France Info. Notre invité à présent est un réalisateur, un documentariste, un grand reporter. Il a sillonné le monde, couvert des guerres, mené des enquêtes sur des sujets de société en France. Mais depuis plusieurs années maintenant, il concentre son travail davantage sur les animaux. Bonjour Gilles Demestre. Bonjour. Merci de venir dans France Info Junior pour répondre aux questions des enfants qui ont déjà vu votre dernier film qui sort mercredi. Bonjour les enfants. Bonjour. Bonjour.
Bienvenue sur France Info Junior, on vient du collège Jacques Prévert de Noisy-le-Sec. Aujourd'hui on a plein de questions pour Gilles Demest, le réalisateur qui a fait Moon le Panda. Moon le Panda, un conte, l'histoire d'une amitié, d'une complicité entre un enfant et un panda, on va en dire plus dans un instant. Yann, la première question est pour toi. Quand vous avez tourné le film, est-ce que vous avez utilisé une vraie personne pour faire le panda ?
Je crois que c'est dans Game of Thrones, un autre film où il y a des dragons. Ils ont utilisé une vraie personne et après ils l'ont modifiée avec les édits et tout ça. Il est plus vrai que nature ce panda. C'est un peu l'ingrédient principal de mes films. C'est qu'on tourne avec des vrais animaux et qu'on crée des vraies relations entre les enfants et les animaux. Donc on a eu un vrai panda. Pourquoi le panda ne l'a pas attaqué alors qu'il est à l'état sauvage ?
Alors il n'est pas à l'état sauvage dans le film, on a tourné dans un endroit qui est protégé, qui est une réserve, et c'était des pandas qui connaissaient les humains, donc ils sont très paisibles, c'est un animal qu'on adore tous, il est très gentil, c'est quand même un ours !
Mais bon, il y a eu un coup de foudre amical entre le petit garçon qui joue le rôle. Et cependant, ça a été immédiat, ils se sont adorés. Et ça se voit à l'écran, évidemment. Alors voilà, quand on voit ça, on y croit, on le voit. Mais on se pose aussi quand même un petit peu la question du making-of. On se demande si cette complicité entre un homme et un animal, elle est vraiment vraie. Ou si c'est beaucoup de mise en scène, de personnification finalement d'un animal qui a peut-être des pensées tout autres ?
Non, nous, on met très peu en scène. Finalement, on s'adapte à l'animal. On va dans le monde de l'animal quand on fait ce genre de film. Donc, on est entré dans le monde du panda, des bambous, des forêts, des montagnes. Et le petit garçon, qui s'appelle Tian dans le film, a fait le chemin pour aller rencontrer cet animal. Et ils se sont vraiment trouvés. Ça se voit, ils jouent avec lui, ils se font des câlins. Et ce n'est pas fin. Nous, on...
On tourne en fait en s'adaptant à l'animal, en le respectant. Et après, c'est nous qui montons les images. Mais on ne demande pas à l'animal de faire des choses. Alors, question d'Alia. Comment l'idée vous est venue de créer ce film avec un panda et...
Un petit garçon avec sa sœur et sa famille. C'est bien d'ajouter qu'il y a la famille. C'est une histoire d'humains aussi, pas que d'animaux. Tout à fait. Mais c'est ça qu'on essaie de raconter. Les animaux nous servent à entrer dans le monde des humains et à partager des choses sur nous. Et là, c'est un film sur l'enfance. C'est un film sur un enfant qui est en souffrance et qui, grâce au panda, va découvrir, va redécouvrir l'amour, l'amour de cette famille, va redécouvrir la nature. C'est important aussi. Et donc, c'est ça qu'on aime bien raconter. Alors,
et en fait une clé d'entrée vraiment universelle. Et qui n'a pas rêvé de devenir ami avec un panda ? Et finalement, on réalise ce rêve à l'écran pour tous les enfants du monde. Alors, vous avez déjà fait des films avec cette idée, notamment Mia et le lion blanc, qui a un peu la même trame en quelque sorte. D'où cette question de Lola ? Pourquoi vous avez choisi de parler des pandas et pas des koalas ou d'autres animaux comme ça ? Vous avez eu un petit tropisme sur les félins, lions, jaguars et maintenant le panda ?
Le panda, c'est un animal mythique, c'est un trésor national pour les Chinois, il est ultra protégé, il est ultra rare, puisqu'il en reste moins de 3000 dans le monde, c'est très très peu, ils sont tous chinois d'ailleurs, et donc c'est un animal qui est en voie vraiment de disparition, très en danger.
Et donc, parler de lui, c'est aussi parler de la fragilité de la nature et le fait qu'on doit la protéger. Et nous, avec ma femme Prune de Metz qui écrit les scénarios, on parle d'abord à nos six enfants, et puis on essaie de parler aux enfants en leur disant, regardez, le monde est magnifique, regardez comme c'est beau un panda, on l'adore, mais il a besoin d'être protégé, câliné. Et donc, c'est un peu ça le message du film. C'est vraiment attention à la nature qui nous entoure. D'abord, regardez-la.
C'est un film sur l'émerveillement aussi. Regardez cette nature et de la voir si belle, ça donne envie quand même de la protéger. Et vous, vous saviez qu'un panda pouvait interagir de la sorte avec un être humain, avec un enfant ? Vous avez été beaucoup surpris ? C'est toujours un pari. On choisit un acteur et on ne sait pas trop si ça va marcher. Maintenant, je commence à avoir de l'expérience.
parce que j'ai fait beaucoup de films comme ça. Et évidemment, Noé, qui joue le rôle de Tiane dans le film, est un enfant assez brillant, assez incroyable. Et il a tout de suite été fasciné par ce panda. Et donc, ça marche vraiment. Mais après, ça pourrait ne pas marcher. Il y a des films qui se font entre des enfants et des animaux, où les enfants n'aiment pas les animaux. Et c'est vrai que ça ne donne pas cette magie qu'on a dans ce film-là. Alors, il y a aussi Alexandra Lamy, qui joue la mère de Tiane dans ce film. On a demandé aux élèves ce qu'ils en avaient pensé, pour que vous puissiez l'écouter.
Moi, j'ai bien aimé le film. J'ai bien aimé surtout quand il a rencontré le panda. Moi, j'ai bien aimé. À un moment, j'ai même pleuré. J'ai même pleuré plusieurs fois. Et tout m'a plu. La scène où il y avait le panda, il était à terre parce que le tigre ou je ne sais pas quel animal, ils se sont battus. J'ai bien aimé le paysage parce que...
Quand ils partent en vacances chez leur grand-mère, ils partent dans la Chine, la campagne chinoise, et c'est trop beau. Alors d'abord, merci, parce que tout ce qu'on dit à ses enfants, c'est comme avoir un César. Ils ont tous adoré. On fait ça aussi pour que les enfants prennent du plaisir avec les parents. En conjointe, les grands-parents, les parents, les enfants ensemble, c'est des films comme ça qu'on essaie de partager. Et...
Alors, les enfants ont l'impression d'avoir vu le panda se battre avec la panthère des neiges. Alors, je ne veux pas trop dévoiler, mais en fait, on ne le voit pas, on l'entend. Et donc, évidemment, c'est la magie du cinéma. Et les émotions, elles sont très fortes, même par le son. Évidemment, on n'a pas mis vraiment une panthère des neiges et un panda ensemble pour se battre. Ça, c'est impossible. Comment ça s'est passé, justement, tout ça avec les autorités chinoises qui surveillent de très près dès qu'il s'agit de pandas ? Pendant des années, vous avez dû obtenir des autorisations, etc. On a mis cinq ans pour obtenir l'autorisation. C'est un film qui...
qui était quasi impossible à faire. Ça n'a pas été fait depuis plus de 20 ans, un film avec des pandas. Je pense que ça ne sera pas refait où un humain interagit avec des pandas. Et donc, on a convaincu aussi, d'abord parce que nous, on respecte énormément l'animal et que, comme je disais tout à l'heure, on entre dans leur monde. Donc, c'est eux qui décident. Donc, ça, c'est très important pour eux. Ils étaient là aussi sur le tournage, évidemment. Il y avait des référents, on imagine, qui survivaient tout de près. Bien sûr, les soigneurs des pandas. Et puis, je pense que ça montre aussi qu'il y a des animaux qui sont en voie de disparition. Là, c'est le panda en Chine. Ça peut être le jaguar en Amazonie ou le lion en Afrique.
Et que vraiment, il faut découvrir ça et se dire qu'on ne peut pas avoir un monde sans pandas. Ils sont d'accord. Il va être diffusé en Chine, votre film ? Je pense, oui. Il y a différentes étapes à passer. Le film vient juste d'être prêt. Ils regardent le film, ils ont beaucoup aimé le film. Et les gens des réserves ont complètement approuvé le film et l'émotion qu'il y a à découvrir ces pandas. Parce que ça aussi, on n'en voit pas souvent des pandas. Donc là, on peut les voir vraiment de près.
Et donc, je pense que oui, il va sortir en Chine. Gilles Demesse, je le disais, vous êtes documentariste, grand reporter depuis des années. Vous avez couvert des terrains de guerre, notamment sur les enfants soldats. Vous avez un prix Albert Londres pour cela. Ensuite, des sujets sociaux en France. Mais quand vous voyez tout ce qui se passe aujourd'hui sur la planète, les conflits au Soudan, à Gaza, en Ukraine, puis même les sujets de société, est-ce que vous vous dites, je dois encore aller sur ces terrains-là ? Ou alors, vous le faites d'une autre manière, finalement, avec les animaux ?
Oui, je parle de nous aussi à travers ces films. On a un peu inversé notre regard. C'est vrai que pendant plus de 20 ans, j'ai montré l'horreur du monde. Et c'est vrai que ça touche les gens. Mais ça touche des gens qui sont probablement déjà convaincus. Et souvent aussi, on se dit, on n'a pas envie de voir. Maintenant, on travaille plutôt sur quelque chose qui s'appelle l'effet colibri. C'est-à-dire de dire, oui, le monde est très dur. On souffre beaucoup. Beaucoup de gens sont dans la misère, ont du mal. Mais chacun peut aider l'autre. Et en faisant un petit geste...
chacun à son niveau, et les enfants comprennent vraiment ça, on peut changer le monde. Parce que c'est l'accumulation de ces millions de gestes qui peuvent faire les choses. On est plutôt maintenant là-dessus. C'est-à-dire, évidemment, sauver un bébé panda, créer une relation avec lui et s'apercevoir qu'il est menacé, qu'il faut le protéger, c'est un petit geste que fait ce garçon dans ce film et tout le monde peut le faire.
Ça peut être aussi bien que ramasser des papiers par terre ou des sacs en plastique, créer une petite association, se battre pour aider quelqu'un qui est dans la misère, son voisin, parler à quelqu'un, faire un sourire. Ces petits gestes qui s'accumulent font qu'on vivra mieux ensemble. C'est aussi le message de ce film pour tout le monde, pour les grands et les petits. Il n'y a pas tant de moments que ça dans la vie, donc...
Et qui sort pendant les vacances, donc ça va être parfait. Moune, le panda, ça sort mercredi. Merci infiniment, Gilles Demest, d'être venu répondre aux questions des enfants de France Info Junior. Une émission à retrouver sur franceinfo.fr, sur l'appli Radio France, préparée par Mathilde Jonin et Stelphor.