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cover of episode "L’ île du Docteur Moreau" de H.G. Wells 1/5 : Une ménagerie maritime

"L’ île du Docteur Moreau" de H.G. Wells 1/5 : Une ménagerie maritime

2025/5/25
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Le Feuilleton

AI Deep Dive AI Chapters Transcript
People
P
Prendick
医生
叙述者
船员
船长
蒙哥马利
蓝衣人
驼背人
Topics
叙述者:我的叔叔爱德华·普伦迪克在海上失踪11个月后重新出现,但精神状态很差,而且语无伦次。心理学家认为这是由于海难造成的精神创伤。虽然他的故事缺乏确凿证据,但我认为将其公之于众应该没什么问题。同时,确实存在一艘名为Ipecaquana的纵帆船,这艘船的出现与我叔叔的经历存在时间上的吻合。 爱德华·普伦迪克:我遭遇海难后,与其他幸存者在救生艇上漂流。为了生存,他们提议牺牲一个人,喝他的血。我拒绝了这种提议,宁愿大家一起死。后来,我被Ipecaquana号救起,但船上的环境非常奇怪,船上载满了动物,而且船员行为怪异。在航行途中,我被送到了一个无名岛屿,岛上似乎在进行着某种生物实验。 船员:我们船上食物不足,船长也不会回来救我们。我们对普伦迪克说,别用绳梯,用你的驼背来帮忙。我们停下来了,别再问问题了! 医生:我把你从海里救了起来,给你输液和喂食,把你当成一个标本一样对待。我告诉你,一个人的生活只是一系列的巧合。我本应该在伦敦享受生活,但现在却被文明社会抛弃了。你最好保守你的秘密。 蒙哥马利:我不会让你死的。是我让小艇掉头来救你的。我会尽力帮助你适应这个岛屿。 蓝衣人:我们不能带你走!没地方了,我说了!你来到了一个特殊的生物站。如果你能帮我们处理兔子,我们三个人就够了。我们这里很少有船经过,大概一年一艘。我们这个岛是特别的生物站。

Deep Dive

Chapters
Ce chapitre relate le naufrage du Lady Vane le 1er février 1887 et la survie extraordinaire d'Edward Prendick, retrouvé 11 mois plus tard, seul rescapé, sur un canot de sauvetage. Son arrivée sur l'Ipecaquana, un navire marchand, et sa rencontre avec le docteur Montgomery sont détaillées. L'état second d'Edward et ses souvenirs flous sont évoqués.
  • Naufrage du Lady Vane le 1er février 1887
  • Survie d'Edward Prendick, retrouvé 11 mois plus tard
  • Secours par l'Ipecaquana
  • Rencontre avec le docteur Montgomery

Shownotes Transcript

Translations:
中文

Entrée en collision avec une épave, le Lady Vane, bateau de croisière ayant quitté dix jours plus tôt le port de Calao, Pérou, assombré par environ 1 degré de latitude sud et 107 degrés de longitude ouest.

La date de ce naufrage, le 1er février 87, est restée dans les annales maritimes. Onze mois et quatre jours plus tard, le 5 janvier 88, mon oncle Edward Prendick, gentleman qui vivait de ses rentes et faisait partie des passagers du Lady Vane, fut retrouvé par 5,3 de latitude sud et 101 degrés de longitude ouest alors qu'on le croyait noyé.

Il était le seul rescapé sur un canot de sauvetage au nom illisible mais qu'on supposait appartenir à une goélette disparue, l'Ipeca Quana. Il n'est pas mort, il a changé de forme, il a abandonné son corps. Pendant quelques temps, vous ne le verrez plus. Il est tout là-haut, au ciel, d'où il peut vous voir. Vous ne pouvez pas le voir, mais lui, il vous voit. Mon oncle tenait des propos si incohérents qu'on le prit pour fou.

Par la suite, il prétendit qu'il ne se souvenait de rien, hormis d'avoir survécu au naufrage du Lady Vane. Non, je suis désolé. Un blanc. Un blanc total. Son cas fut décrit par d'éminents psychologues comme un exemple curieux de perte de mémoire, convoqué par un état de stress physique et mental. Pensez-vous que le patient soit susceptible de mettre fin à ses jours ? Un suicide ? Non, je n'y crois pas un instant.

Oui docteur ? Vous pouvez le renvoyer chez lui. Vous en êtes sûr ? Faites ce qu'on vous dit. Bien docteur. J'ai découvert le récit qui va suivre dans les papiers de mon oncle. Il n'a laissé aucune consigne en vue de sa publication. La seule île connue des navigateurs dans la région où il a été retrouvé est l'île de Noble, un îlot volcanique inhabité. Il a été visité en 1991 par le HMS Scorpion.

Les marins n'y ont aperçu de vivants que d'insolites papillons de nuit, des cochons sauvages, des lapins et des rats assez singuliers. Aucun spécimen n'a été rapporté. Ce récit n'est donc corroboré par aucune preuve décisive. Cela étant bien compris, il n'y a guère à craindre dans le fait de rendre cette étrange histoire accessible au public, conformément, je crois, à la volonté de mon oncle. Ce qu'on ne peut remettre en cause, c'est que mon oncle Edouard Prendick

s'est évanouie de la surface de l'océan au large du Pérou pour réapparaître dans les mêmes parages après 11 mois. Et il semble qu'une goélette appelée l'Ipecaquana et commandée par un capitaine ivrogne du nom de John Davis avait bien quitté, en janvier 87, le port d'Arica, Chili, avec à son bord un puma et d'autres animaux.

que ce navire était connu et identifié dans plusieurs ports du Pacifique Sud et qu'il a fini par disparaître de ses mers, lesté d'une cargaison considérable de noix de coucou, tandis qu'il voguait vers son destin inconnu depuis Bagna en décembre 87. Date qui s'accorde parfaitement avec le récit de mon oncle. Je ne vais pas ici ! Je ne vais pas !

Ils n'entendent rien ces peines perdues ! Si si, ils entendent ! Mais ils n'ont pas assez de vivres pour nous ! Votre capitaine il va bien revenir vous chercher ! Pourquoi je viendrai ? Vous avez pas vu ? 100-7 sur la chaloupe ! Et nous on est 3 sur ce canot ! Avec 2 litres d'eau potable et des biscuits trempés par la pluie ! De quoi tenir un jour ou deux ! Sur le canot il y avait moi, un passager allemand nommé Elmar...

et un marin bègue dont j'ignorais le nom. Notre errance allait durer huit jours. Huit jours à dériver sur la chaloupe du Lady Vane, tenaillé par la faim et la soif. Une soif intolérable que nul ne peut imaginer. Le deuxième jour, les eaux se sont muées en une surface lisse et opaque. Chacun restait sans dire mot à fixer l'horizon. En se reportant sur nos compagnons, nos yeux s'écarquillaient à gare. L'épuisement et la détresse émassaient nos visages. Le soleil est devenu impitoyable.

J'ai entendu Elmar chuchoter quelque chose au marin. Je percevais des brises de phrases, mais dans l'état d'hébétude où je me trouvais, ces paroles n'avaient pas plus de sens pour moi que si Elmar fredonnait un refrain idiot. Si on le fait, si tu es avec moi, tous les deux, on s'en sortira. Tant pis pour lui, on n'a pas le choix. Alors le mec, t'es d'accord ? Stop ! Stop là !

Tu peux faire crever sur ce cadeau. Le quatrième jour, notre réserve d'eau a pris fin. Le sixième jour, Elmar a pris le ton de la fatalité. C'est notre dernière chance de survie. Une fatalité qu'il manipulait depuis le début. Un de nous doit se sacrifier. Les deux autres pourront boire. Il faut tirer au sort. Le Beg faisait oui de la tête. C'est pas nous, c'est le sort qui décide. Boire du sang pour survivre ? Tuer pour survivre ? On n'a pas le choix. Elmar a raison. Non !

On s'aborde le canot, on coule en même temps. C'est une fin plus digne. Finir dans la gueule des requins ? Elmar a raison. Remets-toi au sort, Prendic. Et tu pourras boire. La nuit est tombée. Je suis resté assis sur la proue. Ils me croyaient endormi, mais j'étais à l'affût du moindre de leurs mouvements. Faudra faire ça vite et sans trembler. C'était le bègue, cette fois, qui chuchotait à Elmar. Si tu l'as jamais fait, t'as intérêt à me laisser faire. Vaut mieux que ce soit moi qui lui arrache le couteau. Il le serre dans sa poche ?

Je gardais la main serrée sur mon couteau de poche, mais je doute que j'aurais eu assez de force pour me battre. À l'aube, j'ai fait mine de céder à la proposition d'Elmar. Le Beg a lancé une pièce pour désigner le perdant à pile ou face. Le Beg avait perdu, mais je savais ce qui allait suivre. Un simulacre de lutte, puis il se retournerait contre moi. J'ai jeté le couteau à la mer pour qu'au moins le combat se fasse à armes égales. Sans le couteau, leur combine ne tenait plus.

Dans les regards qu'ils ont échangés, c'est devenu chacun pour soi. Comme ils étaient tout près l'un de l'autre et que je restais sur la proue, ils se sont mis à se battre, pour de vrai, comme des bêtes enragées. Ils luttaient en faisant vaciller le canot. Je me suis mis à ramper vers eux pour les séparer, mais ils ont basculé par-dessus le plat-bord et coulé, comme des pierres. Un rire a jailli dans le silence, comme au-dessus de moi. C'était mon propre rire qui venait de me surprendre.

Il semblait courir sur les flots en s'éloignant de la chaloupe. Combien de temps suis-je resté étendu sur le banc de nage ? Ne bois pas l'eau de mer, Edward. Les naufragés, quand ils se laissent aller à boire l'eau de mer, deviennent fous et meurent vides. Entre hallucinations et souvenirs, les images se succédaient dans mon cerveau. Edward ! Edward ! Edward ! Edward ! Edward !

Ma tête oscillait avec les flots. Sur la ligne d'horizon, une voile délicatement posée dansait, dansait de haut en bas. Et je me rappelle avoir pensé, quel dommage que je sois déjà mort. Oui, quelle mauvaise blague ce bateau qui, à quelques instants près, aurait pu me trouver vivant dans mon corps. Un homme ! Un homme seul dans le cadeau ! Avec moi, ma ligue ! En roue vive !

Plus mort que vif ! N'ayez pas d'échelle de cordée ! Débrouillez-vous avec votre bossue ! Oublie ce satané capitaine ! On est à l'arrêt, vos questions s'affolent ! J'ai le vague souvenir d'avoir été porté sur le passavant du voyant. Un visage renfrenier, sous une touffe de cheveux roux, m'a observé en grommelant. Dans l'état où il est, il valait mieux le laisser sans le cadeau.

On le dépose sur ma couchette. Il soulève ses jambes. Voilà. J'ai eu l'impression, étrange, qu'une tête brune ouvrait sur moi deux yeux extraordinaires. Un cauchemar, ai-je pensé. Mais c'était avant que je revoie cette tête en plein jour. On m'a fait ingurgiter je ne sais quel boisson et le noir complet a tout envahi. Voilà.

Comment vous sentez-vous maintenant ? L'homme qui me parlait avait des cheveux de lin, la lèvre inférieure tombante. On vous a trouvé sur un canot. Vous rendez fin. Le regard étrangement vide. Il portait le nom du Lady Vane. Et des traces pas très catholiques sur le plat-bord. Tenez, buvez ça. Vous en avez besoin. Un sale goût du sang. Et vous vous sentez mieux ? Pas vrai ? Une chance pour vous. Le bateau qui vous a repêché transporte un homme de médecine. Moi. Quel est ce bateau ?

L'Ipecaquana. Vous croirez si vous voudrez, c'est le nom d'une plante vomitive. Vous êtes sur un navire marchand venu d'Arica et Calao. Ou du pays des idiots de naissance, on dirait plutôt. Son capitaine, un certain Davis, n'a plus le droit de naviguer. Mais il dit à personne. Ces piqûres sur mon bras ? Des injections. Vous avez perdu connaissance pendant plus de 30 heures. Je vous ai rabiboché. Je suppose que je dois vous remercier. Je meurs d'envie de savoir qui vous êtes.

Et comment vous vous êtes retrouvé sur ce cadavre ? J'ai cru déceler dans ses yeux de la méfiance à un soupçon. Son, ses hurlements sont insupportables ! Il a quitté brusquement la cabine. Je l'ai entendu se disputer avec quelqu'un où on aurait dit qu'ils allaient en venir aux mains. Tout ça se mêlait à des grondements de bêtes sur le pont. Alors ? Puis il est revenu dans la cabine, comme si de rien n'était. Vous alliez me dire qui vous êtes ? Prendic.

Edward Prendick. Je vide mes rentes et trompe mon ennui en me consacrant à l'histoire naturelle. C'est ce qui me fait parcourir les quatre océans. Un amoureux de la science, comme moi. J'ai étudié la biologie à Londres. Dissection de l'art adulte de l'escargot, de l'ovaire du ver de terre, tout ça. Mon Dieu, c'était il y a dix ans. Gower Street est loin d'ici. Kapladzi marche toujours aussi bien. Tout s'épistouille et aligne. Un vrai rêve de carabin. Le soir, j'écume les music-hall. Et que cette jeunesse !

A 21 ans, j'étais déjà cramé. Je me suis conduit comme un idiot. Ce qu'il appelait ses excès de jeunesse avait tout d'un excès d'alcool. Pas tout à fait guéri. Je sortais d'un naufrage, mais lui semblait continuer le sien. Enfin, tout est différent aujourd'hui. J'ai demandé au cuistot de vous préparer du mouton. Je vais voir où ça en est. Excusez-moi. Monsieur... Appelez-moi Montgomery. Quelle est notre destination ? Hawaï. Je vais être déposé en route. Où ça ? Sur une île où j'habite. A ma connaissance, elle n'a pas de nom. Pas de nom ?

Je vous apporterai des habits, avec le repas. Après 24 heures passées à dormir et manger, j'avais assez récupéré pour pouvoir aller de ma couchette au hublot. De là, je pouvais voir les vagues chevaucher à la poursuite du navire. Notre goélette courait vent arrière. Par temps clair, tandis que le soleil entamait sa descente à l'ouest, j'ai emprunté l'échelle du Gaillard d'arrière à la suite de Montgomery. C'était la première fois que je m'aventurais sur le pont. Un être bossu, difforme,

Au geste maladroit, obstrué le passage. « Maligne, bon sang ! Ta place n'est pas ici, retourne sur le gaillard d'avant ! » Le bossu s'est tourné vers nous avec une vivacité quasi animale. La singularité de ses traits m'a tout de suite frappé. « Ils veulent pas de moi là-bas ! Ils m'ont dit de dégager ! »

Isolé du reste de son visage, son nez pouvait être pris pour un museau. Sa bouche énorme, entreouverte. Il laissait voir de grosses dents blanches qui déparaient chez un humain. Des poils noirs épais dépassés du col et des manches de ses habits. Il a descendu l'échelle en me frôlant. Je ne me remettais pas de la sidération causée par son allure entortillée, sa laideur grotesque. Il me semblait l'avoir vu quelque part.

Je l'avais déjà vu. Oui, c'était à mon arrivée sur le navire. J'avais pris son visage de gargouille pour un cauchemar, mais il était bien réel. Ce que j'avais entendu depuis ma cabine m'avait préparé, mais seulement en partie, au spectacle que je découvrais sur le pont. Je n'en avais jamais arpenté d'eau si sale. Débris de carottes, matière végétale, ordures indescriptibles. Il y avait tout ça et plus encore.

Une meute de chiens de chasse était attachée au grand mât. Ils bondissaient vers moi en étirant leurs chaînes. Sous le mât de Mizène, un immense puma trépignait dans sa cage en fer. Prison si étroite qu'il ne pouvait s'y retourner. Plus loin, sous le pavois de Tribor, des lapins étaient entassés dans de grands clapiers et un lama étirait son cou dans la boîte qui lui servait de cage. Les chiens étaient muselés par des lanières en cuir. Seule présence humaine sur le pont, le marin taiseux et décharné qui tenait la barre.

C'est une ménagerie maritime. On dirait bien. Ces bêtes vont servir à quoi ? Marchandises, curiosités ? Le capitaine s'imagine qu'il va les revendre dans les mers du sud. On croirait ça. Pas vrai ? Il me fixait d'un air narquois. Ses fous fuyants me faisaient catiser mes curiosités. Alors, bonjour !

Le capitaine se défoulait à nouveau sur Maligne, le serviteur de Montgomery. Sonné par un coup dans le dos, le malheureux alla rouler parmi les chiens. Par chance, les muselières emprisonnaient leur croc.

Capitaine Davis, cet homme est mon aide, et un passager comme les autres ! Je vous défends de porter la main sur lui ! Allez au diable, vous ! Au médecin ! Tranche-là ! Gardoff, faites ce que je passe sur mon bateau ! Depuis qu'on est à bord, votre équipage ne cesse de le brutaliser ! Depuis que vous êtes à bord, mon bateau est une forcerie ! Vous êtes payé pour transporter ces bêtes ! Payé, oui oui oui ! Assez bien ma veine !

Ils en seraient venus aux mains si je n'avais pas haussé le ton. Aux mains et aux sabres, vu le caractère imprévisible de cette ivrogne de capitaine. Vous entendez la ferme ? À moi !

Je regrettais tout de même d'avoir oublié que j'étais seulement toléré sur ce navire. Une épave humaine, sans billet de passager, dans ma situation, il valait mieux ne pas la ramener. Au moins, j'avais évité une conclusion sanglante. Merci. Splendide, n'est-ce pas ? C'est l'heure où toutes les étoiles sont visibles, de la plus lumineuse à la plus pâle. La terre que la Vigie a signalée ?

C'est votre île, n'est-ce pas ? Oui. On ne la voit plus dans l'obscurité, mais elle est bien là. Je vais pouvoir débarquer à l'aube. On ne se reverra sans doute pas. Pourtant, je vous dois la vie. Le hasard. Un pur hasard. Je préfère remercier la personne que j'ai sous la main. Ne me remerciez pas. Vous aviez un besoin, moi la compétence. Je vous ai perfusé et nourri comme je l'aurais fait en recueillant un spécimen. Je m'ennuyais, il fallait bien que je m'occupe. Si j'avais été trop blasé ce jour-là, ou si votre tête m'avait déplu, ben... Oui, on peut se demander où vous seriez en ce moment ?

En tout cas, je maintiens que vous m'avez dit... Le hasard, je vous dis. La vie d'un homme n'est qu'une suite de hasards. Tenez, je fais quoi ici, moi ? Un exclu de la civilisation, alors que je devrais être en train de profiter des plaisirs de Londres ? Tout ça parce qu'il y a onze ans, j'ai perdu la tête par une nuit de brouillard. Perdu comment ? Perdu, c'est tout. Ces ciels étoilés, c'est pire que l'habitude pour vous rendre bavard. Je serais idiot de vous raconter ça, même si c'est pas l'envie qui me manque.

Quoi que vous direz, je peux vous assurer que je le garderai pour moi. Ne me dites rien. Vous faites bien de garder votre secret. En me le confiant au mieux, ça vous soulagerait si je respecte la confidence. Et si je ne la respecte pas, qu'est-ce qui se passerait ? Il s'est contenté de sourire. Allez, je vais me pioter. Bonne nuit. Bonne nuit. Malgré tous mes efforts, j'avais échoué à le faire parler. Une respiration rauque m'est parvenue depuis la poupe. J'ai tourné la tête. Mes yeux ont croisé ceux de ma ligne.

Sous la lanterne du gouvernail, il brillait d'une étrange lueur fauve comme dépourvu d'humanité. L'espace d'un instant, cette silhouette noire a fait rejaillir en moi les horreurs enfouies de l'enfance. Je suis allé me blottir sur ma couchette, sans réussir à trouver le sommeil. Le lendemain, cela faisait quatre jours qu'on m'avait recueilli en mer, un remue-ménage m'a réveillé. Dans le ciel embrasé, le soleil commençait tout juste à se lever,

J'ai vu la cage du puma tournoyer sans fin puis être déposée par un cabestan sur une longue chaloupe. La pauvre bête rugissait de frayeur en se recroquevillant dans sa cage. Je voulais monter sur le pont, le capitaine me barrait le passage.

J'ai joué des coudes pour qu'il s'écarte. Toujours aussi imbibé le maître de bord. Près de moi se tenait Montgomery, en train de parler à un homme aux cheveux blancs à forte carrure, vêtu de flanel d'un bleu sale.

Il venait de monter à bord. Le capitaine me jette à la mer ! Montgomery a haussé les épaules comme s'il ne pouvait plus rien pour moi. C'est l'homme en flanel qui a répondu. On ne peut pas vous prendre ! Mais si je ne monte pas sur votre chaloupe, je vais... Pas de place, je vous dis ! Non, attendez, Montgomery s'il vous plaît ! Montgomery, attendez, Montgomery s'il vous plaît ! Lançant un regard désespéré vers la chaloupe, j'ai aperçu trois silhouettes étranges. Ces matelots n'appartenaient pas à la goélette.

Ils avaient la peau brune, parlaient une langue étrangère et portaient des turbans. Leurs mains et leurs pieds étaient emmaillotés de bandelettes blanches. Pourquoi leur corps m'apparaissait-il anormalement long ? Leurs cuisses aussi courtes et curieusement tordues ? Je n'ai pas eu le loisir de les examiner plus longtemps. Les hommes du capitaine m'ont flanqué sur le canot du Lady Vane que la goélette remorquait. Pour moi, c'était retour à la caisse départ. L'eau montait jusqu'à mes genoux. Le canot n'avait ni vivres ni rames. Ils ont coupé la mare et je me suis mis à dériver.

Ce n'était pas vers l'île que le courant m'emportait, mais vers le désert immense de la mer. Je me suis mis à pleurer et sangloter comme un enfant. J'ai frappé des points dans l'eau qui montait, donné des coups de pied dans le plabor, et j'ai prié Dieu pour qu'il me laisse. Je n'allais tout de même pas vous laisser mourir. C'est vous qui avez ordonné à la chalouque de faire demi-tour pour prendre mon canon en remorque ? Montgomery m'a assuré que le capitaine ne vous repêcherait pas.

Il me voilà échoué sur votre île. Une île sans nom. Montgomery me dit que vous avez des connaissances et scientifiques. Oui, je vous demandais quelle science. J'ai étudié la biologie sous la direction de Huxley. Rien que ça. Vous auriez dû le dire plus tôt. Il se trouve que nous sommes des biologistes, nous aussi. Vous venez de débarquer sur une station biologique d'un genre particulier. L'homme en flanel bleu ne m'avait pas donné son nom, ni celui de l'île. Tout laissait à croire qu'elle lui appartenait.

Les ordres qu'il lançait au matelot, occupé à faire rouler la cage du puma vers un enclos en pierre, la déférence de Montgomery envers sa personne, et cette air de farouche détermination qui s'affichait sur ses traits. Même quand il souriait, surtout quand il souriait, les coins de sa bouche tombaient vers le bas en un pli amer. « On peut savoir quand vous pouvez repartir. » « Oui ? » « Nous sommes à l'écart des routes maritimes. » « Nous voyons passer un bateau tous les douze mois. » « Douze mois ? » « Bravo ! »

Si on demandait à Prendick de nous aider avec les lapins, on sera pas trop de trois pour les éparpiller. En effet. L'idée de séjourner 12 mois sur cette île me paraissait grotesque, irréelle, comme la succession d'événements qui m'avaient arraché à ma vie ordinaire. J'ai contemplé l'enclos de corail et de pierre ponce érigé sur un promontoire à la végétation très dense. La cage du puma venait d'y être roulée. Mes yeux sont remontés le long d'un panache de fumée blanche qui s'élevait à une hauteur vertigineuse. Prendick ! L'exclamation du vieil homme m'a fait réçaillir.

je me suis aperçu que Montgomery l'avait appelé par son nom : "Moron". Un nom étrangement familier. L'île du docteur Moron de H. G. Wells. Stéphane Meshaka. Avec Jérémie Légoun.

Musique originale : Corentin Nicard-Raon Corentin Nicard-Raon et Stéphane Bellitti

Bruitage, Bertrand Amiel et Aurélien Bianco. Conseillère littéraire, Emmanuelle Chevrière. Prise de son, montage et mixage, Pierre-Henri et Timothée Hubert. Assistante à la réalisation, Claire Chénaud. Réalisation, Mélanie Péclat.