsoir. Enseignant chercheur en sciences politiques, chercheur associé au CERSA, le centre d'études et de recherche de sciences administratives et politiques. Merci à tous les trois d'avoir accepté notre invitation.
J'aimerais vous faire réagir à une autre actualité politique importante cette semaine, la mort de Jean-Marie Le Pen, fondateur du parti d'extrême droite Front National, aujourd'hui Rassemblement National, dont la fille en en prenant la tête a engagé une politique de dédiabolisation, tentée d'en faire un parti convenable comme les autres. Olivier Roucan, que diriez-vous ? Qu'est-ce que Jean-Marie Le Pen a laissé au RN ? Quel héritage, quel marque laisse-t-il ?
Il marque l'ancrage idéologique du Front National au Rassemblement National. Je veux dire, l'idée de se positionner sur le thème de l'immigration, ce qui n'a pas changé entre le FN et le RN, c'est une marque le péniste. Ensuite, on peut aussi remarquer un ancrage identitaire. On parle depuis quelques années beaucoup des identitaires, mais c'est quelque chose que l'on trouve dès les années 70.
Et puis, troisième remarque, en relisant un peu la littérature sur le FN à l'occasion de ce décès, on peut dire que Jean-Marie Le Pen avait lui aussi, au tout début, mis en place quelque part une dédiabolisation de ce qu'avait été le fondement véritablement du Front National, qui était inspiré à l'époque par, comment dire, Ordre Nouveau Occident et toute cette mouvance d'extrême droite, donc
Et puis, quatrième point également...
Le virage social du Rassemblement national et cet électorat plus populaire qu'on attribue souvent à Marine Le Pen, il était déjà entamé dès le milieu des années 90 sous Jean-Marie Le Pen. Philippe Moreau-Chevrolet, sur l'héritage de Jean-Marie Le Pen. C'est le premier populiste qu'on a eu en France. C'est l'un des premiers au monde à avoir eu ce style de communication populiste qui est basé sur de la provocation permanente pour être au centre de l'attention.
construire un capital politique avec ça petit à petit et puis pouvoir progressivement s'imposer comme le centre de la conversation nationale. Il l'a fait, sa fille est revenue sur cet héritage, a essayé d'effacer ça pour se rendre acceptable, se présidentialiser. Je ne suis pas certain que ce soit la meilleure stratégie quand on voit la stratégie de Trump et celle de Musk qui suivent exactement le même schéma de communication. En communication politique, c'est la fin d'une ère qui était celle
de Mitterrand, c'est-à-dire le désir en politique. Il fallait rendre le chef de l'État acceptable, désirable par le plus grand nombre. On est rentré dans une ère différente aujourd'hui. C'est la fin d'une ère aussi pour vous, Valérie Gasse ?
Oui, c'est la fin d'une ère. Mais en même temps, j'ai envie de dire ce que Jean-Marie Le Pen a laissé comme héritage chez Marine Le Pen. Et de fait, à Marine Le Pen, il lui laisse à elle-même une question. Comment gérer justement ce passé d'un père avec lequel elle avait en quelque sorte métaphoriquement tué lorsqu'elle l'avait exclu de son propre parti et en en changeant le nom, ce qu'il n'avait pas du tout accepté ?
Et maintenant qu'il est réellement décédé, on a vu dès hier qu'elle avait un petit peu repris son rôle de fille avec les quelques mots qu'elle a donnés dans son message « bon vent, bonne mère, papa », lui qu'elle appelait « le peine » quand elle en parlait publiquement.
Et donc, elle va se trouver maintenant dans celle qui avait réussi à devenir avant tout Marine Le Pen, femme politique, dirigeante, redevient un peu en ce moment la fille de son père et va devoir gérer ça politiquement. Ça va être intéressant de voir comment elle le fait. Et sur la mort de Jean-Marie Le Pen, Emmanuel Macron a estimé, lui, sobrement, que le rôle du fondateur du FN relevait du jugement de l'histoire.
Le président peut-il reprendre la main ? C'est donc le sujet de notre débat pour le lancer à un extrait issu de ses voeux pour l'année 2025. Nous aurons des choix à faire pour notre économie, notre démocratie, notre sécurité, nos enfants.
L'espérance, la prospérité et la paix du quart de siècle qui vient dépendent de nos choix aujourd'hui. Et c'est pour cela qu'en 2025, nous continuerons de décider. Et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants.
Car chacun d'entre vous aura un rôle à jouer. Voilà, il veut laisser les Français tranchés. On pense donc notamment à l'organisation d'un ou de plusieurs référendums. Il ne l'a encore jamais fait. Est-ce qu'Olivier Roucan, ça lui permettrait de revenir, de gagner en popularité, en influence ? On pense. Alors, qui est-ce ? On pense à des référendums. Il y a plusieurs façons de faire participer les Français. Oui, on évoquera...
Les conventions citoyennes, etc. Mais si on parle du référendum... Non, mais même une dissolution et de nouvelles législatives, ça permet aux Français de trancher des problèmes, si vous voulez. Donc, on ne sait pas trop ce qu'il y a derrière. Enfin, aux dernières législatives, pas tellement. Oui, mettons que ce soit le référendum. Le dispositif constitutionnel veut qu'il y ait une proposition faite au président de la part du Premier ministre ou des parlementaires.
Donc le président ne peut pas faire ce qu'il veut. Il peut, lui, souverainement, décider de réaliser un référendum ou pas. Mais la proposition, elle vient où du gouvernement ? Alors, ça voudrait dire, dans ce cas, qu'il y a un accord avec François Bayrou et le gouvernement sur les options qui seraient soumises à un référendum. Vous voyez, tout ceci est compliqué. Alors, est-ce que ça permettrait au président de reprendre la main ?
On voit bien qu'il fait toujours l'objet d'un rejet personnel très élevé, puisque les Français restent majoritaires à demander sa démission. Bref, les indicateurs ne sont pas bons, la cote de confiance est très basse. Dans ce contexte-là, organiser un référendum, on connaît la musique. Est-ce que ce ne sera pas, quel que soit le sujet, un plébiscite, un anti-plébiscite pour le coup, quant au résultat ? Est-ce que ce ne sera pas tout de suite une occasion de se défouler contre le président ?
Le contexte semble peu propice à un référendum, de mon point de vue. Philippe Moreau-Chevrolet, est-ce que ça peut être un bon calcul ? Ça peut quand même aussi lui permettre, par exemple, de contourner une Assemblée nationale dont il a perdu le contrôle, de demander directement aux Français leur avis ? Oui, mais la question, ça risque d'être non, parce qu'on ne veut pas démener le Macron. Donc la réponse ne sera pas une réponse à la question. Ça va être une réponse à la question implicite qui est « comptez-vous me garder au pouvoir ? »
Donc ça, ce n'est pas une très bonne idée. Puis sur quoi faire le référendum ? Sur l'immigration. Ça revient à donner les clés du débat à l'extrême droite. Ce qui n'est pas possible pour l'instant, au niveau de la Constitution. Ce qu'il a déjà beaucoup fait, donc le faire encore plus, c'est le faire sur la fin de vie. Il ne le fera pas parce qu'il n'est pas ancré là politiquement. Il a ancré la fin de son mandat à droite, donc on l'imagine mal. Ça pourrait être sur une thématique comme les retraites, une façon de redonner au peuple...
Le choix sur les retraites, une façon de faire un méal coup le pas. Mais il faudrait énormément de courage politique et de vista politique pour faire un truc pareil. Je ne crois pas du tout à l'hypothèse du référendum. Je crois qu'il a un peu improvisé. Il a dit un truc pour écrire un truc, comme il le fait souvent. Peut-être une convention citoyenne. Mais je crois que les élections ont très probablement plutôt une dissolution de l'Assemblée nationale. C'est plutôt ça qu'il a voulu dire. Le problème de tout le reste, c'est que c'est un coût politique très élevé. Et puis surtout,
On ne peut pas déclencher un référendum comme ça. Il faut passer par le Parlement, il faut un accord des chambres. Ça n'est pas improvisé. Valérie Gasse, que pense justement le camp macroniste d'une idée d'un référendum ? Est-ce qu'on sait ce qu'ils en disent ? Alors, le camp macroniste, ça, franchement...
Ils ont été comme tout le monde. Il y a un certain flou sur ce qu'a dit Emmanuel Macron parce qu'il a parlé de consulter les Français. Je ne sais plus quel était le terme exact. De faire trancher. De faire trancher les Français sur certaines questions. Forcément, le rapport tout de suite, et il le sait bien quand il prononce ces mots-là, tout le monde pense à des référendums. D'ailleurs, il avait précédemment dit qu'il pourrait en effet en organiser. Mais il reste flou.
Et dans l'entourage du président, on dit référendum, convention citoyenne. Ce n'est pas tranché. En tout cas, il y a une espèce d'emballage du cadeau des voeux de la part des proches d'Emmanuel Macron pour ménager un petit peu toutes les pistes.
Il est vrai, comme on le disait précédemment, que les vœux, ça lui donne l'occasion de lancer quelque chose. À un moment où on parlait essentiellement de sa démission, où tout le monde disait que maintenant, la situation pouvait être telle qu'il serait obligé, ses adversaires politiques, certains le souhaitent, Jean-Luc Mélenchon le premier. Donc...
Mettre autre chose dans le débat, c'était aussi un moyen de faire une espèce de diversion sur la dernière option des options possibles en disant qu'il lui restait quand même quelques armes institutionnelles. Donc il a une partie dans sa main, en effet, pas la totalité, mais il peut décider d'organiser un référendum. Après la question, le sujet sera négocié.
Mais voilà, je pense qu'il y avait en fait une espèce de stratégie politique pour dire j'ai encore, je ne suis pas complètement fini et je peux encore agir par tel et tel levier. Et surtout, vous le rappelez, Philippe Moreau-Chevrolet, il faudrait avoir beaucoup de courage pour lancer ça. Olivier Roucan, on évoquait ces conventions citoyennes sur la fin de vie, sur le climat finalement. Est-ce que ça, ça a un impact ?
vraiment pour relancer la popularité d'un président ? Est-ce que vraiment ça a marché ? Est-ce que ce serait pas plus courageux justement de se lancer dans le bain du référendum, dans une campagne pour un référendum ?
Je ne suis pas sûr. Vous employez à plusieurs reprises le terme de courage. Que le courage soit forcément un axe d'action pour les politiciens. Pourquoi demanderait-on aux politiciens d'avoir du courage ? Je ne sais pas si c'est si important que ça. Mettons qu'il en est...
du courage. Une convention citoyenne, si vous voulez, il en a déjà fait deux et dans les deux cas, les suites ont déçu. Donc il y a un effet déceptif
de ces dispositifs. Et ensuite, il y a une compréhension par l'opinion publique qui n'est pas encore acquise, puisque vous aurez une grande partie des Français, pour faire court, qui va douter en termes de proportionnalité. Il y a 47 millions d'électeurs. Si vous donnez à 100, 200 personnes la fabrication d'un projet,
en suivant ces dispositifs qui sont très intéressants, vous aurez toujours une partie de l'opinion qui va dire, mais on ne va pas permettre à 200 personnes de décider à la place des 47 millions. Donc, il y a un doute là-dessus. Il faut progresser en termes de culture, de démocratie participative pour que toutes ces choses...
permettent à un président, s'il se lance dans ces opérations, d'avoir un fort gain de popularité avec ces outils. La culture n'est pas encore assez installée. Et puis encore une fois, les deux expériences qui viennent d'avoir lieu ont donné des résultats en termes législatifs ensuite décevants. C'est-à-dire que ceux qui participent à ces dispositifs ensuite sont déçus et ils le font savoir.
Alors, on évoquait, je vois bien que vous n'êtes pas très convaincu par l'idée de référendum. En tout cas, ce n'est pas forcément un bon calcul politique. Un référendum, si on voulait faire un référendum constitutionnel, il faudrait un accord du Parlement. Donc, ça, on ne l'imagine pas. Si ce n'est pas un référendum constitutionnel, ça va être un référendum sans grande portée. Ça suppose quand même qu'il y ait un accord de la classe politique en général ou un certain consensus. Poser une question au peuple sur quoi ?
Sur quoi on va l'interroger ? Ce qui pourrait avoir du sens, c'est de changer le régime. Il faudrait passer à une sixième république. Je pense que là, il y aurait peut-être une perspective que les gens disent oui, si le président disait ce que vous êtes d'accord, pour qu'on clarifie la situation d'un point de vue institutionnel. Donc on retire le Parlement du jeu ou on retire moi, on fait un choix, quoi, pour éviter d'avoir le blocage actuel. Et là, oui, mais ça, c'est impossible. C'est de la politique fiction, puisque le Parlement n'acceptera jamais...
de valider un truc pareil. On évoquait, sinon, en début d'émission, la possibilité pour Emmanuel Macron aussi de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale. Est-ce que ce serait un bon calcul pour cet été ? Oui, il risque d'être obligé de le faire de toute façon. Ce n'est pas un bon calcul. En fait, ce qu'il a fait avec la dissolution, c'est l'une des pires fautes politiques de la Ve République. On vit là-dedans depuis. Sa popularité s'effondre à cause de ça. La situation économique du pays s'aggrave à cause de ça.
Donc, il faudrait soit une dissolution du Parlement pour essayer de changer les choses, mais on risque d'avoir exactement la même chambre. Soit une démission de sa part, ce qui ne fera pas parce que ça ajouterait au désordre ambiant, ce serait pire que tout.
Je ne sais pas ce qu'il faut en réalité. Ce qu'il faudrait, c'est qu'il ne fasse rien. Qu'il se taise et qu'il laisse le Parlement travailler, ça, ce serait fantastique. Valérie Gasse ? S'il devait dissoudre, ce ne serait pas parce qu'il aurait fait cette fois-ci encore un calcul qui était mauvais la première fois, en tout cas qui n'a pas du tout abouti à ce qu'il espérait obtenir en organisant cette dissolution, en décidant cette dissolution. Ce serait parce qu'il y serait contraint.
Là, on voit que François Bayrou est en train d'essayer de négocier pour tenter de faire adopter un budget sans être censuré. Et donc, si jamais il n'y arrivait pas, si jamais il tombait sous le coup d'une censure assez rapide,
dans les semaines qui viennent et qu'il y ait de nouveau une crise gouvernementale, de nouveau la nécessité de nommer un nouveau Premier ministre ou de renommer l'ancien qui se retrouverait dans la même situation. En fait, il y aurait toute une cascade de crises politiques qui pourraient conduire à le Président quand il en aurait la possibilité institutionnellement, c'est-à-dire pas avant le mois de juin, juillet prochain. Donc ça veut dire que ça aurait lieu à la rentrée.
pour essayer de couper court et de retrouver une assemblée où il y aurait peut-être un peu plus de majorité. Mais en aucun cas, ça pourrait être un choix par un calcul politique pour essayer de retomber sur ses jambes. Ce serait qu'on serait arrivé à un tel niveau de crise qu'il n'y aurait plus d'autres possibilités. Ou alors, de passer à l'étape d'après, c'est-à-dire de démissionner comme certains lui suggèrent déjà.
18h45 à Paris. Le débat du jour. Emmanuel Macron peut-il reprendre la main ? On en parle avec nos trois invités. Valérie Gasse, chef du service politique de RFI. Olivier Roucan, du Centre d'études et de recherche de sciences administratives et politiques.
et Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique. On continue à chercher des solutions un peu pour Emmanuel Macron. Olivier Roucan, est-ce qu'on pourrait aussi imaginer qu'Emmanuel Macron puisse finalement accepter de gouverner avec les oppositions et qu'il nomme un Premier ministre, par exemple, socialiste, qui tende la main vers les oppositions un peu plus clairement ? Si vous voulez...
Pour nommer un nouveau Premier ministre, il faudrait déjà qu'il y ait une crise et que François Bayrou n'arrive pas à traverser, je dirais, les mois qui viennent. Et donc, ça veut dire qu'il y aurait encore une crise. Et je ne suis pas sûr que...
même cette ouverture, on va dire, ne soit pas usée à l'avance. C'est-à-dire que pour lui, ça apportera très peu de choses. Il retirera d'une ouverture trop tardive sur sa gauche une légitimité très faible. Le président est affaibli. Et une nouvelle crise avec un nouveau Premier ministre, enfin nomination d'un nouveau Premier ministre,
Aujourd'hui, c'est un outil qui est usé. Le Premier ministre n'est plus un fusible qui protège le président de son impopularité. Ça ne fonctionne plus. C'était déjà abîmé, mais alors là, pour le coup, c'est désuet comme idée. On parlait tout à l'heure de...
d'une entame un peu institutionnelle. Oui, par exemple, lancer un grand projet peut-être de convention, citoyenne ou pas, mais de convention de refonte des institutions. Mais quelque chose d'un peu massif. Ça, c'est une idée qu'il n'a pas utilisée jusqu'alors, qui pourrait peut-être le sortir un peu de l'ornière, à condition qu'il y ait derrière ce projet un élan. C'est-à-dire que ce n'est pas lui tout seul qui peut porter ça. Enfin,
Voilà, ça, ça pourrait être une idée. Et ensuite, je pensais, finalement, au chevrolet de l'idée tout à l'heure, il doit laisser faire. Je crois que pour l'instant, en effet, il doit laisser faire, notamment François Hébert Roux, qui peut-être peut arriver à quelque chose et se recentrer sur l'international, peut-être sans avoir l'idée de créer une polémique tous les 15 jours.
dans ce domaine. Valérie Gass, il n'y a rien à faire. Vous partagez un peu cet avis. Pour l'instant, il faut rester l'orient dire. Je pense qu'en effet, Emmanuel Macron est arrivé à un moment où ça va être très difficile de récupérer en popularité et c'est quasi mission impossible. Ce qu'il a en effet de mieux à faire, est-ce qu'il pourrait faire qu'on l'oublie un petit peu ?
et que le débat politique se recentrant sur autre chose, finalement, il puisse en effet gérer les affaires internationales
le domaine régalien sur lequel il pourrait se recentrer. Il faudrait pour ça qu'il y ait de la stabilité politique. Si François Bayrou réussit à se maintenir et à gérer, à faire passer un budget, les Français vont petit à petit oublier cette dissolution qui a produit tant de mois d'instabilité. Et de ce point de vue-là, ça laisserait un petit peu de répit à Emmanuel Macron. Est-ce que ça voudrait dire qu'il arriverait ?
juste par ça, à retrouver un peu la confiance de ses concitoyens, à renouer un lien avec eux, là, c'est autre chose. Mais il en est à un tel point que, certes, la question de la démission, il l'évacue, tout son entourage l'évacue comme si elle n'était inenvisageable, il n'empêche que
Peut-être que la situation politique pourrait le contraindre à envisager cette solution. Donc il en est à... C'est pas tellement essayer de redevenir populaire, c'est juste essayer de faire en sorte de ne plus continuer à baisser encore dans la popularité et à prendre sur lui tout le ressentiment des Français.
à en faire partager une petite partie par un Premier ministre, un gouvernement qui agirait et qui pourrait donner l'impression aux Français qu'on est revenu dans une situation dans laquelle ils sont habitués, un gouvernement qui gouverne et qui fait avancer petit à petit le pays avec éventuellement un budget ?
qui permet de payer tout le monde, d'honorer les réformes qui ont été engagées, ce genre de choses. Donc la situation d'Emmanuel Macron, pour moi, elle est vraiment difficile et difficilement récupérable. Mais en effet, je suis d'accord, se faire un peu oublier et passer la balle dans le camp gouvernemental, ça pourrait l'aider. Sauf que dans ses voeux, on a bien senti que cet Emmanuel Macron qui avait tenté de se mettre un peu en surplomb, en recul, et de dire « je préside, je ne gouverne pas »,
Il a bien du mal. Et c'est le principal problème d'Emmanuel Macron. Cette situation est un calvaire pour lui. Il aime avoir toutes les manettes, peser sur toutes les décisions jusqu'à la plus petite. Il s'enorgueille de tout savoir, de tout connaître jusqu'au moindre élu local. Et là, on lui retire tout d'un coup et on lui dit...
de se concentrer sur des affaires certes très importantes internationales, mais on lui retire vraiment le fondement de ce qu'il avait envie d'avoir et qu'il estime devoir faire. Donc cette situation de recul de surplus, on voit mal comment il va la tenir encore. Philippe Moreau-Chevrolet, mais justement, est-ce qu'il n'aurait pas intérêt à se pencher, puisqu'il n'y a rien à faire au niveau national, à se pencher un peu plus sur des dossiers internationaux comme la guerre en Ukraine ? Spontanément, on a envie d'apprendre oui.
Au vu de ce qu'il fait, on a plutôt envie de répondre non. Arriver à dire à des chefs d'État africains qu'il faut qu'ils leur merci s'agissant de nos anciennes colonies. C'est ce qu'il a dit lundi à la conférence des ambassadeurs. Il a exprimé à haute voix le fait qu'il trouvait que les gens étaient ingrats collectivement et qu'il le sentait à titre personnel. Donc ça renvoie à un message qui n'est pas un message de lucidité sur sa situation actuelle.
Moi, je pense qu'il faut que son entourage, peut-être, lui explique la situation avec honnêteté, avec réalisme, et que lui prenne une cure de silence, où il ne parle pas. Il essaye peut-être de changer sa manière de communiquer de manière assez forte, en essayant de se dire, voilà...
Je ne me parle pas à moi-même, je parle à des gens qui sont dans une situation qui est une situation de stress extrême. Tous les sondages le disent, les Français sont inquiets à plus de 80%. C'est historique comme score. Ils ont subi une inflation qui est certes en voie de décélération de sa vitesse, je ne sais pas quelle formule on emploie, mais qui a fait des ravages dans le pouvoir d'achat et des ravages dans le pays. Cette situation, c'est la leur. Le problème n'est pas moi, je, le problème c'est...
Nous, collectivement, il faut éviter de dire « ils » comme Brigitte Macron à propos des Français. Ils ne comprennent pas, ils... Non, c'est nous, en fait. S'il arrive à ce miracle qui consisterait à se dire que la solution passe par une remise à plat de l'empathie et le fait de parler en disant « nous », en essayant d'incorporer la souffrance des gens qui est plus que réelle, il a une chance. Parce qu'en fait, les gens n'attendent qu'une chose, c'est qu'il arrête de s'exprimer comme Emmanuel Macron et qu'il commence à parler un peu plus...
au niveau des gens. Mais pourquoi il ne le fait pas déjà maintenant ? Parce qu'il n'est pas lucide, il est prisonnier de l'Elysée comme tous ses prédécesseurs. Il est devenu un peu inatteignable parce que vous êtes dans une cour et qu'en France, on a une
monarchie constitutionnelle qui change de proie tous les 5 ans. Pas dans son cas, non, d'ailleurs. Mais on a l'habitude d'avoir une cour. On a cette habitude depuis des siècles. Ça ne va pas changer demain. Olivier Roucan, vous voulez rebondir ? On n'a pas de Saint-Simon. On n'a pas de second degré. J'ajouterais peut-être à ce trait institutionnel qu'il y a quand même une variété des incarnations et des stratégies institutionnelles. Emmanuel Macron n'a
a une difficulté à sortir d'un piège dans lequel il s'est mis très peu de temps après sa première élection, qui est ce président autoritaire, descendant. Il s'est très vite coupé, on va dire, d'une incarnation dite de proximité dans laquelle Jacques Chirac ou François Hollande, qui était très impopulaire, mais il n'a jamais vraiment perdu François Hollande d'un certain lien de proximité. Il n'a jamais été détesté.
comme l'est Emmanuel Macron, ou un autre président qui pouvait paraître un peu hautain comme François Mitterrand, lui aussi, malgré tout, avait toujours veillé à garder, à sillonner le pays, à garder un lien. Et ça, Emmanuel Macron, c'est la période
de prédilection pour lui. Est-ce que ce n'est pas aussi parce qu'il promettait beaucoup de changements ? C'était l'homme qui n'appartenait à aucun parti et au fond... Ça fait un moment que c'est un peu usé cette affaire de la révolution Macron. Il est au pouvoir depuis plus de sept ans. Donc...
En plus, il ne peut pas se représenter. C'est le moment où il pourrait être en empathie avec les Français ou essayer de jouer cette stratégie. Mais il ne joue pas parce qu'il est dans cette image. Il n'a pas changé. Finalement, ça a été dit tout à l'heure. On le voit un peu dans ses voeux. Il est dans un moment où il n'est pas à l'aise. Ça a été dit par Valéry Gass tout à l'heure. Il est fondamentalement
Il veut fondamentalement être le Jupiter du début, c'est-à-dire ce président en effet vers qui tout remonte et de qui tout descend. Alors il a tenté de faire un discours du président à portée de baffe en allant voir les gens souvent derrière des barrières lors de déplacements. Il en a fait beaucoup des déplacements où il a croisé des gens qui de petit à petit tout au long de ces années de pouvoir sont devenus de plus en plus désagréables et lui ont fait de plus en plus de représentations.
Le problème d'Emmanuel Macron, c'est que ce lien avec les Français, il n'arrive pas à nouer. Et quand il se dit qu'il va faire comme les Français, c'est pour parler d'une certaine manière qui ne lui correspond pas. Et c'est là qu'il fait ces petits dérapages verbaux, qu'il dit ces choses qui heurtent les Français en
en voulant presque bien faire, parler comme ce qu'il imagine être le langage du français moyen. Et du coup, il tombe à côté parce que ce n'est pas lui. Et donc, en fait, Emmanuel Macron, il est dans lui-même. C'est-à-dire qu'il veut faire autre chose, mais c'est quasiment impossible. Sa personnalité est telle. Et quand on parle de son entourage, c'est vrai, on se dit souvent, moi qui le suis beaucoup sur le terrain,
Mais pourquoi ces conseillers, même sur l'international, ne le mettent pas en garde ? Comment on a pu le laisser dire ça ? Eh bien oui, il y a le phénomène de cours autour d'un président de la République. Avec Emmanuel Macron, j'ai l'impression, encore pire qu'avec les autres, depuis le début, on l'appelle le chef.
La campagne présidentielle des Amersfoort, même qu'il soit élu en 2017, c'est le chef, ça reste le chef, le patron. Il y a quelque chose de... Personne n'ose vraiment, je crois, lui dire la vérité. Et pour peut-être ceux qui lui ont dit, il ne l'entend pas toujours.
Il nous reste un peu plus d'une minute, Philippe Moreau-Chevrolet. On parlait en début d'émission de l'héritage de Jean-Marie Le Pen. Et finalement, quel sera l'héritage d'Emmanuel Macron ? Que va-t-il laisser derrière lui ? Il va laisser derrière lui un champ de ruines politique parce qu'il a détruit tous les partis institutionnels installés. On a utilisé le chef de l'État autant qu'il nous a utilisés pour ça. Je pense que c'était aussi le désir des Français de détruire et d'être dans cette destruction.
Et donc, la question, c'est comment on reconstruit ? Et là, il y a des gens qui sont beaucoup, beaucoup plus actifs, organisés, forts que nous, qui sont Elon Musk, qui sont Vladimir Poutine, qui sont Xi Jinping, qui sont des gens extrêmement plus forts que nous dans la construction. Il va falloir que l'Europe et la France s'inventent une identité et qu'on tienne compte du fait que c'est urgent. Olivier Roucan, rapidement sur l'héritage du macronisme. Est-ce que le macronisme va survivre après 2027 ?
Je ne sais pas trop ce qu'est le macronisme. Et les macronistes non plus. Plus personne ne sait ce que c'est que le macronisme. Le macroniste a tendance à être Emmanuel Macron et justement, après Emmanuel Macron...
Si c'est un centrisme polarisé... Yann Rialatane essaye de faire en sorte qu'on n'y pense plus assez rapidement. Si c'est un centrisme polarisé, il est difficile de dire si ça va durer. Merci à tous les trois d'avoir accepté notre invitation. Valérie Gasse, chef du service politique de RFI, Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po, Olivier Roucan, enseignant-chercheur au CERSA. Dans un peu plus d'une demi-heure...
Afrique Soir, avec vous, Zéphirin Kouadio, bonsoir. Bonsoir, bonsoir à toutes et à tous. Au programme. Au programme, le Bénin où 28 soldats ont été tués à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso. C'est ce que rapporte en tout cas une source militaire. Les attaques, faut-il le rappeler, dans le nord du Bénin ont augmenté ces dernières années et sont attribuées par les autorités à des combattants djihadistes du groupe État islamique venus des pays voisins où ils prospèrent. Nous reviendrons également sur l'attaque civile
du palais présidentiel hier soir à N'Djamena, la capitale tchadienne. Selon le gouvernement, 24 personnes auraient tenté de pénétrer dans l'enceinte de la résidence du président. Bilan 20 morts, 18 assaillants et 2 militaires. Le ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement s'est voulu ce matin rassurant devant les diplomates.
Et puis, nous jetons également un coup d'œil au nouveau rapport du groupe d'experts onusiens sur la situation dans l'Est de la République démocratique du Congo. Un rapport qui confirme que la zone contrôlée par le mouvement rebelle M23 et les forces de défense hollandaise a augmenté entre avril et début novembre, malgré le cessez-le-feu signé par les partis au conflit. Andévo dans une demi-heure. 18h30, temps universel. D'ici là, on se retrouve dans quelques secondes pour le journal.