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La Cédéao est-elle à bout de souffle ?

2025/1/30
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Débat du jour

AI Deep Dive AI Chapters Transcript
People
吉尔斯·亚比
塞迪克·阿巴
Topics
塞迪克·阿巴:西非经共体最初致力于促进西非国家的经济一体化,取得了一定的成功,例如促进了人员和货物的自由流动。然而,马里、尼日尔和布基纳法索的退出代表了西非经共体一体化目标的倒退,需要反思其不足之处。西非经共体在处理政变问题上没有错,因为其章程规定了合法的权力交接方式。但是,西非经共体在处理马里、尼日尔和布基纳法索问题上犯了一些错误,例如实施了空前严格的制裁,这导致了部分民意反弹。尽管马里、尼日尔和布基纳法索退出西非经共体,但这些国家与西非经共体成员国的利益仍然紧密相连,因此退出不会导致西非经共体瘫痪。西非经共体和非洲萨赫勒国家联盟需要合作应对共同的安全挑战,两者并非相互排斥。非洲萨赫勒国家联盟的出现是由于西非经共体存在不足,但退出西非经共体并非解决问题的最佳途径。 吉尔斯·亚比:西非经共体,特别是其领导人,需要进行自我批评,承认其在处理与马里、尼日尔和布基纳法索关系中的错误。马里、尼日尔和布基纳法索的领导人通过军事政变夺取政权,违反了西非经共体章程和本国宪法,其退出西非经共体并非代表民意。西非经共体对马里、尼日尔和布基纳法索实施的制裁中,部分经济和金融制裁超出了既定规则的范围,存在争议。萨赫勒地区国家的脆弱性是长期治理不善的结果,而非仅仅是西非经共体的责任。非洲萨赫勒国家联盟并非西非经共体的未来替代品,两者应被视为不同的组织,尽管存在合作。西非经共体是一个长期项目,其重要性不应被低估,其未来取决于未来领导人的选择。西非经共体成员国应致力于维护民主和法治,避免权力不受约束的局面。

Deep Dive

Chapters
Ce chapitre explore la vocation initiale de la CEDEAO axée sur l'intégration économique, notamment la libre circulation des personnes et des biens. Malgré des succès initiaux, le départ récent du Mali, du Niger et du Burkina Faso soulève des questions sur les limites de cette intégration et la nécessité d'une autocritique.
  • Succès de la CEDEAO dans la libre circulation des personnes et des biens.
  • Départ de trois pays membres : Mali, Niger et Burkina Faso.
  • Nécessité d'une autocritique sur les échecs de l'intégration.

Shownotes Transcript

Translations:
中文

18h30 à Paris, l'heure du grand débat avec Romain Ozoui. Bonsoir Romain. Bonsoir Véronique. Et ce soir dans le débat du jour, nous évoquons la CDAO. Le débat du jour. Romain Ozoui.

Et oui, la CDAO, Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, qui, officiellement depuis hier, compte trois membres de moins, le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Trois pays qui sont dirigés par des régimes militaires, ce qui leur a valu des sanctions de la part de la CDAO. Et c'est suite à cela, mais alors les griefs,

Vous le verrez, ne sont pas les seuls que Bamako, Niamey et Ouagadougou ont décidé de quitter la CDAO. Notre question ce soir, est-ce que celle qui va cette année célébrer ses 50 ans d'existence est aujourd'hui une organisation à bout de souffle ? La CDAO qui voit émerger l'AES, l'Alliance des Etats du Sahel, au sein desquels justement sont réunis désormais le Mali, le Niger et le Burkina. L'AES est-elle une menace ? Est-elle une complémentarité ? Est-elle l'avenir de l'intégration ouest-africaine ? Eh bien, soyez les bienvenus dans le débat du jour.

Et pour répondre à ces questions, nos deux invités ce soir à mes côtés en studio, Cédric Abba, bonsoir. Bonsoir. Vous êtes journaliste et écrivain, président du Centre international d'études et de réflexion sur le Sahel, rédacteur en chef du site mondafrique.com. Notre deuxième invité est en ligne avec nous. Bonsoir, Gilles Yabie.

Bonsoir. Analyste politique et économiste, fondateur du think tank Wati, groupe de réflexion citoyen pour l'Afrique de l'Ouest. Merci beaucoup à vous deux d'avoir accepté l'invitation du débat du jour sur RFI. Cédric Abba, pour évaluer où en est la CDAO aujourd'hui, est-ce qu'on peut d'abord rappeler en quelques mots quelle est la vocation de la communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest ? Vous l'avez bien dit, la CDAO a été créée il y a 50 ans.

avec pour mandat principal de favoriser l'intégration des pays d'Afrique de l'Ouest. Et dans ce cadre, au début, il y avait 16 pays d'Afrique de l'Ouest. La Mauritanie s'était retirée dans les années 2000, pour des raisons sur lesquelles on ne va pas s'attarder sans doute. Et aujourd'hui, il y a trois pays qui se sont retirés. Nous sommes à 12. Mais la vocation d'intégration...

a permis à la CDAO, et c'est à mettre à son crédit, de très vite favoriser la libre circulation des personnes et des biens. Nous étions dans une sorte d'espace Schengen d'Afrique de l'Ouest où un citoyen du Niger peut circuler dans l'ensemble des pays avec sa pièce d'identité, seulement avec son passeport. Donc sur ce plan de la libre intégration et les échanges économiques aussi ont été importants.

favorisé par la CDAO puisque la CDAO affiche quand même un très bon taux, pas le meilleur, mais en tout cas un beau d'échanges économiques intra-régionaux qui sont de l'ordre de 19 à 20%, ce qui est une bonne moyenne par rapport aux autres zones d'intégration économique. Après,

Après cette progression dans l'intégration économique et politique, à partir de 2001, je pense que c'est là que les problèmes ont commencé. La CEDEAO a ajouté ce qu'on appelle le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance qui a été ajouté à partir de la rencontre de Dakar. Et c'est cette dimension qui a amené aujourd'hui

à ce qu'on peut appeler les incompréhensions avec les gentes militaires. Voilà les deux vies de la CDAO si on peut résumer rapidement. Et vous avez dit les deux missions finalement de la CDAO, circulation des personnes et des biens, ça se poursuit avec

avec les trois pays sortants. La CDAO a demandé à ses pays membres de, je cite, « reconnaître jusqu'à nouvel ordre les passeports et les cartes d'identité nationaux des citoyens des pays sortants », à condition qu'ils aient le logo de la CDAO sur ces cartes d'identité, évidemment. Et puis, concernant les échanges de biens et de services, ça aussi, ça a été précisé suite au départ du Mali, du Niger et du Burkina. Eh bien, ces échanges vont pouvoir se poursuivre selon les règles en vigueur de l'institution. Malgré tout, c'est Dikaba, vous qui parlez de l'intégration

Est-ce que le départ du Mali, du Niger, du Burkina Faso, c'est un échec de cette intégration voulue par la CDAO ? Il faut être très honnête quand on regarde la vocation de la CDAO, qui est celle de l'intégration économique. Le fait qu'on soit passé d'abord de 16 à 15, le fait qu'on soit passé de 12 représente une régression.

Maintenant, on peut interroger les raisons qui ont amené à cette incompréhension. Est-ce que la meilleure solution était le départ ? Mais pour une organisation dont la vocation est de favoriser l'intégration, le départ de ses membres constitue un revers. Et ça doit être l'occasion peut-être de faire une autocritique pour voir ce qui n'a pas marché et ce qui peut marcher mieux. Maintenant, sur les difficultés, à mon avis, il y a des difficultés réelles.

Mais c'est au niveau de la solution. Est-ce que la solution était simplement le départ ? Mais il y a un certain nombre de raisons, de critiques qui ont été avancées par rapport à ce que la CEDEAO a pu faire ou qu'elle n'a pas pu faire. Ça, à mon avis, ce sont des choses qu'il faut regarder objectivement et froidement. Alors, justement, sur les critiques qui ont été formulées par les pays sortants, il y a le fait qu'il y ait des sanctions qui ont été formulées de la CEDEAO à leur encontre. On rappelle que ce sont des régimes militaires qui dirigent aujourd'hui Mali-Bouméa.

Burkina et Niger, la CDAO qui a été accusée d'être inféodée à la France. Ça, c'était des accusations aussi de ces trois pays sortants. Gilles Yabbi, quelle autocritique, avant d'évoquer ces griefs, mais quelle autocritique peut faire la CDAO après ses départs ? Oui, alors je crois qu'il y a évidemment beaucoup d'éléments et beaucoup de reproches qu'on peut faire à la CDAO et je dirais de manière plus spécifique,

à l'instance politique la plus élevée de la CEDEAO qui est la conférence des chefs d'État et de gouvernement. Et je rappelle tout de suite que la conférence des chefs d'État et de gouvernement qui réunit justement les dirigeants des pays de la

de la région, membres de l'organisation, ils ne sont pas issus de la CDAO, ils sont issus des processus politiques nationaux. Cela me semble être très important. Cela veut dire qu'à un moment donné, les dirigeants politiques peuvent prendre des mesures qui ne sont pas les bonnes. Cela, de mon point de vue, ne remet pas en cause l'ensemble d'une organisation qui a été créée pour incarner un projet d'intégration à l'échelle d'une région africaine. Donc, ces trois pays n'auraient pas dû quitter la CDAO ?

Déjà, je pense que dans la réalité, si on veut être précis, ce sont les dirigeants de ces trois pays, à un moment donné de l'histoire, et ce sont des dirigeants qui, en plus, sont quand même arrivés par des coups d'État militaires et donc en violation, pas simplement des textes de la CEDEA, mais en violation des constitutions de leur propre pays. Ce sont des dirigeants militaires qui ont décidé, à un moment donné, de retirer leur pays

leur population et leurs états de la communauté régionale. C'est très important. Ce n'est pas exactement la même chose que lorsqu'on a un processus consultatif, voire un référendum qui permet à des populations, à un moment donné, de décider de sortir d'une communauté. Ce fut le cas, par exemple, en Europe, évidemment, du Royaume-Uni. Donc, je crois que c'est une précision qui est importante parce que ça veut dire à nouveau qu'aujourd'hui, on ne peut pas affirmer que le choix de sortir de la CDAO

est un choix majoritaire au sein des populations de ces trois pays. L'autre élément qui me semblait aussi important de dire tout de suite, lorsque Sédic a rappelé un peu les étapes de la CEDEAO, pour moi, il y en a trois plutôt que deux. Il y a eu la création avec cette idée, effectivement, d'abord de se focaliser sur l'intégration économique, d'où le nom de la CEDEAO, Communauté économique,

Et ensuite, il y a une autre phase très importante, c'est la phase des conflits. La phase des conflits dans la région, l'Iberia-Sierra Leone, où la CEDEAO a dû intervenir, y compris militairement, mais aussi par des médiations politiques à l'époque, avec des coûts très importants, humains et financiers, pour cette organisation et pour les États membres, en réalité, qui sont derrière l'organisation, notamment le Nigeria à l'époque. C'est vrai qu'à l'époque, d'ailleurs, les dirigeants, beaucoup de dirigeants étaient militaires, pas tous,

Et donc aujourd'hui, on entend beaucoup, la CDAO a été créée par des militaires. Donc, en fait, il n'y a pas de contradiction avec le fait que des militaires décident de retirer trois pays de la CDAO. Je pense que c'est une vision qui ne correspond simplement pas à une bonne compréhension des étapes de la construction de la CDAO. Et la dernière étape, ce fut justement le protocole additionnel de la démocratie et la bonne gouvernance. Pour moi, les problèmes n'ont pas commencé au moment où on a décidé d'avoir des règles

disons, le choix de l'État de droit et de la démocratie à l'échelle de la région. Les problèmes ont commencé ou les problèmes ont toujours été là au niveau des États membres et de la culture démocratique, ce qui est différent, évidemment, du fait de proclamer qu'on a des constitutions. C'est la culture démocratique et la volonté de travailler au niveau des États membres à la construction.

disons, d'État qui soit démocratique. On ne va pas refaire l'histoire, évidemment, de la CDAO. On va surtout savoir quel sera l'avenir ou essayer de savoir quel pourrait être l'avenir de la CDAO. Est-ce que, Gilles Yabie, vous pensez que la CDAO n'aurait pas dû...

prononcée de sanction à l'encontre du Mali, du Niger et du Burkina Faso ? Est-ce que c'est contraire finalement à la vocation de cette organisation d'intégration ouest-africaine ? Et est-ce qu'elle n'aurait pas dû non plus, parce que ça fait partie des choses qui sont reprochées par Bamako, Niamey et Ouagadougou, et est-ce qu'elle n'aurait pas dû non plus aller même jusqu'à menacer l'un de ces pays, c'est le Niger en l'occurrence, d'une intervention militaire ?

Oui, alors il se fait que ce sont des sujets, des crises que je suis effectivement depuis quelques années et que sur les deux points, les sanctions et la menace d'intervention militaire au Niger, je me suis toujours exprimé et d'autres voix également de la région pour dire qu'il s'agissait là d'erreurs très graves qui ont été commises par les chefs d'État de la région. Mais je pense que sur les sanctions, il faut être plus précis. Le fait qu'il y ait eu des sanctions qui soient prévues par les textes en cas de violation légale

de la Constitution et notamment en cas de changement anticonstitutionnel du gouvernement, je pense que ça, c'est quand même tout à fait normal. Si vous avez un protocole additionnel qui est ratifié, signé par les États membres et que, lorsque une disposition importante

comme celle-là est violée lorsqu'on a des coups d'État et qu'il n'y a absolument aucune sanction, aucune conséquence. Évidemment, on voit bien que ça ne tient à rien d'avoir un protocole additionnel avec un certain nombre de règles. Donc moi, je fais une différence entre les sanctions qui ont été prises au titre, disons, des...

des textes de la CDAO qui sont clairs, notamment sur le fait que les pays sont suspendus. Ça ne met pas fin à leur appartenance, ça les suspend. Il y a un certain nombre de dispositifs qui sont mis en place à ce moment-là. Et le fait qu'on ne soutienne plus les dictatures

les fonctionnaires, disons, de ces États qui voudraient avoir le soutien de la CDA ou etc. Donc, il y a des sanctions de ce type qui sont des sanctions politiques et qui me semblent être tout à fait en accord avec l'esprit de l'organisation. Par contre, les sanctions économiques et financières qui sont allées très loin et qui ont bloqué même l'accès des États à leurs comptes en utilisant cette fois-ci une autre organisation, l'Union économique et monétaire ouest-africaine, je pense que là, très clairement, on est allé au-delà de ce qui était prévu

prévus par les textes. Il y a une partie de ces sanctions qui, effectivement, me semble être contestable, même sur le plan légal. Et donc, oui, des erreurs ont été faites, mais cela ne revient pas en cause, à mon avis, à nouveau, le projet d'intégration. Et il faut quand même le

J'aurais donné la parole à Sedi Kabba parce que le temps tourne, on a entendu vos réactions, mais je voudrais avancer dans ce débat. On pose la question, est-ce que la CDAO est à bout de souffle ? Sedi Kabba, le départ du Mali, du Burkina et du Niger, cela soulève quelles limites de la CDAO ? Est-ce que la CDAO doit discuter avec, doit garder sous son giron des pays dont le régime est militaire ?

Est-ce que ça va à l'encontre de la mission démocratique de la CDAO ? Est-ce que la CDAO doit cesser ses appels aux militaires ? Parce qu'on n'a pas précisé que là, il y a une période transitoire de six mois qui débute et que Mali, Niger et Burkina peuvent revenir dans la CDAO. Est-ce que finalement, la CDAO doit un petit peu se ranger dans cette évolution politique ? Ou est-ce que ce serait un renoncement d'accepter finalement qu'il y ait trois pays qui soient dirigés par des régimes militaires ? Non !

Dans les étapes que j'ai énumérées, celles de la construction, M. Gilles a parlé d'une troisième étape. Mais lorsqu'on regarde la deuxième étape, celle que moi je considère comme la deuxième étape, celle de l'ajout du protocole additionnel de Dakar, il est clairement indiqué dans ce protocole un certain nombre de choses, notamment les modalités d'accès au pouvoir qui doivent être passées par les voies constitutionnelles et par la voie des élections.

Donc ça, c'est à l'encontre du cadre de la CDAO. Oui, pas que de la CDAO, y compris de l'Union africaine, puisque l'Union africaine a suspendu ces États qui ont été le théâtre de coup d'État. Donc la CDAO, sur ce point, n'a rien à se reprocher, ne peut pas se remettre en cause. Je pense que l'incompréhension est venue aussi du fait que

Donc, peut-être que ce qu'on a vu jusqu'ici, il ne faut pas oublier que dans le cas du Niger, par exemple, lorsque le président Tandja avait décidé de rester au pouvoir et de modifier la constitution, la CDAO a pris des dispositions contre le Niger, puisqu'il est prévu dans les dispositions de la CDAO que six mois avant les élections, on ne change pas les règles du jeu électoral. Donc, il y a eu des sanctions par le passé, mais la CDAO jusqu'ici...

parce que ce n'est pas le premier coup d'État. Ça n'était tenu à la suspension des États, de ces instances. Les États sont suspendus, il y a des sanctions contre les pays, mais c'est la première fois que l'on voit

un embargo aérien et terrestre, la fermeture de frontières aériennes et terrestres, la suspension des échanges économiques, y compris la suspension de la fourniture d'électricité dans le cas du Niger. Donc ça, ça a remonté une partie de l'opinion contre la CDAO. Je pense que la CDAO a commis des erreurs d'appréciation.

Et ces erreurs d'appréciation ne voulaient pas amener à jeter la CEDEAO totalement. Mais on doit être honnête pour reconnaître qu'il y a eu des erreurs d'appréciation dans la gestion de cette affaire. Et la faiblesse, une des faiblesses de l'argumentaire aujourd'hui, quand on dit que les États, les pays, les régimes ne sont pas légitimes pour retirer leur État...

y compris ceux qui avaient créé la CDAO et non plus n'avaient pas fait de référendum ni de consultation devant leur Parlement. Donc le débat ne se situe pas à ce niveau seulement. Vous avez évoqué les opinions publiques. Quelles sont-elles à l'égard de la CDAO aujourd'hui en Afrique de l'Ouest ? Pas seulement...

Vous savez, c'est toujours très difficile de quantifier parce que si on nique les réseaux sociaux ou en raison du rétrécissement de l'espace démocratique dans les pays du Sahel aujourd'hui, les voix les seules autorisées sont ceux qui critiquent la CEDEAO sans nuance alors qu'on doit faire de la nuance. La CEDEAO n'a pas été totalement inutile. Donc il est difficile aujourd'hui

à défaut d'instruments de mesures objectifs, de dire quel est le côté majoritaire. Simplement, si on regarde les intérêts des pays de l'AS, ils sont fondamentalement imbriqués avec ceux des pays de la CDAO. Si vous prenez un pays comme le Niger, il

Il a huit rejoints administratifs sur les huit cinq sons frontaliers du Nigeria. Donc, objectivement, vous ne pouvez pas séparer aujourd'hui un pays comme le Niger de la CEDEAO parce que les intérêts du Niger ne se trouvent que dans la CEDEAO. Et les premiers partenaires du Niger sont des pays qui sont dans la CEDEAO avant d'être des pays qui sont l'AS comme le Burkina et le Mali. Et d'ailleurs, on a précisé que la circulation des biens et des personnes, pour l'instant, se poursuit entre les pays sortants et les pays de la CEDEAO. Mais concrètement, en quoi ça menace ? Est-ce que ça menace ?

la CDAO, cette situation de passer de 15 à 12 membres ? Non, objectivement, je ne pense pas que ça paralyse l'institution CDAO. Mais simplement, du point de vue des États... Est-ce que la CDAO est toujours aussi incontournable aujourd'hui ?

Moi, je pense que de toute façon, c'est peut-être pour ça que les pays eux-mêmes de l'AES ont fait une déclaration avant la CEDEAO pour dire qu'ils étaient d'accord avec les principes de la libre circulation des personnes et des biens. Parce que les intérêts de ces pays, quand vous prenez les intérêts d'un pays comme le Mali, ils ne sont pas fondamentalement avec le Niger ou le Burkina. Ils sont avec le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Donc, sur un plan pragmatique, sur un plan objectif,

ces pays-là vont continuer à travailler avec la CDA. Et pour moi, la raison a prévalu, le fait que le 29 janvier, que chacune des parties ait reconnu le principe de continuer à travailler comme si de rien n'était, font que les enjeux d'avenir, notamment la question sécuritaire, la question d'intégration économique, aujourd'hui, l'épicentre de la crise sécuritaire en Afrique de l'Ouest, ce sont les trois pays de l'AES. Donc, si on veut...

avoir des résultats sur le plan sécuritaire, il faut qu'on travaille. Il faut que ces pays travaillent aussi avec la CEDEAO, comme les pays de la CEDEAO. Quand vous prenez le Bénin et le Togo, qui sont aujourd'hui dans le viseur des groupes terroristes, ce sont des pays qui ne sont pas dans l'AS, mais l'AS aura besoin de travailler avec eux fondamentalement. Et on va parler à présent de cette alliance des États du Sahel et des enjeux

sécuritaire et économique que cela soulève. La CDAO est-elle à bout de souffle la communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, amputée de trois de ses membres après le départ officiel hier

du Mali, du Niger et du Burkina, la CDAO qui célèbre cette année ses 50 ans d'existence. Mes deux invités sont Sédic Abba, journaliste et écrivain, que l'on entendait qui est président du Centre international d'études et de réflexion sur le Sahel, rédacteur en chef du site mondafrique.com, et Gilles Yabi, analyste politique et économiste, fondateur du think tank Wati, groupe de réflexion citoyen pour l'Afrique de l'Ouest.

Gilles Yabi, que faut-il attendre de cette alliance des États du Sahel, qui a été fondée finalement par les trois pays sortants en 2023, Mali, Niger, Burkina Faso, qui est devenue une confédération qui monte en puissance. Il y a de plus en plus de pays qui montent leur intérêt. Ça veut dire quoi de l'avenir de la CDAO ? Est-ce que l'AES s'est appelée à être quoi ? Une CDAO bis ? Une complémentarité de la CDAO ? Est-ce que c'est l'avenir de la CDAO ?

Alors, peut-être que la question la plus simple, en tout cas de mon point de vue, c'est la dernière. C'est-à-dire, est-ce que l'AES est l'avenir de la CEDAO ? Personnellement, je ne le pense pas et je ne pense pas qu'en réalité, il faille comparer ces deux blocs comme étant des deux blocs.

justement des blocs comparables. En termes de nombre, vous avez la CEDEAO, moins les trois États, ça reste 12 États membres. Et dans ces 12 États membres, vous avez le mastodonte, il y en a un seul en réalité dans la région, sur le plan économique et démographique, c'est le Nigeria. Et vous avez aussi les deux autres économies les plus importantes, la Côte d'Ivoire et le Ghana, qui sont aussi les

les pays les plus peuplés, car après le Nigeria, certes pas très loin devant les pays du Sahel au niveau de la population, mais au niveau du poids économique, il est très clair que la CEDEAO, même à 12, n'est pas comparable d'un point de vue économique au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Mais il y a des coopérations entre, et c'est ce qu'évoquait Sidi Kaba, il y a des coopérations entre AES et CEDEAO. Par exemple, entre le Niger et le Nigeria, il y a des coopérations importantes ?

Tout à fait, mais je pense même que ce n'est pas simplement la liberté de circulation des personnes, les flux de personnes. Et là aussi, si vous regardez les flux de personnes, vous avez une population, des populations sahéliennes, notamment en Mali et en Afrique.

Et Burkina Faso, qui sont très importantes dans les pays côtiers et voisins, notamment la Côte d'Ivoire. Et depuis très longtemps, il y a des liens culturels et économiques très forts dans l'ensemble de cette région qui ne font pas la différence entre Sahel et les pays côtiers.

Donc, ce qu'on est en train de casser au niveau de la région, c'est cette dynamique de solidarité qui existait déjà avant l'institutionnalisation et avant la CEDEAO, de part à nouveau la proximité culturelle. Mais ce qu'on est en train de casser aussi,

C'est la projection dans l'avenir. Une organisation régionale, c'est un projet. Aucune organisation régionale ne s'est construite en 10 ans, 20 ans, 30 ans et en ayant les mêmes objectifs et les mêmes manières de fonctionner. Et donc, ce qu'on est en train de casser, c'est la projection de nos communautés ensemble, de nos pays ensemble et des populations ensemble. Mais c'est le projet de l'AES ? C'est le projet de cette alliance des États du Sahel qui casse cette dynamique ?

Alors, ce n'est pas simplement le projet de l'AES qui casse la dynamique. C'est une séquence d'événements depuis une douzaine d'années, notamment la crise au Mali, qui a abouti à la fois à des mauvaises décisions de la part de la communauté. Mais il ne faut pas oublier quand même que si ces pays sont à ce point fragilisés, c'est d'abord la responsabilité.

de ceux qui les ont dirigés pendant des décennies. Ces trois pays, si on regarde du point de vue, cette fois-ci, des indicateurs de bien-être, ce sont aussi les trois qui ont les indicateurs de développement humain les plus faibles dans la région. Je viens de regarder à nouveau les chiffres. C'est ça, la réalité. Et donc, on ne peut pas simplement accabler une organisation régionale en oubliant qu'une organisation régionale, c'est quand même l'ensemble des États membres. Et dans ces États membres, ces trois pays ont toujours été des pays moteurs

qui ont fait partie de toute la construction de l'organisation. Et ce n'est pas à nouveau aujourd'hui la CEDEAO qui est responsable aujourd'hui de l'état de fragilité sécuritaire, politique, économique des États membres et notamment des États du Sahel. Après, moi, je fais une distinction. Les trois États peuvent se mettre ensemble. Il y avait l'autorité du l'Iptaco-Gourmand. Il y a des sous-ensembles dans la CEDEAO.

Donc pour moi, la création de l'AES n'est pas en soi un problème, surtout si ça permet d'avoir beaucoup plus de coopération sécuritaire. Mais le problème, c'est plutôt le départ de la CEDEAO et le niveau de tension aujourd'hui entre des États voisins. On peut revenir quasiment à des scénarios de conflit entre États, ce que la CEDEAO avait permis d'éviter depuis des décennies. Cédric Abba, que peut faire, si on se projette sur l'avenir, que peut faire la CEDEAO ?

se relancer. En mai, elle va fêter ses 50 ans d'existence. Vous avez évoqué l'enjeu économique, l'enjeu sécuritaire. Il est mis à mal par le projet de l'AES. Est-ce que ce n'est pas le boulet, le caillou dans la chaussure de la CDAO ? La situation sécuritaire, il y a une force en attente

Est-ce qu'il faut la relancer ? C'est une force militaire conjointe des États membres qui est mobilisable par le président de la Commission, dans le contexte évidemment sécuritaire de la région. Non, passé le moment d'émotion, passé toutes les incompréhensions, il va forcément falloir que la CDAO et l'AES travaillent ensemble pour relever le défi sécuritaire. Donc l'avenir de l'Afrique de l'Ouest, c'est CDAO plus AES ? Oui, l'avenir... En tout cas, il faut...

Les deux organisations sont condamnées à trouver des passerelles, à mettre en place des coopérations sur le plan sécuritaire, par exemple. J'ai évoqué le fait que la menace sécuritaire est aujourd'hui en train de déborder le Sahel pour arriver dans les pays du Golfe de Guinée. On

on va vers une deuxième zone de trois frontières entre le Burkina Faso, le Bénin et le Niger. Une troisième zone de trois frontières entre le Togo, le Bénin et le Burkina Faso. Donc, les...

pour la réponse au défi sécuritaire, elle ne peut être que transnationale et elle ne peut même être que régionale. Et c'est la CDAO qui a vocation à porter cela. Le fait que le pays de l'AS ait mis ensemble une force de 5 000 hommes qui va permettre de lutter contre le défi sécuritaire, contre le terrorisme, c'est une valeur ajoutée. Mais rien n'empêchait

que la CDAO, que le pays de l'AS travaille, comme on a pu le voir avec le G5 Sahel, que les pays de l'AS travaillent avec la CDAO pour avancer sur cet agenda sécuritaire qui est un agenda commun. Parce que les pays de l'AS, ce serait illusoire de penser que parce qu'ils ont mis ensemble une force de 5 000 hommes...

peuvent régler le défi sécuritaire s'ils ne parlent pas avec le pays qui est encore dans la CDAO. Tout est dans la coopération entre les deux. La CDAO ne tiendrait plus aujourd'hui, serait menacée aujourd'hui d'existence, d'avenir si l'AES n'existait pas pour finalement... Est-ce que ce serait le canard boiteux et que l'AES permet à la CDAO aujourd'hui d'avancer ensemble ? Non, moi je ne pense pas que l'AES aurait pu exister à côté de la CDAO. Moi,

L'AES existe parce que la CDAO est affaiblie ? Non, parce que les pays de l'AES ont fait un diagnostic sur l'échec de la CDAO et ont tiré une conséquence qui, à mon avis, n'est pas la bonne. C'est de partir. On peut voir les insuffisances de la CDAO et travailler à ce que tout change, y compris sur la question de la gouvernance économique et politique.

Parce qu'il y a des pays comme le Sénégal, même le Togo relativement, qui sont critiques envers un certain nombre de fonctionnements de la CEDEAO, mais qui ne sont pas partis. Peut-être que la solution aurait été de rester pour obtenir la transformation. Parce que partir, à mon avis, n'est pas la meilleure des choses. Parce que trois pays ensemble...

Je pense que ça ne suffira pas ni pour rélever le défi sécuritaire, ni pour réussir l'intégration économique, d'autant que ces pays sont des pays continentaux. Gilles Yabi, le mot de la fin, est-ce que vous êtes d'accord avec Sédic Abba ? L'avenir de l'intégration ouest-africaine, c'est la CDA ou plus l'Alliance des États du Sahel ?

Alors ça, je ne sais pas, parce que je ne sais pas si les dirigeants qui sont actuellement au pouvoir et qui ont pris cette décision le seront pendant des années ou qu'ils le seront éternellement. En tout cas, éternellement, ce sera étonnant parce que personne n'est au pouvoir éternellement. Et donc, je crois qu'il faut vraiment, d'une certaine manière...

éviter vraiment beaucoup de simplifier le débat parce qu'aujourd'hui, ce qu'on entend beaucoup dans la région, je pense qu'il y a énormément de mauvaise compréhension à nouveau de l'utilité d'une organisation régionale. Et lorsqu'on parle de la CEDEAO, de qui on parle en fait ? De quoi on parle ? On oublie que les présidents, le président de la commission, les commissaires, les présidents

qui sont membres de la Conférence des chefs d'État, ils ne font que passer. Ils ne font tout ce que passer. C'est un projet. C'est des institutions, des mécanismes qu'on a mis en place laborieusement depuis à nouveau cinq décennies. Il n'y a aucune région du monde où on a ce niveau de solidarité qui a été instauré, en particulier dans un contexte de

pays à revenus plutôt faibles. Évidemment, l'autre modèle d'intégration très avancé, c'est l'Union européenne. Et l'Union européenne, elle a commencé par le charbon et l'acier. Elle n'a pas commencé par un projet d'union politique. Donc, je crois qu'à nouveau, on ne prend pas la mesure aujourd'hui de l'affaiblissement collectif que représente la sortie de ces trois pays de la CDAO. Et le sentiment, j'ai encore entendu parler des chèques de la CDAO, ce n'est pas les chèques de la CDAO le

problèmes sécuritaires et de développement économique et social du Mali, du Niger, du Burkina Faso et de beaucoup d'autres États. D'ailleurs, de la CDO, c'est d'abord les États membres, ce n'est pas une organisation régionale. Et peut-être le tout dernier mot, c'est vraiment sur la question démocratique et de l'État de droit. C'est très important de mon point de vue. Mon angoisse en tant que citoyen d'un pays de la région et citoyen ouest-africain, c'est qu'on arrive à une situation où en fait on

On se dit, dans tous les États membres, chacun fait ce qu'il veut. Le président, même s'il arrive au pouvoir, il peut faire absolument ce qu'il veut. C'est un retour à des régimes autoritaires. On a connu ça. Ça n'a pas été un grand succès du point de vue sécuritaire, du point de vue politique et du point de vue économique et social. Eh bien, merci, Gilles Yabbi. Donc, l'organisation CDAO, pas

pas à bout de souffle en tout cas, ébranlé, peut-être pourra s'appuyer à l'avenir sur l'AES. Merci beaucoup Gilles Yabi, Cédric Abba, Florence Ponce à la préparation de ce débat et Claude Batista à sa réalisation. Allez, coup d'œil à la pendule. Après le grand journal du soir, ce sera Afrique Soir dans une grosse demi-heure. Bonsoir, Sylvie Beruet. Bonsoir.

Allez, quel programme ce soir, Sylvie ? La RDC, bien sûr, après Kinshasa, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barraud, est à Kigali, une démarche diplomatique qui vise à désamorcer la crise dans l'Est du pays. Nous ferons le point sur la situation à Goma, principale ville de l'Est de la RDC, où est entrée ces derniers jours la rébellion du M23. Soutenue par Kigali, la Belgique demande à l'UE de sévir contre le Rwanda. Et c'est dans ce contexte de tensions que s'ouvre demain le sommet de la SADEC.

Le grand oral en Suisse pour les prétendants au fauteuil de patron du CIO, le comité international olympique. Parmi les candidats, l'ancienne nageuse zimbabwéenne Kirsti Coventry, double championne olympique 2004 et 2008. A tout à l'heure, Sylvie Berruet. Et restez à l'écoute dans 30 secondes, le grand journaliste.