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cover of episode "Sans moi" de Marie Desplechin 8/10 : Solitude

"Sans moi" de Marie Desplechin 8/10 : Solitude

2025/6/15
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Le Feuilleton

AI Deep Dive AI Chapters Transcript
People
B
Brigitte
C
Chloé
E
Evelyne Cartier
L
Lydie
O
Olivia
P
Patrick
年轻人
无名氏
老妇人
Topics
无名氏: 我原本享受孩子离开后的孤独,但奥利维亚的到来打破了这种平静,我开始在意她的存在。圣诞节邀请她来家里,却发现她又开始吸毒,这让我很担心。我一方面享受着与她相处的时光,另一方面又害怕她重蹈覆辙。当她和新朋友Chloé一起出现时,我感到一丝失落,但同时也希望她能找到自己的幸福。我开始反思自己对孤独的定义,以及奥利维亚在我生命中的意义。 Olivia: 我很感激能和朋友Chloé一起参加小丑培训,这让我感到快乐和充实。我很高兴能和大家分享我的生活,并希望我的表演能给大家带来欢乐。我努力摆脱过去的阴影,重新开始新的生活,并希望得到大家的认可和支持。 Patrick: 我在圣诞节回家,却和家人发生了争吵,这让我很痛苦。我试图通过毒品来麻痹自己,但最终还是无法摆脱内心的空虚和孤独。我感谢朋友的陪伴和支持,这让我感到一丝温暖和希望。我开始反思自己的过去,并希望找到摆脱痛苦的方法。 Chloé: 我很高兴能和Olivia一起参加小丑培训,她是一个很棒的朋友。我喜欢和她一起分享生活,并希望我们的友谊能长久。我希望我们的表演能给大家带来欢乐,并让大家感受到我们的热情和活力。

Deep Dive

Chapters
L'épisode commence par la narratrice décrivant sa solitude après le départ de ses enfants et de la jeune fille au pair, Olivia. Elle observe le reste de café dans sa tasse, symbole de son isolement. L'absence d'Olivia la touche plus qu'elle ne l'avait imaginé.
  • Solitude après le départ des enfants
  • Absence d'Olivia
  • Réflexion sur le vide et l'isolement

Shownotes Transcript

Translations:
中文

France Culture. 100 mois de Marie Desplechin. Adaptation Gatel Guillou. Sur les conseils de plusieurs de mes amis, j'avais engagé Olivia pour s'occuper de mes enfants, Suzanne et Gaspard. A Noël, je l'ai invitée à venir avec nous chez mes parents. Elle a été enchantée de la soirée. Si enchantée qu'elle en a même profité pour renouer exceptionnellement avec les délices et empoisonnés de la drogue.

Le 25 décembre, elle est repartie seule à Paris pour participer à son stage de clown, qui devait démarrer le lendemain. Je suis rentrée quelques jours plus tard avec les enfants, et leur père est venu les chercher. Comme à chaque fois que Jean-François vient prendre Suzanne et Gaspard, j'ai adoré faire le geste tranquille qui consiste à refermer la porte, à clore ma maison, à me clore. Il y a une sorte de jubilation à confirmer ce que je sais. Quand les enfants sont partis, je suis vraiment seule.

Olivia n'était pas là ce matin quand nous sommes rentrés de chez mes parents. Elle avait donné deux tours de clé comme je lui avais demandé de le faire. À quelle heure va-t-elle rentrer de son stage ce soir ? Il fait presque nuit déjà. Je n'imaginais pas qu'elle me manquerait autant. Il ne faut pas que je l'attende. Ses journées doivent se terminer tard. Elle dînera sans doute avec ses nouveaux amis. C'est ce que je ferai à sa place. Mais si je travaille suffisamment tard, elle finira bien par apparaître. Elle passera sans doute par l'appartement avant de monter dans sa chambre. Elle aura envie d'un café, de me voir, de me dire un petit mot, qui sait ?

Bon, allez. Au boulot. Qu'est-ce qu'elle peut bien faire en ce moment ? J'espère qu'elle n'est pas retombée dans les pattes de ce sinon. Et s'il essaye encore de la raqueter ? Elle est assez cruche pour se laisser avoir une nouvelle fois. On ne peut quand même pas l'attendre toute la nuit. Le groupe poursuit dans le même temps. Le groupe poursuit dans le même temps.

Bonjour. Mais t'es hyper matinale. Ouais, t'as bossé toute la nuit toi. On vient prendre le petit déj, ça te dérange pas ? Faites comme chez vous. Vas-y, assieds-toi, je te sers un café.

Je te présente Chloé. On fait le stage ensemble, elle vient de Rennes et comme elle n'avait pas d'endroit où dormir, je lui ai proposé de venir faire la servine dans ma pièce. Bonjour Chloé. Bonjour Madame. Je me suis forcée à sourire. Je mesurais tout à coup combien je devais paraître étrange avec mes cheveux en épis agglomérés sur la tête et la marque des touches de clavier incrustées dans ma joue droite. Chloé fait le clown blanc et moi je fais plutôt Auguste pour l'instant.

C'est important de bien se connaître, tu vois, pour choisir un point clair. Chloé avait le visage transparent des jeunes filles élevées au grand air. Elle avait le regard droit et avenant, le sourire lisse, les cheveux pâles et bien tirés. Et ma foi, je n'aurais pas juré qu'elle n'avait pas l'air bête. En fait, j'aurais mis mes deux mains à couper que c'était une bécasse. Même mal réveillée, je savais repérer une bécasse à l'œil nu. Je me demande ce qu'il veut dominer, qu'il est.

Tu vois, au début, il arrêtait pas de me rembarrer. Je croyais qu'il pouvait pas me blairer. Puis là, hier, il a été tellement gentil avec moi. Il a passé deux heures à m'expliquer les mouvements que j'arrivais pas à faire. Tu sais, les mouvements hyper longs. Ah oui, j'avoue. Trop balèze, ça. Chloé cassait sa biscotte en minuscules morceaux qu'elle enfournait à toute vitesse dans sa bouche. Quelle curieuse façon de manger, me disais-je. Au début, je croyais que je m'entendrais mieux avec Anne-Laure, mais en fait...

Dominique est vachement plus pro, tu trouves pas ? Grave. Il a même travaillé avec le Cirque Grus, tu sais. Non, c'est vrai ? Ouais. Tu sais quoi ce truc ? Le café, là. C'est un café spécial Noël. Il est en promos. T'aimes pas ? Si, si, c'est qu'il est quand même... Il y a un peu... Bah ouais, il y a de la cannelle, il y a de la muscade dedans. Mais j'ai rajouté un peu de quatre épices en plus, pour donner ma petite touche personnelle. Ah ouais, c'est pas trop mieux. Ah !

Bon, on y va, on va être en retard. Au fait, le spectacle de fin de stage, il est vendredi soir à 9h. J'ai réservé une place, tu peux revenir ? Bien sûr. Super. Bon, bah, salut. À ce soir, peut-être. Au revoir. À cette heure de la journée, je n'avais pas encore assez de présence d'esprit pour faire le rapprochement. Ce vendredi soir coïncidait avec le soir de la Saint-Sylvestre. C'est pas possible !

Vous auriez pu faire un effort, merde ! » Lydie n'avait pas l'habitude de cacher ses émotions. Ça faisait bientôt une demi-heure que nous attendions à l'étage de la direction, dans le petit salon au milieu du couloir, en face du bureau de la communication. « C'est quoi le problème ? » « C'est quoi le problème ? Je vais t'expliquer. J'ai eu Evelyne Cartier hier soir au téléphone. Elle est furax. Elle comprend pas comment vous avez pu lui présenter un texte aussi mal écrit. »

Fabrice et moi devions écrire un texte pour honorer le centenaire d'une banque. Nous nous étions partagés les chapitres. Jusqu'en 1942, c'était lui. Et après 1942, c'était moi. Le président le lui a retourné entièrement attiré. Il paraît que vous avez même fait des phrases sans verbe. Je crois qu'il va falloir tout refaire. Quoi tout refaire ? Mais il n'a qu'à rajouter ses verbes lui-même, monsieur le con. Tu baisses d'un ton !

Le vieux compréhensif d'une banque. Et dans cette histoire, c'est moi qui suis dans la merde. Je dirige cette boîte, je suis responsable de la marche. Et ce bouquin, c'est une masse de fric. C'est toujours la même chose. Si je ne contrôle pas tout ce qui sort de cette agence... En tout cas, moi, je ne recris pas cette merde à l'œil. L'espace d'un instant, j'ai eu l'impression excitante que Lydie allait sauter de son fauteuil et lui envoyer une claque au milieu de la figure. Mais la porte s'est ouverte d'un coup. C'est pur.

Evelyne Cartier s'est assise au bout de la table. Elle nous a contemplé un moment, sans rien dire, son adorable menton posé dans ses mains fines. Avant de communiquer dans une banque, Evelyne Cartier avait travaillé dans l'édition et elle se plaisait à nous le rappeler.

Elle savait ce qu'il convenait d'appeler la syntaxe, elle. Nous avons passé d'interminables minutes à traquer les phrases sans verbe, les formulations mal tournées. Evelyne et Lydie se partageaient la férule. Nous avons chuchoté des excuses et promis de respecter à l'avenir tous les beaux verbes sans lesquels la langue française ne serait qu'un affreux galimatia. Nous avons biffé les chapitres qui allaient de 36 à 39, puis de 39 à 45...

Puis de 54 à 62, l'année 68, puis toutes les années 80. Non, le couplet sur la gauche au pouvoir, là c'est pas possible. Verrez-moi ça tout de suite. Je mourais d'envie de boire une bière. Mine de rien, je notais fébrilement les moindres expressions d'Evelyne Cartier. Je comptais bien les lui resservir un jour, sans vergogne. Les gens n'aiment rien tant que de retrouver leur propre zannerie, bien recuite. On est cons, on aurait dû prévoir...

Personne n'irait payer pour se salir. Ça tu l'as dit. Non seulement vous êtes cons, mais en plus vous n'êtes que deux petits prétentieux. Je n'arrivais pas à m'habituer à l'appartement vide. Je regardais longuement le reste de café se figer au fond de ma tasse en formant une auréole noire. Les heures passaient sans que personne n'ait la grâce angélique de déplacer, de repousser ou même de briser cette tasse. Elle semblait indifférente et inamovible.

Comme fossilisé. Imagine que le temps, c'est un seul maintenant, imagine qu'à l'intérieur du cercle, il y ait une rangée de tuyaux d'or. Qu'est-ce que tu fais là ? Putain de Noël, ça devrait pas exister. Il n'a pas quitté son boson de cuir ni son foulard imprimé. Il a posé ses fesses au bord du canapé et il s'est mis à parler, les mains crispées sur ses genoux. J'aurais jamais dû y aller. Je pouvais pas abandonner ma mère, tu comprends ? Je sais bien que je devrais me méfier, faut jamais s'attendrir sur ses parents.

Y'a rien de bon à en tirer, juste l'addition. Puis comme un idiot, j'oublie toujours qu'elle brutsait, même à 70 ans passés. Si tu savais comme il frappait fort quand j'étais petit. Il frappait comme un sourd, en disant qu'elle était une putain, et moi et ma sœur, des porcs. Quand je pense que j'ai attendu d'avoir 17 ans pour l'empêcher de continuer. Tu veux boire quelque chose ? Si t'as du whisky, je veux bien. À chaque fois, je me fais avoir !

Je me dis que je peux retourner là-bas, c'est normal de revenir chez ses parents de temps en temps, non ? Et puis dès que je passe la porte, je sais que j'ai merdé. Merci. On était tous assis à table, mon père, ma mère, ma soeur, ma tante et les deux cousins avec leur femme et leur gosse. Personne n'a offert de cadeaux parce que les cadeaux, c'est pour les enfants et que les enfants ne doivent pas les ouvrir avant le 25. Noël, c'est le 25, jusqu'à nouvel ordre qu'il a beuglé. Jusqu'à nouvel ordre.

Et puis ils se sont mis à parler religion, ils sont catholiques dans ma famille, ils ont parlé des arabes et des juifs, que c'était tous les mêmes, et de l'islam aussi. Alors à un moment je me suis levé, et j'ai dit mais vos gueules ! Je ne voulais pas la bagarre, je voulais juste que ça s'arrête. Tous ces mots pourris qui se déversaient entre les pommes dauphines. Mais mon père a pris la mouche, il a cogné des points sur la table, il s'est levé lui aussi, alors tout d'un coup ça m'est revenu, je me suis rappelé.

Comme le temps semblait toujours très long avant les coups, il n'a rien fait. Il s'est arrassi, il a juste dit « Fous le camp, fous le camp, pédé ! » Ma mère s'est mise à pleurer, comme d'habitude. Moi, j'ai pris la bouteille qui était sur la table et je suis parti. Quand je suis arrivé, dans la porte de mon immeuble, il y avait un type, un jeune que je connaissais comme ça de vue. Je lui ai proposé de monter chez moi. Il a préparé un shoot.

J'ai retourné tous mes tiroirs et j'ai fini par trouver une seringue pour moi, une vieille. Une vieille seringue qui me restait d'avant. « Tant mieux ! » il a dit le type, « parce que moi je suis séropo. » « Le problème c'est la cuillère, on était tellement saouls tous les deux qu'on a partagé la même. » « C'est trop con ! » « Maintenant il va falloir que je fasse le test. » « Comme Noël c'est moyen. » « Tu l'as dit. » « Enfin, pour la cuillère il y a quand même peu de risques, non ? » « Tu connais rien. » « Oui, c'est vrai. »

Grâce à Dieu, j'y connais rien. La pensée est un cheval lent. Bon, choisis un disque. Je vais faire du thé. Je suis allée à la cuisine faire chauffer de l'eau en me gardant bien de digérer trop vite les informations. Tiens, prends ça. Ça va te faire du bien. Nous sommes revenus sur l'affaire. Nous avons débattu. Nous avons hésité à savoir à qui incombait la responsabilité ultime. J'ai dit la famille. Il a dit l'alcool. J'ai dit la drogue. Mais en fin de compte, nous étions bien d'accord pour coller le tout sur le dos de la religion.

Puis nous avons cessé de parler. Ce n'était plus la peine. Nos corps se comprenaient encore très bien tout seuls. Quand nous sommes sortis de la chambre le lendemain, il était encore très tôt. Olivia et Chloé terminaient leur café. Elle lui a fait une vraie fête. En la regardant, j'étais contente de nous avoir ramené Patrick à la maison. J'aimais satisfaire le légitimisme d'Olivia.

Comme elle, je déplorais les séparations. Pourquoi la nuit est-elle si noire, si féroce et déserte, à peine quittée le ventre de Paris ? On n'est jamais récompensé. J'avais pris le métro jusqu'au bout de la ligne, traversé la zone sombre des arrêts de bus. J'avais sauté les barrières en dépit des interdictions et passé le boulevard en courant au péril de ma vie. J'étais entrée sans haine dans le labyrinthe des allées pavillonnaires où je tournais depuis des heures.

J'étais maintenant complètement perdue, un 31 décembre, dans une banlieue morbide dont je ne connaissais même pas le nom. Fallait-il vraiment que je crève d'épuisement à la veille d'une nouvelle année ? Et tout ça à cause d'Olivia ? Bonsoir madame. Bonsoir. Vous venez pour le spectacle des clowns en herbe ? Oui, moi aussi. J'ai mon petit-fils qui joue dedans. Ah ! Je crois que c'est là-bas. Vous voyez au niveau du lampadaire plein de guirlandes ? Ah d'accord. Ah mais j'avais pas remarqué. Ben oui, c'est-à-dire que c'est toi-ci. Oui, bon.

Les gradins se remplissaient peu à peu. Des familles, des enfants, des groupes d'amis enthousiastes qui frappaient dans leurs mains pour tromper le froid. Parce que c'était pas les quatre pauvres bras zéros plantés à chaque coin de la salle qui allaient le faire fléchir. Tout à coup, je vis entrer Brigitte, le mari et l'heure de gosse. Je m'appliquais à ne pas tourner la tête. Avec un peu de chance, il ne me verrait pas et il filerait avant la fin du spectacle. J'aurais pas à les saluer. Sa voix me dégoulina le long du conduit auditif comme un fluide vénéneux.

J'aurais voulu lui répondre « Vous faites erreur madame, vous confondez sans doute, bonsoir. » Mais j'ai faim la stupéfaction. « Oh, c'est Brigitte ça ! » « Ah bah quelle bonne surprise ! » « Bonjour, ouais ça va ? » « Ne bougez pas, ne bougez pas ! On va s'installer à côté de vous ! » « Ah oui d'accord, ouais, bonsoir. » La lumière baissait doucement, tandis que la famille d'Olivia descendait poser ses fesses sur mon gradin. Le noir s'est fait, je regardais fixement la scène devant moi. « C'est étrange parce que d'habitude j'ai toujours envie de voir du spectacle moi. »

Le seul plaisir que j'y trouve, c'est quand les lumières se rallument. J'ai enfin l'impression que je peux m'enfuir et que je respire. Parce qu'on est toujours un peu les otages des acteurs.

Ils peuvent nous obliger à regarder des choses blessantes. Et puis je n'aime pas cette façon qu'ils ont de se moquer du monde. C'est un pudeur qu'ils ont, je n'aime pas. Je ne crois pas que tu exagères un peu là. Peut-être, oui. Mais ce que je veux dire, c'est que malgré tout ça, quand Olivia est entrée dans le rond de lumière, j'ai été happée. J'ai tout de suite su qu'elle allait être excellente. À partir de ce moment-là, j'ai complètement oublié qu'on était le soir du réveillon. Je ne voulais même plus que le spectacle s'arrête, je t'assure. Elle était formidable. Elle flanquait le frisson.

Les enfants, ils vont bien ? Oui, je pense. Ils sont chez Jean-François. Les gens me demandaient toujours des nouvelles des enfants. Ils se moquaient bien de ce que j'avais à leur dire d'Olivia. Ils ne demandaient pas de ses nouvelles à elle. Ils savaient bien pourtant que nous habitions ensemble. Tu te souviens d'Antoine, l'ancien petit ami d'Agnès ? Tu sais pourquoi elle l'a quitté ? Non. Il lui a fait un coup de panda, tu n'imagineras jamais. En fait, un soir, il l'invite au restaurant et il ne vient pas. Le lendemain matin, il raconte qu'il a passé la nuit au pieu avec un type qu'il a levé dans une boîte.

Parfois, j'aurais bien aimé parler davantage d'Olivia, de son histoire. Passer un peu la charge. Mais ce que je savais d'elle était depuis longtemps devenu indicible. Les mots se coinçaient dans ma gorge dès que j'essayais d'aborder la question. Viol, abus sexuels, petit bout de bois dans le vagin. Un an vraiment, à quoi bon les prononcer sans motif ?

Je n'étais ni flic, ni médecin, ni juriste. J'aurais trouvé à les employés une forme d'idiote brutalité. Autant à mon égard qu'à l'égard d'Olivia et à celui de la personne convoquée à l'écoute. Il m'était arrivé de passer outre. Je m'en étais tout de suite mordu les doigts. Tu devineras jamais ce qu'elle m'a raconté, Olivia. Elle a été violée quand elle était petite. Ça ne m'étonne pas vraiment, quand on la connaît. Je m'étais tue, perplexe,

Mais si mon interlocuteur avait insisté avec une franche curiosité pour en savoir plus, dans ce cas aussi je l'aurais bouclé, horrifié par son désir d'entendre et refusant d'y satisfaire. Où et quand, d'ailleurs, aurais-je trouvé l'opportunité de déverser mon petit ombreau ? Dans la cuisine de mes parents au terme d'un déjeuner arrosé ? Chez des amis à l'occasion d'un anniversaire ? Dans le métro le soir en bavardant avec un collègue qui prenait la même ligne que moi ?

Je savais bien qu'à le dire, il n'en resterait que l'anecdote, la trame nue qui n'a pas de sens. Plus rien des soirées passées ensemble où les enfants riaient, plus rien du temps qui nous meut et des blessures qu'on partage. Les histoires sont toutes les mêmes. Il n'y a pas à aller bien loin pour empêcher mille autres semblables. Les journaux en sont pleins, nos entourages aussi. Ils sont remplis d'enfants trompés et de jeunes gens qui veulent mourir. Ceux qui n'en connaissent pas ont dû sceller leurs yeux.

ou leur cœur. Mais j'ai pensé que deux putes se feraient moins de mal qu'une seule Valérie. Tu me pardonnes cette fois ? Connard ! Evidemment, Cagnasse n'allait pas lui pardonner, elle l'a jetée ! Eh ben tu sais quoi ? Depuis le réveillon, ils se sont remis ensemble. Ah ouais ? Ah ouais ? Sans moi. Un roman de Marie Desplechin. Publié aux éditions de L'Olivier. Adaptation Cattel-Guillaud. Un petit peu de fête...

8ème épisode. Avec Marie Payen, Judith Chemla, Camille Clarisse, Clotilde Ramondeau, Arnaud Simon, Nicole Dauguet, Laurent Dols, Myriam Mazenko, Anna Servinka, Carole Franck, Vincent Berger, Madeleine Ziadé et Ambroise Marant. Bruitage, Sophie Bissons.

Conseillère littéraire, Emmanuelle Chevrière. Prise de son, montage et mixage, Philippe Redin, Éric Villanfin. Assistante à la réalisation, Yael Mandelbaum. Réalisation, Cédric Ossia. ...

si je t'aime si