France Info. France Info Junior, des questions d'enfants sur leur santé mentale aujourd'hui. Bonjour, on est sur France Info Junior. On est les AMDC de l'école Louise Michel à Vignes-sur-Seine. On va parler de santé mentale. Et oui, parce que le Haut Conseil de la Famille présente aujourd'hui son rapport sur la santé mentale des enfants.
Des ados qui prennent donc aujourd'hui la parole sur France Info et qui vous posent leurs questions. Marie-Rose Moreau, bonjour. Bonjour. Professeure de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'université Paris-Descartes et vous êtes chef de service à la maison de Solène, la maison des adolescents de l'hôpital Cochin à Paris. Première question de Kwame. Aujourd'hui en France, sur une échelle de 10, combien d'enfants sont déprimés ?
C'est bien, sur une échelle de 10, 2 à 3 enfants et adolescents, parce que c'est surtout les adolescents qui sont déprimés, sont déprimés. Donc c'est énorme. Tu vois, dans une classe de 20, ça veut dire qu'il y en a au moins 4 qui sont déprimés. Qui ont des problèmes sur leur santé et justement cette question de Rita. S'il y a des médecins exprès pour la santé mentale des enfants, il y a vraiment une différence entre la santé mentale des enfants et celle des adultes ?
Oui, alors la différence, c'est que les enfants et les adultes n'expriment pas de la même façon leur souffrance. Et donc, pourquoi il faut être spécialisé ? Pourquoi il faut apprendre à reconnaître ? Parce que, par exemple, un enfant...
Un adolescent déprimé, il peut jouer, il peut faire de la musique, mais il peut être déprimé quand même. Alors qu'un adulte, quand il est déprimé, il ne fait pas ses activités habituelles ou avec beaucoup de difficultés. Et donc oui, il y a une manière, disons, différente de montrer que l'on est déprimé. Question de Shaed et Kendrick. Je ne connais pas trop cette maladie, mais est-ce que c'est dangereux pour la santé mentale ?
Est-ce que des fois, vous avez déjà reçu des personnes qui n'allaient pas bien du tout, à un point qu'ils ne mangeaient plus, qu'ils ne dormaient plus ? Bon voilà, la santé mentale, on peut le dire à Chahed, ce n'est pas une maladie en tant que telle, mais en effet, quand ça ne va pas bien au niveau moral, ça peut avoir des effets sur notre corps. C'est très dangereux. Alors c'est dangereux pour le corps, effectivement, parce que, par exemple, si on ne mange plus, si on ne boit plus, parce qu'on est triste...
ou parce qu'on a l'impression que ça ne vaut plus le coup de vivre et que donc du coup on est replié, enfermé, triste, et bien c'est par exemple si je ne mange plus et je ne bois plus, je vais maigrir énormément, mais si je ne bois plus, en quelques jours, je risque ma vie. C'est dangereux pour la vie même, c'est dangereux pour le corps,
C'est aussi dangereux sur le plan psychologique parce que si je perds l'envie de vivre, je ne vais rien faire. Je vais même prendre des risques éventuellement et donc je peux mourir. Évidemment que l'école prend une grande place dans la vie des enfants. Question à ce propos d'Erwann, Kendrick et Mouna. Est-ce qu'il y a des enfants qui ne veulent plus aller à l'école parce qu'il y en a à l'école qui les embêtent ? Est-ce que des fois il y a des enfants à l'école qui...
On voit beaucoup de mots sur ce qu'est le harcèlement scolaire, finalement. Oui.
Oui, mais c'est très bien d'observer de la part de tous ces enfants qui viennent de décrire des situations différentes où, à l'intérieur de l'école, on n'est pas respecté, on est moqué, on n'est pas accepté tel qu'on est. Mais il y a une des enfants qui a dit que ça pouvait aussi se passer sur le chemin de l'école, où on peut être menacé, on peut être raquetté, il peut se passer des choses graves comme ça. Et effectivement...
il arrive que les enfants aient peur de tout ce qu'ils vivent à l'école ou sur le chemin de l'école et c'est tellement inquiétant pour eux. Ils se sentent tellement seuls face à ces critiques injustes ou à ces moqueries qu'ils n'arrivent plus à aller à l'école. Ce n'est même pas qu'ils ne veulent pas y aller, c'est qu'ils n'y arrivent pas.
Première chose, qu'on parle à la maîtresse, on parle à ses parents, on parle aussi d'ailleurs à ses amis, on leur explique ce qui est en train de se passer parce que souvent, ils n'en ont pas conscience et donc on ne reste jamais tout seul. Vraiment, la première chose, c'est de ne pas subir et de ne pas accepter parce que c'est les autres qui ont tort. Alors, je vous propose d'écouter maintenant Rita et Laura.
Des fois, je me sens triste, j'ai envie de pleurer, mais il ne s'est rien passé, je ne sais pas pourquoi. Ça arrive quand je suis stressée. Moi, quand je suis triste, je suis en colère. Quand on est triste, comment on peut faire pour en parler ?
Oui, alors Rita et Laura, elles disent qu'on peut avoir des émotions tristes qu'on ressent, mais d'abord sans savoir pourquoi. Et deuxièmement, on ne sait pas quoi en faire. En plus, c'est mélangé. Il y en a une qui dit que parfois, cette tristesse pour elle, ça la met aussi en colère. Et c'est vrai que les émotions sont parfois...
Alors, première chose à faire, c'est d'essayer de comprendre justement quelles sont nos émotions. C'est quoi ? C'est de la tristesse ? C'est de la colère ? C'est de la honte ? Qu'est-ce que je ressens ? Et déjà, que moi, je puisse me le dire, même si je ne sais pas d'où ça vient, mais que je puisse me dire ce qui m'arrive, en général, ça diminue. Et ça diminue le stress, parce que les émotions négatives, elles nous mettent en difficulté.
Une fois qu'on a identifié ce qui nous arrive, on essaye de diminuer la tension. On agit sur son corps aussi. Et on peut respirer, on peut aller marcher un petit peu et regarder quelque chose qui nous fait du bien, le ciel, ou aller lire un petit peu, même aller un peu jouer quel que soit le jeu. On sait que ça, ça nous fait du bien. Donc, il faut essayer de faire diminuer sa tension. Et après...
il faut essayer de l'exprimer, de le dire à quelqu'un de bienveillant. Merci beaucoup Marie-Rose Moreau pour tous ces conseils adressés à ces enfants de CM2 dans France Info Junior, alors que le Haut Conseil de la Famille présente son rapport sur la pédopsychiatrie, la santé mentale des enfants. Vous êtes, je le rappelle, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'Université Paris-Descartes, chef de service de la maison de Solène de l'hôpital Cochin à Pompidou.
Paris, France Info Junior, a podcasté sur l'appli Radio France. Émission préparée par Marie Mougin et Estelle Fort.