France Culture. 100 mois de Marie Desplechin. Adaptation Qu'est-elle Guillaume ? Sur les conseils de plusieurs de mes amis, j'avais engagé Olivia pour s'occuper de mes enfants, Suzanne et Gaspard. Au début de la nouvelle année, Olivia a trouvé un travail dans un magazine People. Au gré de ses aveux sur les agissements sordides de son beau-frère et sur ses propres sorties nocturnes dans des boîtes échangistes,
J'ai fini par comprendre qu'au fond, elle était une sorte de sainte à sa manière. Malgré tout, ces récits m'avaient bouleversé au point de menacer directement ma propre sexualité. Le printemps est arrivé et avec lui cette odeur de jacinthe et d'eau, si touchante en ville où elle se mélange à la poussière des diesels et aux vapeurs d'essence. Dans la rue, les adolescents chantaient. Les femmes étaient gaies et jolies. J'aurais dû moi aussi participer au réveil général. Mais non.
Chaque jour nouveau me trouvais un peu plus triste. Ce n'était pas la joie qui me manquait, c'était le courage qui me faisait défaut. Et la force. La fatigue me prenait tout entière et plus rien ne lui faisait obstacle. Ni le café, ni l'alcool, ni l'amour. Je tentais de résister en forçant mon corps, mais plus je voulais l'ignorer, plus il prenait de place. Je n'avais plus d'esprit, plus d'âme. J'étais réduite à ce corps encombrant et triste. Et il passait une bonne partie de mon temps à pleurer.
Logiquement est arrivé le moment où j'ai songé à mourir. Je ne voyais pas d'autre issue à ma fatigue.
L'idée me devenait familière. Elle me rassurait. Moins douloureuse que toutes les autres idées, les matins épuisés, le loyer à payer, les papiers à rendre, et Lydie qui me convoquait à d'interminables réunions de réécriture où elle me martyrisait comme un gosse. Je dressais des plans sur l'avenir. Je comptais sur Jean-François pour s'occuper de nos enfants une fois que je n'y serais plus. Il était si tendrement paternel. Pourtant...
J'aimais trop Gaspard et Suzanne pour imaginer renoncer à leur compagnie. Et à ce stade de ma réflexion, je fondais immanquablement en larmes. Mais les jours passant, j'en vins à douter de plus en plus gravement de ce que je pouvais bien apporter à mes enfants. Je tombais dans un puits très profond, aux parois faites de doutes et de contraintes. Je tombais seule et sans fin. Un vendredi, enfin, j'ai résolu de mourir. J'ai appelé Jean-François pour lui demander de prendre exceptionnellement les enfants chez lui, pour ce week-end qui n'était pas le sien.
J'ai prétexté le travail prenant, les dossiers en retard, notre commun besoin d'argent. Ça m'arrangerait. D'accord, pas de problème. Merci. T'es fatiguée ? Ouais, un petit peu en ce moment. Oui, non mais moi je comprends. Moi je viens de demander un temps partiel. J'ai absolument besoin de lire et puis de faire de la kido. Enfin tu vois, toutes ces choses vitales. C'est l'avantage de la fonction publique, on gagne peu mais on a du temps. Je viendrai chercher les petits demain matin. Le soir j'ai négligé de travailler. À quoi bon travailler le vendredi quand on veut mourir le samedi ?
J'étais seule. Olivia était sortie sans me dire où elle allait, ce qui me laissait penser que je ne la reverrai pas de sitôt. Assise dans le canapé à côté de la bouteille de vodka, j'ai regardé la télé toute la soirée en attendant le matin. Je n'avais plus de souvenirs, plus de projets. Je n'avais plus rien que l'attente et la détermination. Mais ce soir-là, Olivia était tout simplement allée au cinéma. Après la séance, avant de monter dans sa chambre, elle est repassée par l'appartement. T'es là, toi ?
Elle me regardait avec consternation. Sans ôter son blouson, elle a éteint la télé. Elle a emporté la bouteille de vodka à la cuisine. J'ai pensé un instant qu'elle voulait me parler, mais non. Elle va te coucher. Je vais dormir dans le salon. Voilà qu'elle me donnait un ordre, elle. Un ordre solide et franc sur lequel m'appuyer. Quel culot. J'étais trop saoule pour rechigner, alors j'ai obéi. Je me suis lentement levée du canapé. Pendant ce temps, elle est allée chercher un t-shirt dans le bac à repassage et une couverture. Il dort ?
J'ai traversé la pièce tant bien que mal. Puis j'ai voulu éteindre la lumière. Je suis tombée sur mon lit tout habillée. J'ai pensé que je n'arriverais pas à m'endormir tant l'alcool me soulevait le cœur. Mais de ma chambre sombre, je voyais la lumière du séjour qui éclairait le couloir et j'entendais vaguement la radio monotone. Alors j'ai pleuré et je me suis endormie. J'ouvrais les yeux de temps en temps
Derrière mes paupières défilaient des images semblables à des motifs imprimés. Des bols, des palmiers, des cascades. Bientôt, ils furent partis, mes enfants et leur père, qui me semblaient si joyeux et si dignes de vivre. Moi, j'étais usée. J'avais accumulé sur la dernière étagère de l'armoire de la salle de bain assez de médicaments pour m'endormir pour de bon.
À condition qu'on me laisse seule, bien entendu. Le temps de mourir. À condition qu'Olivia vide les lieux. Mais elle vaquait dans la cuisine. Puis dans la chambre des enfants. Puis dans le séjour. Qu'est-ce qu'elle fabriquait donc ? Pourquoi ne filait-elle pas s'occuper de ses affaires, de ses amis, de son théâtre, comme elle le faisait d'habitude le samedi ? Pourquoi n'avait-elle pas rendez-vous chez le gynécologue, le flébologue, chez le psychothérapeute ? Je me suis levée et j'ai foncé à la cuisine. J'entendais bien me faire quand même un dernier café. Salut. Oui.
Elle ne s'est informée ni de ma santé physique, ni de ma santé morale. Elle m'a à peine jeté un coup d'œil. Elle m'a fait du café et a grillé pour moi une tranche de pain qu'elle a recouverte d'une épaisse couche de beurre. Là-dessus, elle a rempli mon bol et elle est partie s'enfermer dans la salle de bain. Elle y est restée un temps considérable. Je m'étais recouchée et me livrais à la réflexion.
Je veux dire que je pleurais à chaudes larmes, ayant renoncé à toute action sur le monde, abandonnée au désespoir. Quand elle est sortie de la salle de bain, les yeux me brûlaient. Elle est entrée dans ma chambre et elle a contemplé mon lit. J'étais roulée en boule sous la couette, cachant mon visage défait. Allez, sors de là, je sais bien que ça va pas. C'est pas la peine de faire un maligne. J'ai sorti le nez de mon terrier de coton. Tu verrais ta tête. Ça va vous donner la photo.
Je t'ai fait couler un bain. Elle a attrapé le paquet de cigarettes qui traînait sur mon bureau et s'est assise au bord de mon lit. Je crois que je suis vraiment en train de déconner là. Si tu veux mon avis, ça fait un bout de temps que tu déconnes. Tu devrais aller te laver. J'ai dit ça pour ton bien. Je me suis levée et je suis allée à la salle de bain. Je ne voulais pas me baigner. Je voulais juste me cacher. Je me suis hissée sur la pointe des pieds, j'ai repoussé le tas de serviettes éponges, j'ai tapé du plat de la main dans les recoins de l'étagère, mais j'ai rien trouvé.
Pas une seule des boîtes que j'avais soigneusement rassemblées et dissimulées au regard. Désemparée, je me suis déshabillée et glissée dans l'eau caressante. J'ai longuement regardé mes jambes à travers le prisme liquide. Je me suis étonnée de voir mes pieds si minutieux avec tous leurs orteils en place et le dessin que formaient les petits os et les veines sous la peau fine. La chaleur vaporeuse m'est montée au visage et je me suis assoupie à demi.
Au milieu de la matinée, j'avais pris mon petit déjeuner. J'étais propre et habillée. Ce matin de deuil avait pris des allures de l'homme en cuite. Je me sentais ridicule. Ridicule et minable. Où sont passés les médocs qui étaient rangés en haut de l'armoire de la salle de bain ? J'en sais rien, qu'est-ce que tu veux que je m'occupe de tout ce qui se passe dans cet appartement ? Mais arrête de mentir, tu viens de les prendre là. Ah non ? Si. Elle me dévisageait avec effronterie. Prouve-le. Si mon allure n'avait pas été pitoyable, elle m'aurait rionné. Je veux un cachet. D'accord, mais seulement pour ce matin.
Après, après, il ne faudra plus que tu m'en réclames. Attends, bouge pas, bouge pas, je vais chercher le matos. Elle m'a donné deux lits Zanxia et je me suis recouchée. Le printemps avait beau être pourri, ce samedi de suicide fut un bon samedi et un samedi de grand repos et de paisible solitude. Ayant renoncé au monde, je n'avais prévu aucune activité. Je n'avais pas à travailler et après tout, j'étais entre la vie et la mort. Je pouvais donc rester au lit aussi longtemps que je le souhaitais. J'étais au pays de personne.
Supposée morte. J'étais un enfant malade à qui on donne le droit d'oublier ses devoirs. Un enfant ravagé de rêves fébriles. Olivia passait dans ma chambre, à intervalles réguliers, me fourrait dans le bec un ou deux cachets bleutés qui me renvoyaient illico dans les limbes du sommeil. Il faisait nuit quand elle me hurla dans l'oreille. Allez, réveille-toi, c'est l'heure du dîner. Allez, dépêche-toi. Allez, viens, ça va être froid.
Elle tira ma couette à mes pieds et m'entraîna dans la salle de séjour. Sur la moquette trônait une boîte en carton plate et grise, de laquelle émanait une vague odeur de fromage. Pizza reine, 15 euros, c'est moi qui paye. J'ai eu un peu de difficulté à manger dignement, assise en tailleur, avec mes seules mains pour tout couvert. Les morceaux de pizza avaient tendance à s'échapper de ma bouche molle pour dévaler sur mes genoux. Mais Olivia ne me regardait pas. Elle regardait la télé.
Ensuite, ce fut la nuit. Il ne fait pas de doute qu'Olivia a dormi une nouvelle fois dans le séjour et qu'elle a veillé sur mon sommeil profond. Mais je ne me souviens plus de rien. Un autre jour commença. Il y eut des croissants et du café. Un autre bain chaud. Et Olivia qui me regardait toujours sans rien dire. J'avais mal à la tête. J'étais vivante et vide. Puis très vite, la peur insolente est revenue. Il allait falloir que je m'y remette ?
Remplir le frigo, reprendre le métro, répondre au téléphone, l'argent du loyer et les papiers en retard. Le pouls s'est mis à me battre partout dans le corps. Tiens, prends des mi-cachet. Je t'en donne pas plus pour le moment parce que j'ai pas envie que tu me claques entre les doigts. Allez, bouge. Tiens, merci. J'étais toujours au lit quand Olivia a décidé de mettre de l'ordre dans la bibliothèque. Je me suis dit que c'était là une idée cocasse. Elle se moquait des livres comme de l'an 40. Par taille et par couleur, ça serait tout de suite moins moche, non ?
Non, ça marchera pas ça. Bon alors je te lis les titres et tu m'indiques où je pars. Mais non mais... Faudrait déjà que j'ai réfléchi à un classement pour ça. Voilà, mais t'es lourde. Je te propose de ranger et toi tu fais aucun effort. Je te jure, c'est le bordel qu'on rentre chez toi. Tous ces bouquins entassés là, n'importe comment. Si tu trias, au moins je pourrais en prendre pour la bibliothèque du foyer. Tu vas quand même pas me dire que t'as besoin de garder tout ça chez toi. Regarde, j'en prends un au hasard. Les pensées. Ok...
Mais non, mais...
Mais c'est pas une bibliothèque ça, c'est le dictionnaire ici je te jure. C'est pas vrai. Attends là quand même. Olivia ! Attends, je vais les faire. Attends, attends Olivia. Qu'est-ce que tu fiches là ? Regarde, t'as qu'à mettre de côté ceux que t'aimes vraiment. On va d'abord ranger ceux-là là. Tiens les misérables, ça me dit quelque chose ça. Très bien ça, tu devrais lire. Tu vas pas recommencer, je suis pas ton gosse. Et si je te marque les meilleurs passages ?
Bon, on verra. Mais mets-le de côté, tiens. Mais tu me fais pas la morale, c'est pas le moment, on travaille. Deux heures durant, nous avons vidé les rayonnages. Les livres étaient vautrés par terre. J'étais incapable d'opter pour un classement. Je commence à avoir faim, moi. Je contemplais le chantier, les bras ballants. Dans cet état particulier de découragement qu'a dû éprouver Dieu quand il s'est retourné au matin du septième jour sur l'anarchie de la création. Tu veux un cachet ? Je préférais manger un peu aussi. Bon, je vais nettoyer le mat pendant que tu fais la cuisine, d'accord ?
Olivia gisait par terre, sur les livres éparpillés. Elle était tombée avec l'escabeau, entraînant dans sa chute toute une série de planches en contreplaqué. Je l'ai soulevée doucement par les épaules, pour essayer de la remettre debout.
Je crois que c'est la fille, je me suis tordu le pied en tombant, je suis toute démantibulée maintenant. Bon attends, j'appelle SOS médecin. T'appelles pas SOS médecin, là c'est des foires, ils vont me trouver une angine et je vais crever comme une cloche sous tes bouquins. Non non, tu raccroches, on va aux urgences et appelle un taxi, je connais le numéro par cœur. Dans la salle d'attente, la jambe relevée sur un dossier de chaise, elle se fit une quantité d'amis.
Elle sympathisa ensuite avec le jeune interne, un rouquin avenant qui diagnostiqua une double entorse à la cheville et lui banda le pied avec minutie. Maintenant, il ne faut plus bouger pendant 15 jours. D'accord ? Et quand je dis plus bouger, c'est plus bouger du tout. Compris ? Merci. 15 jours, tu vas devoir t'occuper de moi pendant 15 jours en fait. Ben oui, ça fera au moins 15 jours, tu ne sortiras pas à n'importe quelle heure avec n'importe quel imbécile !
Ça te fait pas plaisir ? Non, je suis très... Il a fallu arrêter le taxi devant une pharmacie de garde. Puis devant une épicerie où j'ai acheté de quoi préparer le dîner. L'après-midi touchait à la soirée, quand nous sommes enfin revenus à l'appartement. Au moins comme ça, tu vas pouvoir lire Les Misérables. Mais j'ai pas le temps, il faut que je travaille pour le stage de théâtre. On va jouer les précieuses ridicules. Tu connais ? J'en étais sûre, j'étais piquée de bouquins. T'inquiète, je te le rendrai. J'ai essayé de le lire, mais je vois pas ce qu'il y a de drôle là-dedans.
Je critique pas, mais franchement, tu crois qu'elle peut faire rire les gens, cette pièce ? Je suis montée dans sa chambre. À côté de son lit, j'ai ramassé le classique Larousse hors d'âge. J'ai emporté quelques vêtements, une brosse à dents, un carnet d'adresse, la photo de sa mère. J'ai donné à la porte un double tour de clé. Puis je me suis assise à son chevet, au pied du canapé, les précieuses ridicules à la main. Vas-y. Contente, hein ? Tu vas enfin pouvoir me faire l'école. Très contente.
Je me demande s'il fallait te casser le pied pour ça, hein. Moi, je l'ai pas fait exprès. Ça m'est échappé. Bon. Alors, scène 1. Du croisis. Seigneur Lagrange. Quoi ? Regardez-moi un peu sans rire. Vous avez plus de peur que de mal et votre cœur crie avant qu'on l'écorche. Comment, diable ? Il est écorché depuis la tête jusqu'au pied. Un cœur écorché de la tête au pied. Mais quand même, tu vois que c'est drôle, là, non ?
Mais écoute, fais un effort, c'est la scène la plus drôle de toute la pièce. Non mais te fâche pas, peut-être que c'est drôle, mais moi ça me fait pas rire. Non mais j'ai du mal à t'expliquer, attends, on va recommencer. Depuis le début ? Mais non, juste cette scène là. Mais c'est la plus longue, t'inquiète pas, j'ai compris, ça fait une heure que tu me l'expliques. Mais j'y peux rien si ça me fait pas marrer. Mais si t'avais vraiment compris, ça te ferait marrer. Attends, au stage, ils nous ont dit de lire, pas de rire. Mais justement. J'en ai marre là, toi tu profites pour que j'ai le pied cassé ? Non, c'est tout maman !
Oh, qu'est-ce qui s'est passé ici ? Un tsunami ? Jean-François considérait avec stupéfaction mon couloir encombré. Vas-y, tiens ! Qu'est-ce que t'as ? Qu'est-ce que t'as alors ? Je peux toucher ? Bah non, touche pas. Arrête, touche pas ! J'étais sur l'escabeau, et voilà, boum, je suis tombée. Et crac, et bah j'ai cassé mon pied, voilà. C'est drôle, hein ? Mais comment on va faire pour revenir de l'école ? Mais t'en fais pas, je m'arrangerai avec la mère de Manon, vous rentrerez avec elle ?
Décidément, on ne peut pas vous laisser seules 5 minutes toutes les deux. Vous faites que des bêtises. Eh dis donc toi ! Tu vas nous parler autrement, hein ? Je l'insolente, va ! Nous faisons ce que nous voulons de nos week-ends. Nous sommes de grandes personnes, Olivier et moi. Une fois que les enfants ont été nourris et couchés, je n'ai pas tardé à sentir mes paupières s'alourdir. La tête me bourdonnait, comme si des esseins de guêpes crapahutaient de mon oreille droite à mon oreille gauche, et inversement. T'as besoin de quelque chose ? Non.
Et toi ? Non. Ou alors dormir. Tu devrais pas te rendre si malheureuse, tu sais. Tu devrais pas avoir envie de nous quitter. T'inquiète pas. Je reste que rien, de toute façon, tu m'as pris tous mes médocs. Sans compter que maintenant je vais devoir ranger la bibliothèque et puis soigner ton pied. Ouais, mais quand même, que je me conduise moi comme une tarée, je me comprends, mais qu'une femme comme toi, qui a des enfants, un travail, qui a une famille, qui a une éducation...
Cette femme-là, elle veut se détruire. Ça, je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Selon toute vraisemblance, cette année-là, Olivia m'a sauvé la vie. Je ne parle pas seulement de cette déplorable fin de semaine, mais des quelques mois qu'elle a encombrés de sa présence et de sa grâce. Quand elle est sortie du canapé, sa cheville était guérie et elle connaissait les précieuses ridicules par cœur.
Elle a fait son stage de théâtre, puis à force de passer des coups de téléphone, elle a fini par dégoter un travail d'animatrice dans un club de vacances. Je m'occuperai des enfants. Je pense que ça devrait aller tant que je suis avec des gosses. Hein ? Ça en pense ? Sa semaine d'essai se déroulait à la grande motte. Elle en est revenue ravissante et bronzée. Ce travail saisonnier lui plaisait, surtout parce qu'il lui permettait d'économiser et de continuer à faire ses stages. Puis, à la rentrée suivante...
Elle a décidé de déménager. C'est vrai, je ne peux pas continuer à vivre ici jusqu'à ce que je sois vieille. Elle a pris une chambre dans un foyer de jeunes travailleurs où l'une de ses copines habitait déjà. Suzanne et Gaspard lui en ont beaucoup voulu de ce départ, dans lequel il voyait une forme d'abandon. Au début, Olivia revenait souvent les voir, les bras chargés de viennoiserie. Et puis, un jour, elle n'est plus revenue.
Elle me laissait des messages de loin en loin, du fond de je ne sais quel chef-lieu de canton où elle donnait un spectacle. Fidèle à elle-même, elle avait pris une nouvelle direction. Sans moi. Sans moi. Un roman de Marie Desplechin. Publié aux éditions de L'Olivier. Adaptation Cattel-Guillaume. Dixième épisode. Avec...
Marie Payen, Judith Chemla, Éric Caruso, Grégoire Beaujat, Madeleine Ziadé et Ambroise Marant. Bruitage, Sophie Bissons. Conseillère littéraire, Emmanuelle Chevrière. Prise de son, montage et mixage, Philippe Redin, Éric Villanfin. Assistante à la réalisation, Yael Mandelbaum. Réalisation, Cédric Ossire.