France Info. France Info Junior et on parle d'immigration aujourd'hui avec des élèves de 5ème du collège Émile Mal à Comentry dans l'Allier. Et pour leur répondre, le sociologue et démographe François Héran. Bonjour. Bonjour. Titulaire de la chaire Migration et Société au Collège de France. Merci infiniment de prendre le temps de répondre aux questions des enfants.
de France Info Junior sur un sujet régulièrement dans l'actualité, sujet sensible, la polémique sur le sentiment de submersion migratoire évoqué par François Bayrou est à peine dernière. Nous, première question donc sur l'immigration d'Hugo. Est-ce que l'immigration existe depuis toujours ? Alors l'immigration, bien sûr les hommes se déplacent depuis toujours mais
L'immigration au sens moderne du terme, ça veut dire être né dans un pays et vivre durablement dans un autre pays. Et donc ça suppose que les pays aient des frontières précises, des contours précis. On le connaît depuis le milieu du XIXe siècle. C'est depuis 1851 en France que l'on mesure vraiment l'importance de la migration internationale. Question d'Amy. Pourquoi ?
Les migrants vont-ils dans un autre pays ? Pour plusieurs raisons. Une des premières raisons, c'est la mondialisation des études. Il y a beaucoup de jeunes qui vont faire des études dans un pays étranger. Ensuite, il y a les conflits, les guerres et les interventions étrangères qui font que les gens sont dans des situations épouvantables et doivent trouver refuge dans d'autres pays.
Il y a aussi la volonté d'améliorer son sort, c'est-à-dire qu'on vit dans un pays économiquement très difficile où il n'y a pas de sécurité, il n'y a pas d'avenir, et à ce moment-là les gens migrent soit pour améliorer leur propre sort, soit pour essayer d'avoir un avenir pour leurs enfants.
Alors François Héran, les élèves de 5e ont été assez marqués par cette interpellation d'une élève dans son collège en Moselle il y a deux semaines. Des gendarmes sont venus la chercher dans le cadre d'une procédure d'éloignement vers la Belgique.
pays où sa famille, qui a fui le Burkina Faso, avait déposé son dossier. Question à ce sujet d'Inaïa et Marceau. Est-ce qu'un policier a le droit de venir chercher une élève dans un collège ? Si quelqu'un de notre collège n'a pas de papiers, il peut lui arriver la même chose qu'à...
La réponse est clairement non, parce que le droit des enfants à être éduqués est un droit universel qui ne peut pas être lié au statut migratoire des parents. Que les parents aient des papiers ou pas, de toute façon, il faut scolariser les enfants. Et d'ailleurs, le directeur général de la gendarmerie française a présenté ses excuses en expliquant que c'était une grave erreur qui avait été commise.
Et Elisabeth Borne a rappelé ce que vous veniez de dire, la ministre de l'Éducation. Question de Marceau encore. Est-ce qu'il y a des lois spéciales pour l'immigration des enfants ?
Alors d'abord, il y a relativement peu d'enfants qui migrent parce qu'en général, les couples jeunes attendent d'entrer sur le territoire pour commencer à avoir leurs enfants. Et il y a aussi une loi qui dit que le regroupement familial des enfants mineurs et des conjoints est de droit. Alors c'est compliqué dans la mise en pratique parce qu'il faut avoir une certaine surface de logement, un certain niveau de revenu, mais oui, il y a un droit pour les enfants mineurs à rejoindre leurs parents.
François Héran, titulaire de la chaire Migration et Société au Collège de France, Nayel, nous emmène aux Etats-Unis. Est-ce que Donald Trump va continuer son mur pour empêcher les Mexicains d'immigrer ? Écoutez, le mur a été interrompu plus ou moins par Joe Biden. Oui, il y a des chances qu'il continue d'ériger son mur. Je ne suis pas sûr que ce soit très efficace. Ériger un mur, c'est un aveu de faiblesse. C'est...
montrer qu'on ne réussit pas à régler le problème autrement que par des murs. Donald Trump connaît très mal l'histoire des États-Unis, manifestement. Il a lui-même, évidemment, comme la plupart des Américains, une ascendance immigrée.
Mais on a constaté très vite aux États-Unis que les vagues migrées, une fois qu'elles s'installent, essaient de fermer le portillon derrière elles, de rejeter les vagues suivantes. C'est un mécanisme qu'on a observé déjà dans les années 1920. Donc, ce n'est pas la première fois que les États-Unis essaient de réduire l'immigration en oubliant qu'ils sont eux-mêmes un pays d'immigration. Et pour finir, François Héran, cette question, vous pourriez avoir trois heures pour répondre, que ce ne serait pas trop, mais vous aurez quelques secondes.
Pourquoi il n'y a pas plus de solidarité entre les pays au lieu d'expulser les immigrants qui fuient à cause des guerres ou des maladies ? Parce que le premier sentiment qu'on a, c'est que les autres sont de trop, les autres sont trop visibles, ils ne font pas d'efforts pour s'intégrer. Et là, c'est tout le débat politique qu'il faut revoir. Si on passe son temps à entretenir ses peurs...
à caresser l'opinion publique dans le sens de ses peurs, ça va encore aggraver le problème. Il faut avoir le courage, pas seulement les politiques, mais aussi les organisations, toute la société civile, d'expliquer ce qu'apportent les immigrés à l'économie et à la culture en général. Merci beaucoup François Héran d'avoir répondu aux questions des collégiens de France Info Junior. Vous êtes, je le rappelle, sociologue et démographe titulaire de la chaire Migration et Société au Collège de France.
France Info Junior a réécouté en podcast sur l'appli Radio France, émission préparée par Marie Mougin et Estelle Faure.