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cover of episode "Le Dormeur s’éveille" de H. G. Wells 1/5 : Le réveil

"Le Dormeur s’éveille" de H. G. Wells 1/5 : Le réveil

2025/6/1
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Le Feuilleton

AI Deep Dive AI Chapters Transcript
People
C
Catherine Isbister
G
Graham Smith
H
Hélène Walton
J
Journaliste
N
Narrateur
N
Natacha Triou
W
Warming
Topics
叙述者:我作为最后一个见到格雷厄姆·史密斯的人,见证了他陷入长眠,当时我并不知道他会成为一个传奇,他的沉睡也影响了我后来的艺术创作方向,让我更加关注潜意识和睡眠等主题。 格雷厄姆·史密斯:我长期失眠,精神和身体都备受折磨,完成关于工人阶级状况的著作后,我的思绪更加混乱。我对社会和政治的看法让我感到痛苦,甚至想要结束自己的生命。当我醒来时,我发现自己身处一个完全陌生的未来世界,我对这个世界一无所知,也对自己的身份感到困惑。 凯瑟琳·伊斯比斯特:我试图帮助格雷厄姆·史密斯摆脱失眠的困扰,建议他多做运动,并劝他不要自杀。我一直关注着格雷厄姆的情况,即使他一直沉睡不醒。我甚至希望能够亲眼见证他醒来的那一刻,听听他对这个世界的看法。 沃明:我负责管理格雷厄姆·史密斯的信托基金,他的财富一直在增长,即使在他沉睡期间也是如此。我认为应该保护他的财富,防止落入不法之徒之手。皇家医学院已经不再想处理格雷厄姆的身体,这让我感到担忧。 记者和娜塔莎·特里奥:我们报道了格雷厄姆·史密斯的沉睡和他的财富,他已经沉睡了 120 年,如果他今天醒来,他将 163 岁。他的信托基金已经成为世界上最富有的基金之一。 海伦·沃尔顿:我研究过格雷厄姆·史密斯的时代,我知道他来自哪里,也知道他需要什么。当我看到他醒来时,我向他微笑,因为我知道他将在这个新的世界中扮演重要的角色。

Deep Dive

Shownotes Transcript

Translations:
中文

Le Dormeur s'éveille, d'après le roman de H.G. Wells. Adaptation Stéphane Michaka. Réalisation Cédric Aussire. Premier épisode, Le Réveil. Devant un mal mystérieux, incompréhensible, qui n'a d'abord haussé les épaules, nié l'extraordinaire ? Au printemps 1899, je séjournais à Boscastle, en Cornouaille.

C'est ce qui m'a valu d'être la dernière personne à voir Graham Smith avant son long, son très long sommeil. J'étais loin de me douter que ce jeune homme aux yeux agarres, aux joues sillonnées de larmes, deviendrait un jour une légende. Loin de me douter que le monde entier se mettrait à l'appeler le Dormeur. Il est vrai que nous étions dans la contrée du roi Arthur. Les ruines du château de Tintagel étaient proches.

Je songeais à ces légendes de rois endormis qui se réveilleront un jour pour rétablir la grandeur d'un pays. Mon carton a dessin sous le bras. Je remontais le sentier qui mène aux grottes. Ça ne va pas ? Je ne peux pas dormir. Je n'ai pas dormi depuis six jours. Il était assis sur un promontoire russeux et se penchait sur le vide de façon inquiétante. Vous avez vu un médecin ? Oui, mais les médicaments qu'on prescrit, ils détraquent mon système nerveux, alors je n'ose pas les prendre. Vous dessinez ?

Ce carton sous votre bras ? C'est juste des esquisses. Catherine Isbister, aquarelliste obstinée. Graham, Graham Smith. Je n'ai jamais souffert d'insomnie, mais vous avez essayé un peu d'exercice ? Je ne fais que ça. Je longe la côte de Pignouki jour après jour. Ça n'a fait qu'ajouter de la fatigue musculaire à ma fatigue mentale. Sur mon âge ? Je rédigeais et j'écris un livre.

Un traité sur la condition ouvrière. La condition ouvrière vous a mis dans un drôle d'état. Depuis six jours, depuis que j'ai achevé mon livre, toutes mes idées sur le socialisme, l'état du pays, tout ça a tourbi une sans cesse dans mon crâne. C'est un torrent de pensées qui ne vont nulle part et me mènent droit... Droit où ? Au gouffre. Vous devez dormir. Graham, vous avez juste un grand, un très grand besoin de sommeil.

Avez-vous déjà vu des débris entraîner dans un tourbillon ? Hors de la lumière du jour, hors des clartés de la raison. Mais... Au fond du gouffre, dans le noir précipice. Là, j'en finirai une bonne fois pour... Là, je trouverai le sommeil. Vous jetez au bas de la falaise. C'est ça que vous voulez. Vous brisez les eaux sur les rochers. Mais essayez. Il a levé les yeux. On aurait dit que ma remarque faisait son effet. Quoi de plus lamentable que de se retrouver tout grelottant entre ses rocs ?

fouettés par des vagues qui font cliqueter vos os et bluisent vos lèvres. Désolé de vous décevoir, mais d'un point de vue esthétique, un suicide au pied d'une falaise, c'est tellement cliché. Surtout si on se rate. Vous entendez ça ? Des écoliers. Ils viennent de toute la région admirer les grottes. On dirait qu'ils chantent en gaélique. J'étais à Dublin l'an dernier, je m'intéressais au sort de l'Irlande. C'est bientôt l'heure du thé. Venez avec moi. Vous m'en direz plus sur votre penchant pour la révolte.

Je le trouvais, ce Graham Smith, aussi poignant qu'agaçant. Il semblait n'en faire qu'à sa tête. Mais jamais je n'aurais imaginé que sa situation virerait au tragique. Et dans ma propre chambre, le soir même. Vous dites que ça tournoie sans cesse dans votre tête. Mais l'agitation les remousse et le propre de l'intellect. Vous avez seulement poussé le vôtre à l'excès. Il n'y a pas que ça. Vous n'êtes pas dans mon crâne.

« Oh, Dieu m'en préserve ! » « Si vous l'étiez, vous pourriez entendre un battement, un tournoiement oppressant. On dirait qu'un voile se dépose et se retire sans cesse devant mes yeux. Et ça tourne, ça tourne, ça tourne. » « Buvez votre thé. Je le pose là. » Tandis qu'il cachait son visage avec ses mains, une idée m'a effleurée. Si je versais dans sa tasse un vieux remède de druide contre l'insomnie, Malogeuse pourrait peut-être m'en fournir. « Ne bougez pas de votre fauteuil.

Je vais voir si Madame Penrose peut nous servir à dîner. Vous resterez bien dîner avec moi. Graham, Graham. Les mains sur ses paupières, il restait parfaitement immobile. Avait-il enfin trouvé le sommeil ? Je me demande. Laissons-lui sa chance. Pas le moment d'interrompre. J'ai quitté la chambre sur la pointe des pieds. Il est quand même très immobile. Je suis resté un peu dans le jardin.

À travers la fenêtre, par-dessus les capuchons de moines, leurs pétales ressemblaient à des têtes tournées en tous sens, je pouvais observer Graham. « Madame Isbister, il y a un jeune homme dans votre chambre ? » « Madame Penrose, je vous explique, il est convalescent. » « Convalescent ? » « Il vient seulement de s'endormir après six nuits de veille. » « Six nuits de veille ? » « Pourrez-vous servir le dîner dans ma chambre ? » « Ce n'est pas habituel. » « Je vais voir ce que je peux vous préparer. »

Il doit me rester du Welsh et de la tarte aux pommes. Mais ce n'est pas habituel. Quand les premières chauves-souris sont apparues, j'ai regagné ma chambre. C'était l'heure où les marins poussent la chansonnette. De quoi réveiller un... J'ai soulevé la lampe. Grahame ? Sa posture était inchangée. Pas la moindre respiration. J'ai collé mon oreille contre la sienne. Vous êtes endormie ? Grahame ?

Vous êtes endormi ? Ses mains ont glissé de son visage. Il avait tout d'un mort. Madame Penrose ! Madame Penrose ! Madame Penrose ! Allez chercher un médecin ! Madame, il se fait un peu facile ! J'ai bien peur que ce jeune homme... Il est arrivé quelque chose ? Je ne sais pas. Il est mort ou tombé en syncope. Ça ne se fait pas. Il y a un médecin dans le village ? C'est tout à fait inhabituel. Où trouver un médecin ? À l'heure où je rédige ces mémoires...

Il y a peu d'espoir que Graham se réveille un jour, en tout cas de mon vivant. Mais en refermant ce chapitre de ma vie, cette brève rencontre avec Graham Smith, je me dois de noter qu'elle a coïncidé avec le début de la période la plus créative de mon existence. Ma visite des grottes de Pintergun et, semble-t-il, ma rencontre avec le dormeur ont décidé de l'orientation ultérieure de ma peinture, l'inconscient, le sommeil.

La transe. Ils ont pris une place décisive. Et je n'ai plus jamais regardé en arrière. J'admirais vos toiles. Celles-ci semblent la plus ancienne. Les grottes de Pintargon. Elles datent de l'année où Graham est tombé en catalepsie. 1899. 31 ans après, il dort encore. Si on peut appeler ça dormir. Au sujet de Graham... Il n'est jamais loin de mes pensées.

Vous savez, même si je ne suis pas allée le voir depuis, à quoi ressemble-t-il aujourd'hui ? Oh, toujours dans son caisson transparent à l'Académie royale de médecine, en longue chemise blanche, avec des marques d'injection sur le bras. Pas mort le moins du monde, et pas vivant non plus. Le cas de catalepsie le plus long de l'histoire médicale. Pensez qu'il n'a entendu parler ni de la guerre, ni de la révolution bolchévique. Elle l'aurait pourtant captivé.

Ni du krach de l'an dernier. Justement... Allez-vous me dire, mon cher Warming, que Graham, même s'il n'en a qu'uré, est ruiné comme tout le monde ? Justement, non. Depuis que vous m'avez chargé, il y a bientôt un quart de siècle, de former un trust au nom de Graham Smith, sa fortune, modeste à l'origine, n'a fait qu'augmenter.

Le krach d'octobre lui a largement profité. Je venais de tout revendre pour investir dans l'automobile et le pétrole. Le temps joue de ses tours. Graham, s'il se réveille un jour, se réveillera riche. C'est d'une ironie. Lui qui écrivait des pamphlets socialistes. S'il se réveille. Les médecins qui l'ont examiné pensent que sa léthargie pourrait durer des décennies encore. Nous devons en tenir compte.

Imaginez si ses intérêts tombaient entre les mains de... Vous voulez dire son argent ? Le trust ne le protège-t-il pas ? Avec le temps. Un organisme privé peut être sujet à des dissensions, des querelles intestines qui... Allons, allons ! ...m'étant dit qu'une fondation ou une institution publique... À quelle institution faites-vous confiance, Warming ?

Même l'Académie Royale de Médecine ne veut plus s'encombrer du corps de Graham. Le dormeur, comme ils l'appellent. Pour eux, il n'a même plus de nom. Il est vrai que son sommeil soulève des questions épineuses. Et qu'en sera-t-il de son réveil ? Je donnerai tout pour être là, le jour de son réveil ?

Juste pour entendre ce qu'il aurait à dire sur le monde tel qu'il va. Oh, je serais curieux de le savoir, madame Isbiste. Mais il est probable que ni vous, ni moi... Moi, dont le terme est si proche. Ne le verrons s'éveiller. Ou qui sait ? Qui sait ? Peut-être ne s'éveillera-t-il jamais. Peut-être traversera-t-il les âges pour finir par s'éteindre sans avoir profité d'aucun.

...

...

Ils chantaient leur joie en fraternisant au sommet du mur de Berne.

Toujours aucun signe d'éveil pour Graham Smith, le dormeur qui fête aujourd'hui ses 120 ans dans les caissons à oxygène qu'il abrite. Le Smith Trust, qui gère un fonds d'investissement évalué aujourd'hui à 1 milliard de livres sterling, s'est abstenu. Nous avons fait tant de choses, nous l'avons fait. Nous l'avons fait et quelque chose nous est en train de se dépasser.

Et nous sommes le 5 octobre 2032, il est 8h, le journal de Natacha Triou. Bonjour Natacha. Bonjour Guillaume, bonjour à toutes, bonjour à tous. Il aurait 163 ans s'il se réveillait aujourd'hui. Mais le britannique Graham Smith, entré en léthargie à la fin du 19e siècle,

reste plongée dans le sommeil. A force d'investissements lucratifs, notamment dans le secteur des éoliennes, la fondation privée qui gère sa fortune serait aujourd'hui la plus riche du monde. Elle n'a pas souhaité répondre à nos questions. Il est 8 éoles, nous sommes le 56 bourré 2084.

L'état mondial a célébré hier l'anniversaire du dormeur. A cette occasion, les éoliennes de toutes les nations se sont figées pendant une ondée avant de se remettre en mouvement. Dans le hall de l'Atlas, le Concile a choisi cette date, le 215e anniversaire du dormeur, pour présenter un nouvel exosquelette baptisé Gram 4. Le dormeur

Je me sens si faible. Mes membres en kilos et en pas. J'ai dû dormir six jours pour avoir les membres aussi. Pas envie de me lever là tout de suite. Tiens, un murmure de galet sous les vagues. Ah oui, ça me revient. Londres, janvier 2100. Le jour où tu t'es réveillé, personne ne s'y attendait. Et certainement pas toi, le premier concerné. Tu avais dormi pendant deux siècles.

Mais ton corps, ton esprit, ta mémoire étaient restés tels qu'en 1899, lorsque tu avais mystérieusement perdu connaissance à Boscastle, un village des Cornouailles. Et maintenant, tes yeux s'ouvraient, les yeux d'un jeune homme de 30 ans. Qui l'aurait-il ? Je ne reconnais pas la lumière du matin. Pourquoi c'est si lisse sous ma main ? Est-ce que j'ai été déplacé ? Où est-ce que je suis ?

Jamais vu cet endroit. Tu parlais à haute voix, mais dans cette vaste pièce en rotonde, il n'y avait personne pour te répondre. Des appareils étranges, munis de cadrans lumineux, te fixaient en silence. On m'a transporté ici, dans mon sommeil. C'est bientôt l'heure du défi. Venez avec moi. Vous ne m'en direz plus sur votre pension pour la récolte. L'aquarelliste sur la falaise, elle n'est plus là. Je ne suis pas à Bosca seule.

Des marques de prévenance au pied du lit intriguaient. « Quelqu'un a laissé un verre d'eau près de ces chaises étranges. J'ai faim et soif. » « Ce n'est pas de l'eau. » « Ça requiert mieux que dix tasses de café. » Les chaises blanches, avec leur forme recourbée, faisaient penser à des signes qui se prélassent. Sur l'une d'elles, il y avait un long vêtement noir qui ressemblait à une toge. Tu l'enfilas pour ne pas rester nue.

Il y a du monde là-bas, on dirait. Au bas de ces escaliers. Tu descendis la première volée de marche. Des couloirs, des côtes nulle part. Il y a quelqu'un ? Des ombres qui passent. Ohé ! Ohé ! Ce que j'ai pris pour des silhouettes fuyantes n'était autre que... À travers une paroi en verre, des ombres gigantesques balayaient la lumière à intervalles réguliers. Un immense mécanisme.

Roux ou engrenage ? Mais qui sert à quoi ? Tu avais envie de rebrousser chemin pour te réveiller devant l'aquarelliste un brin moqueuse. Tu croyais l'avoir seulement quitté la veille. La condition ouvrière vous a mis dans ce drôle d'état. Mais tu avais aussi le désir de savoir qui étaient ces gens. Cette foule qui criait des slogans indéchiffrables. Je vois une terrasse là. Elle donne sur l'extérieur.

On dirait une grande ville. Je vais enfin savoir où on m'a transporté. En avançant sur la terrasse, tu pouvais voir à travers la brume des sommets triangulaires, des flèches d'édifices, une architecture étourdissante. Elle ne ressemblait à rien de ce que tu connaissais. Je ne suis pas seul. Il y a deux dames en robe chatoyante penchées sur la rambarde. Leur silhouette te tournait le dos. Par-dessus la rambarde,

Tu vis l'extrémité d'une bannière et une casquette bleue lancée dans les airs. Excusez-moi. Ma voix est si faible. Ils ne m'ont pas entendu. Je vais me rapprocher. Quand ? Quand ? Il croit quoi ? Qui va se réveiller demain ? Du nom des à l'autre ? Je vous prie de m'excuser. Ils portent des robes, mais ce sont des hommes. C'est lui ? Qui c'est ? Des hommes en robe pourpre. Inimaginable !

Vous pouvez me dire où je suis ? Pas plus tard qu'hier ou avant-hier, j'étais à Boscas. Je ne reconnais pas les Cornouailles. Qui sont ces gens à tromper dans la rue ? Il ne faut pas qu'ils le voient. Les conséquences seraient gravissimes. Votre Excellence ! Non, n'approchez pas ! Votre Excellence, à qui est-ce qu'il parle ? À peine t'étais-tu retourné, qu'il t'avait saisi par les bras, il te traînait à l'intérieur du bâtiment. Rappelons-le dans la salle d'isolement. Qui lui a donné cette robe noire ?

Il ne vient pas du Concile. Vite, il est encore temps. Encore temps d'éviter une catastrophe. Laissez-moi, j'ai le vertige. Quoi ? Il est en train de s'évanouir. Soulève-le par les jambes. Par les jambes, je te dis. Tu basculais en arrière et des tours infinies, des édifices grandioses entraient dans ton champ de vision. Où était l'horizon ? La verticale ? Ton cerveau n'avait plus de repères. Ces tours étaient longues comme des tunnels.

Les passerelles qui les reliaient ensemble ressemblaient elles-mêmes à des tours, à d'interminables lignes de fuite se croisant en tous sens. Quel rêve étrange, inexplicable. Mais tout va rentrer dans l'ordre. Il suffit que je me réveille, que je me réveille pour de bon. Mais qu'est-ce qui a provoqué son réveil ? Personne ne se trouvait avec lui.

Comment est-ce possible ? Ils m'ont ramené sur le matelas. Qui était de garde ? On est tous de garde ! Dans la grande salle hors-journal. Où le dormeur se trouve seul dans la salle d'isolement ? Non, mais vous vous rendez compte ?

Vous vous rendez seulement compte qu'à quelques ondes est prêt la foule. Qui sont ces gens penchés sur moi ? Bizarrement agoutrés avec leur robe bourbe. Des prêtres ? Des dignitaires ? Ils ont l'air de se disputer. Combien sont-ils ? Au moins six ou sept.

J'aimerais bien qu'on m'explique comment il a pu s'éveiller. Mais c'est nous qui allons devoir nous expliquer. Ça aurait pu arriver hier. Ou demain. Il a fallu que ça tombe sur nous. Attendez, attendez. Gardons notre sang froid. Il va peut-être se rendormir. Tout a basculé, je vous dis. Et cette jeune femme ? Chut. Passez-vous. Il reste silencieuse. Il nous regarde. Tenez, buvez ça. Vous n'auriez pas dû sortir, Excellence ?

Vous n'auriez pas dû vous aventurer seul. Je suis où ? Vous avez dormi un long, un très long sommeil. On ne sait même pas qui prévenir. Il n'y a aucune procédure. C'est une gravité. Est-ce que vous pourriez envoyer un câble à William Guest, mon cousin ?

Il habite au 27 Chancery Lane. Aucune chance qu'il se rende. Quelqu'un doit prévenir le concile. Est-ce que vous pourriez... Il demande quelque chose. Écoutez-le, il est en train de demander quelque chose. La jeune femme qui venait de parler se trouvait un peu en arrière des autres. Elle avait des cheveux raides et noirs et l'intensité de son regard

immédiatement te frappa. C'est à elle que tu adressas ta requête. Un câble ? Il veut dire un télégramme électrique. Comment elle sait ça ? J'ai étudié son époque. Mon époque ? Je crains qu'il soit difficile de câbler à votre cousin. Il n'est pas à Londres en ce moment. Mais ne vous en faites pas. Vous avez dormi très longtemps. Combien de temps ? Plus de quelques mois ? Quelques années ? Beaucoup plus que ça. Mais...

Mais combien ? Plus d'une douce dose d'année. Une quoi ? Il ignore le système duodécimal, évidemment. Arrêtez de le torturer ! Dites-lui la vérité. Puisque son excellence désire savoir, vous venez de vous réveiller après deux siècles de léthargie. Ça n'a pas de sens. Une léthargie ne dure pas 200 ans. Il y a encore quelques jours, j'étais à Boscastle, en Cornouaille. Vous y étiez, en effet. On vous a transporté ici pendant votre sommeil.

L'auberge de Madame Penrose a été conservée. De nos jours, c'est un lieu de pèlerinage. J'y étais avec une dame, l'aquarelliste. Mais si c'était il y a 200 ans, tous les gens que je connais, toutes les personnes que j'ai vues ou auxquelles j'ai parlé avant de m'endormir, quoi, elles sont toutes mortes ? Assurément. Mes parents, mes grands-parents ?

Ma famille toute entière. Vous êtes le seul de cette époque, Excellence. Le seul ? Quelque chose m'est arrivé de proprement vertigineux. C'est le moins qu'on puisse dire, Excellence. Non, si tu le plaisanterais, vous vous moquiez de moi. Nous n'oserions pas, votre Excellence. Excellence ? De quoi suis-je l'Excellence ? C'est ainsi qu'il est convenu d'appeler le maître du monde. Le maître du...

Vous, Graham Smith. À ce nom, baissant les yeux au sol, tous s'agenouillèrent. Seule la jeune femme gardait les yeux sur toi. Tu l'interrogeas du regard, comme pour poser à nouveau la même question éperdue. Ses yeux clignèrent. Tu compris alors que tu ne rêvais pas. Et celle qui te regardait, moi, Hélène Walton, sourit au dormeur qui s'était enfin réveillé. Le dormeur s'éveille.

d'après le roman de H.G. Wells. Adaptation Stéphane Michaka Premier épisode

Stanislas Stanik

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