C'est maintenant l'heure de France Info Junior. Bonjour, nous sommes sur France Info Junior et aujourd'hui nous allons parler d'un documentaire sur l'esclavage. Eh oui, l'esclavage. Ce week-end déjà, on va célébrer la journée nationale des mémoires de la traite de l'esclavage et de leurs abolitions. Et à cette occasion, les enfants de France Info Junior ont voulu mettre un documentaire à l'honneur. Il sort demain sur la plateforme France.tv, il sera diffusé mardi sur France 2.
aux origines de l'esclavage que vous avez co-réalisé Sonia Dogé. Bonjour. Bonjour. Merci beaucoup d'être avec nous. On en écoute un extrait. Nous sommes descendants d'esclaves, mais sans vraiment savoir ce qu'a été l'esclavage, à quel moment, quel lieu, quelle souffrance. Cette histoire si vivante est pourtant largement méconnue, car elle s'est enfouie dans nos mémoires. Avec l'aide de chercheurs passionnés,
Nous avons retracé les généalogies qui nous relient au temps de l'esclavage. Pour la première fois, nous allons emmener des Françaises et des Français à la rencontre de leurs ancêtres.
Aux origines, l'esclavage que vous co-signez donc, Sonia Daugé, vous partez de l'intime finalement pour raconter une histoire universelle. Vous remontez les arbres généalogiques des descendants d'esclaves. Ça a marqué ces élèves de 4e du collège David Marcel, Abili, Montigny, dans le Pas-de-Calais, d'où cette question de Saïa. Comment vous est venue l'idée de ce documentaire ?
En fait, l'idée du documentaire, elle ne vient pas de moi, elle vient de la productrice qui s'appelle Fanny Glissant, qui est d'origine martiniquaise et qui a produit plusieurs projets avant celui-là, qui reprenait un petit peu tout ce qu'on sait de l'esclavage, mais d'un point de vue un peu universitaire, un peu connaissance.
Et là, elle avait envie, au contraire, de travailler plutôt une matière plus humaine, plus singulière, plus personnelle. On a fini par se dire, mais en fait, la généalogie, c'est peut-être la bonne approche, la bonne piste. Et puis voilà comment les choses se sont faites. La généalogie de personnalité, mais pas seulement. Question d'Éloïse.
Comment avez-vous fait le casting ? On peut les citer, ces personnalités. On peut tout à fait les citer. Donc il y a Joey Starr, le rappeur et comédien, Kalash, le chanteur, Karine Bast, qui est journaliste, Marie-Laure Garnier, qui est soprano, Guillaume Moirot, qui est un ancien footballeur, et Stéphie Selma, qui est comédienne et chanteuse. Et on les voit, c'est vraiment le très particulier de ce documentaire, ils sont surpris par ce que vous leur faites découvrir, finalement, parfois.
C'est fou. Ils ne connaissent pas leur histoire. Bon alors après, moi non plus, je ne la connais pas. Oui, oui, vous racontez très bien, ce n'est pas un reproche, mais c'est frappant. Oui, oui, au-delà de mes arrière-grands-parents, moi je ne sais pas très bien ce qui s'est passé. Et eux, c'est la même chose. Après eux, c'est vrai que c'est un autre contexte. Ils sont confrontés à...
à un silence qui a été orchestré par l'État français, par la République, qui ne voulait surtout pas qu'on fouille cette histoire. Et puis, ils ont un peu le souffle coupé parfois. Parfois, ça les touche plutôt positivement et parfois, ça les a mis en colère. Sophia et Saïa. Est-ce que ça a été facile de convaincre les personnes de participer au documentaire ? Pourquoi les personnes du documentaire ont-ils eu envie de découvrir leurs origines ? Pourquoi elles vous ont dit oui, finalement ?
Ça a été très très facile de les convaincre. Il y a une envie, une envie qui est liée à une transmission qui ne s'est pas faite. Est-ce que toutes ces personnes avaient déjà parlé de leurs ascendances possibles, de descendants d'esclaves, ou pas du tout ? Non. Parfois vous êtes allé rechercher sans savoir ce que vous alliez trouver ? Il fallait qu'on soit absolument sûr et certain qu'ils ne connaissaient rien. Sinon ce n'est pas très intéressant, ils savent.
Donc non, on s'est bien assuré qu'ils ne savaient pas et qu'ils étaient intéressés par ces questions-là. Nour et Héloïse. Est-ce que ça a été facile de retrouver les origines des personnes qu'on voit dans le film ? Comment avez-vous fait vos recherches ? Où avez-vous fait vos recherches ? Alors non, ce n'est pas facile du tout de retrouver toutes ces informations-là. On a fait appel à un généalogiste, donc quelqu'un qui est spécialisé et qui sait très bien aller fouiller dans les archives. En fait, c'est...
J'ai un peu tort quand je vous dis que ce n'est pas facile. En fait, c'est facile dans le sens où ces informations existent.
et elles sont à la portée de tous. Après, il faut quand même savoir fouiller dans les fonds d'archives régionaux, départementaux, dans les archives d'outre-mer, etc. Et ça, c'est quand même compliqué à faire. Donc, on a fait appel à un généalogiste qui nous a retrouvé des milliers et des milliers d'ancêtres. Et puis ensuite, il a fallu expurger dans toute cette masse d'informations les destins qui nous paraissaient plus intéressants que d'autres et qui nous permettaient surtout...
en les liant les uns aux autres, de raconter une histoire globale de l'esclavage. Alors, vous le dites, l'histoire de l'esclavage reste méconnue. C'est vrai que les élèves de 4e avec nous ont plein de questions dont les réponses sont finalement utiles à tout le monde, à toutes celles et ceux qui nous écoutent. Question de Nour. Combien y a-t-il eu d'esclaves ?
En France ? Alors la France a esclavisé 4 millions de personnes et a déporté 1,5 million de captifs africains sur ses colonies et sur son propre territoire. Voilà les chiffres. Donc on peut se dire que des décennies plus tard, il y a peut-être des millions et des millions et des millions et des millions de descendants d'esclaves qui peut-être s'ignorent ? C'est plus compliqué que ça parce que malheureusement, lorsqu'ils arrivent sur les plantations, dans les habitations, l'espérance de vie est extrêmement faible. On est en dessous des 10 années.
Donc ils n'ont pas forcément le temps de faire des enfants, ces gens-là. Et quand ils en ont, les enfants meurent vite, en fait, très très vite. Donc non, on n'est pas des millions et des millions de descendants d'esclaves. En fait, ce qui est intéressant, je trouve... Mais c'est dur de savoir combien, c'est très très dur de le savoir, puisque vous le dites, beaucoup l'ignorent, tout simplement. Effectivement, beaucoup de gens ignorent qu'ils descendent d'esclaves. C'est d'ailleurs un des intérêts aussi de ce film, c'est qu'on a retrouvé une femme qui descendait d'esclaves et qui ne savait absolument pas, et qui vit en France sur le sol hexagonal, et qui n'était pas du tout au courant de ses ascendances...
africaines. Comme vous le dites, c'est l'un des points d'intérêt de ce documentaire, mais il y en a d'autres. Aux origines, l'esclavage. C'est disponible en ligne dès demain sur la plateforme France.tv et puis ce sera diffusé mardi soir sur France 2 à 21h10. Merci beaucoup Sonia Dogey d'être venue répondre aux questions des enfants de France Info Junior. Émission préparée par Mathilde Jonin et Estelle Faure. A retrouver en podcast sur l'appli Radio France.