Neuf contes d'Andersen. Choix des textes et adaptations. Baptiste Guitton. Réalisation. Mélanie Péclat. Bonjour, je suis Claire Fégrain et je vais vous lire La princesse sur un poids. Il y avait une fois un prince qui voulait épouser une princesse. Mais une princesse véritable.
Il fit donc le tour du monde pour en trouver une et, à la vérité, les princesses ne manquaient pas. Mais il ne pouvait jamais s'assurer si c'était de véritables princesses. Toujours, quelque chose en elle lui paraissait suspect. En conséquence, il revint bien affligé de n'avoir pas trouvé ce qu'il désirait.
Un soir, il faisait un temps horrible. Les éclairs se croisaient, le tonnerre grondait, la pluie tombait à torrents. C'était épouvantable. Quelqu'un frappa à la porte du château et le vieux roi s'empressa d'ouvrir. C'était une princesse, mais grandieuse, comme la pluie et l'orage l'avaient arrangée.
L'eau ruisselait de ses cheveux et de ses vêtements, entrait par le nez dans ses souliers et sortait par le talon. Néanmoins, elle se donna pour une véritable princesse. « C'est ce que nous saurons bientôt », pensa la vieille reine. Sans rien dire, elle entra dans la chambre à coucher, ôta toute la litterie et mit un poids au fond du lit.
Ensuite, elle prit vingt matelas qu'elle étendit sur le poids et encore vingt édredons qu'elle entassa par-dessus les matelas. C'était la couche destinée à la princesse. Le lendemain matin, on lui demanda comment elle avait passé la nuit. « Bien mal, » répondit-elle. « À peine si j'ai fermé les yeux de toute la nuit. Dieu sait ce qu'il y avait dans le lit, c'était quelque chose de dur qui m'a rendu la peau toute violette. Quel supplice ! »
À cette réponse, on reconnut que c'était une véritable princesse, puisqu'elle avait senti un poids à travers vingt matelas et vingt édredons. Quelle femme, sinon une princesse, pouvait avoir la peau aussi délicate ? Le prince, bien convaincu que c'était une véritable princesse, l'a pris pour femme. Et le poids fut placé dans le musée, où il doit se trouver encore, à moins qu'un amateur ne l'ait enlevé.
Voilà une histoire aussi véritable que la princesse. C'était La princesse sur un poids, traduit par David Soldi et lu par Claire Fégreux. Retrouvez le générique complet sur le site franceculture.fr et l'application Radio France.