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cover of episode "AfficheTonEx" de Romain Weber et Constance Vilanova 5/5 : La parole est à la victime

"AfficheTonEx" de Romain Weber et Constance Vilanova 5/5 : La parole est à la victime

2025/6/18
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Le Feuilleton

AI Deep Dive AI Chapters Transcript
People
A
Alma
A
Anthony Porquet
F
France Culture Le Havre
I
Inès
I
Inès Hamdani
R
Rachel
叙述者
学生
无名氏
Topics
France Culture Le Havre: 近期巴黎地区发生了一起令人痛心的青少年暴力事件,一名14岁少女Alicia遭受袭击并被抛入塞纳河溺亡。据报道,她在社交媒体上流传着裸照,施暴者可能盗取了她的账户。这起事件再次凸显了网络暴力对青少年造成的严重后果,引发社会各界对网络欺凌问题的关注。 学生: 知道她被骚扰却无能为力,这让人感到非常复杂和内疚。我们本可以帮助她,但最终什么也没做,这在精神上是难以接受的。这反映了目击者在面对网络暴力时的无力感和道德困境,强调了旁观者效应在网络欺凌中的负面作用。

Deep Dive

Chapters
Ce chapitre relate le procès d'Anthony Porquet, accusé d'avoir diffusé des photos intimes d'Inès Hamdani, son ex-petite amie, sur les réseaux sociaux. Le témoignage d'Anthony, qui minimise ses actes en les attribuant à une réaction amoureuse, contraste fortement avec les conséquences graves subies par Inès.
  • Procès pour revenge porn
  • Témoignage d'Anthony Porquet
  • Conséquences pour Inès Hamdani
  • Diffusion de photos intimes sur Snapchat et Telegram

Shownotes Transcript

Translations:
中文

France Culture Le Havre, 8 mars 2021, journée internationale du droit des femmes.

Un an est passé depuis le blocus féministe de Nanterre. La violence entre adolescents a fait une nouvelle victime en région parisienne. Cette fois, c'est une jeune fille de 14 ans. Alicia a été battue et jetée dans la Seine, retrouvée morte, noyée. Deux autres mineurs, un garçon et une fille en couple, avec qui elle a eu un différent, ont été arrêtés dans la nuit et placés en garde à vue. On va y revenir. Selon plusieurs témoignages, des vidéos d'Alicia en sous-vêtements circulaient aussi sur les réseaux sociaux. Le garçon interpellé aurait piraté son portefeuille.

Snapchat selon une source à l'éducation nationale, des faits connus mais difficiles à encaisser pour les élèves. C'est juste le fait de savoir qu'elle était soi-disant harcelée et qu'on n'a rien pu faire, c'est compliqué en fait. En fait mentalement c'est compliqué parce qu'on se dit on aurait pu l'aider mais en fin de compte on n'a rien fait. Le cyberharcèlement des femmes a fait une nouvelle victime. Le confinement est derrière nous mais Stop Ficha a encore du travail. Il s'en est passé des choses en un an.

On a fait sauter des centaines de comptes, on a aidé beaucoup de victimes. Maintenant, on est une vraie asso avec des statuts déposés tout comme il faut. J'ai pris une pause, moi c'était trop. Ça m'a fait redoubler mon année. Mais je reviens pour récolter ce qu'on a semé. C'est aujourd'hui qu'on juge l'agresseur d'Inès Hamdani. Salut Alma, ça fait un bail. T'es de retour ? Je t'ai cherchée en train, je me disais que t'étais peut-être dedans. Non, j'étais chez ma mère. Je rentre à Paris ce soir.

Et j'en profite, je fais une intervention dans mon ancien lycée cet après-midi. C'est bien ça. Tu racontes ton histoire. T'as vu pour Alicia ? Ouais. Je viens d'entendre ça. Y'a encore beaucoup à déminer. Et médecine, ça se passe ? Partielle dans un mois, j'avoue j'ai plus de vie. Mais je suis trop contente. Bon, on entre ? Elle est là Inès ? Ouais. Elle est stressée de revoir son ex. Je l'ai vue passer d'ailleurs. Il est comment ? Bah comme d'hab. Blanda. Hyper normale. Ok. Je te suis.

Affiche ton ex. Écrit par Romain Weber, d'après une enquête de Constance Villanova, réalisée par Sophie Haute-Picot.

Le fait que la personne se donne tous les droits ensuite alors qu'on s'est séparés. Si je t'envoie un nude d'une quelconque ex, ça reste du revenge porn. Il ne fallait pas envoyer de photos un peu sexy à ton petit ami. Plein de gens ont eu cette photo, il y en a qui les ont enregistrées. Il faut les signaler auprès de Farouk ou Stockpicha. C'est passible de prison. Telegram, ça pose un vrai souci de modération. Si vous êtes mineur et que vous êtes victime de quoi que ce soit, vous pouvez vous-même vous rendre dans un commissariat et déposer plainte. C'est un droit que vous avez. Cinquième épisode, la parole est à la victime. Je le vois ?

Il est là-bas. Où ça ? Sur les bancs avec sa mère. Tribunal du Havre, 8 mars 2021. Ça me met trop dans le mal. En plus, sa mère, elle me regarde mal. Genre, elle me toise. Inès, écoute-moi. Il va être puni. C'est la première fois que tu le revois, c'est ça ? Ouais. Et tes parents, ils viennent pas ? Mon père, il veut pas. Mon frère, de toute façon, il se voit plus. Et ma mère, elle a dit qu'elle viendrait me chercher. Peut-être. On est là, nous ?

Salut Rachel. Salut les filles. La présidente arrive, on va rentrer dans quelques minutes. D'accord. C'est qui le type là-bas ? Où ça ? Le blond au fond. Il nous regarde, il est pas discret. Tu le connais Inès ? Non. Il nous fixe là. Quelqu'un du côté d'Anthony peut-être ? Non, il traîne pas avec eux. Il est chelou. Mesdames, vous pouvez entrer dans la salle d'audience. 10h30. On entre dans la salle et on s'assied derrière Inès avec Alma.

Le blond bizarre s'assoit au fond. L'ex d'Inès se met devant la juge à sa gauche. Inès, à sa droite. Deux maîtres les séparent, mais ils ne se regardent pas. Lui, à la tête haute. Elle, les mains sous les cuisses, et elle regarde ses pieds. La honte est toujours dans le même camp. Monsieur Anthony Porquet, si vous voulez vous approcher... 10h40. Après un rappel des faits, la parole est au prévenu. Nous vous écoutons.

Alors d'abord, je voudrais expliquer dans quelles conditions la plaignante et moi on s'est mis en couple. C'était en février 2020, j'avais 19 ans, elle 17. On s'est rencontré dans un événement sportif, les 10 kilomètres du Havre. Je suis moi-même très passionné par le sport, et elle aussi, c'est important pour elle. Je l'ai vu pendant la course et ça a été le coup de foudre. Vous avez eu un coup de foudre alors que vous étiez en train de courir, sans vous parler ? Juste le regard, comme dans un film.

Je me suis dit que c'était l'amour de ma vie. Et on s'est revus, et ça avait commencé, je dirais, comme sur un nuage. Mais rapidement, j'ai aperçu chez elle une autre facette. Et nous sommes passés du rêve au cauchemar. Une autre facette, c'est-à-dire ? Eh bien, par exemple, elle a donné son numéro à un autre garçon dans la rue alors qu'on était en couple. Aussi, elle a passé une soirée chez un autre garçon, semble dire. Monsieur, vous sortiez ensemble, mais elle ne vous appartenait pas ?

Vous ne pouvez pas la tenir en laisse, vous comprenez ? Bien sûr, mais j'avais constaté moi-même que c'était une personne qui... Comment dire ? Qui aimait le sexe. Donc j'avais peur qu'elle me trompe. Qui aimait le sexe ? Oui, je sais pas trop comment dire autrement. Elle était très attirée par ces choses-là. Et pas vous ? Moi ? Normalement, quoi. Mais je suis plutôt un romantique. Romantique ? Je vous lis les conversations qui ont mené à la production des photos dénudées de la plaignante.

Monsieur, vous écrivez le 1er mars 2020, je cite, « Tu m'excites trop, vas-y, envoie une photo à poil ».

On dit une pique. Oui. Inès, non mais c'est pas ça. Vous, quoi alors ?

Inès, il y a mon frère, je ne peux pas. Vous, vas-y, tu sais quoi, je ne suis plus dans le truc, tu fais zéro effort. Inès, attends. Vous, laisse tomber. Inès, attends, je vais dans la salle de bain. Romantique, vous disiez ? On était en couple. Il fallait bien qu'on ait une sexualité. Même à distance. Monsieur, le devoir conjugal n'existe pas. Physique ou virtuel. Mais moi aussi, j'en ai envoyé. Sans d'ailleurs qu'elle vous demande. Avançons.

Le 27 mars 2020, vous envoyez trois photos de la plaignante à un compte Snapchat de Revenge Porn, avec un nom romantique aussi, Affiche ta pute le Havre. Vous reconnaissez les faits. Pourquoi faites-vous cela ? Deux jours avant, elle a dit qu'elle voulait me quitter, en prétextant que j'étais jaloux alors que c'était juste de l'amour. Donc j'étais très en colère.

Et aussi, c'était le confinement. J'étais dans un petit appartement avec ma mère et mes frères et c'était une période où j'étais très stressé. Donc vous, quand vous êtes stressé, vous harcelez. Il y en a certains qui font de l'eczéma, vous, vous harcelez. C'était une réaction passionnelle. Et Dieu merci, ce compte a fermé 3 minutes après. Ce qui fait qu'il y a eu peu de personnes qui ont vu. 400, 500 peut-être. Et ça ne vous pose pas de problème que 400 ou 500 personnes voient les photos de la femme dont vous étiez amoureux ?

Je le regrette. Mais comme on dit, madame, l'amour rend aveugle. Mais il ne rend pas stupide, monsieur. Vous avez une vision de l'amour qui nous interroge. Surtout quand vous envoyez à la plaignante le soir de la divulgation, je cite, « Plus tu souffres, plus je kiffe ». C'est aussi l'amour qui vous fait dire ça ? J'avoue que j'ai pu surréagir. Surréagir, d'accord. Une semaine plus tard, les trois mêmes photos parviennent sur un compte Telegram. C'est vous, monsieur, qui avez envoyé ces photos ? Ah non, c'est pas moi, madame.

Là, du temps était passé et je m'étais remis de la rupture. En une semaine ? Vous êtes sûr que c'était l'amour de votre vie ? Bah, maintenant je suis avec quelqu'un d'autre et là on va se marier. Malheureusement, l'instruction n'a pas pu établir l'identité de la personne ayant envoyé les photos, Telegram étant très peu coopératif. Mais comment expliquez-vous que le message accompagnant les photos sur Telegram soit le même que celui sur Snapchat ? Je cite encore, « La pute me trompe, pourrissez-la ».

Quelqu'un aurait-il utilisé exactement les mêmes mots que vous ? Ça doit être quelqu'un qui suivait le compte Snap. Et comment s'appelait-il ce compte ? Oui ? Affiche ta pute le havre. C'est ça que vous avez fait ? Vous avez affiché votre pute ? C'est pas moi qui ai choisi le nom, madame. Mais qu'est-ce qui cloche chez vous ? Affiche ta pute, monsieur. Affiche ta pute, c'est le contraire de l'amour. Vous comprenez ? Oui, madame.

Saviez-vous que la divulgation de ces photos avait entraîné l'agression physique de la plaignante par son frère ? Non, madame. Que la plaignante a été contrainte de partir de chez elle ? Qu'elle a été victime de cyberharcèlement ? Qu'elle n'a pas osé retourner au lycée à la suite du confinement ? Et qu'elle suit un traitement à base d'antidépresseurs ? Non, madame. Vous n'avez pas tenté de prendre des nouvelles ? Non. Et pourquoi ? Ma copine ne veut pas que je parle à d'autres filles. Et je respecte son opinion.

Vous pouvez aller vous asseoir. Merci madame. 10h45. A la suite de l'audition de l'ex-dynèse ne subsiste qu'une question. Comment a-t-elle pu sortir avec quelqu'un d'aussi stupide ? Maintenant, la parole est à la victime. Mademoiselle Abdani, vous avez entendu le prévenu. Quelles sont vos réactions ? Mademoiselle ? Je suis un peu énervée en fait, d'entendre que tout ça c'était de l'amour. Il m'a fait énormément de mal et c'est pas fini parce que mes photos peuvent ressortir n'importe quand.

Revenons s'il vous plaît sur les circonstances dans lesquelles vous avez rencontré le prévenu. Comme il a dit, c'était à une course à pied. Mais moi je ne l'avais pas remarqué en fait. Et deux heures plus tard, j'ai reçu des messages sur Insta, sur Snap, sur Messenger, enfin partout genre. Et j'ai trouvé ça bizarre. Mais en même temps, je voulais sortir avec quelqu'un. Comment la relation s'est-elle passée au début ? Le prévenu disait que c'était comme sur un nuage. Non.

Il était insistant. Il voulait me voir tout le temps. Dans des endroits où on pouvait être seul pour avoir des rapports. Mais en même temps, je voulais vivre un truc comme tout le monde. Comme tout le monde ? Avoir des rapports et tout, quoi. Et envoyer des photos nues, ça fait partie de ce que tout le monde fait ? Oui. Je savais qu'il allait me demander. Mais là, ça m'a mise mal à l'aise. Alors pourquoi l'avez-vous fait ? Ben, un peu parce que j'en avais envie.

Et un peu parce que je voulais pas passer pour la fille prude. Et au final, je suis passée pour la pute. Donc si vous ne le faites pas, vous êtes prude. Si vous le faites, vous vous respectez pas. Oui. D'accord. Comment s'est déroulée la suite de votre relation ? Il est devenu jaloux. Une fois, j'ai pris une photo d'un groupe de touristes. Et j'ai pris le numéro d'un garçon pour lui envoyer la photo. Lui, il a pris mon téléphone et il a effacé le numéro.

Une autre fois, j'ai dormi chez un ami et il m'a appelé toute la soirée. Alors, quand le confinement est arrivé, j'étais soulagée et j'ai dit que je voulais arrêter. Combien de temps après, vos photos ont-elles été publiées sur Affiche Tapute Le Havre ? Deux jours après, avec mon numéro, mon snap et l'adresse de chez mes parents. Et pensez-vous que le prévenu est aussi la personne responsable de la publication sur le canal Telegram ? J'en suis certaine.

Quelles ont été les conséquences de cette publication ? Mon frère m'a frappée très violemment. Mes parents ont découvert l'histoire et c'est des gens à l'ancienne. Donc ils n'ont pas compris. Et j'ai été chassée de la maison. Et après le confinement, je crois que vous n'êtes pas retournée au lycée. Non. J'avais peur du regard des autres. J'y suis retournée en septembre et ça a été dur parce que mes photos avaient tourné et je suis passée...

entre guillemets, pour la fille facile. Vous pouvez nous donner des exemples ? Ben, il y a des collégiens qui sont venus me voir pour se moquer, en me demandant pour combien je faisais des... des... Allez-y. Des prestations sexuelles, quoi. Une fois aussi, il y a un groupe de jeunes qui m'a montré les photos en me demandant si c'était moi alors que j'étais avec ma mère. Et on m'a dit qu'il y avait des gens qui avaient imprimé une photo de moi

Sur un t-shirt et qui sortait avec. 10h55, le blond inconnu sort de la salle à la fin de la déposition d'Inès. Une rue, Le Havre, lundi 8 mars 2021. Allô ? Ouais, Rebecca ? Oh, salut Raphaël, comment tu vas ? Ça va, et toi ? T'entends, occupé ? Oui. Je parle avec mon collègue, mon ancien collègue. T'es pas au bureau, toi ? J'ai pris ma journée.

J'avais envie de voir la mère. T'es où ? Je suis au Havre. C'est pas le plus marrant, ça ? Tu te souviens, la petite qui s'était fait taper par son frère ? Ouais, bien sûr, ouais. Ben, il y avait le procès aujourd'hui. Tu y étais ? Ouais, ça m'a marqué. Il y avait Stop Ficha aussi. Tu leur as parlé ? Non, non, non. Non, mais le procès est pas terminé, en fait. C'est juste moi, je suis sorti, là. Je sais pas, c'était peut-être pas une bonne idée de venir. Elles t'ont vu ? Elles m'ont regardé. Elles savaient pas qui j'étais. Mais bon, je sais pas si ça leur aurait fait plaisir de savoir. Peut-être pas. Ouais.

Elles savent que vous êtes 50 maintenant à Pharos, depuis Samuel Paty ? J'imagine, ouais. Enfin, je pensais à toi du coup. C'est sympa. Bon Raphaël, je dois te laisser, je suis pas mal sollicité. Ouais, bien sûr. À plus. Ouais, à plus. 11h, Rachel va à la barre pour défendre Inès. Ce dossier est éloquent parce qu'il y a toutes les composantes des violences conjugales. La jalousie maladive, le sentiment de propriété et d'impunité...

Et tout cela en un mois de relation avec une mineure. Le prévenu se justifie par l'amour. On est de retour 10 ans en arrière, quand on ne disait pas féminicide, mais crime passionnel. Vous n'êtes pas amoureux, monsieur. Vous êtes obsédé. Et si pour vous, la production de nudes est un cyber devoir conjugal, leur divulgation est un cyber-viol. Mais en réalité, ça n'est pas une agression numérique. C'est une agression tout court. Et comme pour un viol, on culpabilise la victime.

Ma cliente a été rejetée par sa famille, harcelée, humiliée. Et c'est elle et pas lui qui a changé sa vie. Elle a trouvé un appartement qu'elle paye en travaillant après les cours et le week-end. Elle prend un traitement et a changé jusqu'à ses trajets dans la rue pour éviter de croiser l'agresseur. Lui n'a rien eu à subir. Ce n'est plus acceptable. Le prévenu a montré sa détermination à faire du mal.

Sans vraiment de raison, simplement parce qu'il y avait un public pour. Et que la simple existence de ce public lui faisait croire qu'il avait le droit de le faire. Ma cliente n'a été qu'un objet pour lui. Et il l'a attaqué sans chercher à se cacher. Tellement la société accepte ce genre d'agression. Le problème de ma cliente, c'est qu'elle n'est pas une victime idéale. Quand il ne s'agit pas d'une autostoppeuse violée dans un parking ou d'une femme battue à mort par son mari, les victimes n'ont pas droit à l'empathie qu'elles méritent.

Pour une femme qui va jusqu'au tribunal, Madame la Présidente, combien de procès n'auront jamais lieu ? 11h15. Le procureur de la République prend la parole. Il demande 3 ans d'emprisonnement et 50 000 euros d'amende. Vient le tour de l'avocat de la Défense, puis c'est le prévenu qui revient pour clôturer les débats. Monsieur Porquet, désirez-vous dire un mot avant que je clôture l'audience ? Je voudrais dire que je regrette de ne pas avoir présenté mes excuses.

Eh bien ? Pardon ? Il ne suffit pas de le dire. Elle est à côté de vous. Faites-le. Ah oui, oui, oui, bah oui. Inès, excuse-moi. J'ai surréagi. C'est la première fois qu'il se regarde. Inès a des yeux que je n'avais jamais vus. Un concentré de fureur. Il aurait dû se mettre à genoux, mais il est resté droit à lui accorder des excuses à contre-cœur. Ça sonne comme une insulte. Et puis, le procès se termine et on sort.

Décision attendue pour le 14 juin 13h30. L'audience est clôturée. Merci. T'as vu comment je l'ai regardé ? Ouais. J'ai fait comme toi avec le flic. Lycée du Havre, lundi 8 mars 2021. Un an bientôt après mon agression. Après le procès, je vais à mon ancien lycée. Pour la première fois, je vais raconter mon histoire. C'est sûr qu'il y en a un paquet dans la classe qui les ont vus, mes photos. Quand ils entrent, ils ont l'air moqueurs. Mais je commence à parler et ils s'intéressent. Et après, ils me posent des questions.

Et après que tu sois allée porter plainte avec ta pote, t'as porté plainte toi aussi ou pas ? J'en ai parlé à ma mère d'abord. Elle a dit quoi ? Elle a pleuré. Et ensuite elle m'a dit que de son temps, les garçons étaient pas méchants comme ça. Que ma mère le sache, ça m'a fait passer à autre chose. Mais avec Stop Ficha, c'était plus mon cas qui m'intéressait. C'était la globalité. Mon énergie, je l'ai donnée aux autres. Donc tu sais vraiment pas qui t'a fait ça ? C'est une équipe de foot qui m'a fait ça. Qui exactement ? Je m'en fous.

Et comment ça s'est passé quand t'es revenue au lycée ? C'était un tunnel de regards. La cantine, c'était le pire. Parce que tu vois les téléphones qui se baladent et les gens qui te regardent en faisant genre « c'est chaud ». Mais j'étais à stop ficha et je me suis pas laissée faire. Y'en avait une, Lily elle s'appelle, qui venait se foutre de ma gueule tout le temps. Puis un jour, je l'ai prise devant tout le monde, je lui ai dit « ça va ? T'es pas trop en boucle ? T'as vu mes seins, on a compris. On va en parler combien de temps encore ? » Et elle a pas su quoi répondre et elle m'a plus fait chier. Oui, Clara ?

Et le garçon sur snap qui te demandait des nudes, qu'est-ce qui s'est passé avec lui ? Il s'est arrêté. Comme ça ? Comme une maladie qui serait partie toute seule. Oui c'est là. Mais le truc que je comprends pas c'est que, voilà, tu nous expliques ce qui t'es arrivé et ouais c'est hardcore. Mais je vais être honnête, je les ai vu tes photos et je suis pas la seule ici.

Et il le prend pas mal hein, mais à la fin c'est quand même un peu ta faute non ? Mais t'es une ouf toi ! Fais pas genre Sabri, toi même tu m'as dit que tu les avais vu. Et alors ? J'ai écouté ce qu'elle a dit moi. T'es une bouffonne en fait. Sabri s'il te plaît ! Mais monsieur ! C'est elle, elle comprend rien ! Il lui arrive des dingueries, je dis pas ! Mais c'est plus que des dingueries meuf ! Mais je dis pas ! C'est des dingueries dingueries quoi ! Mais Sabri, c'est juste que c'est ultra ! T'as entendu ce qu'elle a dit ? S'il vous plaît ! Laissez Alma parler.

Je sais pas si je vous recommanderais de pas faire de nude. Je trouve juste que s'imposer de pas en faire parce qu'il y a des gens qui peuvent en abuser, c'est laisser ces gens mettre leur empreinte sur nous. Et ça, je sais que je suis pas pour. Merci. Merci Alma pour ton intervention. On peut l'applaudir s'il vous plaît. Quand je sors de la classe, il y a une fille qui me retient. C'est celle qui m'a posé quelques questions. Elle s'appelle Clara.

Excuse-moi, mais il y a un truc que je comprends pas. Le mec de Snap, il a vraiment disparu comme ça ? Je vais te raconter. C'était le soir, après qu'on est allé porter plainte avec Inès. Le mec de Snap m'avait donné rendez-vous au jardin japonais. J'avais demandé de l'aide à mon ex parce qu'il m'avait proposé de se racheter. T'es sur place ? Je suis sur les docks encore, à 100 mètres du parc. Tu te sens comment ? Bouillant. Si je le trouve, je le démarre. Je te jure, je vais le démarrer. Il m'a rien envoyé encore ?

Il va venir, je suis sûr, l'enculé. Tu fais gaffe quand même. T'inquiète, je sais faire. Y a pas de flics ? Non, jamais ici. Bon, si tu le choppes, surtout que tu prends son tel. Il a mes photos. Le fils de pute. T'es où toi ? Dans ma chambre. Vas-y, ça me manque là, ta chambre. Alex, jamais tu leur verras ma chambre, tu le sais ça ? Putain, on peut passer à autre chose aussi. Bah non, je sais pour le tableau de laquelle.

Votre compète de merde là. Mais c'est des conneries ça. Jure-moi que tu les avais pas montré à tes potes avant mes photos. Je jure. Je te crois pas. T'as trouvé qui a mis les photos dans ta story ? C'est un mec seul. Il a fait ça discret. S'ils avaient été plusieurs, j'aurais su à un moment. Tu t'es jamais excusé. Pas une fois. Mais Alma, c'est pas ma faute. C'est la faute de plein de gens. Dont toi. Vas-y attends, j'arrive sur place là. Tu vois quelque chose ? Je suis dans le jardin. Cache-toi. Je m'allonge dans la pelouse. Ok. Attends, je lui envoie un message.

Je lui dis que je suis là. Tu vois quelque chose ? Non, rien. Attends. Quoi ? Je crois que j'entends quelqu'un. C'est lui ? C'est lui ? Je sais pas, il s'approche. Tu le vois ? Il est loin, je vois pas sa tête. Il ressemble à quoi ? 1m80, assez stock. Mais ça le fait, t'inquiète. Vas-y, je te laisse, je vais le défoncer. Attends, attends. Je lui envoie un message d'abord. Tu me dis s'il regarde pour être sûr que c'est lui. Ok, t'as raison. Je lui dis que je le vois pas.

Il regarde son téléphone ? Ouais, il a regardé. C'est sûr, c'est lui. T'es toujours couché dans l'herbe ? Ouais, j'y vais. Je suis chaud, là. Attends, pourquoi j'entends la même chose que toi ? À ton avis ? Mais t'es pas dans ta chambre ? Non. Et toi, t'es pas couché dans l'herbe. Et y a personne devant toi. Attends, t'es où, Alma ? Je te vois, Alex. Quoi, tu me vois ? Je te vois. Alma ?

Alma, je te jure, je peux t'expliquer. C'est pas ce que tu crois. Tu es tellement dégueulasse. Attends, Alma, attends. Je te jure, c'est pas ce que tu crois. C'est pas... C'est qu'en fait, juste... Tocares. Putain, meuf, c'est chaud, hein. Ouais. C'est lui, tu crois ? Mais y a un doute ? Ah non, vraiment pas. Viens, on se casse. Je veux pas qu'il nous trouve. C'était lui, alors ? Ouais. Celui à qui j'ai demandé de l'aide, c'est celui qui m'extorquait des nudes. Et il t'a plus jamais parlé ? Non. Il a compris que je savais. Il s'est excusé ? Jamais.

Il y en a beaucoup qui me doivent des excuses. Ils ont une dette. Un jour, ils paieront. Nos traumas seront leurs cauchemars. Nos traumas seront leurs cauchemars. Exactement. J'ai mon train pour Paris. Faut que j'y aille. Salut Alma. Et merci. Salut.

Je rêve de condamner les hommes, le sexe masculin dans toute sa forme, le sexe du déclin et toutes ses normes, l'espèce de venin qui empoisonne les femmes. Y'en a marre de la violence et des regards tordus sur nos mères, sur nos sœurs, sur leur corps dans la rue. Elles ont peur, elles sont fortes, elles sont belles, on les tue. Eh !

On est des bords, on nous décore, on les dérobe, on les dévore, elles ont des robes, elles ont des cornes, on les vole et on les viole, l'amour est mort, la haine dort dans leurs cœurs abattus. On est dehors tranquillement tandis que dans certains pays beaucoup ne sortent plus. On s'accorde en négligent leur sort et ainsi le drame perpétue. Un message pour celles qui sont mortes sous les cousins cessant d'un proche, un hymne pour celles qu'on harcèle, qui sont seules, qui sont frêles face aux inconnues.

Un cri qui résonne chaque seconde dans le monde C'est un cri qui s'envole et crie dans le ciel A la vie je m'accroche C'est beau ? Non, c'est surtout moche C'est trop, c'est trop de siècles atroces Maestro, laisse les notes s'envoler librement Qu'elles se décrochent Leur peine sous les couches de problèmes

Elles sont, resteront un emblème D'amour, de raison, de poème Sans haine, j'affiche celle que j'aime Leur peine sous les couches de problèmes Elles sont, resteront un emblème D'amour, de raison, de poème Sans haine, j'affiche celle que j'aime

Affiche ton ex, écrit par Romain Weber, d'après une enquête de Constance Villanova. Avec Laure, Zoé Lignac, Alma, Bonnie Charles, Inès, Nassima Bektaoui, Rachel, Caroline Mounier.

Max Barraquet, Juliette, Marion Domencq.

Avec...

Prise de son, montage et mixage Bastien Varigo et Kevin Delcourt Assistante à la réalisation Florine Perenès Réalisation Sophie Haute-Picot