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Neuf contes d'Andersen 7/9 : "La pâquerette"

2025/5/9
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Le Feuilleton

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Shownotes Transcript

Neuf contes d'Andersen. Choix des textes et adaptations. Baptiste Guitton. Réalisation Mélanie Péclat. Je suis Daniel Königsberg et je vais lire La Pacrète. Écoutez bien cette petite histoire. À la campagne, près de la Grande Route, était située une gentille maisonnette que vous avez sans doute remarqué vous-même.

Sur le devant se trouve un petit jardin avec des fleurs et une palissade verte. Non loin de là, sur le bord du fossé, au milieu de l'herbe épaisse, fleurissait une petite vacrette. Grâce au soleil qui la chauffait de ses rayons aussi bien que les grandes et riches fleurs du jardin, elle s'épanouissait d'heure en heure. Un beau matin, entièrement ouverte,

Avec ses petites feuilles blanches et brillantes, elle ressemblait à un soleil en miniature entouré de ses rayons. Qu'on l'aperçut dans l'herbe et qu'on la regarda comme une pauvre fleur insignifiante, elle s'en inquiétait peu. Elle était contente, aspirait avec délice la chaleur du soleil et écoutait le chant de l'alouette qui s'élevait dans les airs. Ainsi, la petite pâquerette était heureuse comme par un jour de fête et cependant c'était un lundi.

Pendant que les enfants, assis sur le banc de l'école, apprenaient leurs leçons, elle, assise sur sa tige verte, apprenait par la beauté de la nature la bonté de Dieu. Et il lui semblait que tout ce qu'elle ressentait en silence, la petite Alouette l'exprimait parfaitement par ses chansons joyeuses. Aussi regarda-t-elle avec une sorte de respect l'heureux oiseau qui chantait et volait. Mais elle n'éprouva aucun regret de ne pouvoir en faire autant.

« Je vois et j'entends, » pensa-t-elle. « Le soleil me réchauffe et le vent m'embrasse. Oh ! j'aurais tort de me plaindre. » En dedans de la palissade se trouvait une quantité de fleurs raides et distinguées. Moins elles avaient de parfum, plus elles se redressaient. Les pivoines se gonflaient pour paraître plus grosses que les roses. Mais ce n'est pas la grosseur qui fait la rose. Les tulipes brillaient par la beauté de leur couleur et se pavanaient avec prétention. Elles ne daignaient pas jeter un regard sur la petite pâquerette.

Tandis que la pauvrette les admirait en disant, comme elles sont riches et belles, sans doute le superbe oiseau va les visiter. Dieu merci, je pourrais assister à ce beau spectacle. Et au même instant, la louette dirigea son vol, non pas vers les pivoines et les tulipes, mais vers le gazon, auprès de la pauvre pâquerette qui, effrayée de joie, ne savait plus que penser. Le petit oiseau se mit à sautiller autour d'elle en chantant, comme l'herbe est moelleuse. Oh !

« La charmante petite fleur au cœur d'or et à la robe d'argent ! » « On ne peut se faire une idée du bonheur de la petite fleur ! » L'oiseau l'embrassa de son bec, chanta encore devant elle, puis il remonta dans l'azur du ciel. Pendant plus d'un quart d'heure, la pâquerette ne put se remettre de son émotion. À moitié honteuse, mais ravie au fond du cœur, elle regarda les autres fleurs dans le jardin. Témoin de l'honneur qu'on lui avait rendu, elle devait bien comprendre sa joie.

Mais les tulipes se tenaient encore plus raides qu'auparavant. Leurs figures rouges et pointues exprimaient leur dépit. Les pivoines avaient la tête toute gonflée. Quelle chance pour la pauvre paquette qu'elle ne puisse parler. Elle lui aurait dit bien des choses désagréables. La petite fleur s'en aperçut et s'attrista de leur mauvaise humeur. Quelques moments après, une jeune fille, armée d'un grand couteau affilé et brillant, entra dans le jardin, s'approcha des tulipes et les coupa l'une après l'autre.

« Quel malheur ! » dit la petite pâquerette en soupirant. « Voilà qui est affreux, c'en est fait d'elle. » Et pendant que la jeune fille emportait les tulipes, la pâquerette se réjouissait de n'être qu'une pauvre petite fleur dans l'herbe. Appréciant la bonté de Dieu et pleine de reconnaissance, elle referma ses feuilles au déclin du jour, s'endormit et rêva toute la nuit au soleil et aux petits oiseaux. Le lendemain matin, lorsque la pâquerette eut rouvert ses feuilles à l'air et à la lumière,

Elle reconnut la voix de l'oiseau, mais son chant était tout triste. La pauvre Alouette avait de bonnes raisons pour s'affliger. On l'avait prise et enfermée dans une cage suspendue à une croisée ouverte. Elle chantait le bonheur de la liberté, la beauté des chants verdoyants et ses anciens voyages à travers les airs. La petite Bacrète aurait bien voulu lui venir en aide. Mais comment faire ? C'était chose difficile. La compassion qu'elle éprouvait pour le pauvre oiseau captif

lui fit tout à fait oublier les beautés qui l'entouraient, la douce chaleur du soleil et la blancheur éclatante de ses propres feuilles. Bientôt, deux petits garçons entrèrent dans le jardin. Le plus grand portait à la main un couteau long et affilé comme celui de la jeune fille qui avait coupé les tulipes. Ils se dirigèrent vers la pâquerette qui ne pouvait comprendre ce qu'il voulait. « Ici, nous pouvons enlever un beau morceau de gazon pour la louette », dit l'un des garçons. Et il commença à tailler un carré profond autour de la petite fleur. « Arrache la fleur ! »

dit l'autre à ses mots. La pâquerette trembla d'effroi. Être arrachée, c'était perdre la vie. Et jamais elle n'avait tant béni l'existence qu'en ce moment où elle espérait entrer avec le gazon dans la cage de la louette prisonnière. « Non, laissons-la ! » répondit le plus grand. « Elle est très bien placée ! » Elle fut donc épargnée et entra dans la cage de la louette. Le pauvre oiseau, se plaignant amèrement de sa captivité,

Frappait de ses ailes le fil de fer de la cage. La petite pâquerette ne pouvait, malgré tout son désir, lui faire entendre une parole de consolation. Ainsi se passa la matinée. « Il n'y a plus d'eau ici ! » s'écria le prisonnier. « Tout le monde est sorti sans me laisser une goutte d'eau. Mon gosier est sec et brûlant. J'ai une fièvre terrible. J'étouffe. Hélas ! Il faut donc que je meure loin du soleil brillant, loin de la fraîche verdure et de toutes les magnificences de la création. »

Puis il enfonça son bec dans le gazon humide pour se rafraîchir un peu. Son regard tomba sur la petite pâquerette. Il lui fit un signe de tête amicale et dit en l'embrassant, « Toi aussi, pauvre petite fleur, tu périras ici. En échange du monde que j'avais à ma disposition, l'on m'a donné quelques brins d'herbe et toi seul pour société. Chaque brin d'herbe doit être pour moi un arbre. Chacune de tes feuilles blanches, une fleur odoriférante. »

« Tu me rappelles tout ce que j'ai perdu ? » « Si je pouvais le consoler ! » pensait la pâquerette, incapable de faire un mouvement. Cependant, le parfum qu'elle exhalait devint plus fort qu'à l'ordinaire. L'oiseau s'en aperçut, et quoi qu'il languît d'une soif dévorante qui lui faisait arracher tous les brins d'herbe l'un après l'autre, il eut bien garde de toucher à la fleur. Le soir arriva. Personne n'était encore là pour apporter une goutte d'eau à la malheureuse alouette. Alors elle étendit ses belles ailes en les secouant convulsivement.

et fit entendre une petite chanson mélancolique. Sa petite tête s'inclina vers la fleur et son cœur brisé de désir et de douleur cessa de battre. À ce triste spectacle, la petite pâquerette ne put, comme la veille, refermer ses feuilles pour dormir. Malade de tristesse, elle se pencha vers la terre. Les petits garçons ne revinrent que le lendemain. À la vue de l'oiseau mort, ils versèrent des larmes et lui creusèrent une fosse. Le corps...

Enfermé dans une jolie boîte rouge, fut enterré royalement et sur la tombe recouverte, il sommère des feuilles de rose. Pauvre oiseau ! Pendant qu'il vivait et chantait, on l'avait oublié dans sa cage et laissé mourir de misère. Après sa mort, on le pleurait et on lui prodiguait des honneurs. Le gazon et la pâquerette furent jetés dans la poussière sur la grande route. Personne ne pensa à celle qui avait si tendrement aimé le petit oiseau.

C'était La Pacrète, traduit par David Soldi et lu par Daniel Königsberg. Retrouvez le générique complet sur le site franceculture.fr et l'application Radio France.