France Info. France Info Junior maintenant, plein de vie, plein d'allant, plein de rythme et de mélodie grâce à... Et les enfants de France Info Junior ont plein de questions sur cet artiste. Bonjour les enfants ! Bonjour ! On est sur France Info Junior, on espère que vous allez bien. On est les élèves 4ème 1 du collège Boisdonne de Confluence Tonoraine. Aujourd'hui, nous allons parler du phénomène musical Ayana Kamoura.
Dans l'actualité, parce qu'un livre à son sujet vient de sortir, Aya Nakamura, dictionnaire critique aux éditions J.C. Lattès, et vous en êtes l'auteur, Ismaël Merigéti, bonjour ! Bonjour, merci de m'accueillir. Eh bien merci d'être avec nous, en effet, pour répondre aux questions des enfants. C'est un autre Ismaël qui commence.
Pourquoi vous avez choisi Yana Kamoura pour faire un livre ? Très bonne question Ismaël. En fait, l'idée est venue au moment de toutes les polémiques, notamment les polémiques à connotation raciste qui ont entouré l'annonce de sa participation aux Jeux Olympiques. Je me suis dit, elle fait tellement débat, cette artiste qui a un succès phénoménal depuis une dizaine d'années en France, que ce n'est pas possible qu'elle représente la France et qu'il reste autant d'incompréhension à son sujet. Donc je voulais essayer de m'intéresser précisément à sa musique, à son parcours, à son image pour...
éventuellement faire taire les critiques. Votre livre est un dictionnaire, donc c'est un format intéressant. On a demandé aux enfants à Ismaël Merigéti quels mots ils choisiraient, eux, pour résumer ou pour définir Ayanna Kamoura.
Jaja, c'est un de ses tubes. Lyon, particulier et sa voix, c'est bien choisi. C'est des très bons termes parce que si on devait résumer Aya, ça serait quoi ? Ça serait une chanteuse déjà. Elle se qualifie comme telle, ce n'est pas une poète, ce n'est pas une écrivaine, c'est une chanteuse.
qui a un style particulier puisque ce qu'elle fait n'existait pas avant. C'est une révolution musicale dans la scène française. Ce mélange, cet alliage de différents univers, c'est inédit. Et puis Lyon, parce qu'on oublie trop souvent qu'elle a beaucoup de discours de puissance et d'indépendance, notamment vis-à-vis des jeunes femmes. On va y revenir. Et donc je trouve que c'est un très bon terme, Lyon.
Ismaël, vous dites justement, c'est tout nouveau ce qu'elle apporte à Aya Nakamura, c'est une hybridation, etc. De quoi est-ce que vous parlez ? Alors, Aya Nakamura est au carrefour de plusieurs inspirations. Elle va chercher du côté du zouk, donc des Antilles et des Caraïbes. Elle va chercher du côté des musiques nigériennes, donc tout ce qu'on appelle le naija musique, l'afrobeat.
et puis elle va se nourrir de variétés françaises par moment, de culture hip-hop à d'autres, de R'n'B même et donc elle fait la synthèse de tout ça et ça n'existait pas jusqu'alors. Justement, cette question de Tom...
Qu'avez-vous pensé de la prestation d'Ariane Nakamura à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques ? Elle chantait « Formidable » de Charles Aznavour avec la garde républicaine. Ça symbolise très bien ce que vous venez de dire, justement. Elle est capable de tout mélanger pour en faire quelque chose de neuf. C'est même encore plus que ça. C'est qu'elle sort de l'Académie française, après toutes les critiques qui ont consisté à dire qu'elle ne chantait pas français, qu'elle ne parlait pas français. Elle marche sur le pont des arts, preuve que sa musique...
n'est pas une sous-culture, mais vraiment de l'art. Et puis elle rejoint la garde républicaine, symbole de l'État, quand quelques semaines avant encore, beaucoup d'hommes politiques, même de représentants de l'État, la critiquaient sur les plateaux de télévision. Donc je trouve que le symbole est fort et en réalité, ça a fait taire beaucoup, beaucoup de critiques. C'était imparable, cette prestation. D'ailleurs, elle était dans une robe...
symbolisant un phénix qui relaie de ses cendres. Je veux dire, c'était la magnifique conclusion après des mois de polémique. Et votre livre est utile parce que c'est un paradoxe à Yann Akamura. C'est une superstar que tout le monde connaît, mais elle, personnellement, c'est vrai qu'on n'en sait pas grand-chose, d'où cette question de Philae. Qu'avez-vous appris sur Yann Akamura lorsque vous avez écrit ce livre ? Je la savais déterminée, je la savais convaincue à réussir, mais il y a des épisodes, notamment un que je raconte dans l'article « Comportement », qui est
qui reprend son premier grand tube national, où on se rend compte qu'elle agit beaucoup toute seule dans cette industrie où on est souvent très entouré. Et elle a été capable d'aller changer ses contrats auprès des grands patrons de maisons de disques. Elle a vraiment une vision et une capacité à se débrouiller toute seule que, j'avoue, je ne connaissais pas à ce point-là.
Femme puissante, comme vous l'aviez dit. Vous parliez des JO, de la vague de haine qu'elle a subie après que son mot a commencé à circuler pour cette cérémonie. Vous résumez ce qu'elle a subi avec un mot dans votre dictionnaire, misogynoir, mot qui a fait réagir Sowan. Misogynoir, je pense que ça représente les filles, la misogynie. Et noir, la couleur de peau. Déjà, c'est une fille et c'est une noire qui représente la France un peu.
Et du coup, c'est très important. C'est-à-dire qu'elle représente un peu les filles et les noirs du pays. Effectivement, je suis très content d'avoir pu mettre ce mot dans le dictionnaire parce que c'est un concept que beaucoup vivent depuis des années mais qui n'était pas théorisé tel quel en France et qui n'avait pas de popularité.
Et en fait, c'est le croisement de plusieurs discriminations. Effectivement, le racisme d'un côté, la misogynie, donc le mépris des femmes. Et puis même, il y a une troisième discrimination qui se rajoute à ça, c'est qu'Aïa est une personne noire à la peau foncée, ce qui est encore plus particulier, au sens où, vraiment, elle ouvre des portes que personne n'avait ouvert jusqu'à présent. On peut, je pense, tous compter sur les doigts d'une main le nombre de personnes noires, femmes à la peau foncée qu'on connaît et qui ont du succès en France. Donc, elle ouvre énormément de portes.
forcément, elle reçoit beaucoup de critiques de la part des racistes, tout simplement. Mais je pense que ça va donner naissance à beaucoup de vocations plus tard. Ayana Kamoura, source de critiques, mais elle a de toutes les façons un immense succès. On écoute Tom. Pourquoi est-ce qu'Ayana Kamoura, vous pensez que c'est la chanteuse la plus streamée en France ?
Et dans le monde. Déjà, est-ce que c'est la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde aujourd'hui devant Céline Dion ? Alors oui, de très loin en stream. Alors il y a une artiste aussi, une autre artiste noire, Iseult, qui a eu beaucoup de succès ces derniers mois et qui a eu des streams très très importants. Elle est plus écoutée qu'Angèle aussi, par exemple, à travers la planète. Oui, oui, oui. Elle atteint des territoires que d'autres n'arrivent pas à atteindre. Pourquoi ? Parce que justement, sa langue est un petit peu différente. Elle arrive à créer une hybridation du français qui lui permet d'aller jusqu'en Amérique latine, d'aller aux Etats-Unis, d'aller en Asie.
Donc, pourquoi c'est la plus streamée ? L'association des mots qu'elle utilise, des sonorités qu'elle va piocher et l'efficacité qu'elle a à trouver des mélodies qui restent dans la tête, ça c'est assez fort. Elle a créé son propre univers. Question d'Abdelmalek. Moi j'aime bien, c'est une bonne chanteuse. Après peut-être des fois on ne comprend pas trop les paroles quand elle parle, quand elle chante. C'est vrai que ça, il y a beaucoup de personnes qui vont se reconnaître là-dedans. Ce n'est pas facile de tout comprendre justement ce qu'elle a inventé sa langue ?
Alors déjà, il y a des gens qui disent qu'Aya, c'est pas Baudelaire. C'est vrai, Aya n'a jamais prétendu être Baudelaire. C'est une chanteuse et effectivement, elle va piocher des mots dans les langues africaines, dans les langues latines, en arabe. Elle va inverser des mots. Elle va même parfois créer des mots. Pourquoi ? Ça, c'est une forme de poésie quelque part.
part. C'est essayer de rentrer dans la tête des gens avec des nouvelles façons d'aborder des sujets. Et donc, tant mieux qu'on ne comprenne pas tout, mais ça reste dans la tête. Quand elle est arrivée en disant « je suis dans mon comportement », tout le monde a dit « c'est pas français ». Effectivement, c'est pas français, mais quelques années plus tard, on se rappelle de cette formulation-là et ça nous a marqués. Justement, on va écouter un extrait d'un des tubes d'Aya Nakamura, puis « Les enfants » ensuite. ... ... ...
En fait, elle dit Pouky et... Ferme la porte. Ferme la porte, elle a Pouky dans le sol. On ne sait pas très bien ce qu'elle dit. Elle explique quoi dans cette phrase ? Bon, déjà, qu'est-ce qu'elle chante précisément, Ayana Kamoura ? Est-ce que c'est vraiment ça ? Il y a de la Pouky dans le sale ou c'est autre chose ? Et puis, qu'est-ce que ça veut dire ? Alors, ce n'est évidemment pas dans le sale, c'est à la fois dans le side et dans le sas.
Qu'est-ce qu'elle veut dire par là ? Pouky, c'est de l'argot gitan, qui veut dire balance, donc quelqu'un qui dirait des ragots sur quelqu'un ou qui raconterait des choses fausses ou pas, mais sur quelqu'un, qui aurait une grande bouche, quoi. Ou qui va donner un suspect à la police. Et donc, ce qu'elle veut dire par là, que ce soit dans le side ou dans le sas, c'est qu'à proximité, il y a des gens
à qui on ne peut pas faire confiance. Si celles et ceux qui nous écoutent n'avaient pas compris cette chanson, maintenant, c'est réussi avec vous Ismaël Merigetti. On va se la remettre un petit peu, Pouky ?
C'est dans votre dictionnaire ou pas, Pouky, d'ailleurs ? Oui, évidemment que c'est dans notre dictionnaire, bien sûr. On retrouve pas mal des mots durs à comprendre d'Ayanakamura. Exactement, c'est aussi le but de décrypter un peu cette langue pour ceux qui se poseraient des questions. Que vous expliquez dans ce dictionnaire critique, Ayanakamura, aux éditions J.C. Lattès, ça vient de sortir. Merci beaucoup, Ismaël Merigetti, d'être venu répondre aux questions des enfants de France Info Junior. Une émission à podcaster sur l'appli Radio France, préparée par Marie Mougin et Stelfort.