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cover of episode "Jim Morrison Indoors/Outdoors" de Christine Spianti 1/5 : Océan à Los Angeles

"Jim Morrison Indoors/Outdoors" de Christine Spianti 1/5 : Océan à Los Angeles

2025/4/20
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Le Feuilleton

AI Deep Dive Transcript
People
吉姆·莫里森
Topics
吉姆·莫里森:我从小在港口长大,对海洋和洛杉矶有着深厚的感情,它们构成了我生命和创作的重要元素。我是一个诗人,我的诗歌灵感来自于生活体验,包括与朋友的交往、爱情的迷茫、毒品的迷幻以及对人生和世界的思考。我曾经烧掉自己早期的诗歌,是为了追求创作的自由和突破。我计划出版两本诗集,记录我的心路历程。 我的生活充满了激情和矛盾,有时我会感到迷失和痛苦,有时又会体验到狂喜和自由。我与Pamela的爱情既热烈又充满挑战,她是我创作的缪斯,也是我生命中重要的伴侣。我和Ray Manzarek等朋友一起组建乐队,在洛杉矶的酒吧演出,分享音乐的快乐。 洛杉矶的阳光、沙滩、海洋、以及喧嚣的城市生活都深深地影响着我,它们是我创作的源泉,也是我生命的一部分。我渴望自由,渴望表达,渴望在诗歌中找到自我。 Christine Spianti:本片讲述了吉姆·莫里森在1965年洛杉矶的生活片段。通过对吉姆·莫里森及其朋友的采访和回忆,展现了他独特的个性、创作理念以及与周围环境的互动。吉姆·莫里森深受Rimbaud和Nietzsche等哲学家和诗人的影响,他的诗歌创作充满了象征和隐喻,反映了他对人生、死亡、自由和精神世界的探索。 他的生活方式和创作风格都充满了矛盾和张力,他既渴望自由和表达,又深陷于毒品和迷茫之中。他与Pamela的爱情是复杂而充满激情的,既有浪漫的时刻,也有痛苦的挣扎。他与朋友们一起组建乐队,在洛杉矶的酒吧演出,分享音乐的快乐,也体现了他对友谊和音乐的热爱。 本片试图通过对吉姆·莫里森在洛杉矶生活和创作的展现,帮助观众更好地理解这位传奇人物的内心世界,以及他所处的时代背景。

Deep Dive

Shownotes Transcript

Translations:
中文

All hail the American night !

Feuilleton en cinq épisodes de Christine Spianti. Climat 1, océan à Los Angeles. Merci, oh Dieu, pour l'éblouissante lumière blanche. Une ville émerge de l'océan. Ma tête semblait se détruire. J'y sentais la douleur de l'avenir. Trois couines.

Le port vu du toit du garage. Los Angeles, Vénice, été 1965. Sur le toit terrasse d'un garage, un homme jeune, t-shirt ocre et treillis dans le style des étudiants de l'université de Californie, regarde le jour se lever à l'est derrière les collines. Autour de lui, une station balnéaire à l'abandon, des cabanons à moitié effondrés, montant de bois noircis par le sel.

Où s'entassent des Mexicains, des étudiants, des Japonais et des poètes bites, au bord de canots tout tirisés de carburant. Les dépôts pétroliers du port polluent tout. Odeur de mazout qui vient dans le vent de terre. Il tourne ses regards vers le sud, vers le port de Los Angeles. Melbourne, San Francisco, Washington. Depuis ma naissance, je n'ai habité que des ports. Je ne saurais vivre loin des océans, loin de Los Angeles, où sont les anges et les marins. Quelqu'un appelle ? Dennis ?

Je suis sur le toit. Jim, c'est Jim. Dennis il m'héberge. Continue d'aller à l'université, lui. Il suit des yeux une nuée de petits oiseaux de mer qui vient s'abattre sur Vénice à ses pieds et leur reflet dans le canal en bas tendu comme une feuille d'argent. À droite, le cabanon jaune vif qui abrite une famille mexicaine, le ciment de la cour, le tronc penché d'un acacia, la tonnelle de poutres blanches où s'enroule une fine liane grimpante brûlée par le soleil d'été.

Le matin, les alizés soufflent de la mer apportant jusqu'au toit du garage le bruit des vagues et du quartier qui s'éveille. Quelqu'un est en colère en espagnol. Il cherche quelque chose des yeux sur le sol du taux terrasse. Un réchaud à butane. Une couverture chauffante qui ne chauffe plus. Des livres. De la sociologie. La foule solitaire de David Risman. Masse et puissance d'Elias Kennedy. Rimbaud, les illuminations dans cette vieille édition New Directions que je traînais partout.

Rimbaud avait sollicité le consul des Etats-Unis lui racontant des mensonges selon lesquels il aurait été professeur de sciences et de langues et déserteur du 47e régiment de l'armée française et qu'il aimerait connaître à quelles conditions il pourrait conclure un engagement immédiat avec la marine américaine. Rimbaud dans la Navy. Denis veut faire un film sur Rimbaud. Moi je ferais bien un film sur Nietzsche, la scène où il prend pitié du cheval. Sur la bande-son, il n'y aurait que des applaudissements. Le philosophe connaît ce qui est nécessaire et le poète le crée.

Empilé dans un angle de la terrasse sous le hamac, Fitzgerald, Mellor, Céline, Plutarch, les pièces de Tennessee Williams, les poèmes de Whitman, Kerouac. Cette nuit, j'ai mis de l'ordre dans mes poèmes et les carnets de citations, j'ai décidé d'en faire un grand feu. Je me suis saoulé en regardant les flammes dans la nuit, les vieilles idées des autres qui brûlaient. Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas pu être libre.

Et cette année, nous avons eu une intense visite d'énergie.

...

Et cette année-là, une intense énergie s'était emparée de nous, quand la radio nuit noire émettait et contrôlait tout, quand nous nous déhanchions dans sa toile d'araignée, lentement paralysés et frappés de peur, nous étions entraînés dans un profond sommeil, et réveillés à la fin du jour par des jardiniers inquiets, prêts à être guidés à travers la jungle humide, voir les sommets suisses dépassant la mer. Jim Morrison, à vélo, longe les canaux.

Il est doublé par une forte tonus toute plate, aux phares rectangulaires, le capot surligné de chrome californien calligraphié sur la plaque d'immatriculation. Puis il tourne son guidon en direction de la plage. Le long des palmiers, à tronc démesurément haut, les bougainvilliers sont d'un rouge profond. Un muret blanc mal peint longe la plage. Là, je suis tombé sur Ray. Ray Manzarek. Assis sur le muret. C'était un jour spécial. Morrison, tout le monde te croyait à New York. Ray Manzarek, né à Chicago.

Fils d'ouvriers polonais. Jim Morrison, fils d'un officier de la Navy, un grand-père presbytérien et conservateur, un autre grand-père, avocat de militants syndicaux et candidat socialiste dans le Wisconsin. On s'était rencontrés à Melnitz Hall, au département cinéma de l'Université de Californie. Jim disait Rimbaud depuis la corniche du bâtiment, version Antoine Doinel, côte ouest. On avait parlé, on avait fait de la musique.

Et voilà qu'on se retrouvait à Venice Beach, un jour de juillet 1965. À l'époque, Ray ne faisait rien d'autre que filmer Dorothy en s'inspirant de Hiroshima, mon amour. Jim, lui, passait son temps à écrire des poèmes. Ça devait s'appeler « Les seigneurs notent sur la vision », « Les seigneurs » en référence à Nietzsche. Ce jour-là, assis sur le muret face à la plage, on a vu une fille, une vraie princesse nubienne, saint parfait, peau café au lait, une vraie perle noire.

Dylan non plus.

On s'est arrêté de parler. Les vagues de l'océan sont d'un ton de bleu plus profond sur le rivage et d'un autre plus clair après la barrière d'écume vers l'horizon, où planent des effets de brume, jaunes lumineux, les traces de pattes du goéland à gorge blanche, plumage gris et bec orange dans le sable mouillé. Au milieu de la plage, un poste de surveillance surpilotit, drapeau américain qui flotte au vent. J'ai demandé à Ray s'il se souvenait du livre de Huxley.

Huxley dit à peu près qu'au lieu de rester à voir le monde derrière les fissures de nos cavernes, la perception est infinie si on ouvre grand les portes. C'est ça ? On est allé se baigner. L'océan, du vert au turquoise, vagues chaudes, écume, l'azur, liquide bleu électrique, impeccable. Ray Manzarek a filmé Jim ce jour-là. Pieds nus, short et torse nu, tu tournes en mini-vélo dans le village de Bangalow en riant.

Le plan suivant, tu es assis sur le plancher d'un cabanon. Je ne sais pas ce que j'ai dit, mais... Tourné vers la caméra, tu éclates de rire en jetant la tête en arrière. Le rire de Dean Moriarty, le personnage de Kerouac dans Sur la route. Avec Jim, on ne pouvait pas savoir si on allait organiser un meurtre ou fonder une religion. Comme dit Huxley, entre les cactus et les garages, quelque chose rôdait. Track 3. Scène de nuit sur la grève. Le midi, j'allais manger afro-américain chez Olivia.

Au coin de Maine et Ocean Park. Après, je traînais à Long Beach, parfois jusqu'au dock du port. On prenait légalement du LSD avec Felix Venable, un étudiant. Un vrai tordu, dit de lui Raymond Zarek. Sans répondre, Jim Morrison regarde passer une cadillac. Il lui arrive de fumer du Panama Red avec des filles à Sunset Strip, de voir des éclairs blancs sous acide. Il va aussi écouter Allen Ginsberg accompagné d'un joueur de bongo au Gaslight Club. Ne va pas au concert de rock, sauf pour voir Brian Jones.

car il fait taire les présentateurs télé quand il veut chanter du blues. Le soir, on joue avec Ray, Robbie et John au Fog. Le London Fog. Une boîte à la façade bleue et rouge, à côté du Galaxy, sur le Sunset Strip. Sur la photo, une Ford marron est garée devant. Le néon dans la nuit. À l'entrée, une pancarte, lettres blanches sur fond rouge. The Doors. Après, je me saoule au Lucky You, puis je reviens vers la plage avec une fille. On marche sur la promenade parmi les gens le long de la mer.

L'été, je passe mes journées comme ça. Quand j'en ai assez du toit du garage de chez Dennis, je trouve un canapé. Merci à toutes les filles qui m'ont donné à manger. 23h, la promenade du front de mer. Oceanfront Walk. Quelques hôtels à la peinture écaillée. Des grappes de pelle et de seau au fronton des boutiques sous les palmiers. Sous un réverbère, un banc où sont assis deux vieux Mexicains. Un enfant en poncho debout en équilibre sur la coudoir. Des filles à la terrasse du Venice Bistro.

Il y en a une qui dit « À moi, mon gars me manque ». Jim traverse la plage dans la nuit. Il est au bord des vagues maintenant. Il se retourne. Il frotte le dessus de son pied derrière sa cheville. Je la vois venir. Elle s'appelle Pamela. Je suis sûr que Pamela et Jim se sont rencontrés en avril. En avril 66, au Fog. Leurs esprits se sont entremêlés. Elle parlait d'astrologie, de LSD et d'immobilier. Pamela Corsen, étudiante au Beaux-Arts.

cheveux roux, les yeux verts, peau de lait. Jim, il s'appelle Jim Morrison. Il dit Pamela, fais voir tes yeux pour voir ce que j'ai pris. Pamela dit, toi, tes yeux sont toujours sombres. Il m'appelle sa compagne cosmique. Pas aidée de ce que c'est, mais je trouve ça bien. Le soir, quand je vais le chercher au fog sur le strip après le concert, il veut toujours marcher. 20 minutes.

Et cette route qui monte. Il chante du blues en marchant. Moi je l'appelle Lord Byron Rock. C'est un poète. On rentre chez nous à Laurel Canyon. On est un. Cette fille. Tout ce qui est sensation, elle en veut et intense avec ça. Et des frayeurs violentes.

Elle lit mes textes. Elle dit qu'elle sera la gardienne de ma poésie. Je la crois. Ouais, j'aime quand c'est bien lent.

J'aime quand c'est méchant. J'aime quand je me prépare. J'adore t'entendre te désaper. Femme nue en cavale. Je m'en fous que tu ronges le fort. Le soleil secoue très loin sur la mer. La voilà, petite fille qui va me libérer. Allez, viens maintenant, on remet ça. Je me dis, prie Pamela.

Pour oublier la colline grise dehors et le type sur l'avenue qui lance des bouteilles dans le noir. Jim est au-dessus de toi. Son visage, un don du ciel. Les lèvres en trouvaient, les yeux fermés. Tour à tour net, le bonheur, ce serait pas croyable. Je crois que tu sais ce qu'il faut faire. C'est possible, oui, mais c'est vrai.

Track 4. Les vents de Santa Ana. C'est l'automne. Ce soir, les vents de Santa Ana soufflent sur l'Oral Canyon. Longtemps, les vents de Santa Ana empêchèrent les gallions espagnols d'accoster sur les côtes de Californie, les repoussant vers le large. En 1579, un seul s'y risqua, un corsaire anglais. Quand il souffle sur Los Angeles...

poussant à travers le Pacifique les nuages immenses et roses qui emportent la pluie. C'est la canicule. L'incendie prend partout dans les canyons. À 130 à l'heure, les vents de Santa Ana propagent le feu sur les monts Sainte-Gabrielle. Des feux ardents, en quête d'un baiser d'adieu, sec et calme. On dit que quand les vents de Santa Ana soufflent, il y a des crimes, des accidents de voiture, des noyades, des overdoses. Pamela, fais attention à toi.

Le vent du désert brûle même les humains de l'intérieur. Un baiser d'adieu sec et calme. Ce qu'il veut, Jim, c'est être poète. Il dit que tous les textes qu'il a écrits sur le toit du garage, il les publiera à compte d'auteurs. Le premier recueil aura pour titre « Les seigneurs, notes sur la vision ». La couverture sera en parchemin crème, format 21-27, relié en bleu roi et titre doré. Le second s'appellera « Les nouvelles créatures », 42 pages, papier jaune pâle.

relié en carton marron, signé James Douglas Morrison. Jim écrit tout le temps. Il préfère être seul. Je roulais à travers les collines de Los Angeles en feu. Je pensais aux cheveux roux de Pamela. J'ai mis un ruban orange dans mes cheveux. Je l'attends à Laurel Canyon. Je roulais sur Sunset Boulevard et les vents de Santa Ana soufflaient sur les garages de motos.

Les boutiques d'antiquité, les palmiers, la plage, sur le toit du 9000 building où j'avais marché un jour. Ça soufflait boulevard Santa Monica, sur les studios Radio Recorders où Elvis a enregistré Love Me Tender. Ça soufflait sur les boîtes de striptease et les vieux clubs où avait chanté Dean Martin, sur le strip. Jim, où tu es ? Mon bras me fait mal. Cigarette. Pas fait grand chose aujourd'hui. Jim préfère aller à l'épicerie du coin. Il y en a sur le comptoir.

De l'alcool, je veux dire. Moi, je n'ai plus ma tête. C'est ce vent infernal qui souffle du désert aussi. Dylan Thomas dit que la poésie est utile au moins pour une raison. C'est la chronique de notre lutte personnelle avec l'obscurité. Notre combat pour la lumière. Jim, après la lumière... Je me garais devant le faune bouffe. Un bar avec son néon tout rouge et son carrelage blanc encore chaud du soleil de l'après-midi. Le meilleur endroit qui soit. Là, je me saoulais avec Tom ou autre.

Je dormais parfois au motel d'à côté, l'Alta Cienega, en bord de parking, l'Hôtel Vert, chambre 32, tandis qu'hurlaient les sirènes de pompiers en route vers les feux des collines, au bar. J'étais aussi seul que dans le désert. Alors je roulais vers l'océan. California State, Route 1, axe nord-sud, Pacific Coast Highway, la 1, la première route, creusée à flanc de falaise, bordée de bruyères et de bois de pin, fougères sur les bas côtés.

Une ombre épaisse s'étend sur l'asphalte en direction de Picture. Au loin, une vaste étendue de côtes fracturées qui s'écroulent dans l'océan. Chaleur étouffante, je rêvais d'un baiser sous l'orage. J'avais peur de l'océan, de l'ombre de moi-même. En contrebas, le long du Pacifique, des murailles de 300 mètres, des ravins à piques, des plages de sable blanc, et l'océan avec ses vagues qui hurlent en s'engouffrant dans les infractuosités noires de la roche, soulevées par les vents de Santa Ana.

Jim Morrison, Indoors Outdoors, de Christine Spianti.

Conseillère littéraire, Emmanuelle Chevrière.

Prise de son, montage et mixage, Bastien Varigo et Philippe Bredin. Assistante à la réalisation, Louise Loubrieux. Réalisation, Laurie Goroff. Remerciements à Lily Stein. Tous les textes de Jim Morrison sont parus chez Christian Bourgois, éditeur, dans des traductions de Yves Buin, Richel Dassin, Hervé Muller, Sabine Prudent,

Werner Rehmann, Patricia Deveau.