Le peuple reste asservi.
Et celui qui tire les ficelles a pour nom Ostrog. Tandis que des troubles éclatent à Paris, la résistance s'organise. La fortune du dormeur doit maintenant profiter à tous. Mais lassé de porter les espoirs du monde, l'ancien dormeur ne veut plus faire la révolution. Cinquième épisode, Graham prend la parole. « Je ne sais pas si tu m'entends. »
C'est la première fois que je laisse un message parler, sonore, je ne sais pas comment on dit. Quand j'étais gamin dans les hôtels de luxe, il y avait des boîtiers au mur, les premiers téléphones. Asano m'a raconté que 100 ans après, il y en avait partout. Les gens se parlaient en se laissant des messages, comme s'ils vivaient dans des mondes parallèles. Des mondes parallèles. Asano ne sait pas que je t'appelle. Personne ne le sait. J'ai trouvé ton numéro sur un kinétoscope. Euh...
Un écran au poste central des éoliennes. J'espère que tu m'entendras. Il y a trois jours, tu étais devant moi. Furieuse, mais devant moi. Maintenant, j'ai l'impression de te parler depuis une autre époque. Moi aussi, à 20 ans, je voulais faire la révolution. Moi aussi, je détestais les tyrans. Mais depuis que j'ai vu la foule mitraillée à la sortie de l'aréna, les corps empilés sur les décombres du concile, je me dis qu'il y a eu assez de sang versé et qu'il faut laisser sa chance à Ostrog. J'ai mon mot à dire, tu sais.
D'accord, il ne m'a rien demandé, mais j'ai mon mot à dire. Même si je ne sais pas encore lequel. Voilà, j'espère que tu me rappelleras. Demain, je ne serai pas là. C'est mon baptême de l'air. Ostrogg l'a autorisé. Je veux dire, c'est encore moi qui décide, d'une chose ou d'une autre. Hélène, j'espère qu'on continuera à se dire tu. Cette piste d'Hombol a été réservée pour mon excellence. Je vois que le trafic aérien a repris.
Mais où vont ces robots en file indienne sur les rampes ? On les envoie à Paris. Ça manque de main-d'oeuvre là-bas. On dirait qu'ils portent des armes. Ce sont des optimes de nettoyage. Nettoyage ? Votre Excellence, bienvenue à Gatwick. Aaron Broteski est le chef adjoint des aéronautes. C'est lui qui pilotera votre aéropil. Ravie. Et le petit gars que vous voyez, au jour noirci et à la vie bleue, c'est Humphrey, notre mécanicien.
Excellence ? Ici, tout le monde l'appelle Dundun. Tu peux installer son excellence. Et surtout, tu l'attaches bien. Il n'a pas traversé deux siècles pour finir par s'écraser sur un tarmac. Vous vouliez me parler à Sano ? Ah oui. Ne restons pas sous l'aile. Ses membranes géantes m'ont toujours mis mal à l'aise. Miscueuse à s'y méprendre, n'est-ce pas ? Vous savez que c'est de la chimie, du biomimétisme. À propos de Paris, son excellence n'est pas sensationnelle.
Pas celui-là, pas celui-là. Excellence, c'est le siège du pilote. Elle vaut d'aller ici. Qu'est-ce que tu dis ? C'est le siège du passager. Ça vaut de siège. Tu viens de la ville basse. Pardon, Excellence. Tu n'as pas à avoir honte. C'est à moi de tendre l'oreille. Tenez, vos lunettes d'aéronautes. Elles souffrent beaucoup d'air là-haut. Asano m'a parlé du mal de l'air. Des vertiges, tout ça. Quand l'aéropile a décollé de Gatwick, tout s'est mis à siffler autour de moi. Le vent fouettait mes joues.
J'ai baissé les yeux sous mon siège, une sorte de nacelle suspendue au ventre de l'appareil, et j'ai regretté tout à coup d'avoir dit à Dum-Dum de laisser la nacelle ouverte. J'ai cru qu'on m'a catapulté hors de la Terre. Tenez le choc, Excellence ! Pas de panique ! On sera bientôt à l'horizontale ! N'aie pas peur, Graham, n'aie pas peur. Je me suis répété. Fermez les yeux ! Je vous dirai quand les rouvrir. Est-ce que je n'avais pas franchi deux siècles pour vivre ça ?
Ça et tout le reste. Voilà, maintenant, Excellence. Maintenant, vous pouvez les rouvrir. Je n'étais plus cramponné à ma part. Mes muscles se sont détendus. En rouvrant les yeux, j'ai vu une escadrille d'oiseaux fuir en dessous de moi. Altitude 4000 mètres, vitesse de croisière 2.12.
La campagne n'existe plus. Il n'y a que des villes.
Des villes tentaculaires et des routes. Alors, ce que vous voyez là-bas, c'est Canterbury. Ne cherchez pas la cathédrale. Elle a été remplacée par un spa. Les premières automobiles que j'apercevais, des bolides aux roues gigantesques, proscrits de la ville, mais tout puissants en dehors. Ils allaient presque aussi vite que l'aéroport.
Qu'est-ce que vous faites ? De mes tours, Excellence. Votre bataille de verre est terminée. Vous plaisantez ? Savez-vous pourquoi j'ai dormi 200 ans, Brodetsky ? Pour pouvoir voler ! Oui ! Voler de mes propres ailes ! Ça est venu comme ça, au milieu du bonheur que j'avais à tutoyer les nuages. Brodetsky s'est tourné et m'a regardé et...
comme s'il transportait un démon. « Filez droit ! Filez sans vous arrêter ! On va bientôt se retrouver à Paris ! Paris, c'est bien ! C'est jamais le Paris ! » La tour Eiffel était encore debout. Elle n'émergeait plus d'une marée de toits gris comme sur les photos de mon époque, mais se réfléchissait dans de hauts édifices en verre qui la serraient, la rapetissaient, la rendaient presque agongrue. « Des panaches de fumée noire ?
Est-ce que Paris est en pro ou s'incendie ? Qu'est-ce que c'est que ce grondement ? C'est un aéroplane, votre excellence. On va être obligés de s'éloigner. Notre appareil a décrit une courbe pour céder le passage. J'ai reconnu l'immense machine volante qui stationnait à Gatwick, celle où des robots armés s'enrouvraient. Je remets le cap sur Londres. Brodetsky me prenait pour un bonnet. J'avais reconnu des feux de barricade. Si c'est Ostrand qui envoie ses optimes, il va m'entendre !
Wouhou !
Bodetsky, quand il me l'avait, était un bon instructeur. Là-haut, tout là-haut, dans le vent frais qui cinglait mes joues, je me sentais à ma place. Je n'étais plus un souverain malgré lui, ni un exilé temporel. Pour la première fois, je me disais, j'ai bien fait de me réveiller en 2100. À quoi ça sert, Hélène ? À quoi ça sert que je m'adresse à ce machin si tu ne réponds jamais ? Tu pourrais être à des années-lumière, ce serait la même chose.
Comment se fait-il ?
Bien, Eminence.
Par ici, Graham. Tu as besoin d'acquérir une ou deux notions dans l'art de gouverner. Chaque fois que je me retrouve devant lui, je me sens comme un acteur imparfait qui entre en scène et qui oublie son rôle à cause du trac. Ostrog fait cet effet à tout le monde. Ostrog, ou le pouvoir. Je n'ai rien contre la révolte, Graham. L'insurrection est un levier puissant. C'est moi qui ai soulevé les syndicats du travail contre le Concile.
Le mécontentement, la grogne ont fourni l'élan nécessaire pour le renverser. Ça est ton réveil. Un réveil provoqué qui aurait pu me tuer. Il fallait exciter leur mécontentement. Il fallait raviver le vieil idéal du bonheur universel. L'égalité pour tous, l'épanouissement pour tous, le partage des richesses. Toutes ces idées qui dormaient depuis deux siècles. Nous devions raviver ces idéaux, si illusoires soient-ils, afin d'abattre le Concile.
C'est extraordinaire de voir avec quelle violence, quelle rapidité, cet humanitarisme désuet a repris le poil de la bête. Même moi qui ai semé la graine, j'en reste ébahi. Puisqu'on ne peut rien te cacher, oui, à Paris, il a fallu envoyer les optimes. Et ici ? Il y a du grabuge. Les habits bleus attendent de toi je ne sais quelle délivrance.
Mais tu ne dois pas t'inquiéter. Nous avons rallumé les spin-machines pour qu'ils entrent bien dans leur caboche, que la loi et l'ordre ne se négocient pas. Il faut de la poigne, voilà tout. De la poigne et une armée de robots ? Heureusement, il n'y a aucun leader dans l'opposition. Juste des petits chefs échappés de la société secrète que j'avais montée en prévision de ton réveil. Un soulèvement désordonné, voilà ce qui se profile. Tu vas pouvoir te consacrer à ton aéropil et continuer d'apprendre à voler.
L'époque où le peuple pouvait réussir une révolution est loin derrière nous. Il me semble pourtant que dans les protestations de la foule, dans les regards des gens... C'est loin des regards que l'on gouverne. Loin de la rue. À mon époque, nous rêvions égalité, démocratie... La démocratie appartient au passé. Elle est même définitivement passée. Nous sommes à l'ère de la richesse. Plus que jamais, la richesse se confond avec le pouvoir. Manier la richesse, c'est détenir le pouvoir.
Détenir la richesse, c'est ma... Bref, tu m'as compris. Ce sont là des faits et on... Tu ne peux rien contre les faits. Grâme. Croire que les masses peuvent diriger le monde est d'une naïveté insondable. Je viens d'une époque démocratique et je me retrouve en pleine oligarchie. Une oligarchie tyrannique. Oui, mais tu es le tyran, chef. C'est pas beau, ça ?
En bas, le patron, le vrai, c'est Osbrock. Mais dans les airs... Dans les airs... Évidemment, tant que je fais de la voltige, je ne sais rien de ce qui se passe là-dessous. A vu votre voltige ? C'est pas francs yeux que ça lance ? Encore une semaine ou deux à ce régime-là, vous serez un as de l'aéropil, hein ? Comment n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Dumb Dumb est un habit bleu, lui aussi. Quand le dormeur s'éveillera, c'est le moment de lui demander... Hein ?
Le voilà méfiant tout à coup. Quand le dormeur s'éveillera, il a reconnu le slogan de la Résistance. Je peux faire quoi, Excellence ? Je peux faire quoi pour vous aider ? Emmène-moi dans la ville basse. Je veux voir comment les gens vivent. Les vrais gens. Attention que vous mettez les pieds, Excellence ! Une ville sous la vie. Un monde souterrain caché au regard. Enfoui sous les passerelles et les arches rutilantes de la cité. Quand on lève les yeux, on voit depuis ces escaliers en fer...
les rouages des artères filantes qui glissent sans heurt à la surface. Vous avez grippé mon bras, vous avez peur de trébucher. Merci, dame. Vertiges obscurs, fumées blanches, roulements de chaînes qui se répondent de fou dans vous. J'ai l'impression de descendre dans les prisons de Pyrénées avec leurs ponts-leviers et leurs brasiers fumants qui masquent des supplices. Je vous le répète, ne vous séparez pas de vos fusils, ne rendez pas les armes.
La révolte, maintenant, elle ne fait que commencer ! Ne désarmez sous aucun prétexte ! Pas vos fusils ! Si la police rouge cherche à les reprendre, fuyez ! Tirez et fuyez ! Ostrok a donné l'ordre de rendre les flingues. Tous les fusils distribués à la sortie de l'aréna. Elle ne veut pas qu'on les garde. Voilà le grabuge dont parlait Ostrok. Des habits bleus avec une carabine sur le dos et des banderoles zébrides rouges. Qu'est-ce qui était inscrit sur leur bannière ?
J'ai encore du mal avec le phonétique. Croyez le dormeur, ne croyez pas Ostrog. Ils sont si maigres. Ils ont arrêté le travail en apprenant votre réveil. Et puis, ils ont payé une nourriture. Ce sont ceux qui ont volé. Sous le règne du Concile, comme sous celui d'Ostrog, leur ventre reste vide.
En revanche, les Spin Machines les abreuvent de fausses nouvelles. Paris a été outragé. Paris a été brisé. Paris a été martyrisé. Paris est maintenant libéré grâce à l'intervention des Optimes, venus rétablir la loi et l'ordre avec l'appui et le concours de délateurs méritants disposés un peu partout dans la vie. Impossible d'échapper à ces moulins à parole. Docteur ?
Pourquoi est-ce que les habits bleus ne mettent pas fin à ce matraquage ? Pourquoi est-ce qu'ils subissent le spin machine sans branche ? Vous voulez savoir pourquoi que ça harcèl... Écoutez ! Écoutez ! Dans la vie de paracéutique, tu peux te marrer seul. Mais tu n'es jamais... Tu ne peux pas te marrer seul.
réintégrer le docteur qui tend pour le patron monstre
Je te rappelle ce soir pour te dire que je sais. Maintenant que je suis descendu dans la ville basse, je sais pourquoi tu ne me rappelles pas. Dumb Dumb et les autres m'ont expliqué qu'ils laissaient hurler les spits de machine pour que les mouchards ne puissent pas les entendre. J'ai cru qu'ils parlaient des spions en chair et en os. Quand j'ai vu ce qu'ils appellent un mouchard, ça m'a rassuré. J'ai compris pourquoi tu gardes le silence. J'ai compris que chaque mot que je prononce ici, dans la solitude, parvient aux oreilles d'Ostrogue.
Plus d'une fois en écoutant tes messages, j'eus la tentation de te faire signe, de te rappeler pour te dire que tu n'étais pas seule, que nous étions des myriades à avoir fait le chemin que tu faisais, celui de l'éveil. Mais la police rouge était à mes trousses. J'avais rejoint la résistance et les communications n'étaient sûres que dans la ville basse. Et même dans la ville basse, pour porter un message, le mieux était de le faire à l'ancienne. Hélène, tu dois venir. Je suis là.
Chloé était une ancienne assistante curatrice du dormeur, comme moi. Personne t'a suivi, j'espère ? Une des premières à avoir rejoint la résistance. Qu'est-ce qui se passe ? C'est Graham. Il va parler. Parler ? À qui ? À tout le monde. Je n'avais pas la moindre idée du lieu où elle m'entraînait. Même de le chuchoter entre nous pouvait avoir de graves conséquences. On dit que les mouchards ont des yeux et peuvent lire sur les lèvres. C'est ici. Silencio. Mon cœur se mit à battre. L'atmosphère était électrique.
Depuis ce studio clandestin, tu allais parler. Les spin-machines, piratées le temps d'une adresse au peuple, allaient relayer ta voix sur tous les continents. Ton audience, c'était nous. Nous et 14 milliards d'individus. Femmes et hommes des temps nouveaux, nous sommes à la veille d'une lutte décisive. Le traître Ostrog, qui se prétend votre patron, a confisqué la Révolution. Il veut prospérer sur les ruines du Concile.
Mais la résistance s'organise. À Londres où je vous parle, des robots armés les optiment. Après avoir écrasé la révolte de Paris, font planer la menace d'une sanglante répression à Londres. Peuple de toutes les nations, ne désarmez pas. Ostrog n'est qu'un tyran. Je me suis réveillé pour vous le dire. Je me suis réveillé d'un sommeil de 200 ans. Qui suis-je ? Qui suis-je pour vous parler ainsi ? Je me suis avancé. D'instinct, tu as levé les yeux vers moi.
Tu t'es arrêté, et puis tu as repris, comme si c'était à moi que tu parlais. Je viens à vous depuis le passé. À moi et à personne d'autre. Depuis une époque pleine de rêves, où chaque aube était synonyme d'espoir. À moi et 14 milliards d'êtres humains. Partout dans le monde, nous avions mis fin à l'esclavage, répandu le désir de voir cesser les guerres, le désir que tous, hommes et femmes, puissent vivre en paix et en liberté. À moi...
Et à toutes celles et ceux qui allaient venir après nous. Tels étaient nos espoirs en ces temps révolus. Que sont devenus nos espoirs ? Où en est l'homme 200 ans après ? Ici et maintenant, je fais mon testament que tout ce que le Concile avait pris, tout ce qui m'appartient au monde, soit offert au peuple du monde. À Kyoto, Goma, Athènes, Johannesburg, partout où ta voix était diffusée,
et des oreilles ouvertes. À chacun de vous, je vous l'offre et je m'offre. Ce soir, si le ciel le désire, je vivrai ou je mourrai. Les événements qui ont suivi la prise de parole de Graham, vous les connaissez tous. Ils ont été racontés dans toutes les langues et dans tous les pays. Je n'en dirai ici que l'essentiel. Comment les habits bleus, avec Graham à leur tête, ont pris d'assaut le QG d'Ostrog et l'en ont chassé ?
Comment Ostrug a fui à bord d'un aéropil tandis qu'une flotte d'avions cargo transportant les Optimes allait atterrir à Gatwick ? Comment Graham, aux commandes de son aéropil, a foncé droit sur l'escadrille des robots, voltigeant autour d'eux, bruyant leur visibilité avec des fumées d'alerte et précipitant les avions cargo sur les pales des éoliennes qui les ont hachés menus ?
Comment enfin, Graham a percuté l'aéropile d'Ostrogue qui a explosé en plein vol. Pour Ostrogue, tout s'est arrêté là et son corps n'a jamais été retrouvé. Graham, lui, est retombé sur les flots de la Tamis dans sa carlingue en flamme. Voilà bientôt un an que Graham nous a quittés. Après son accident d'aéropile, il est resté trois jours entre la vie et la mort. J'étais à son chevet.
Dans ses derniers instants, il a eu ce qu'on appelle une reprise de conscience, l'éclair d'un éveil. Sauf qu'il ne s'éveillait pas dans notre présent, mais dans son passé. Celui qu'il avait connu il y a 200 ans. Oui, dans l'état semi-conscient où il se trouvait, il semblait même croire que tout ce qu'il venait de vivre, son réveil en 2100, sa rencontre avec moi, sa lutte avec Ostrog, n'avaient été qu'un rêve.
et qu'il n'avait jamais quitté son époque. Et ce petit port retiré des Cornouailles où, un jour de 1899, il s'était curieusement assoupi. Ici s'achève cette conférence. Un dernier mot, cependant. Cela ne prendra que quelques ondées. Graham Smith, le héros de notre révolution, nous a légué bien plus que sa fortune. Ce qu'il nous a légué, c'est une croyance, un espoir.
Non pas l'attente fiévreuse d'un improbable sauveur, mais la certitude que la roue écrasante de l'histoire finit toujours par buter contre une pierre qui l'arrête et la fait reculer. Même s'il faut attendre 200 ans, l'espoir dort. Il dort de son sommeil de pierre. Mais soyez sûr, oui, soyez certain qu'un jour, il se réveillera. Merci. Je me suis assoupi.
De la falaise... Qui sait combien de temps j'ai dormi... Un an après, je me surprends encore à te parler comme si tu étais dans la pièce. On dirait un panache de fumée sur la mer. Quelque chose s'est écrasé là-bas, non ? Je te raconte pour la millième fois ces journées qui ont suivi ton réveil. Ou alors, c'est le vapeur. Celle de la révolution. Le ferry qui m'a amené ici...
Je te les raconte pour te retenir près de moi. J'ai fait un rêve étrange, étrange et précis à la fois. Comme je le faisais trois jours et trois nuits durant dans ta chambre d'hôpital. J'ai rêvé que je dormais pendant 200 ans et que je m'en réveillais. En me disant par moments, laisse-le Hélène, laisse-le partir. Dans un monde cauchemardesque.
Il n'était qu'une idée, une belle et grande idée qui doit regagner son époque. Le dormeur s'éveille, d'après le roman de H.G. Wells. Adaptation Stéphane Michaka. Cinquième épisode. Graham prend la parole. Avec Benjamin Jungers, Kengo Saito, Olivier Falièze, Charlie Fournier, David Bremond, Lisa Periot, Jean-Marie Winling, Julie Mouchel,
Maëlia Gentil, Lily Bourguignon, Jonas Hirsch et Lola Neymarck. Bruitage, Elodie Fiat. Conseillère littéraire, Emmanuelle Chevrière. Prise de son, montage, mixage, Antoine Viosa, Timothée Hubert. Assistante à la réalisation, Céline Paris. Réalisation, Cédric Aussire.