franceinfo junior. Animaux, vertige, sang... pourquoi a-t-on des phobies ?
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France Info

C'est l'un des nouveaux mots qui viennent d'entrer dans le dictionnaire Larousse 2025. Autophobie, A-U-T-O-P-H-O-B-I-E, rien à voir avec les voitures, ça désigne la peur à l'idée de se retrouver seul. Nous parlons de nos phobies en général dans France Info Junior. Avec vous Antoine Pellissolo, bonjour. Bonjour. Psychiatre, chef de service au CHU Henri Mondor de Créteil. Vous allez répondre au CM2 de l'école Charles Jarin, c'est à Bourg-en-Bresse. Et nous commençons avec Yousra. Pourquoi on a des phobies ?

Alors parce qu'on a tous en tout cas des peurs et que la phobie c'est en fait une exagération de la peur pour nous défendre normalement face à des vrais dangers.

Et quand on a une phobie, c'est que la peur est trop forte par rapport au danger réel. Et on ne sait pas pourquoi certaines personnes ont plus de phobies que d'autres. Probablement qu'ils ont eu dans leur histoire peut-être des choses qui les ont un peu plus stressées ou plus perturbées que d'autres, mais pas toujours. Il faut considérer que c'est ça, que c'est une peur qui est mal réglée par rapport à la réalité. Et puis une exagération de la peur, mais qui vise un sujet précis ?

Alors, qui peut concerner un sujet précis, parfois très, très, très spécifique, en effet. Mais il y a des phobies multiples aussi. On peut avoir plusieurs sources de peur, par exemple, comme le fait de sortir de chez soi, de s'éloigner de chez soi, ce qu'on appelle l'agoraphobie, entre autres.

Donc là, ça peut concerner beaucoup de situations différentes ou également les phobies qu'on appelle sociales qui sont en fait les peurs de la relation à l'autre. Et là, ça concerne plein de situations de la vie quotidienne, que ce soit une seule personne qui vous impressionne beaucoup ou un groupe quand il

Il faut parler, par exemple, devant la classe ou devant d'autres personnes. L'autophobie, c'est une phobie sociale ? Alors, c'est probablement un mélange des deux dont je vous ai parlé. L'agoraphobie, parce qu'agoraphobie, c'est surtout la peur de quelque chose qui pourrait mal se passer quand vous êtes seul, justement, et de ne pas pouvoir être aidé à ce moment-là. Donc, si on a peur d'être seul, c'est vrai qu'on peut avoir peur aussi de manquer de l'autre, d'une certaine manière, de se retrouver...

perdu ou de manquer d'affection, par exemple. C'est un autre sujet qui est plutôt de l'anxiété dans ces cas-là. Une question de Niouma. Quelle est la phobie la plus commune ? Moi, j'ai le vertige, par exemple. Est-ce que c'est la phobie la plus commune ?

Probablement avec une autre catégorie qui concerne les animaux. On a plutôt tendance à compter plus de phobies d'animaux, les chats, les chiens, les souris, les insectes, les rats. Donc là, si on les rassemble tout ensemble, ça fait la plus grande catégorie.

Mais c'est vrai que la hauteur, c'est-à-dire le vide, le vertige, en effet, et l'obscurité, le noir, c'est-à-dire des conditions naturelles, c'est aussi une phobie très courante. Donc, les trois dans le palmarès, il y a la phobie des animaux, les conditions naturelles, le vertige notamment, et le troisième, c'est le sang, la vue du sang, les blessures, tout ce qui est corporel et qui, en général, crée un vrai malaise.

On continue avec Hamza. Est-il possible d'avoir plusieurs phobies ? Alors vous avez déjà répondu, mais est-ce que c'est possible d'avoir une quantité impressionnante de phobies où en général on se limite à une, deux, trois ? En général c'est ça, c'est plutôt une, deux ou trois phobies.

Après, on est plutôt dans ce qu'on appelle des troubles anxieux, où quand on a beaucoup de peurs différentes, c'est quelque chose qui est plus large et qui existe. Malheureusement, il y a des gens qui peuvent développer des troubles anxieux et phobiques larges. C'est cela qu'il faut le plus aider, souvent avec des consultations, parce que ça se soigne très bien par ailleurs. Donc c'est plutôt important de le reconnaître et de se faire aider. Une question de Timéo. Est-ce que ça existe la phobie de l'école ?

Absolument, absolument, puisqu'on appelle ça même la phobie scolaire dans notre jargon. C'est soit la phobie à l'école, parce que j'ai peur par exemple du regard des autres, donc une phobie sociale, relationnelle qui se manifeste à l'école en particulier, soit vis-à-vis des autres enfants, soit vis-à-vis des enseignants, des professeurs, des maîtresses. Le regard de l'autre, c'est une forme de phobie scolaire. Il y a aussi surtout la

peur des résultats de l'école, c'est-à-dire la peur des examens, la peur de ne pas être à la hauteur, de pouvoir suivre les cours. C'est une explication qui peut faire peur à l'école. Et puis la troisième, c'est en fait, là aussi, de s'éloigner de sa famille, d'être séparé de ses parents pendant l'école, pendant...

Et donc ça, c'est aussi une autre explication de la phobie scolaire qui est l'anxiété de séparation ou la phobie de la séparation. C'est même assez courant, la phobie scolaire.

Alors ça a surtout tendance à augmenter ces derniers temps, oui. Ça a toujours existé, mais je crois qu'aujourd'hui, il y a des conditions de vie et d'inquiétude de tout le monde qui font que c'est plus fréquent. En tout cas, on en parle plus. Probablement, avant, c'était un peu caché, on ne voulait pas en parler, ça faisait un peu peur à tout le monde, ça faisait honte un peu aussi. Mais aujourd'hui, c'est bien d'en parler et on a aussi des solutions à mettre en place. Et nous retrouvons Hamza. Que faire quand on a peur des fonds marins ?

Des fonds marins, alors ça c'est surtout pour les gens qui sans doute vont en vacances au bord de la mer parce que sinon c'est pas très handicapant. Mais vous avez parlé de consulter tout à l'heure. Qu'est-ce qu'on peut faire quand on a une phobie comme ça ?

Alors, on peut prendre l'exemple de la phobie des fonds marins ou de l'eau, parce que ça, la peur de nager aussi, ou de ne pas nager justement dans l'eau, dans la mer, de ne pas avoir pied à la piscine, etc., c'est aussi très courant. Alors, la première chose, c'est valable pour tout, c'est un, de bien admettre que c'est comme ça, que ça existe, qu'on a des difficultés sur une situation, et c'est-à-dire d'accepter d'en parler à quelqu'un, parce qu'on ne peut pas se débrouiller tout seul en général pour surmonter ça, donc d'en parler à ses parents, à ses proches, etc.,

pour voir comment on peut se faire aider. Surtout, une chose essentielle, c'est petit à petit de ne pas fuir cette situation-là, c'est-à-dire de s'y confronter malgré tout. Alors, il faut s'y préparer, par exemple, le faire par étapes. On commence par des petites choses d'abord. Par exemple, quand on a peur de l'eau,

Par définition, on ne va pas se jeter à l'eau sans savoir nager. C'est une image, mais ça correspond aussi à la réalité. C'est-à-dire qu'on va faire des petites séquences où on va se mouiller les pieds, on va aller un peu plus loin dans l'eau. Et c'est comme ça qu'on va s'habituer à la peur. Ce n'est pas qu'on s'habitue à l'eau, parce que l'eau, on a l'habitude, mais on s'habitue à la peur qui, naturellement, c'est un mécanisme tout à fait...

mais vraiment puissants d'auto-guérison, on peut dire, on va petit à petit se guérir de la peur. Et c'est vraiment ce qu'on appelle des thérapies comportementales. Ça peut se faire avec des psychologues, des thérapeutes quand on en a vraiment besoin, mais on peut aussi par soi-même

éviter d'éviter, c'est ça le mot-clé, plus on évitera les choses dont on a peur, plus on risque d'en avoir encore plus peur. Donc la bonne stratégie, avec une préparation et en le faisant de manière douce, il ne faut pas se faire violence, mais il faut à tout prix ne pas renoncer à faire les choses et y aller petit à petit, mais à se confronter dans la réalité de cette situation.

de ces situations.