C'est la grande cause nationale de cette année. C'est un sujet qui nous concerne tous directement ou autour de nous. La santé mentale et c'est dans France Info Junior aujourd'hui à l'occasion d'un documentaire diffusé ce soir sur M6. Bonjour tout le monde, on est sur France Info Junior. On est les CMDC de l'école Louise Michel à Vignes-sur-Seine et on va interviewer Camille Lacour.
Camille Lacour, champion de natation dans France Info Junior, bonjour. Bonjour à toutes et à tous. Merci beaucoup d'être avec nous. Santé mentale, briser le tabou est donc diffusé ce soir à 21h10 sur M6. Et vous témoignez, Camille, dans ce documentaire, des deux dépressions que vous avez traversées.
Tout comme le font d'ailleurs d'autres personnalités. Dans ce documentaire, il y a aussi des Français qui ne sont pas connus et qui prennent la parole. Et les enfants de France Info Junior qui vous interrogent ont pu voir votre témoignage dans lequel vous racontez notamment quand la dépression est arrivée. C'est à un moment assez précis. Oui, exactement. À Londres en 2012. À Londres en 2012, juste après un échec olympique où je finis 4. Et c'est vrai qu'à partir de là, il y a une remise en question violente et soudaine qui arrive.
Parce que vous arrivez champion du monde, champion d'Europe et vous terminez au pied du podium. Ce qui inspire cette question à Sophia. Vous avez eu la dépression à cause de la quatrième place ou c'est à cause d'une autre chose ? C'est vraiment arrivé d'un coup ? C'est arrivé d'un coup. Je pense que la quatrième place a vraiment déclenché quelque chose. J'aurais adoré vous raconter la même histoire avec une médaille autour du cou.
Mais moi, c'est comme ça que ça s'est passé. C'est une remise en question sur toute ma vie, sur est-ce que ça vaut vraiment le coup de s'infliger tout ça, d'avoir une telle rigueur de vie pour finir au pied du podium. Donc, j'allais aussi devenir papa quelques mois plus tard. Et je pense qu'il y avait aussi cette remise en question un peu plus large que...
que le sport. Mais c'est vraiment cette médaille en chocolat qui a eu un goût très amer et c'est vraiment ça qui a déclenché les quelques mois très difficiles derrière. Cette question de Sophie. Votre dépression, elle a duré combien de temps ? Elle a duré 2-3 mois, je pense. C'est assez compliqué de vraiment savoir quand est-ce que ça s'arrête. Mais je sais que...
Il y a eu la dernière échographie de ma fille qui allait naître fin octobre. Et quand j'y suis allé, ça a été le moment où j'ai commencé à me relever, à me reconnecter avec le présent. Ça a été le début de la fin. Alors, ça a mis encore un peu de temps, mais ça a été vraiment le premier pas vers un mieux et voir beaucoup mieux. Question de Kendrick maintenant. Est-ce que dès que vous êtes tombé en dépression, vos proches, ils l'ont remarqué ou alors vous l'avez dit au bout d'un moment ? Non, ils ne l'ont pas du tout remarqué. J'ai été...
C'est déjà à l'époque, on n'en parlait pas beaucoup, ni de dépression et encore moins de burn-out et encore, encore moins dans le sport. Et moi, je considérais que c'était juste une défaite très compliquée à digérer que je vivais. Donc, j'essayais d'avoir un autre visage devant mes amis, devant ma famille, mes très, très proches. Je savais que c'était un peu compliqué, mais je crois que j'ai réussi à minimiser l'impact que ça avait sur moi aux yeux des autres.
Question de Curtis maintenant. Est-ce que vous avez des enfants qui vont aider à sortir de votre problème et vous ont encore plus aidé pour vous remettre en forme ? Il vit juste, Curtis, je crois. Complètement. Ma fille, l'arrivée de ma fille, ça a été...
Le déclencheur pour aller mieux, pour me reconnecter au présent et aussi pour me réinventer, pour progresser et pour me retrouver. Et en fait, je crois qu'à chaque fois que j'ai vécu ces moments compliqués, j'avais l'impression d'être un peu déconnecté de moi-même. J'avais perdu un petit peu...
le sens de ce que je voulais faire réellement dans la vie, pas forcément en tant que professionnel, mais en tant qu'homme avec un grand H. Et à chaque fois, ma fille a été vraiment le centre de ma vie et c'est pour ça que j'ai réussi à me relever. Est-ce que vous avez regretté à un moment d'avoir été un champion de haut niveau ou est-ce qu'on pense aussi quand même à tout ce qui s'est bien passé quand on est au cœur du Maelström au fond de la dépression ?
Non, je n'ai jamais regretté qui j'avais été. Je pense qu'il faut assumer son passé pour pouvoir avancer parce que sinon, c'est très compliqué. Mais par contre, je n'aimais pas forcément la personne que j'étais devenu. Le champion que j'étais à l'époque était un peu trop égocentré, égocentrique et très tourné vers soi-même. Est-ce qu'il y a d'autres possibilités que cela finalement ? Je ne sais pas.
Mais en attendant, c'est aussi la personne que j'étais qui a fait qu'à un moment donné, tout s'est mis sur off parce que je ne pouvais plus me supporter et que la personne que je voulais devenir était assez éloignée de celle que j'étais dans les bassins. Et il fallait clairement faire ce pas de côté pour reconstruire quelque chose de différent. Cette question de Kendrick. Est-ce que dès que vous êtes tombé en dépression ?
Vous avez commencé à boire un peu d'alcool ou alors vous êtes assis sur le canapé et vous n'avez plus envie de rien ?
C'est trop mignon de demander par un enfant cette phrase. C'est assez compliqué de remettre dans l'ordre, mais sur ma deuxième dépression, c'est quand j'ai arrêté la natation et qu'il fallait un petit peu tout reconstruire sur ma personnalité. C'est vrai qu'il y avait la semaine où j'avais gardé ma fille, où là j'arrivais à être sobre et j'avais un but dans la vie, c'était d'être un bon papa. Et puis il y a la semaine où je n'avais pas ma fille, et là c'est vrai que j'ai bu pas mal d'alcool et j'étais aussi sur ce canapé en train d'attendre que les heures passent et
et de me demander qu'est-ce que je faisais là, qu'est-ce que je devais faire en fait dans ma vie et comment je devais réorganiser tout ça. Et ça a été des nombreuses heures face à moi-même ou face à une canette de bière. Et ça a été, ce n'était pas forcément des moments très gais, mais aujourd'hui ils sont passés. C'est pour ça que j'en parle, pour dire que ça peut arriver, mais qu'on peut en sortir aussi. Alors justement, comment allez-vous aujourd'hui ? Aujourd'hui, ça va très bien, merci. J'allais vous demander, et vous, mais je ne suis pas sûr que ce soit le moment.
Non, ça va, j'ai compris que la santé mentale, c'est quelque chose de fragile, c'est un équilibre. J'aime beaucoup le mot équilibre parce que par définition, on ne l'a jamais. Il faut toujours tout le temps le chercher.
Et je fais attention à ça. Je fais attention. Je sais que j'ai besoin d'être proche de ma famille, de mes enfants. Je sais que j'ai besoin d'avoir un projet professionnel en tête. Je sais que j'ai besoin de faire du sport. Et j'essaye surtout d'écouter cette petite voix intérieure qui peut être le subconscient. On peut l'appeler comme on veut. Mais en tout cas, quand il y a des choses que je n'ai pas envie de faire et que plusieurs fois, je me le répète en tête...
Alors que mon conscient me dit de le faire et que mon subconscient me le refuse, j'écoute mon subconscient beaucoup plus qu'avant. Avant, je me disais « Non, mais ça va, vas-y, prends un peu sur toi ». Quand je peux botter en touche et que mon subconscient me le dit, je l'écoute. Et enfin, Mounia ?
Moi, je trouve que c'était courageux de votre part d'en parler devant la caméra parce qu'il y a presque toute la France qui va vous entendre et que s'il y a des gens qui sont en dépression, ça va les aider. C'est trop mignon. Merci. Oui, c'est l'idée. C'est l'idée vraiment d'enlever ce poids parce que je trouve qu'il y a aussi le fait de devoir cacher sa dépression. On se sent...
Pas bien, on se sent souvent illégitime aussi dans une dépression parce qu'on a toujours l'impression qu'il y a plus malheureux à côté de nous et que pourquoi eux ils tiennent et nous on craque. 13 millions de personnes sont concernées en France, ça a explosé depuis le Covid et pourtant on se sent seul. On se sent seul et c'est une personne sur quatre, donc c'est énorme qu'il va connaître un épisode dépressif dans sa vie. Et le fait de devoir le cacher, je trouve que c'est une charge mentale qu'on ne devrait pas avoir. Donc voilà, en tant qu'ex-champion, je me suis dit...
si ça peut aider ne serait-ce qu'une personne, j'ai réussi ma mission. Et puis que ça peut arriver aux gens forts aussi, ça c'est quelque chose dont vous êtes convaincu. Oui, je suis convaincu de ça. Parce qu'on est atteint par la dépression. Je pense que c'est les gens qui se disent mais moi ça va passer, c'est-à-dire qu'ils acceptent une charge de travail qui est insurmontable, c'est quelqu'un qui se dit non mais moi je vais y arriver même si c'est trop dur et en fait c'est quelqu'un qui n'écoute pas cette petite voix qui dit non c'est trop. Ça peut arriver à n'importe quel métier, à n'importe quelle personne, c'est juste des gens qui des fois ont envie de se battre, ont vraiment envie de
faire front et en fait, au lieu de plier, ils tiennent, ils tiennent, ils tiennent et d'un coup, ça casse et là, c'est vraiment le côté burn-out où il y a tout qui s'arrête, il n'y a plus d'énergie et il faut tout reconstruire pour avancer. Merci beaucoup Camille Lacour d'être venue dans France Info Junior, champion de natation et champion du monde, champion d'Europe entre autres et vous témoigner dans ce documentaire diffusé ce soir sur M6 à 21h10, santé mentale, briser le tabou, France Info Junior, à retrouver sur l'appli Radio France, émission préparée
par Mathilde Jaunin et Stelfor.